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CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT : TROISIÈME JOURNÉE CONSACRÉE AU DÉBAT DE HAUT NIVEAU

Compte rendu de séance

La Conférence entend les interventions de hauts dignitaires de la Nouvelle-Zélande, de la Bulgarie, de la Tunisie, de Cuba et du Brésil

 

La Conférence du désarmement a entendu aujourd'hui, dans le cadre de son débat annuel de haut niveau, les interventions des Ministres des affaires étrangères de la Nouvelle-Zélande, de la Bulgarie, de la Tunisie et de Cuba, ainsi que du Secrétaire aux affaires politiques multilatérales du Ministère des affaires étrangères du Brésil.

Des intervenants ont déploré la situation sécuritaire mondiale et l'érosion du multilatéralisme dont témoigne notamment la suspension par la Russie du Traité entre les États-Unis et la Russie sur des mesures visant de nouvelles réductions et limitations des armements stratégiques offensifs (New Start) . À cela s'ajoutent, soulignent certaines délégations, les menaces nucléaires faites par la Russie qui ont relevé le risque de guerre nucléaire à son plus haut niveau depuis de nombreuses décennies.

Face à la paralysie de la Conférence, certains intervenants ont estimé qu'il fallait convoquer la quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale des Nations Unies consacrée au désarmement pour réévaluer les principes et les mécanismes établis il y a 45 ans.

 

La Conférence du désarmement doit conclure son débat de haut niveau demain après-midi. La séance du matin est prévue à partir de 10 heures.

 

Déclarations

M. PAULINO FRANCO DE CARVALHO NETO, Secrétaire aux affaires politiques multilatérales du Ministère des affaires étrangères du Brésil, a déploré l'érosion du régime de désarmement et de non-prolifération nucléaires, centré sur le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). Au cours des deux dernières décennies, l'architecture des traités bilatéraux et régionaux de réduction des armements liant les deux principales puissances nucléaires n'a cessé de se dégrader, a-t-il regretté, rappelant que la semaine dernière, ce processus « pénible » a culminé avec la suspension du Traité « New Start ». Le deuxième échec consécutif de la Conférence d'examen du TNP dans l'adoption d'un document final de consensus est un autre fait nouveau inquiétant, a déploré M. de Carvalho Neto. Il faut saisir l'occasion offerte par le prochain groupe de travail spécial pour renforcer le processus du TNP afin d'établir des mécanismes de transparence et de responsabilité.

Néanmoins, la communauté internationale n'est pas restée silencieuse face à la menace croissante d'une guerre nucléaire, a poursuivi le représentant du Gouvernement brésilien. Un signal politique fort contre cette menace a été la déclaration finale de la première réunion des États parties au Traité sur l'interdiction des armes nucléaires, qui s'est tenue à Vienne en juin dernier. Le Brésil reste fermement attaché à la ratification rapide de ce traité. Face à la paralysie de la Conférence, le Brésil défend depuis longtemps la convocation de la quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale des Nations Unies consacrée au désarmement car il estime qu'il faut une réévaluation complète des principes et des mécanismes établis il y a 45 ans. Toutefois, d'ici là, il n'y a aucune raison de retarder davantage le début des discussions de fond sur un traité sur les matières fissiles. En outre, la Conférence peut également contribuer à promouvoir les discussions sur la vérification du désarmement nucléaire. S'agissant de la prévention d'une course aux armements dans l'espace, la Conférence doit être prête à contribuer à jeter un pont entre les résultats du Groupe de travail à composition non limitée sur le comportement responsable des États dans l'espace extra-atmosphérique et ceux du prochain Groupe d'experts gouvernementaux sur la prévention d’une course aux armements dans l’espace, a plaidé M. de Carvalho Neto.

