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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT POURSUIT SON DÉBAT MINISTÉRIEL

Compte rendu de séance
​​​​​​Interventions de hauts dignitaires du Bélarus, du Kazakhstan, de la République de Corée, de l'Italie, de la Syrie, de l'Iran, du Japon, de l'Afrique du Sud, du Sénégal et de l'Union européenne

La Conférence du désarmement a entendu ce matin, dans le cadre de son débat annuel de haut niveau, les interventions des Ministres des affaires étrangères du Kazakhstan, de l'Italie, de la République arabe syrienne, de la République islamique d'Iran, du Japon et du Sénégal, ainsi que les Vice-Ministres des affaires étrangères du Bélarus, de la République de Corée et de l'Afrique du Sud et l'Envoyée spéciale de l'Union européenne pour la non-prolifération et le désarmement.

Des intervenants ont de nouveau mis l'accent sur la détérioration de l'environnement sécuritaire mondial du fait de l'agression militaire menée par la Fédération de Russie contre l'Ukraine, sa menace d'utilisation de l'arme nucléaire et la violation d'instruments internationaux dans le domaine de la sécurité. D'autres ont attiré l'attention sur les signes annonciateurs de cette crise, notamment le « mépris persistant de certains pays pour les intérêts légitimes de leurs voisins dans le domaine de la sécurité », principalement sous la forme de l'élargissement de l'OTAN vers l'Est.

De nombreux intervenants ont aussi plaidé pour une revitalisation de la Conférence du désarmement, notamment en mettant en œuvre son mandat de négociation s'agissant d'un traité d'interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires ou autres dispositifs explosifs nucléaires. Plusieurs ministres ont aussi plaidé pour la création de zones exemptes d'armes nucléaires, notamment au Moyen Orient.

 

La Conférence du désarmement poursuit son débat de haut niveau cet après-midi, à partir de 15 heures.

 

Déclarations

M. YURY AMBRAZEVICH, Vice-Ministre des affaires étrangères du Bélarus, a rappelé qu'il y a cinq ans, la délégation bélarussienne avait prévenu de la menace d'une tragédie, d'un nouveau conflit armé en Europe. On le constate aujourd'hui, le Bélarus, qui a perdu un habitant sur trois pendant la deuxième guerre mondiale, ne s'était pas trompé. Il y a cinq ans, il y avait de nombreux signes précurseurs d'une crise de sécurité mondiale croissante. Parmi ceux-ci, il convient de souligner l'impuissance de la Conférence du désarmement depuis 20 ans, la paralysie quasi totale de la Convention sur l'interdiction des armes biologiques et de la Convention sur les armes chimiques, le démantèlement du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire, le mépris persistant de certains pays pour les intérêts légitimes de leurs voisins dans le domaine de la sécurité, principalement sous la forme de l'élargissement de l'OTAN vers l'Est et le refus de fait des États-Unis de discuter des propositions russes sur les garanties de sécurité en Europe à la fin de 2021. La situation en Ukraine en est le résultat, a estimé le ministre bélarussien.

Pour le Bélarus, pays confronté à une crise et une inquiétude justifiée quant à sa sécurité – contre lequel l'Occident collectif emploie des mesures d'étranglement économique et mène une guerre de l'information afin d'en changer le gouvernement légitime –, rétablir l'équilibre des intérêts et l'équilibre dans le domaine de la sécurité et ramener la paix en Ukraine et en Europe ne sont pas de vains objectifs. Pour le Bélarus, en tant que pays voisin direct du théâtre d'opérations militaires en Ukraine, il s'agit d'une question existentielle. Il est également évident que la militarisation en cours de l'Ukraine avec des armes de plus en plus modernes et de portée de plus en plus longue augmente le risque d'entraîner de nouveaux États dans le conflit, et pourrait tôt ou tard conduire à un affrontement direct entre États et à l'emploi d'armes nucléaires. Comme par le passé, le Bélarus est profondément convaincu qu'il n'y a pas d'alternative aux négociations.

