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Examen des Maldives au CRPD : les experts saluent les progrès du pays mais déplorent la persistance du modèle social du handicap, la participation limitée des personnes handicapées et des lacunes dans la prestation de services dans les atolls

Compte rendu de séance

Le Comité des droits des personnes handicapées (CRPD selon l’acronyme anglais) a examiné ce matin le rapport initial soumis par les Maldives au titre de la Convention relative aux droits des personnes handicapées.

Au cours du débat qui s’est noué entre les experts membres du Comité et la délégation maldivienne venue soutenir ce rapport, un expert a salué les progrès réalisés par les Maldives dans l’application de la Convention mais a regretté que le pays n’ait toujours pas adopté la loi sur le handicap ni ratifié le Protocole facultatif se rapportant à la Convention. Il a en outre remarqué qu’aux Maldives, le modèle médical du handicap prévalait encore sur l’approche sociale, elle-même centrée sur les droits de l’homme.

L’expert a ensuite mis en garde contre une duplication des fonctions et contre des lacunes concernant la prestation des services dans les îles de l’archipel, imputables – selon lui – à un manque de coordination entre les autorités concernées. La participation des personnes handicapées à la conception et à l’application des mesures en leur faveur est limitée, et on compte peu d’organisations de personnes handicapées, a d’autre part regretté l’expert.  Il a plaidé pour la création d’un mécanisme autonome chargé de contrôler l’application de la Convention aux Maldives et de vérifier l’effectivité des droits des personnes handicapées. Il a aussi recommandé que le Registre national des personnes handicapées soit plus efficace et permette ainsi de recenser clairement leurs besoins afin que l’État puisse y répondre.

Les membres du Comité ont par ailleurs souligné les difficultés que rencontrent les personnes handicapées à accéder à l’information faute d’interprétation en langue des signes. Il a en outre été observé que les personnes handicapées qui vivent dans des régions défavorisées doivent subir des charges supplémentaires pour accéder aux outils d’assistance dont elles ont besoin. Il été demandé ce qui était fait pour faciliter l’accès des personnes handicapées vivant dans les atolls au logement et aux services qui leur sont destinés.

Présentant le rapport de son pays, M. Ahmed Usham, Procureur général de la République des Maldives, a déclaré que l’examen de ce rapport initial intervenait à un moment important, la situation des personnes handicapées aux Maldives ayant été évaluée de manière exhaustive pour la première fois grâce à l'analyse de la situation des droits des personnes handicapées : publiée en janvier 2025, cette étude fournit une compréhension – fondée sur des données factuelles – des obstacles et des opportunités existants en la matière, permettant ainsi au Gouvernement, à la société civile et aux partenaires de développement de travailler à partir d'une base commune et d'accélérer les progrès, a souligné M. Usham.

D’autre part, a fait savoir le chef de la délégation maldivienne, la loi [de 2010] sur la protection des droits et le soutien financier des personnes handicapées, ou « loi sur le handicap », fait actuellement l'objet d'un examen approfondi dans le cadre d'une approche participative, afin de combler les lacunes et de renforcer la protection et l'inclusion.

De plus, les Maldives ont adopté une nouvelle approche consistant à ce que la question du handicap ne soit plus traitée de manière isolée, mais intégrée dans toutes les grandes stratégies nationales, a souligné M. Usham, précisant que le premier Plan d'action national pour l'inclusion des personnes handicapées avait été approuvé.

Compte tenu de la géographie dispersée des îles et atolls, ainsi que des contraintes budgétaires pour la modernisation des infrastructures existantes, il est difficile de garantir l'accessibilité des espaces publics, des transports et des installations, a d’autre part expliqué M. Usham. Le Gouvernement publiera prochainement les lignes directrices en matière d'accessibilité des infrastructures publiques, dans le but de garantir la pleine accessibilité de tous les bâtiments publics d'ici 2026, a-t-il indiqué.

La délégation maldivienne était également composée, entre autres, de Mme Salma Rasheed, Représentante permanente des Maldives auprès des Nations Unies à Genève ; de M. Ahmed Athif, Ministre d’État du développement social et familial ; de Mme Aminath Ismail, Ministre adjointe de la santé ; ainsi que de représentants des Ministères des affaires étrangères et de l’éducation.