MME NANAIA MAHUTA, Ministre des affaires étrangères et Ministre du désarmement et de la réduction des armements de la Nouvelle-Zélande, a d'emblée indiqué que son pays continuait de condamner, sans équivoque, l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Les actions de la Russie ont causé d'immenses souffrances ; et les menaces nucléaires de la Russie ont relevé le risque de guerre nucléaire à son plus haut niveau depuis de nombreuses décennies. Le risque nucléaire est encore aggravé par la récente suspension de la participation de la Russie au Traité « New Start » et ses efforts pour affaiblir d'autres forums de désarmement, y compris la Conférence d'examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires qui s'est tenue l'année dernière.

Les conflits et les situations de graves tensions se poursuivent dans le monde entier avec notamment le programme de missiles balistiques et nucléaires de la Corée du Nord, en violation des résolutions du Conseil de sécurité, a déploré Mme Mahuta. La Nouvelle-Zélande regrette par ailleurs que les négociations sur le Plan d'action global commun sur le programme nucléaire iranien soient au point mort. La Nouvelle-Zélande reste profondément déçue par l'absence de progrès en matière de désarmement nucléaire, a poursuivi Mme Mahuta. C'est dans la région du Pacifique que ces armes de guerre ont été testées, a-t-elle rappelé, ajoutant que ces tests ont laissé une marque permanente sur les gens, les terres et les eaux de la Nouvelle Zélande. La Nouvelle-Zélande demande instamment l'universalisation et la pleine application du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et du Traité sur l'interdiction des armes nucléaires. Le pays est également déterminé à obtenir un résultat significatif lors de la prochaine conférence d'examen de la Convention sur les armes chimiques. L'utilisation d'armes chimiques en Syrie et ailleurs a renforcé l'urgence et l'importance de leur élimination et de la nécessité d'assurer la reddition de compte par ceux qui sont impliqués dans leur utilisation.

M. NIKOLAY MILKOV, Ministre des affaires étrangères de la Bulgarie, a rappelé qu'il y a exactement un an et une semaine, le monde s'est réveillé avec la terrible nouvelle que la Fédération de Russie avait lancé une invasion militaire brutale de l'Ukraine. Cette guerre a rompu la paix en Europe. Elle menace la sécurité internationale, sape l'ordre international fondé sur des règles et continue de causer d'immenses souffrances. Elle, a de plus, un impact négatif direct sur le désarmement, la non-prolifération et la maîtrise des armements. Dès le début, la Bulgarie a condamné fermement et clairement cette guerre d'agression contre l'Ukraine et a démontré dans la pratique son plein appui à l'indépendance, à la souveraineté et à l'intégrité territoriale de l'Ukraine à l'intérieur de ses frontières internationalement reconnues. Tous les crimes de guerre possibles et les autres crimes les plus graves commis au cours de cette guerre d'agression doivent faire l'objet de poursuites, a plaidé le ministre. La Bulgarie est par ailleurs préoccupée par l'annonce du Président Poutine de suspendre la participation de la Russie au Traité « New Start ». Elle est également préoccupée par les récentes menaces de la Russie de reprendre les essais nucléaires, ce qui va à l'encontre du moratoire précédemment déclaré sur les essais nucléaires.

La Bulgarie estime qu'il faut concentrer les efforts sur l'universalisation du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, sur la réduction des risques nucléaires, sur l'entrée en vigueur rapide du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, sur le début et la conclusion rapides de négociations sur un futur traité visant l'arrêt de la production de matières fissiles, sur les différentes zones exemptes d'armes nucléaires. M. Milkov a rappelé que la Bulgarie était un défenseur de longue date de l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire et des technologies nucléaires dans l'intérêt de l'humanité tout entière. À cet égard, l'occupation par la Russie de la centrale nucléaire de Zaporijjia est un sujet de grave préoccupation avec des implications sécuritaires bien au-delà des frontières de l'Europe, a souligné le Ministre.

