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Panel on the theme « Au-delà des droits de l’Homme : une Charte d’Interdépendance mondiale »

Michael Møller
Speech

17 décembre 2018
Débat public sur le thème « Au-delà des droits de l’Homme : une Charte d’Interdépendance mondiale »

Allocution de M. Michael Møller
Secrétaire général adjoint des Nations Unies
Directeur général de l’Office des Nations Unies à Genève

Débat public sur le thème « Au-delà des droits de l’Homme : une Charte d’Interdépendance mondiale »

Lundi 17 Décembre 2018, à 15h
Domaine de La Pastorale, Genève

Excellences,
Mesdames et Messieurs :

Je suis très heureux de retrouver aujourd’hui le Collegium international pour cette table ronde autour d’un thème tout particulièrement d’actualité : « Au-delà des droits de l’Homme : une Charte d’Interdépendance mondiale ».

Je suis très heureux également de vous retrouver ici, à Genève. Depuis l’établissement de la Société des Nations il y a presque 100 ans, Genève fût le cœur du multilatéralisme moderne, ainsi que de la protection des droits de l’homme. Ici est née la Commission des droits de l’homme, et ici siège le Conseil des droits de l’homme.

Quel meilleur endroit donc, pour mener le débat d’aujourd’hui que Genève ?

L’écosystème unique de Genève contribue à mettre en perspective la thématique non seulement des droits de l’Homme, mais aussi de l’environnement, de l’économie, de la science, de la paix, de l’humanitaire, de la santé, du travail, du commerce, pour n’en mentionner que quelques-uns.

De par la concentration dans cet écosystème des nombreux acteurs actifs dans leurs domaines respectifs, une interdépendance naturelle et logique en découle, qui doit encore et toujours être approfondie.

A cet effet, le projet de la Charte d’Interdépendance qui va être présenté dans les prochaines minutes, constitue une formidable opportunité de faire avancer les réflexions sur la gouvernance mondiale.

Les défis présents en 2002, à l’origine du Collegium International sont toujours là – plus nombreux, plus urgents et plus complexes que jamais. Vous les connaissez tous: le changement climatique toujours plus présent, les inégalités toujours plus croissantes et les conflits toujours plus nombreux.

En un sens, nous sommes faces à des défis similaires, mais cependant, la tâche est d’autant plus complexe qu’aujourd’hui nos structures et nos instruments de gouvernance semblent plus faibles et plus contestés qu’alors.

Nous savons tous ici que le multilatéralisme est la solution, mais aujourd’hui il apparaît clairement que ce système est mis à rude épreuve.

Mis à rude épreuve par le retour de l’isolationnisme et du nationalisme sur la scène mondiale ; par une crise de confiance populaire et globale ; et enfin, par une transformation de l’ordre géopolitique à la fois vaste et rapide.

Songez qu’aujourd’hui, ce retour de l’isolationnisme, cette crise de confiance et cette transformation de l’ordre géopolitique sont tels que si la Déclaration Universelle des droits de l’Homme devait être adoptée aujourd’hui, je ne suis pas certain que cela aboutirait. Pareil si l’on devait établir les Nations Unies.

Cela lève le voile sur quelques paradoxes :

- Le monde est de plus en plus connecté mais les sociétés de plus en plus fragmentées.
- Les défis prennent une ampleur globale alors que les peuples se renferment sur eux-mêmes.
- Le multilatéralisme est menacé au moment même où nous en avons le plus besoin.

Cependant, défendre et maintenir le multilatéralisme ne consiste pas uniquement à s’efforcer de revenir au « statu quo ante ». Car si les instruments d’hier ne sont plus suffisants pour résoudre les problèmes d’aujourd’hui, ils échoueront très largement à résoudre les défis de demain.

C’est pour cette raison que nous avons besoin, plus que jamais, d’une approche ambitieuse, innovante et surtout concrète. Une approche qui nous donne nécessairement les moyens d’être optimiste.

Cette approche existe déjà : il s’agit de l’Agenda 2030 pour le développement durable. Notre feuille de route commune qui permet de créer un lien entre une vision idéaliste et la réalité sur le terrain, et qui, surtout, permet également de rebâtir la confiance dans nos institutions.

Une feuille de route qui s’inscrit dans le cadre de ce projet novateur dont il est question aujourd’hui. En effet, par nature, les Objectifs de développement durable sont interdépendants et couvrent tous les domaines. En adoptant l’Agenda 2030, la communauté internationale a ainsi reconnu la réalité de l’interdépendance - une réalité qui constitue désormais son ADN.

Pour cette raison, et puisque la mise en œuvre de l’Agenda 2030 est aujourd’hui une responsabilité commune nécessitant la mobilisation de tous, j’espère que les ODD sauront être une source d’inspiration au projet de la Charte d’Interdépendance.

Ensemble, et ensemble seulement, nous pouvons avancer vers notre but commun : un monde plus juste, plus solidaire, et plus durable.

Je vous remercie.