Aller au contenu principal

Examen du Malawi devant le CEDAW : les experts relèvent des progrès notables dans le pays, mais aussi des défis persistants, notamment en ce qui concerne l’accès des femmes à la justice et les pratiques traditionnelles néfastes

Compte rendu de séance

 

Le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) a examiné aujourd’hui le rapport présenté par le Malawi au titre de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.

Le Malawi a démontré son engagement dans la mise en œuvre de la Convention, avec l’adoption de plusieurs politiques, plans d'action et stratégies nationaux, y compris des législations liées à l'égalité des sexes, qui sont en place pour garantir que les femmes et les filles jouissent de leurs droits dans le pays, a relevé une experte du Comité.  Des progrès notables ont été enregistrés, mais il reste encore beaucoup à faire, a-t-elle affirmé. Le Malawi ne peut faire face aux défis majeurs et vitaux qui le placent parmi les pays les plus vulnérables au monde sans une revalorisation plus globale du statut des femmes et une application urgente et systématique de la Convention, a estimé une autre experte. C’est pourquoi, l’application de la Convention doit être vue comme une réponse à tous ces défis rencontrés et un élément clé de l’évolution du développement durable du pays, a-t-elle insisté.

Le cadre législatif requiert un renforcement de la loi dans des domaines clés tels que les violences, l’économie, l’éducation, la participation politique ou encore l’interruption de grossesse, a-t-il été souligné.  Les femmes victimes de handicap, celles issues de minorités ethniques, les personnes porteuses d’albinisme, les personnes âgées ou accusées de sorcellerie, les femmes réfugiées ou encore les femmes victimes de leur orientation sexuelle voient leurs droits particulièrement réduits, a-t-il été observé.

De nombreuses pratiques traditionnelles néfastes entravent la pleine réalisation des droits des femmes et ont une incidence sur la violence à l’égard des femmes, a fait observer une experte.

Des préoccupations ont en outre été exprimées concernant les mariages précoces, alors que le Malawi a l'un des taux de mariage d'enfants les plus élevés d'Afrique et du monde. Il a néanmoins été relevé qu’en 2021, le Parlement du Malawi a adopté à l'unanimité un amendement constitutionnel qui relève l'âge minimum du mariage de 15 à 18 ans, tant pour les filles que pour les garçons ; et les membres du Comité ont salué le fait que l’interdiction du mariage des enfants soit inscrite dans la Constitution.

Près de 40% des femmes mariées ont été victimes de violences conjugales, a-t-il par ailleurs été observé. En la matière, le système judiciaire reste encore très faible en dépit de l’existence d’une loi sur la prévention de la violence domestique qui fournit un cadre pour lutter contre ces violences, a souligné une experte.

Le Malawi reste à la traîne sur plusieurs indicateurs liés aux opportunités économiques des femmes, a-t-il par ailleurs été observé.

Présentant le rapport de son pays, Mme Jean Muonaowuza Sendeza, Ministre du genre, du développement communautaire et de la protection sociale du Malawi, a reconnu que la majorité des femmes sont confrontées à des formes diverses d’inégalités, dans leur communauté, à l’école ou sur leur lieu de travail, avant d’assurer que le Gouvernement malawien travaille sans relâche pour promouvoir et protéger les droits des femmes.

La Ministre a souligné que le Gouvernement avait promulgué la Loi sur l'égalité des genres en 2013, la Loi sur le mariage, le divorce et les relations familiales en 2015, ainsi que la Loi sur la traite en 2015.  La cheffe de la délégation a ajouté que le Gouvernement révisait actuellement la Loi de 2013 sur l’égalité des genres afin de la rendre plus efficace dans la promotion et la protection des droits des femmes. Un projet de loi a été proposé, prévoyant, entre autres, d’étendre au secteur privé la question des quotas - qui ne s'appliquent actuellement qu'au secteur public ; d'assurer la protection des lanceurs d'alerte, des plaignants et des témoins d'actes de harcèlement sexuel et de violence sexiste sur le lieu de travail ; et d’encourager davantage les victimes à signaler les abus.