Pendant le débat, la délégation a notamment indiqué que le processus d’adoption de la « loi sur le handicap » était bien avancé et qu’il devrait aboutir en 2025.  Elle a en outre précisé que le Plan d’action national sur l’inclusion des personnes handicapées insistait en particulier sur le comblement des lacunes en matière d’accessibilité.  Pour remédier au nombre limité d’interprètes en langue des signes, le Gouvernement a lancé un programme de formation dispensé par une autorité nationale accréditée – ce qui permettra de résorber les difficultés rencontrées par les personnes malentendantes, a par ailleurs indiqué la délégation.

Des efforts sont en cours pour généraliser la fourniture de soins de santé et de services pour personnes handicapées dans les atolls, a également fait savoir la délégation.

Le Comité adoptera ultérieurement, à huis clos, ses observations finales sur le rapport des Maldives et les publiera à l’issue de sa session, mardi prochain, 26 août.

Demain, à 15 heures, le Comité entamera l’examen du rapport de la Finlande.

 

Examen du rapport des Maldives

Le Comité est saisi du rapport initial des Maldives (CRPD/C/MDV/1, à paraître en français), ainsi que des réponses du pays à une liste de points à traiter qui avait été soumise par le Comité.

Présentation du rapport

Présentant le rapport de son pays, M. AHMED USHAM, Procureur général de la République des Maldives, a déclaré que l’examen de ce rapport initial intervenait à un moment important, la situation des personnes handicapées aux Maldives ayant été évaluée de manière exhaustive pour la première fois grâce à l'analyse de la situation des droits des personnes handicapées : publiée en janvier 2025, cette étude fournit une compréhension – fondée sur des données factuelles – des obstacles et des opportunités existants en la matière, permettant ainsi au Gouvernement, à la société civile et aux partenaires de développement de travailler à partir d'une base commune et d'accélérer les progrès.

D’autre part, a indiqué le chef de la délégation maldivienne, la loi [de 2010] sur la protection des droits et le soutien financier des personnes handicapées, ou « loi sur le handicap », fait actuellement l'objet d'un examen approfondi dans le cadre d'une approche participative, afin de combler les lacunes et de renforcer la protection et l'inclusion. Parmi les principales réglementations adoptées depuis le rapport initial [qui date de 2018], figurent le règlement de 2021 sur l’identification et la classification des personnes handicapées et un règlement de 2024 sur l'offre d'opportunités d'emploi pour les personnes handicapées, a également indiqué le Procureur général.

En 2022, a poursuivi M. Usham, les Maldives ont mené un recensement national qui, pour la première fois, a utilisé les questions préconisées par le Groupe de Washington sur le handicap afin d'évaluer la prévalence du handicap dans le pays. Une autre étape importante a été franchie avec le lancement du Registre national des personnes handicapées en janvier 2023 : en juillet 2025, 14 566 personnes y étaient inscrites, a indiqué le Procureur général.

De plus, les Maldives ont adopté une nouvelle approche consistant à ce que la question du handicap ne soit plus traitée de manière isolée, mais intégrée dans toutes les grandes stratégies nationales, a fait savoir M. Usham, précisant que le premier Plan d'action national pour l'inclusion des personnes handicapées a été approuvé.

D’autre part, la politique actualisée en matière d'éducation inclusive s'oriente vers un cadre pleinement inclusif, sans ségrégation, conformément à la Convention, et garantissant l'apprentissage pour tous les enfants. Toutes les nouvelles écoles sont conçues et construites avec des infrastructures accessibles, et les écoles existantes sont en cours de modernisation afin de garantir que chaque élève puisse s'y déplacer et apprendre en toute sécurité, a fait valoir M. Usham.