Cette année, en tant que président de l'Organisation du traité de sécurité collective, le Bélarus compte organiser une conférence internationale sur les perspectives de sécurité en Eurasie visant la création d'un système stable de sécurité égale et indivisible avec des garanties individuelles et collectives appropriées. La Conférence du désarmement, compte tenu de son mandat unique, pourrait aussi contribuer progressivement à atteindre cet objectif, en se penchant sur les problèmes liés à la militarisation générale et la course aux armements, dont les menaces deviennent réalité.

M. Mukhtar Tileuberdi, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, a déploré que de nombreux citoyens de son pays ont subi les conséquences horribles et durables d'essais nucléaires menés sur son territoire. À l'époque où le site d'essai de Semipalatinsk a été fermé, il y a plus de 30 ans, les autorités du Kazakhstan espéraient sincèrement que l'interdiction des essais nucléaires ouvrirait la voie à l'élimination définitive des armes nucléaires. Cependant, trois décennies plus tard, la Conférence doit encore faire face à un danger nucléaire. Au cours des 12 derniers mois, le monde est devenu encore moins sûr. Le conflit en Ukraine, les énormes arsenaux nucléaires, l'aggravation de la rhétorique nucléaire et l'absence de dialogue mènent le monde dans une direction dangereuse, a regretté le ministre. En tant que fervent défenseur du désarmement nucléaire, le Kazakhstan estime que dans le climat actuel de méfiance et de fortes tensions géopolitiques, la reprise du dialogue entre les puissances nucléaires est plus nécessaire que jamais.

Le ministre kazakhstanais a rappelé qu'il y a deux ans, la communauté internationale s'était félicitée de la prorogation du Traité « New Start » entre la Fédération de Russie et les États-Unis et a estimé que les désaccords politiques actuels ne devraient pas empêcher les parties de discuter de la mise en œuvre intégrale du nouveau traité au-delà de 2026. M. Tileuberdi a ajouté que le nombre croissant de ratifications du Traité sur l'interdiction des armes nucléaires témoignait clairement de la priorité absolue accordée par la communauté internationale au désarmement nucléaire. Pour sa part, le Kazakhstan, qui présidera une réunion sur ce Traité, est déterminé à parvenir à un monde exempt d'armes nucléaires d'ici 2045. Le Kazakhstan est par ailleurs prêt à contribuer de manière constructive aux discussions, au sein de la Conférence, sur un traité pour l'interdiction de la production de matières fissiles, la prévention d'une course aux armements dans l'espace et les garanties négatives de sécurité.

M. PARK YONG-MIN, Vice-Ministre des affaires multilatérales et internationales de la République de Corée, a dit s'adresser à la Conférence avec grande inquiétude en une année marquée par un climat sécuritaire mondial à la fois précaire et complexe. En effet, les agissements de la Russie vont à l'encontre du cadre et du régime international de sécurité compte tenu des menaces d'utilisation de l'arme nucléaire, la violation des garanties de sécurités du Mémorandum de Budapest, ainsi que le refus d'honorer ses obligations au titre du traité « New Start ». Au vu du climat de sécurité qui prévaut et des défis actuels, le vice-ministre coréen a jugé impératif de restaurer la stabilité internationale et de renforcer la sécurité mondiale. Cela peut d'abord se concrétiser si les cinq membres permanents du Conseil de sécurité assument leurs responsabilités en tant qu'États dotés de l'arme nucléaire. Partant, il a exhorté le « P5 » à s'engager activement dans des dialogues directs aux niveaux bilatéral et multilatéral aux fins de promouvoir la transparence, notamment concernant les arsenaux nucléaires, et de rétablir la confiance mutuelle indispensable pour accomplir des progrès tangibles. Le dignitaire coréen a ensuite engagé le P5 à donner suite à la déclaration conjointe faite il y a juste un an par les dirigeants de ces cinq États, dans laquelle ils s’engagent à prévenir la guerre nucléaire et éviter la course aux armements.