Mme Sendeza a d’autre part fait observer que l’accès à la justice pour les femmes est limité par divers facteurs, à savoir des pratiques culturelles discriminatoires, une connaissance limitée des droits existants et des disparités économiques. Aussi, le pouvoir judiciaire du Malawi s’est-il efforcé d’améliorer sa prestation de services, en introduisant notamment des divisions spécialisées telles que la Division de la famille et des successions. En outre, les femmes peuvent désormais accéder gratuitement aux services juridiques par l’intermédiaire du Bureau d’aide juridique, a ajouté la Ministre. En outre, a poursuivi Mme Sendeza, le Gouvernement a ouvert 23 centres pour fournir des services intégrés aux femmes et aux enfants confrontés à la violence et aux abus.

La cheffe de la délégation a également indiqué que le Gouvernement venait également de mettre en place le Plan national d'action contre la traite des personnes 2023-2028, avec une approche qui place les victimes au centre de toutes les mesures.

Les coutumes et les normes néfastes persistent au Malawi et ont un impact négatif sur les progrès réalisés par le Gouvernement pour promouvoir et améliorer les droits et le bien-être des femmes dans le pays, a expliqué Mme Sendeza. 

Représentant la Commission nationale des droits de l’homme du Malawi, Mme Grace Malera a quant à elle reconnu que des progrès ont été réalisés pour promouvoir et protéger les droits des femmes dans le pays. Toutefois, un certain nombre de défis subsistent, a-t-elle ajouté, soulignant notamment que de nombreuses femmes continuent toujours de rencontrer des difficultés pour accéder à la justice.  Mme Malera a par ailleurs déploré que les femmes soient toujours confrontées à de nombreuses formes de violence et que le viol conjugal ne soit toujours pas reconnu comme une infraction pénale en dépit de nombreux cas rapportés quant à son incidence.  Elle a en outre fait part des préoccupations de la Commission nationale face à l'augmentation continue des cas de mariages d'enfants et de grossesses d'adolescentes, ainsi que face à la manière dont le Gouvernement a procédé à des arrestations massives de réfugiés, en mai dernier.

Mme Malera a d’autre part fait observer que le projet de loi sur l'interruption de grossesse n'a toujours pas été déposé au Parlement suite au tollé provoqué par ce projet, notamment auprès d’instances religieuses.

La délégation malawienne était également composée, entre autres, de Mme Caroline Cyrenia Sakina Bwanali Mussa, Représentante permanente du Malawi auprès des Nations Unies, ainsi que de représentants du Ministère du genre, du développement communautaire et de la protection sociale ; du Ministère de la justice ; et du Ministère de l'éducation.

Le Comité adoptera ultérieurement à huis clos ses observations finales sur le rapport du Malawi avant de les rendre publiques à l’issue de sa session, le 27 octobre prochain.

 

Demain, à partir de 10 heures, le Comité examinera le rapport de l’Uruguay.

 

Examen du rapport du Malawi

Le Comité est saisi du huitième rapport périodique du Malawi (CEDAW/C/MWI/8) ainsi que des réponses du pays à une liste de points à traiter qui avait été soumise par le Comité.

Présentation du rapport

Présentant le rapport de son pays, MME JEAN MUONAOWUZA SENDEZA, Ministre du genre, du développement communautaire et de la protection sociale du Malawi, a indiqué que selon le recensement de 2018, le Malawi compte un peu plus de 9 millions de femmes, dont environ 1,4 million en zones urbaines et 7,6 millions en zones rurales. La majorité des femmes sont confrontées à des formes diverses d’inégalités, dans leur communauté, à l’école ou sur leur lieu de travail, a-t-elle souligné, avant d’assurer que le Gouvernement malawien travaille sans relâche pour promouvoir et protéger les droits des femmes. Dans la Constitution du pays, les femmes sont spécifiquement reconnues comme un groupe de personnes marginalisées ayant besoin d’une protection spéciale pour leur permettre de jouir de leurs droits et libertés fondamentaux, a-t-elle ajouté.