L'accessibilité physique reste le plus grand défi pour les personnes handicapées aux Maldives, a souligné le Procureur général. Compte tenu de la géographie dispersée des îles et atolls, ainsi que des contraintes budgétaires pour la modernisation des infrastructures existantes, il est difficile de garantir l'accessibilité des espaces publics, des transports et des installations, a-t-il expliqué. Le Gouvernement publiera prochainement les lignes directrices en matière d'accessibilité des infrastructures publiques, dans le but de garantir la pleine accessibilité de tous les bâtiments publics d'ici 2026, a indiqué le chef de délégation.

Le Gouvernement maldivien veille par ailleurs à ce que les services de santé essentiels soient accessibles à tous, y compris aux personnes handicapées, sur toutes les îles, a poursuivi M. Usham. L'accès aux soins de santé pour tous les citoyens est garanti par le régime universel d'assurance maladie, Aasandha, qui couvre également certains traitements pour les maladies mentales, a-t-il fait valoir. En 2023, a-t-il ajouté, l'allocation d'invalidité a été augmentée, introduisant des allocations pour les aidants et l'autogestion afin de mieux soutenir les personnes qui nécessitent des soins à temps plein ou une assistance quotidienne.

Le Gouvernement mène également une politique visant à favoriser la création d'emplois pour les personnes handicapées dans la fonction publique et les entreprises publiques, a souligné M. Usham. A notamment été mis en place un programme financier quinquennal de 100 millions de rufiyaa maldiviennes pour soutenir les femmes entrepreneurs, 25% de ce montant étant réservés aux femmes handicapées. Des plans sont en cours pour créer un centre d'autonomisation par la formation professionnelle, en consultation avec les groupes de personnes handicapées.

En outre, le projet de loi sur le logement soumis au Parlement en avril dernier contient des dispositions visant à rendre obligatoire l'attribution prioritaire de logements sociaux aux personnes handicapées éligibles et aux personnes dont elles dépendent, a indiqué M. Usham.

Concernant l'adaptation inclusive aux changements climatiques et la résilience face aux catastrophes, un examen participatif de la loi sur la gestion des catastrophes a été lancé et des campagnes de sensibilisation ont été menées en consultation avec les personnes handicapées, a fait savoir le chef de délégation.

Le Gouvernement maldivien reconnaît que la prestation de services aux personnes handicapées est fragmentaire en raison de la dispersion géographique, des contraintes budgétaires et des lacunes en matière de ressources humaines, a insisté le Procureur général. Conscient de ces défis, le Président Muizzu s'est engagé à tripler le budget annuel consacré à l'aide sociale d'ici la fin de son mandat, a-t-il indiqué.

M. Usham a également fait savoir que des travaux étaient en cours en vue de l'adhésion des Maldives au Protocole facultatif à la Convention relative aux droits des personnes handicapées [Protocole qui instaure une procédure de plaintes devant le Comité].


Questions et observations des membres du Comité

Le Comité avait chargé un groupe de travail composé de quatre de ses membres d’examiner le rapport : Mme Gerel Dondovdorj, M. Abdelmajid Makni, Mme Inmaculada Placencia Porrero et Mme Natalia Guala Beathyate.

Coordonnateur de ce groupe de travail, M. MAKNI a d’abord salué les progrès réalisés par les Maldives dans l’application de la Convention. L’expert a attiré l’attention de la délégation sur les résultats de l’analyse de la situation des droits des personnes handicapées aux Maldives effectuée par les Nations Unies en 2024, qu’il a estimés toujours pertinents. Il a pointé des lacunes dans l’alignement des lois maldiviennes sur la Convention.

M. Makni a par ailleurs relevé que le pays n’avait toujours pas adopté la loi sur le handicap mentionnée par le chef de la délégation ni ratifié le Protocole facultatif se rapportant à la Convention. Il a en outre remarqué qu’aux Maldives, le modèle médical du handicap prévalait encore sur l’approche sociale, elle-même centrée sur les droits de l’homme.

L’expert a ensuite mis en garde contre une duplication des fonctions et contre des lacunes concernant la prestation des services dans les îles de l’archipel, imputables – selon lui – à un manque de coordination entre les autorités concernées.