La République de Corée n'épargne aucun effort en termes de renforcement du désarmement et de la non-prolifération : elle souhaite contribuer à un monde libre, pacifique et prospère par le biais d'une diplomatie de plus en plus active. Elle est pleinement engagée à faire revenir la Conférence du désarmement à la normale et à redorer son prestige en tant qu'unique instance multilatérale de négociation sur le désarmement. La République de Corée engage tous les États à déployer tous les efforts possibles en vue d'amorcer immédiatement les négociations tant attendues sur un traité d'interdiction des matières fissiles. Elle salue par ailleurs les discussions en cours au sein du Groupe de travail à composition non limité sur la réduction des menaces dans l'espace grâce à des normes, des règles et principes de comportement responsable. À cet égard, le lancement de 70 missiles balistiques, y compris 8 missiles balistiques intercontinentaux par la République populaire démocratique de Corée (RPDC), en flagrante violation des multiples résolutions du Conseil de sécurité, constitue une grave menace. Ce pays est le seul ayant réalisé des essais nucléaires au XXIe siècle, violant le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, un traité négocié par la Conférence du désarmement.

M. Antonio Tajani, Vice-Président du Conseil des ministres et Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de l'Italie, a déclaré que l'Italie œuvrait en faveur d'un monde pacifique et sûr à l'abri des armes nucléaires. Aujourd'hui, plus que jamais, il faut un engagement collectif renouvelé en faveur d'un monde exempt d'armes nucléaires. Le traité de non-prolifération est la pierre angulaire de cet objectif, a déclaré le ministre. Il a en outre appelé tous les États à adhérer au traité d'interdiction des essais nucléaires.

Le ministre italien a ensuite dénoncé l'agression de la Russie contre l'Ukraine, qui constitue une menace à l'ordre international fondé sur des règles. Les déclarations de la Russie quant à la menace de l'utilisation de l'arme nucléaire sont irresponsables, a-t-il ajouté. L'Italie est très préoccupée par la militarisation, par la Russie, de la centrale nucléaire de Zaporijjia. Elle estime qu'il faut créer une zone de protection internationale de toute la zone autour de la centrale, sous mandat de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). M. Tajani a par ailleurs estimé qu'un accord international sur le nucléaire en Iran restait une priorité et a appelé ce pays à coopérer avec l'AIEA. Il a par ailleurs condamné le lancement de missiles balistiques par la République populaire démocratique de Corée; ce pays devrait s'abstenir de toute provocation et prendre des mesures concrètes vers une dénucléarisation complète. Le ministre a conclu en indiquant que, dans le contexte actuel, la Conférence avait un rôle crucial à jouer malgré les revers de ces dernières années. Il faut préserver et relancer son rôle, a-t-il plaidé.

M. FAYSAL AL MAKDAD, Ministre des affaires étrangères et des expatriés de la République arabe syrienne, a indiqué qu'au cours des dernières années, son pays a vu des pays occidentaux bien connus, dont un membre permanent du Conseil de sécurité, utiliser l'arme du terrorisme contre le peuple syrien. La politique de ces pays a conduit à la fourniture d'armes à des groupes comme Daech ou le Front Al Nosra, y compris des armes interdites comme des armes chimiques, maintes fois utilisées contre les civils et les Forces armées syriennes. Le ministre a souligné la nécessité urgente de combler les lacunes des mécanismes internationaux compétents pour remédier à cette situation et ce, de manière à prévenir toute activité terroriste impliquant l'emploi d'armes chimiques. Il a appuyé dans ce contexte l'initiative russe relative aux armes chimiques. Il a aussi dénoncé les mensonges répétés du Secrétariat de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), subordonné aux États occidentaux, ce qui sape la crédibilité de cette organisation en l'instrumentalisant dans la guerre contre la Syrie.

Le ministre syrien a déclaré qu'Israël continuait de constituer une menace réelle et pérenne pour la stabilité internationale. Les autorités d'occupation s'obstinent à développer des armes de destruction massive à l'abri de toute vérification, a-t-il dénoncé, ajoutant qu'Israël entravait également la création d'une zone exempte d'armes nucléaires et de toute arme de destruction massive au Moyen-Orient, refusant notamment de prendre part à la troisième conférence sur la question. D'autre part, la Syrie est déçue que le document final de la dixième Conférence d'examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires n'ait pas été adopté, et propose en conséquence la prolongation du TNP pour une durée indéterminée. M. Al Makdad en a appelé à une volonté politique réelle et sincère sur la base de l'égalité souveraine et loin de toute politisation pour sortir la Conférence du désarmement de sa paralysie.