Mme Sendeza a ensuite indiqué que le Gouvernement avait promulgué la Loi sur l'égalité des genres en 2013, la Loi sur le mariage, le divorce et les relations familiales en 2015, ainsi que la Loi sur la traite en 2015.  La cheffe de la délégation a ajouté que le Gouvernement révisait actuellement la Loi de 2013 sur l’égalité des genres afin de la rendre plus efficace dans la promotion et la protection des droits des femmes. Un projet de loi a été proposé, prévoyant, entre autres, d’étendre la question des quotas - qui ne s'appliquent actuellement qu'au secteur public - au secteur privé ; d'assurer la protection des lanceurs d'alerte, des plaignants et des témoins d'actes de harcèlement sexuel et de violence sexiste sur le lieu de travail ; et d’encourager davantage les victimes à signaler les abus. Mme Sendeza a ensuite fait part de l’adoption en 2022 d’un projet de loi qui amende le Code pénal et rend les rapports sexuels avec un enfant passible d’une peine pouvant aller jusqu’à l’emprisonnement à vie.

Par ailleurs, le Gouvernement a achevé le processus d’élaboration de lignes directrices pour prévenir, signaler et lutter contre le harcèlement sexuel sur le lieux de travail dans le secteur de la fonction publique.

Mme Sendeza a d’autre part fait observer que l’accès à la justice pour les femmes est limité par divers facteurs, à savoir des pratiques culturelles discriminatoires, une connaissance limitée des droits existants et des disparités économiques. Aussi, le pouvoir judiciaire du Malawi s’est-il efforcé d’améliorer sa prestation de services, en introduisant notamment des divisions spécialisées telles que la Division de la famille et des successions. Les tribunaux du pays sont également plus vigilants dans la protection des droits des femmes sur leur lieu de travail.  Les femmes peuvent désormais accéder gratuitement aux services juridiques par l’intermédiaire du Bureau d’aide juridique, créé en 2011, a ajouté la cheffe de la délégation.

En outre, a poursuivi Mme Sendeza, afin d'améliorer les conditions de détention des femmes, l'administration pénitentiaire du Malawi a récemment désigné trois prisons réservées aux femmes.

Mme Sendeza a ensuite indiqué, entre autres, que le Malawi compte 41% de femmes ministres ; que 22,7% des 193 membres du Parlement sont des femmes ; que, pour la première fois, en 2019, une femme a été élue à la présidence de l’Assemblée nationale ; et 50% des juges et ambassadeurs récemment nommés sont des femmes.

En outre, une Stratégie nationale d'engagement des hommes sur l'égalité des genres 2023-2030 a été lancée, a par ailleurs souligné la Ministre.  Elle a également indiqué que le Gouvernement avait ouvert 23 centres, dans les établissements de santé centraux et de district, pour fournir des services intégrés aux femmes et aux enfants confrontés à la violence et aux abus, l’objectif étant de renforcer la réponse multisectorielle à la violence fondée sur le genre.

La cheffe de la délégation a également indiqué que le Gouvernement venait également de mettre en place le Plan national d'action contre la traite des personnes 2023-2028, avec une approche qui place les victimes au centre de toutes les mesures.

Par ailleurs, le Gouvernement continue de prendre des mesures pour sensibiliser et informer au sujet de la Convention, a indiqué Mme Sendeza.  Elle a souligné que la Commission des droits de l'homme du Malawi - institution nationale indépendante des droits de l’homme - joue un rôle crucial dans la promotion et la protection des droits des femmes dans le pays ; afin de renforcer son mandat, une enveloppe d’environ 1,7 million de dollars lui a été allouée, a-t-elle précisé.

Mme Sendeza a affirmé que de nombreux efforts sont déployés pour garantir l’accès de chacun aux soins de santé, sans aucune forme de discrimination.