La participation des personnes handicapées à la conception et à l’application des mesures en leur faveur est limitée, et on compte peu d’organisations de personnes handicapées, a d’autre part regretté l’expert. De plus, les perceptions sociales en vigueur freinent toujours l’intégration des personnes ayant un handicap psychosocial, et la participation des femmes et des filles est elle aussi limitée, en raison de conceptions au sein de la famille, a observé M. Makni.

L’expert a plaidé pour la création d’un mécanisme autonome chargé de contrôler l’application de la Convention aux Maldives et de vérifier l’effectivité des droits des personnes handicapées.

M. Makni a recommandé que le Registre national des personnes handicapées soit plus efficace et permette ainsi de recenser clairement leurs besoins afin que l’État puisse y répondre.

MME PLACENCIA PORRERO a demandé ce qui était fait pour que les femmes et les filles handicapées aux Maldives bénéficient effectivement de leurs droits, en particulier s’agissant de la scolarisation et de la santé sexuelle et génésique.  L’experte s’est par ailleurs enquise des mesures prises pour détecter les enfants handicapés suffisamment tôt et les intégrer concrètement au monde scolaire.

Mme Placencia Porrero a souhaité savoir si les Maldives entendaient abolir la peine de mort et s’est enquise du soutien et des aménagements raisonnables offerts aux personnes handicapées en attente de l’application de cette peine.

MME GUALA BEATHYATE a pour sa part voulu savoir comment l’État maldivien s’assurait du respect des obligations qui lui incombent envers les personnes handicapées au titre des plans d’urgence en cas de catastrophe ou d’urgence.  

D’autres questions de l’experte ont porté sur la procédure permettant de déterminer si une personne handicapée doit être placée sous tutelle, ainsi que sur l’existence, dans les tribunaux maldiviens, de services d’interprétation en langue des signes, entre autres aménagements raisonnables.

Mme Guala Beathyate a ensuite demandé ce qui était advenu de cinq plaintes déposées par des personnes handicapées auprès de la Commission nationale des droits de l’homme relatives à des actes de torture ou des traitements inhumains que ces personnes auraient subis. L’experte a demandé ce qui était fait pour empêcher que de tels actes soient commis sur des personnes placées en institution.

La même experte s’est par ailleurs enquise de ce qui était fait pour faciliter l’accès au logement des personnes handicapées vivant dans les atolls et, plus généralement, pour permettre aux personnes handicapées de vivre de manière autonome au sein de leur communauté.

Mme Guala Beathyate a en outre demandé si les Maldives avaient des plans pour décentraliser les services d’adaptation dans toutes les régions et les intégrer au sein des communautés.

MME DONDOVDORJ a notamment fait remarquer que les personnes handicapées qui vivent dans des régions défavorisées doivent subir des charges supplémentaires pour accéder aux outils d’assistance dont elles ont besoin. Elle a demandé si l’État accordait des subventions pour l’achat d’outils d’assistance.

Un autre expert a suggéré que les Maldives engagent une réforme du système de tutelle et d’aide à la prise de décision, s’agissant en particulier des personnes ayant un handicap psychosocial.

Il a par ailleurs été fait état de difficultés d’accès aux chaînes d’information publiques – et à l’information en général - faute d’interprétation en langue des signes, eu égard à la pénurie d’interprètes dans cette langue.

D’autres préoccupations des experts ont porté sur des cas de mutilations génitales féminines ou encore, sous la pression familiale semble-t-il, de stérilisations forcées de femmes handicapées.


Réponses de la délégation

La délégation a d’abord indiqué que le Plan d’action national pour l’inclusion des personnes handicapées avait été élaboré en consultation étroite avec les organisations de personnes handicapées.  Ce Plan tient compte des différents types de handicap et des groupes techniques contrôleront l’atteinte de ses objectifs, a souligné la délégation, avant d’ajouter que le Gouvernement entend continuer de dialoguer avec les organisations concernées.

Le Gouvernement se concentre non seulement sur la fourniture de services pour personnes handicapées, mais aussi sur l’inclusion systématique des droits des personnes handicapées dans le développement du pays, a par la suite précisé la délégation. Dans ce contexte, a-t-elle indiqué, le Gouvernement entend intégrer explicitement les priorités liées aux personnes handicapées dans les partenariats qu’il nouera avec des partenaires internationaux.