M. Hossein Amir-Abdollahian, Ministre des affaires étrangères de la République islamique d'Iran, a déclaré que le désarmement mondial était une nécessité absolue, alors que l'on assiste, depuis huit décennies, à la mise au point d'armes nucléaires. Le principal problème vient de ce que certains États dotés d'armes nucléaires estiment que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires n'est contraignant que pour les États non dotés d'armes nucléaires et non pour eux-mêmes. Le ministre a par ailleurs estimé que la création de zones exemptes d'armes nucléaires était une étape fondamentale vers le désarmement nucléaire, la paix et la sécurité. L'initiative visant à créer une telle zone au Proche Orient a été lancée par l'Iran mais le « régime sioniste », avec l'appui des États-Unis, menace toute possibilité de créer une telle zone, a-t-il déclaré. Pour sa part, l'Iran dispose d'un programme nucléaire totalement pacifique et est déterminé à rester attaché à ses obligations en vertu des accords globaux de garanties. Deux visites ont ainsi été réalisées ces derniers jours en Iran par l'AIEA, a-t-il fait valoir. M. Amir-Abdollahian a ensuite déclaré que l'état actuel de l'accord de Vienne sur le nucléaire iranien était le produit des politiques et des erreurs de calcul des États-Unis. Il faut s'engager dans les prochaines négociations avec plus de sensibilité, a-t-il estimé. Grâce à la bonne volonté des parties, les étapes finales vers un accord pourront être franchies. Les États-Unis doivent ainsi avoir la volonté et la force de conclure ces négociations, a-t-il insisté. L'Iran est prêt à poursuivre ces négociations jusqu'à ce qu'un accord soit trouvé.

S'agissant de la crise en Ukraine, le ministre a affirmé que l'Iran reconnaissait l'importance de cette crise pour la paix et la sécurité mondiales. La solution demeure dans la création de mécanismes de dialogue. Il est indispensable de s'abstenir d'utiliser la force et de respecter l'intégrité territoriale et l'indépendance des pays. L'Iran rejette les mesures adoptées par l'OTAN et les États-Unis qui consistent à élargir le territoire de l'OTAN vers l'Est. L'Iran lance un appel à un cessez-le-feu immédiat et est prêt à coopérer avec les différentes parties pour mettre en place un cadre de dialogue et de négociation, a conclu son ministre des affaires étrangères.

M. HAYASHI YOSHIMASA, Ministre des affaires étrangères du Japon, a constaté que la sécurité internationale était aujourd'hui gravement menacée et que la Conférence du désarmement devait agir avec les principales parties prenantes pour sortir de son enlisement. L'agression de la Russie contre l'Ukraine est une violation flagrante du droit international. En tant que victime de l'arme nucléaire, le Japon souligne qu'il ne fallait pas mettre fin aux 77 années d'histoire au cours desquelles aucune arme nucléaire n'a été utilisée depuis les bombardements d'Hiroshima et de Nagasaki. Le Japon, qui préside le G7 cette année, compte lutter contre toute tentative unilatérale de changement du statu quo par la force, a-t-il prévenu, ajoutant que l'environnement de sécurité autour de son pays devenait de plus en plus précaire, la Corée du Nord ayant intensifié ses lancements de missiles balistiques et proféré des menaces quant à l'utilisation de son arme nucléaire. Le Japon réitère son ferme engagement en faveur du démantèlement complet, vérifiable et irréversible de toutes les armes de destruction massive et de missiles balistiques, toutes portées confondues, de la Corée du Nord. Le Japon exhorte la Corée du Nord à se plier à toutes les résolutions du Conseil de sécurité et à revenir au respect de ses engagements au titre du TNP et des garanties de l'AIEA.