Concluant son propos, Mme Sendeza a rappelé que l’application des politiques et des programmes gouvernementaux fait face à de nombreux obstacles. Les coutumes et les normes néfastes persistent au Malawi et ont un impact négatif sur les progrès réalisés par le Gouvernement pour promouvoir et améliorer les droits et le bien-être des femmes dans le pays, a-t-elle expliqué.  De plus, a-t-elle ajouté, les impacts de la pandémie et des catastrophes naturelles ont aggravé les niveaux de pauvreté. Mme Sendeza a lancé un appel aux partenaires internationaux et régionaux afin qu’ils fournissent l’assistance technique nécessaire pour aider le Malawi à renforcer les capacités nécessaires à la mise en œuvre de la Convention.

MME GRACE MALERA, de la Commission nationale des droits de l’homme du Malawi, a reconnu que des progrès ont été réalisés pour promouvoir et protéger les droits des femmes dans le pays. Toutefois, un certain nombre de défis subsistent, a-t-elle souligné. Tout en saluant la mise en place des mécanismes pour garantir l'accès des femmes à la justice, notamment par le biais du Bureau d'aide juridique, Mme Malera a notamment regretté que de nombreuses femmes continuent toujours de rencontrer des difficultés pour accéder à la justice, notamment parce qu’elles ne connaissent pas leurs droits.

Mme Malera a par ailleurs déploré que les femmes soient toujours confrontées à de nombreuses formes de violence – y compris des violences sexuelles, mentales, économiques et physiques – et que le viol conjugal ne soit toujours pas reconnu comme une infraction pénale en dépit de nombreux cas rapportés quant à son incidence. De plus, a-t-elle poursuivi, le Gouvernement n'a pas encore mené d'enquêtes ni de poursuites pénales dans une affaire dans laquelle certains policiers ont agressé sexuellement 18 femmes et filles à Msundwe, même si les procédures civiles sur ce dossier ont été conclues et les femmes indemnisées.

En dépit d'amendements constitutionnels pertinents ayant interdit les mariages d'enfants, Mme Malera a fait part des préoccupations de la Commission nationale face à l'augmentation continue des cas de mariages d'enfants et de grossesses d'adolescentes, lesquels se sont intensifiés pendant la pandémie de COVID-19.

Mme Malera a également attiré l’attention sur le harcèlement sexuel sur les lieux de travail, ainsi que sur la traite des êtres humains, s’agissant notamment des femmes malawiennes victimes de traite sous couvert de migration pour le travail et soumises à des formes modernes d’esclavage, d’exploitation sexuelle et de violence physique dans des pays comme Oman, les Émirats arabes unis, l’Afrique du Sud, entre autres.

Mme Malera a d’autre part fait observer que le projet de loi sur l'interruption de grossesse n'a toujours pas été déposé au Parlement suite au tollé provoqué par ce projet, notamment auprès d’instances religieuses.

Par ailleurs, certains membres du système de justice pénale ont des opinions stéréotypées sur la capacité mentale des femmes et des filles handicapées de comprendre et signaler les violences sexuelles, a dénoncé Mme Malera. Il incombe au Gouvernement de garantir que les agents chargés de l'application des lois soient formés et que les femmes handicapées aient accès à la justice, a-t-elle insisté.

Mme Malera a en outre fait part de ses préoccupations quant à la manière dont le Gouvernement a procédé à des arrestations massives de réfugiés, en mai dernier, certains d’entre eux ayant été battus et soumis à des conditions difficiles en prison, où ils avaient été temporairement détenus avant d’être transférés dans le camp de réfugié de Dzaleka. Il incombe à l’État de lever ses réserves à la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés, qui sont incompatibles avec les droits humains et internationaux, et de modifier sa loi nationale sur les réfugiés, a souligné Mme Malera.

Questions et observations des membres du Comité

MME MAYA MORSY, rapporteuse du groupe de travail du Comité chargé de l’examen du rapport du Malawi, a fait observer que le Malawi a démontré son engagement dans la mise en œuvre de la Convention, avec l’adoption de plusieurs politiques, plans d'action et stratégies nationaux, y compris des législations liées à l'égalité des sexes, qui sont en place pour garantir que les femmes et les filles jouissent de leurs droits dans le pays.

Des progrès notables ont été enregistrés, a affirmé l’experte, avant de souligner qu’il restait encore beaucoup à faire.