Le Gouvernement a créé un portail accessible pour faciliter l’enregistrement dans le Registre national des personnes handicapées, mais des progrès restent à accomplir, a par ailleurs reconnu la délégation, avant de souligner que les autorités avaient décentralisé le système de visites régulières dans les foyers des personnes vulnérables dans les différentes îles de l’archipel.

Le processus d’adoption de la « loi sur le handicap » est bien avancé et devrait aboutir en 2025, a ensuite indiqué la délégation. Les autorités ont pris des mesures en vue de mettre le cadre législatif national en conformité avec les obligations nationales et internationales du pays s’agissant des droits des personnes handicapées, a-t-elle fait valoir.  Les Maldives ont entamé le travail d’alignement de la législation sur la Convention bien avant leur ratification de cet instrument en 2010, a insisté la délégation. Les autorités recueillent les avis des acteurs concernés afin d’alimenter leurs politiques, a-t-elle en outre souligné.  Des comités techniques ont été créés dans des domaines tels que les aménagements à apporter au cadre de travail en faveur des travailleurs handicapés.

La délégation a par ailleurs souligné qu’une décision politique avait été prise d’intégrer les différents aspects médicaux et sociaux de la prise en charge du handicap – une démarche qui, a-t-elle précisé, sera menée de manière progressive. Des activités de sensibilisation sont déjà menées en direction du grand public.

La délégation a ensuite indiqué que le Gouvernement avait lancé un plan d’action pour l’inclusion des femmes et filles handicapées, couvrant également la sensibilisation de la population à la stigmatisation qui les frappe.  Le Gouvernement a ainsi, notamment, publié des directives sur la manière de lever les obstacles que les femmes rencontrent pour s’intégrer.

La délégation a aussi fait état de la mise en œuvre de programmes d’autonomisation économique des femmes handicapées, accompagnés de formations adaptées.

Un débat politique est en cours au sujet de l’opportunité d’incriminer les mutilations génitales féminines, a d’autre part fait savoir la délégation, avant d’ajouter que le Gouvernement ne dispose pas de données concernant l’incidence de cette pratique sur les femmes handicapées.

Le Gouvernement fournit des services familiaux à tous les niveaux des soins de santé, y compris aux couples avec handicap, a par ailleurs souligné la délégation. Les professionnels de santé qui fournissent ces services respectent les directives en vigueur lorsqu’il s’agit de proposer une stérilisation, a-t-elle indiqué. La stérilisation forcée est empêchée par ces directives, a-t-elle insisté.

La Commission nationale des droits de l’homme (institution nationale de droits de l’homme) agit de manière indépendante du Gouvernement, a assuré la délégation. La Commission veille, entre autres, à la conformité du droit national avec les obligations internationales du pays, a-t-elle expliqué. Elle joue aussi un rôle important dans l’application des recommandations adressées aux Maldives par les organismes internationaux de droits de l’homme, y compris par les organes conventionnels tels que le Comité des droits des personnes handicapées.

La loi interdit déjà toute discrimination fondée sur le handicap, a ensuite assuré la délégation. La « loi sur le handicap » interdira des discriminations dans des domaines précis tels que le monde du sport ou la participation politique, a-t-elle précisé. La Constitution prévoit déjà des voies de recours pour toute personne, y compris handicapée, dont les droits ne sont pas respectés, des indemnités pouvant alors être versées, a fait valoir la délégation. Le Conseil national des personnes handicapées peut aussi être saisi de plaintes, a-t-elle ajouté.

Des difficultés demeurent pour que toutes les voies de recours soient accessibles, mais des initiatives positives ont été prises pour y remédier, notamment par l’adaptation de la ligne téléphonique d’urgence aux besoins des personnes handicapées, a par la suite précisé la délégation.