Le Japon continuera de déployer ses efforts conformément au Plan d'action d'Hiroshima. Il a d'ailleurs organisé la toute première réunion d'éminents experts sur le désarmement nucléaire pour éviter un recul. Il a appelé à adopter immédiatement un instrument sur les matières fissiles à des fins nucléaires sur la base du « mandat Shannon » (CD/1299). Il a lancé un appel à tous les États afin qu'ils déclarent ou maintiennent des moratoires sur les matières fissiles. Il a aussi exhorté à la signature du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires en vue de son entrée en vigueur. S'agissant de la dixième Conférence d'examen du TNP, le ministre japonais a estimé que le document final aurait pu être adopté si un État membre n'avait décidé de ne pas y souscrire. Il a dit avoir bon espoir de la tenue d'un débat plus large sur désarmement, avec la participation des États-Unis et de la Russie. Il a appuyé le groupe de travail sur la prévention d'une course aux armements dans l'espace et réaffirmé l'importance de l'engagement commun en faveur de la paix par des avancées sur le désarmement. Cela commence par une réactivation de la Conférence du désarmement afin qu'elle s'acquitte de son mandat.

MME MARJOLIJN VAN DEELEN, Envoyée spéciale de l'Union européenne pour la non-prolifération et le désarmement, a relevé que la Conférence se réunissait dans une période très sombre, alors qu'il y a un an débutait la guerre d'agression de la Russie contre l'Ukraine – l'un des plus grands défis lancés contre la paix et la sécurité internationales, touchant les peuples de tous les coins du monde, avec des effets particulièrement dramatiques sur les plus vulnérables. Mme Van Deelen a regretté une tendance inquiétante de certains États à ignorer les mesures, règles et principes multilatéraux en invoquant leur sécurité nationale. L'environnement de sécurité complexe actuel, marqué par la guerre d'agression russe, les tensions accrues et les crises de prolifération persistantes, souligne la nécessité de préserver, d'appliquer et de renforcer encore ces instruments, a-t-elle plaidé. L'Union européenne est profondément préoccupée par l'annonce faite par la Russie de suspendre sa participation au traité « New Start » alors qu'elle ne respectait déjà pas les obligations juridiquement contraignantes découlant du traité. Le maintien et la pleine application des arrangements existants en matière de maîtrise des armements sont d'une importance capitale pour l'ensemble de la communauté internationale et l'Union européenne appelle la Russie à reprendre de bonne foi sa participation dans ces efforts. Elle appelle également la Russie à s'engager d'urgence dans la désescalade et réaffirme que sa rhétorique nucléaire irresponsable est inacceptable.

Compte tenu de l'accumulation rapide et importante de l'arsenal nucléaire de la Chine, l'Union européenne appelle le pays à adhérer au futur accord de maîtrise des armes nucléaires et à répondre positivement aux appels en faveur d'un dialogue sur la maîtrise des armements dans un premier temps. Mme Van Deelen a par ailleurs déclaré que la Conférence du désarmement doit être redynamisée. Ainsi, utiliser la règle du consensus pour entraver les travaux ne crée pas un environnement propice et ne peut favoriser la confiance entre les États. Parmi les priorités de l'Union européenne à la Conférence du désarmement, son envoyée spéciale a mentionné les négociations sur un traité interdisant la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes et autres dispositifs explosifs nucléaires, ainsi que la promotion de l'adhésion universelle au Traité d'interdiction complète des essais nucléaires et de son entrée en vigueur. L'Union européenne soutient également l'élargissement de la composition de la Conférence et s'oppose fermement à ce que des États membres de la Conférence s'opposent aux demandes d'États membres de l'ONU de participer à ses travaux. L'Union européenne rejette ainsi l'approche politiquement motivée de la Russie consistant à bloquer la participation d'États membres des Nations Unies, d'organisations internationales et d'organisations non gouvernementales à des forums et autres processus internationaux.

Enfin, l'Union européenne réitère sa condamnation résolue de la guerre d'agression illégale, injustifiée et non provoquée menée par la Russie avec la complicité de la Biélorussie contre l'Ukraine, qui constitue une violation manifeste de la Charte des Nations unies. Les crimes et atrocités commis en Ukraine ne peuvent rester impunis. L'Union européenne soutient les efforts déployés par l'Ukraine et la communauté internationale pour faire en sorte que les auteurs de violations du droit international et de crimes de guerre répondent de leurs actes. Les responsables de ces crimes de guerre, y compris les crimes d'agression et leurs complices, devront rendre des comptes conformément au droit international, a-t-elle plaidé.