Une autre experte a reconnu que le pays accomplissait des efforts remarquables, dans un contexte marqué par des crises systématiques. Les progrès sont constants dans le domaine de la consolidation du cadre juridique, notamment suite à l’adoption de la Loi sur l’égalité des genres de 2013 et aux initiatives concernant les droits fonciers, a-t-elle souligné, avant de saluer la contribution du pays aux opérations de maintien de la paix.

Toutefois, le Malawi ne peut faire face aux défis majeurs et vitaux qui le placent parmi les pays les plus vulnérables au monde sans une revalorisation plus globale du statut des femmes et une application urgente et systématique de la Convention, a estimé l’experte. C’est pourquoi, l’application de la Convention doit être vue comme une réponse à tous ces défis rencontrés et un élément clé de l’évolution du développement durable du pays, a-t-elle insisté.

La Constitution du pays est solide et progressiste et elle reconnaît le principe d’égalité tout en interdisant les discriminations sur un certain nombre de critères, a poursuivi l’experte.  Si le pays dispose d’une loi sur l’égalité des genres et si des réformes importantes ont été adoptées, s’agissant notamment des mariages forcés, des violences faites aux femmes, de la traite ou encore de la nationalité, il n’en demeure pas moins que le cadre législatif n’est pas exhaustif et requiert un renforcement de la loi dans des domaines clés tels que les violences, l’économie, l’éducation, la participation politique ou encore l’interruption de grossesse, a indiqué cette experte.  En outre, la lutte contre toutes les discriminations intersectionnelles devrait être intégrée au cadre législatif et les personnes visées doivent pouvoir bénéficier d’une protection législative et juridictionnelle effective, a-t-elle ajouté.

L’attention a été attirée sur la situation des femmes rurales.  Les femmes victimes de handicap, celles issues de minorités ethniques, les personnes porteuses d’albinisme, les personnes âgées ou accusées de sorcellerie, les femmes réfugiées ou encore les femmes victimes de leur orientation sexuelle voient aussi leurs droits particulièrement réduits, a-t-il été souligné.

Il a par ailleurs été noté que si la multiplicité des groupes ethniques est certes une richesse pour le pays, le droit coutumier, lui, amène un double système juridique qui peut conduire à un manque de cohérence et d’uniformité dans l’application du droit.

Bien que l’article 24 de la Constitution du Malawi stipule que les femmes et les filles ont le droit à une protection totale et égale devant la loi, de nombreuses pratiques traditionnelles néfastes entravent la pleine réalisation des droits des femmes et ont une incidence sur la violence à l’égard des femmes, a fait observer une experte. La violence et les stéréotypes sont inextricablement liés, a-t-elle rappelé, avant de dénoncer les pratiques néfastes comme celle du Fisi.

Des préoccupations ont en outre été exprimées concernant les mariages précoces, alors que les données indiquent que les mariages coutumiers sont dominants, représentant 60% des mariages. Le Malawi a l'un des taux de mariage d'enfants les plus élevés d'Afrique et du monde ; une fille sur deux est mariée avant 18 ans, a-t-il été souligné. Il a néanmoins été relevé qu’en 2021, le Parlement du Malawi a adopté à l'unanimité un amendement constitutionnel qui relève l'âge minimum du mariage de 15 à 18 ans, tant pour les filles que pour les garçons ; et les membres du Comité ont salué le fait que l’interdiction du mariage des enfants soit inscrite dans la Constitution.

Près de 40% des femmes mariées ont été victimes de violences conjugales, a-t-il par ailleurs été observé. En la matière, le système judiciaire reste encore très faible en dépit de l’existence d’une loi sur la prévention de la violence domestique qui fournit un cadre pour lutter contre ces violences, a souligné une experte.

Des inquiétudes ont également été exprimées s’agissant de la sorcellerie et du prélèvement de tissus sur des personnes atteintes d’albinisme.