L’éducation étant considérée comme un droit pour tous les enfants, y compris pour les enfants handicapés, le Gouvernement a mis en place des mécanismes pour faciliter l’inscription de ces derniers à l’école, a souligné la délégation. Les autorités sont en mesure, grâce à des outils adaptés, de mesurer l’évolution des enfants jusqu’à 9 ans et leurs éventuels problèmes de développement, de détecter ainsi les handicaps et de prendre les mesures appropriées, a expliqué la délégation.

La délégation a par la suite fait état de l’adoption d’un plan de programme scolaire individualisé pour les enfants handicapés. Les enfants, handicapés ou non, qui ne sont pas scolarisés font l’objet d’interventions adaptées, a-t-elle indiqué. L’application de la loi sur l’éducation inclusive, adoptée il y a deux ans, est confiée au Département de l’éducation inclusive, a précisé la délégation.

Chaque enfant a droit à une prise en charge adaptée à ses besoins et à ses circonstances familiales, a par ailleurs souligné la délégation. Les enfants handicapés ont le droit de mener une vie complète et de bénéficier de l’égalité des chances, leurs familles bénéficiant d’aides, a-t-elle ajouté. Le handicap n’est pas un motif pour retirer un enfant de sa famille, a précisé la délégation.

S’agissant de l’accès à la justice, il a été précisé que l’interprétation en langue des signes était offerte dans les tribunaux, mais qu’il demeurait des problèmes d’accès physique aux bâtiments de justice. Des mesures sont prises pour faciliter l’accès matériel des personnes handicapées à la justice, a insisté la délégation, citant notamment l’adoption d’un règlement sur l’adaptation physique des locaux.

Aucun obstacle ne s’oppose à l’accès des personnes handicapées à la carrière judiciaire, a d’autre part assuré la délégation, admettant cependant que le système n’était pas encore conçu pour aider les juges handicapés à s’acquitter au mieux de leur fonction.

Les Maldives n’entendent pas abolir la peine de mort, a affirmé la délégation. Un appui psychiatrique est accordé aux personnes en attente de l’application de la peine de mort, a-t-elle ajouté.

Un seul centre de détention offre pour l’instant des services aux personnes handicapées, a par la suite indiqué la délégation. Dans ce contexte, la construction de nouvelles prisons décidée par le Gouvernement tiendra compte des besoins d’accessibilité des détenus handicapés, a-t-elle assuré.

L’Autorité de gestion des catastrophes a adopté une stratégie de réduction des risques dans ce domaine, et elle collabore avec le Conseil national des personnes handicapées, a par ailleurs indiqué la délégation. Des plans sont en cours pour sensibiliser les personnes handicapées aux mécanismes d’alerte en cas de catastrophe, y compris par le biais du recours à la langue des signes, a-t-elle fait valoir.

Un projet de loi sur la santé mentale a été rédigé : il devrait être adopté d’ici à la fin de l’année, a ensuite annoncé la délégation. Ce projet de loi tient compte des personnes handicapées, afin qu’elles puissent être protégées et avoir accès aux services dont elles ont besoin en termes de santé mentale.

La délégation a mentionné l’existence d’un seul centre résidentiel pour personnes ayant un handicap psychosocial, soulignant que les autorités ne placent de personnes dans ce foyer qu’après une évaluation complète. Les autorités s’efforcent d’aider les familles à prendre en charge leurs proches concernés et des groupes d’entraide ont aussi été créés dans les communautés. Ces démarches ont permis de réduire le nombre de personnes placées dans le foyer mentionné, a fait valoir la délégation.

Le personnel des institutions de santé est formé pour savoir comment tenir compte des besoins particuliers des personnes handicapées, a assuré la délégation. Le personnel des hôpitaux est aussi formé à la manière d’obtenir le consentement au traitement des patients handicapés, ou de leur famille si cela s’avère impossible. Le système de santé – y compris les institutions – dispose d’un mécanisme de plainte ouvert aux patients qui estiment que leurs droits ne sont pas respectés, a-t-il été précisé.

Des efforts sont en cours pour généraliser la fourniture de soins de santé et de services pour personnes handicapées dans les atolls, où il existe des lacunes, a ajouté la délégation.

