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Venezuela : des enquêteurs de l’ONU accusent la Garde nationale de « crimes contre l’humanité »

Assemblée nationale du Venezuela à Caracas.
ONU Info
Assemblée nationale du Venezuela à Caracas.
La Garde nationale vénézuélienne s’est rendue coupable de « graves violations des droits humains et de crimes contre l’humanité » depuis plus de dix ans, a affirmé jeudi la mission d’enquête internationale indépendante sur le Venezuela dans un nouveau rapport.

Cette mission mandatée par le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies affirme que des membres de la garde nationale ont perpétré des exécutions, des « détentions arbitraires, des violences sexuelles et sexistes, ainsi que des actes de torture et d’autres traitements cruels, inhumains ou dégradants lors d’opérations (...) menées dans le contexte de manifestations et d’actions de persécution politique ciblée depuis 2014 ».

Selon les enquêteurs indépendants de l’ONU, le rapport montre le rôle joué par la garde nationale dans « une répression systématique et coordonnée » contre les opposants ou ceux qui sont perçus comme tels.

La Garde nationale vénézuélienne, officiellement Garde nationale bolivarienne (GNB), est l'une des cinq composantes des forces armées vénézuéliennes.

Politique de répression

« La mission a des motifs raisonnables de croire que des responsables de la GNB ainsi que les hautes autorités militaires et politiques, pourraient être pénalement responsables pour le rôle déterminant dans les crimes faisant l’objet de l’enquête », a déclaré Marta Valiñas, Présidente de la Mission internationale indépendante d'établissement des faits.

« Les actes de torture, les mauvais traitements et les violences sexuelles que nous avons vérifiés – y compris les agressions et les viols – ne sont pas des incidents isolés. Ils s’inscrivent dans un schéma d’abus visant à punir et à briser les victimes », a-t-elle ajouté.

Le rapport détaille comment la doctrine de « sécurité nationale » du Venezuela a fusionné les fonctions militaires et policières, légitimant la militarisation de la sécurité publique et élargissant le rôle de la GNB dans les opérations visant au contrôle social et à la répression interne.

La chaîne de commandement hautement centralisée – sous la direction du Président de la République en tant que commandant en chef des Forces armées nationales bolivariennes (FANB) – a facilité l’exécution d’actions illégales sans mécanismes de contrôle interne efficaces ni obligation de rendre des comptes.

La Garde nationale, acteur clé

La mission d’établissement des faits a constaté que la GNB était un acteur central dans la commission du crime contre l’humanité que constitue la persécution pour des motifs politiques. Selon les données recueillies par la société civile, elle a procédé au plus grand nombre d’arrestations pour des motifs politiques en 2019 et 2020.

Lors des pics de manifestations de 2014, 2017, 2019 et 2024, la GNB « a fait un usage excessif de la force, notamment en utilisant de manière inappropriée des armes létales et non létales. La mission onusienne a des motifs raisonnables de croire que les agents de la GNB ont tiré sans discernement, notamment en visant directement les parties vitales du corps des victimes.

Le rapport fait également état de détentions arbitraires massives et ciblées, de violences physiques lors des arrestations, de fabrication de preuves, de torture et d’autres mauvais traitements, ainsi que de violences sexuelles et sexistes dans les locaux de la GNB utilisés comme centres de détention provisoire.