MME CANDITH MASHEGO-DLAMINI, Vice-Ministre des relations internationales et de la coopération de l'Afrique du Sud, a déclaré que le monde d'aujourd'hui était confronté à de nombreux défis interdépendants, allant de la dégradation de l'environnement aux défis économiques et sociaux, alors que le monde émerge de la pandémie de COVID-19, en passant par la menace permanente à la paix et à la sécurité internationales. La question cruciale du désarmement nucléaire reste l'une des priorités de l'Afrique du Sud compte tenu de la menace qu'elle fait peser sur l'humanité. Aucun pays ne devrait avoir le droit d'avoir des armes qui pourraient poser une menace existentielle pour d'autres États ou pour la planète. Tous les États doivent ratifier le Traité d'interdiction des armes nucléaires. La Vice-ministre a rappelé le rôle de la Conférence du désarmement dans le domaine de la sécurité internationale et pour assurer un environnement mondial sûr, déplorant le fait que cela fait plus de deux décennies que la Conférence n'a pas été en mesure d'adopter un programme de travail qui pourrait lui permettre d'entamer des négociations. L'Afrique du Sud estime que plusieurs points importants de l'ordre du jour de la Conférence sont prêts pour des négociations de fond, tels qu'un traité sur les matières fissiles, un traité sur la prévention d'une course aux armements dans l'espace, ainsi que d'autres mesures efficaces en vue du désarmement nucléaire.

La vice-ministre sud-africaine a rappelé que, soucieuse de maintenir la sécurité mondiale et faire progresser le désarmement nucléaire, l'Afrique du Sud est le seul pays au monde à s'être volontairement désarmé de manière transparente, vérifiable et irréversible. Ni la réalisation de la paix et de la sécurité internationales, ni le développement ne sont possibles lorsque des ressources financières massives continuent d'être détournées vers l'acquisition de capacités destructrices croissantes, a déclaré Mme Mashego-Dlamini. C'est honteux, car il y a des millions de personnes dans le monde qui continuent d'être défavorisée et privées de leurs droits humains fondamentaux, alors que des milliards de dollars sont dépensés pour le développement et l'entretien des armes nucléaires, a-t-elle insisté.

MME AÏSSATA TALL SALL, Ministre des affaires étrangères et des Sénégalais de l'extérieur du Sénégal, a déclaré que dans un contexte international particulier marqué par de vives tensions sécuritaires consécutives à une course effrénée à l'armement et à la prolifération des armes nucléaires, il est important de replacer le désarmement comme une priorité. Pour sa part, le Sénégal est convaincu que l'élimination complète des armes et de la technologie nucléaires à des fins militaires est la garantie absolue contre l'emploi ou la menace d'emploi de telles armes.

Il faut redoubler d'efforts afin de revitaliser la Conférence, a plaidé la ministre, rappelant que le Sénégal n'a cessé de contribuer aux efforts pour assurer la sécurité face à la menace nucléaire, a-t-elle insisté. Elle a rappelé que le Sénégal est partie aux principaux instruments internationaux contre la prolifération et sur la non-prolifération des armes nucléaires. De même, le Sénégal a activement participé aux travaux sur le traité d'interdiction des armes nucléaires et continue de soutenir les différentes initiatives tendant à un accord juridiquement contraignant visant à garantir la protection des États non dotés de l'arme nucléaire contre l'utilisation ou la menace d'utilisation des armes nucléaires. Le Sénégal soutient les appels à la négociation d'un traité sur l'arrêt de la production des matières fissiles et l'extension des zones exemptes d'armes nucléaires, notamment au Moyen Orient.

 

Ce document produit par le Service de l’information des Nations Unies à Genève est destiné à l'information ; il ne constitue pas un document officiel.

Les versions anglaise et française de nos communiqués sont différentes car elles sont le produit de deux équipes de couverture distinctes qui travaillent indépendamment.

 

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