La police reçoit une formation à la prévention des mauvais traitements et au recours approprié à la force, a ensuite indiqué la délégation. La formation ne porte pas explicitement sur la prise en charge des personnes handicapées qui déposent plainte, mais est aussi axée sur la manière de mener des enquêtes et, plus généralement, de se comporter, a-t-elle précisé.

La délégation a par ailleurs fait état de l’organisation de campagnes de sensibilisation aux droits des personnes handicapées, en particulier à l’occasion de la célébration de la Journée internationale des personnes handicapées, avec la participation, entre autres, des organisations concernées. D’autres efforts tendent à donner une image positive des personnes handicapées, y compris dans les médias, a-t-elle ajouté, expliquant que les autorités espèrent ainsi réduire les stéréotypes négatifs envers ces personnes.

A également été mentionnée une initiative destinée à favoriser la réinsertion des personnes handicapées en se basant sur la communauté dans les îles de l’archipel.

Les autorités s’efforcent de répondre à la demande d’outils d’assistance destinés aux personnes handicapées, a souligné la délégation.  Des consultations ont été menées cette année avec l’Organisation mondiale de la Santé pour déterminer les besoins dans ce domaine et la manière d’y répondre compte tenu des particularités géographiques du pays, a-t-elle précisé. Des exonérations de taxe sur les outils d’assistance importés peuvent être décidées au cas par cas, a ajouté la délégation.

Le Plan d’action national sur l’inclusion des personnes handicapées insiste, en particulier, sur le comblement des lacunes en matière d’accessibilité, a indiqué la délégation. Pour remédier au nombre limité d’interprètes en langue des signes, a-t-elle fait valoir, le Gouvernement a lancé un programme de formation par une autorité nationale accréditée, ce qui permettra de résorber les difficultés rencontrées par les personnes malentendantes.

La délégation a d’autre part mentionné les efforts en cours pour rendre les sites Internet du Gouvernement plus accessibles aux personnes handicapées.  Elle a fait état de mesures destinées à favoriser l’accessibilité dans tous les domaines du numérique.

Le pays n’envisage pas encore de ratifier le Traité de Marrakech, a ensuite indiqué la délégation. Cependant, a-t-elle ajouté, la loi prévoit déjà la distribution de matériel en langue accessible aux personnes handicapées.

Les familles ayant une personne handicapée à charge peuvent bénéficier de subventions et d’allocations plus importantes, d’un appui psychosocial ainsi que d’autres mesures d’accompagnement en matière de logement et d’accès au travail, a-t-il en outre été précisé.

La délégation a attiré l’attention sur la création de deux cents logements accessibles réservés aux personnes handicapées ainsi que sur les mesures destinées à leur donner la priorité dans l’attribution de logements sociaux. La construction de 1200 logements supplémentaires à leur intention est prévue, a-t-elle précisé.

La délégation a mentionné d’autres mesures destinées à simplifier l’inscription des personnes handicapées à l’état civil et la délivrance des passeports.


Remarques de conclusion

M. USHAM a insisté sur le fait que, ces dernières années, l'inclusion avait été fermement ancrée dans les politiques et programmes nationaux des Maldives. Le pays n’appréhende plus le handicap comme un problème isolé, mais comme une dimension essentielle devant être prise en compte dans l'éducation, la santé, l'emploi et la protection sociale. Le nouveau Plan d'action national pour l'inclusion des personnes handicapées servira, à cet égard, de cadre directeur pour avancer dans ce domaine, ouvrant la voie à des changements systémiques, à des progrès mesurables et à une plus grande responsabilisation, a indiqué le Procureur général des Maldives.

M. MAKNI a salué la participation des Maldives au dialogue avec le Comité, de même que l’engagement du pays à remédier aux atteintes aux droits des personnes handicapées. Il a invité l’État à renforcer la prise en compte du handicap dans les activités de développement nationales. L’accessibilité est primordiale pour que les personnes handicapées puissent vivre sur un pied d’égalité avec les autres personnes, a souligné l’expert. Il a insisté sur l’importance pour les personnes handicapées que les Maldives ratifient le Protocole facultatif se rapportant à la Convention.

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CRPD25.013F