M. NABIL AMMAR, Ministre tunisien des affaires étrangères, de la migration et des Tunisiens de l'extérieur, a déclaré que l'incertitude et l'instabilité qui caractérisent le paysage politique et sécuritaire international imposent à la Conférence de s'efforcer de plus en plus de parvenir à des résultats collectifs concrets qui répondent aux aspirations de la communauté internationale à un monde plus sûr, plus sécuritaire et plus prospère. Les résultats de la Conférence du désarmement au cours de l'année écoulée, qui n'ont pas répondu aux attentes de nombreuses délégations, ainsi qu'à celles d'autres instances participant à l'effort de désarmement, devraient être considérés comme un signal d'alarme pour que la communauté internationale reconnaisse la nécessité de se réengager et de redynamiser l'action multilatérale, avec engagement et détermination, et n'épargner aucun effort pour parvenir à un consensus constructif sur un programme de travail spécifique qui englobe de manière équilibrée les vues, les visions et les intérêts de tous les États membres, a plaidé M. Ammar.

Le ministre tunisien a souligné que l'Afrique et le monde arabe doivent rester au premier rang des priorités internationales dans la mesure où ils représentent les régions qui ont été les plus touchées par les crises économiques et humanitaires, les conflits armés prolongés et l'occupation, et dans lesquelles les conflits sont aggravés et exacerbés par des défis transfrontaliers tels que les pandémies, les changements climatiques, le terrorisme, la traite des personnes et les armes de destruction massive. La Tunisie réitère son ferme appui à la création sans plus tarder d'une zone exempte d'armes nucléaires et autres armes de destruction massive au Moyen-Orient. Il importe par ailleurs de poursuivre les consultations sur l'élargissement de la composition de la Conférence du désarmement, compte tenu de la nécessité de remédier au clivage qui prévaut entre l'absence de progrès en matière de désarmement et l'importance et les efforts croissants en faveur de la non-prolifération. La Tunisie soutient également la convocation rapide de la quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale des Nations Unies consacrée au désarmement, afin d'examiner les moyens de la renforcer et d'améliorer l'efficacité de la Conférence.

M. BRUNO EDUARDO RODRÍGUEZ PARRILLA, Ministre des affaires étrangères de Cuba, a constaté que le monde était confronté à de graves défis en matière de sécurité qui affaiblissent le multilatéralisme et grippent les mécanismes de désarmement des Nations Unies. Les dépenses militaires de la communauté internationale explosent depuis 7 ans. Alors que l'on gaspille des sommes exorbitantes pour acheter des engins complexes qui servent à tuer, on oublie les engagements en faveur du développement.

Cuba appuie l'important mandat de la Conférence du désarmement et souhaite qu'elle reprenne ses travaux et s'acquitte de son mandat de négociation. Cuba continuera d'appuyer l'adoption d'un programme de travail complet pour la Conférence qui favorise la paix et la stabilité. Réaliser des progrès vers le désarmement nucléaire d'une manière transparente, vérifiable et irréversible est une priorité absolue. Cuba regrette que la dixième conférence d'examen du TNP se soit clôturée sans résultat pour la deuxième fois consécutive mais le succès de la première réunion des États parties au Traité sur l'interdiction des essais nucléaires nous rapprochent un peu des aspirations pour un monde sans armes nucléaires. Cuba est fière de faire partie de la région comptant le plus d'États parties à ce traité, et elle est fière du soutien indéfectible de cette région au désarmement nucléaire grâce à la proclamation de l'Amérique latine et des Caraïbes en tant que zone de paix qui a été signé à La Havane en 2014. En conclusion, le ministre a rejeté les mesures coercitives unilatérales telles que le blocus imposé à Cuba depuis plusieurs décennies, ainsi que le fait que Cuba soit mis sur la liste des pays soutenant le terrorisme par les États-Unis.

 

Ce document produit par le Service de l’information des Nations Unies à Genève est destiné à l'information ; il ne constitue pas un document officiel.

Les versions anglaise et française de nos communiqués sont différentes car elles sont le produit de deux équipes de couverture distinctes qui travaillent indépendamment.

 

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