Le Malawi reste à la traîne sur plusieurs indicateurs liés aux opportunités économiques des femmes, a-t-il été observé. Dans l’ensemble, la capacité des femmes à accéder aux services et à accumuler des dotations en capital est inférieure à celle des hommes. Parmi les femmes employées, 74,5% travaillent dans le secteur informel, a-t-il été souligné. Même si ces activités contribuent au revenu des ménages, les femmes manquent souvent de protection sociale et d’accès au crédit ou aux ressources nécessaires à la croissance.  Par ailleurs, les faibles niveaux d’éducation et les taux élevés de mariages d’enfants affectent la transition des femmes de l’école vers le travail et entravent leur capacité à participer au marché du travail, a-t-il été observé.

En outre, a-t-il été relevé, si la Constitution interdit spécifiquement la discrimination fondée sur le handicap, notamment pour ce qui est de l’accès à l’emploi, le chômage est toujours plus élevé parmi les femmes handicapées (47%) que parmi les hommes handicapés (41%) et la discrimination à l'égard des femmes handicapées dans l'emploi persiste.

Réponses de la délégation

S’agissant du Protocole facultatif à la Convention [qui instaure une procédure de plainte devant le Comité], la délégation malawienne a indiqué que le pays consultait actuellement les parties concernées en vue de le ratifier. Une fois ces consultations achevées, le Gouvernement envisage de ratifier ce Protocole, a-t-elle affirmé.

La délégation a par ailleurs souligné qu’un programme a été mis en place pour répondre spécifiquement aux besoins des femmes dans les zones rurales, notamment pour qu’elles puissent obtenir un logement convenable, envoyer leurs enfants à l’école et accéder à la terre. Dans le cadre de ce programme, les femmes rurales reçoivent notamment un soutien financier.

Concernant les pratiques traditionnelles préjudiciables, la délégation a indiqué que les mutilations génitales n'existent pas dans le pays. S’agissant de la pratique du Fisi, la délégation a assuré que ces pratiques sont aujourd’hui maîtrisées.  Les chefs traditionnels ont été informés de l’interdiction de ces pratiques et des éventuelles implications qui leur sont liées, a souligné la délégation. De nombreuses campagnes de sensibilisation ont été menées, notamment dans les milieux ruraux, a-t-elle ajouté. Par ailleurs, le Gouvernement a adopté un Plan d’action national en 2018 pour garantir une approche multisectorielle concernant la question de l’albinisme.

S’agissant de la sorcellerie en milieu rural, la délégation a expliqué que ce sont souvent des femmes pauvres qui sont accusées à tort de sorcellerie et qui sont soumises à des traitements très durs de la part de leur communauté. Le Gouvernement se penche actuellement sur l’adoption d’une série de mesures pour protéger ces femmes, a-t-elle indiqué.

Depuis le début de l’année, 28 femmes âgées ont été assassinées, a poursuivi la délégation. Un projet de loi devrait être prochainement présenté au Cabinet puis au Parlement en vue de protéger les personnes âgées ; ce texte sera présenté en même temps que le projet de loi sur les personnes handicapées, a précisé la délégation.

La délégation a ensuite rappelé que le Gouvernement se penchait également sur la révision de la Loi de 2013 sur l’égalité des genres afin de la rendre la plus efficiente et efficace possible, en vue de protéger les femmes du Malawi et de leur permettre de jouir pleinement de leurs droits. L’examen de ce texte doit permettre d’identifier et de combler les lacunes existantes de la Loi de 2013, a souligné la délégation.

Ainsi, dans le cadre de la révision de cette Loi, un volet portera sur les quotas dans le secteur privé, étant donné que pour l’heure, les quotas ne s’appliquent qu’au secteur public, a ajouté la délégation.

Le Malawi est également en train de revoir la Loi sur la violence domestique pour que toutes les lacunes identifiées soient comblées, a d’autre part indiqué la délégation.

Concernant les violences à l’égard des femmes survenues au cours des élections de 2019, les affaires sont toujours devant les tribunaux et toutes les victimes seront indemnisées, a indiqué la délégation.

