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LE CONSEIL DES DROITS DE L’HOMME A CLOS LES TRAVAUX DE SA SESSION EXTRAORDINAIRE CONSACRÉE À LA SITUATION AU BURUNDI

Communiqué de presse

Le Conseil des droits de l’homme a tenu aujourd’hui, sous la présidence de l’Ambassadeur Joachim Rücker de l’Allemagne, une session extraordinaire consacrée à «la prévention d’une détérioration de la situation de droits de l’homme au Burundi» à l’issue de laquelle il a adopté sans vote une résolution dans laquelle il exprime sa profonde préoccupation face à la détérioration de la situation des droits de l’homme au Burundi et souligne que la promotion et la protection des droits de l’homme doivent rester au cœur de toute solution à la crise dans ce pays.

Dans ce texte, le Conseil demande au Haut-Commissaire aux droits de l’homme d’organiser de toute urgence et de déployer le plus rapidement possible une mission d’experts indépendants existants, qui sera chargée d’entreprendre une enquête rapide sur les violations et abus de droits de l’homme de manière à prévenir toute nouvelle détérioration de la situation des droits de l’homme ; de faire des recommandations sur l’amélioration de la situation des droits de l’homme et sur l’assistance technique nécessaire pour appuyer la réconciliation et l’application de l’Accord d’Arusha ; de s’engager avec les autorités burundaises et toutes les autres parties prenantes, y compris les institutions des Nations Unies, la société civile, les réfugiés ou encore les autorités de l’Union africaine, afin d’aider l’Etat à s’acquitter de ses obligations en matière de droits de l’homme et d’assurer l’obligation redditionnelle pour les violations de droits de l’homme commises. Un représentant des experts de cette mission présentera une mise à jour orale et participera à un dialogue interactif sur la situation des droits de l’homme au Burundi lors de trente et unième session du Conseil, la mission étant appelée à présenter un rapport final lors de la trente-troisième session du Conseil.

À l’ouverture de la session extraordinaire, ce matin, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, M. Zeid Ra’ad Al Hussein, a exhorté la communauté internationale à agir de manière «vigoureuse et décisive» au sujet de la situation au Burundi pour éviter une guerre civile qui pourrait avoir des connotations ethniques graves et des conséquences régionales alarmantes. Il a ajouté que le carnage du week-end dernier avait confirmé l’étendue des violences et des intimidations «qui sont en train de renvoyer le pays vers un passé profondément troublé, sombre et horriblement violent et qui n’a fait que l’éloigner un peu plus d’une solution politique».

Le Conseiller spécial pour la prévention du génocide, M. Adama Dieng, a pour sa part souligné que, lorsqu’il était revenu au Burundi, en mai 2015, la situation s’était encore détériorée et, à l’issue de ses deux visites dans le pays ainsi que le mois dernier il avait averti le Conseil de sécurité que, si la crise était avant tout de nature politique, il existait un risque que la manipulation permanente de l’ethnicité par les dirigeants tant du parti au pouvoir que des partis d’opposition ne modifie la trajectoire de la crise et aboutisse à des attaques ciblées basées soit sur l’affiliation politique, soit sur l’identité ethnique. «Malheureusement, c’est ce qui s’est produit», a déploré M. Dieng.

Au nom des titulaires de mandats des procédures spéciales du Conseil, M. Michael Addo a quant à lui estimé que le Conseil devait renforcer son rôle préventif et de suivi, en créant un mécanisme susceptible de permettre l’évaluation en permanence de la situation. La Commissaire aux affaires politiques de la Commission de l’Union africaine, Mme Aisha Laraba Abdullahi, a notamment rappelé que la Commission avait déployé en juillet dernier une équipe d’observateurs de droits de l’homme dans le pays qui a pu constater que la situation continue de se dégrader.

Le Burundi a pour sa part indiqué attendre « une condamnation ferme de la part de la communauté internationale à l’endroit de l’opposition radicale qui organise des attaques sur le Burundi de l’extérieur mais aussi le recrutement et l’enrôlement de force, par les groupes armés, de jeunes enfants réfugiés dans certains camps de pays voisins ».

La tenue de cette vingt-quatrième session extraordinaire, au cours de laquelle se sont exprimés les représentants d’une quarantaine d’Etats et d’organisations non gouvernementales, s’est faite à la demande de la Mission permanente des États-Unis, avec le soutien de 18 États membres du Conseil: Albanie, Allemagne, Argentine El Salvador, Estonie, États-Unis, ex-République yougoslave de Macédoine, France, Ghana, Irlande, Japon, Lettonie, Mexique, Monténégro, Pays-Bas, Portugal, République de Corée et Royaume-Uni. La convocation d’une session extraordinaire du Conseil exige le soutien d’au moins 16 États membres. La demande a également reçu l’appui des 29 États observateurs suivants: Australie, Autriche, Belgique, Bulgarie, Canada, Chili, Colombie, Croatie, Chypre, Danemark, Espagne, Finlande, Grèce, Hongrie, Italie, Lituanie, Luxembourg, Malte, Monaco, Norvège, Panama, Pologne, République tchèque, Roumanie, Slovaquie, Slovénie, Suède, Ukraine et Uruguay.

À compter du 1er janvier prochain, le Conseil sera présidé, pour l’année 2016, par l’Ambassadeur Choi Kyong-lim, de la République de Corée.


Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

HRC15/154F