Une loi relative à la traite de personnes a été adoptée en 2015, mais le problème subsiste toujours dans le pays, a d’autre part reconnu la délégation. Les chiffres relatifs au nombre de victimes sont en hausse, même si des équipes de sécurité et de prévention ont été déployées sur le terrain, a-t-elle indiqué. Les auteurs identifiés sont arrêtés conformément à la loi, a-t-elle ajouté, avant de préciser que le Gouvernement a alloué 400 millions de kwacha à la question de la traite

Les mariages d’enfants ont fortement augmenté durant la pandémie de COVID-19, a d’autre part reconnu la délégation, avant de rappeler que cette période a été très compliquée à gérer. Même si les autorités sont parvenues à annuler certains mariages, il n’en demeure pas moins que ces jeunes filles sont souvent mariées pour des raisons économiques et qu’il faut donc, pour lutter contre ce phénomène, pouvoir répondre aux défis économiques, tout en prenant des mesures pour permettre à ces jeunes filles de retourner à l’école.

La délégation a en outre reconnu que le Malawi enregistre l’un des taux de grossesses adolescentes parmi les plus élevés au monde. Ce taux, qui s’élève à 30%, préoccupe particulièrement le Gouvernement, a-t-elle assuré. Aujourd'hui, l’un des plus grands défis rencontrés est celui de l’accès à la contraception.

Des progrès ont été réalisés dans le domaine de l’éducation, a d’autre part assuré la délégation, faisant notamment valoir que pour l’éducation secondaire, certains frais ont été entièrement supprimés. L'objectif du Gouvernement est de permettre l’accès gratuit à l’enseignement secondaire, a-t-elle indiqué, rappelant que pour l’heure, seule l’éducation primaire est entièrement gratuite, tandis qu’un système de bourses existe pour l'éducation universitaire. Le Ministère de l’éducation reçoit entre 17% et 20% du budget national, a précisé la délégation.

L’accès à la justice est garanti à tous les citoyens, y compris les femmes, a souligné la délégation, avant de reconnaître que les femmes rencontrent toujours des difficultés à obtenir des réparations, notamment lorsqu’il s’agit de leurs droits fonciers. Toutefois, le judiciaire au Malawi travaille à améliorer le système, a assuré la délégation, rappelant que des unités spécialisées sur les questions de la famille ont été introduites. Il existe également des tribunaux mobiles - encore insuffisants - mais qui devraient être généralisés et couvrir toutes les zones, a fait valoir la délégation. Elle a en outre rappelé qu'une aide juridictionnelle gratuite est mise à la disposition des femmes.

Les transferts de liquidité ont pour objectif d'améliorer l’accès aux soins de santé, à l'éducation et à l'alimentation, a d’autre part souligné la délégation.

Au Malawi, l’accès à la santé est universel, a indiqué la délégation.

S’agissant des questions relatives aux écarts salariaux, la délégation a rappelé que la Constitution affirme que toute personne a droit à une rémunération équitable et égale pour un travail de valeur égale, sans distinction ni discrimination fondée notamment sur le genre, le handicap ou la race. Le Gouvernement n’a reçu aucune plainte indiquant que cette disposition avait été enfreinte, a fait savoir la délégation. La Loi sur l’égalité des genres prévoit également des politiques à l’échelle de l’entreprise afin de respecter l’égalité salariale.

Par ailleurs, a poursuivi la délégation, un nouveau projet vise à autonomiser les femmes et à leur fournir le savoir-faire nécessaire pour qu’elles puissent concurrencer les hommes sur le marché du travail.

Remarques de conclusion

MME SENDEZA a remercié les membres du Comité pour ce dialogue constructif. Les observations finales du Comité permettront au Malawi d’adopter les mesures législatives, politiques et administratives nécessaires et de garantir ainsi aux femmes du Malawi de jouir pleinement de tous leurs droits fondamentaux, a-t-elle conclu.

 

Ce document produit par le Service de l’information des Nations Unies à Genève est destiné à l'information ; il ne constitue pas un document officiel.

Les versions anglaise et française de nos communiqués sont différentes car elles sont le produit de deux équipes de couverture distinctes qui travaillent indépendamment.




CEDAW23.035E