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Soudan : l'ONU réclame une accélération de l'aide au Darfour et au Kordofan

Des employés de la FAO facilitent le transport de semences vers le Kordofan et le Darfour au Soudan.
© FAO/Mahmoud Shamoruk
Des employés de la FAO facilitent le transport de semences vers le Kordofan et le Darfour au Soudan.
Sans une hausse urgente de l’aide et le rétablissement de l’accès aux personnes dans le besoin, la situation désastreuse des enfants et des familles restera « intenable » au nord du Darfour et dans les États du Kordofan, au Soudan, a alerté mercredi le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).

Selon l’agence onusienne, des couloirs humanitaires doivent être ouverts et protégés de toute urgence afin que l’aide vitale puisse parvenir aux civils piégés à El Fasher, Kadugli et Dilling, ainsi qu’aux familles nouvellement déplacées dans le nord du Darfour et au Kordofan.

« Une forte présence des agences des Nations Unies dans le nord du Darfour est essentielle pour faciliter et surveiller l’accès », a souligné l’UNICEF dans son dernier rapport de situation.

Outre la protection des travailleurs humanitaires « contre la violence et l’intimidation », l’agence plaide pour la « suppression des obstacles bureaucratiques et sécuritaires pour accélérer l’acheminement de l’aide ».

Faim, insécurité et demandes de rançon

La prise de contrôle d’El Fasher le 26 octobre 2025 par les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) et l’escalade de la violence dans le nord du Darfour et les États du Kordofan ont plongé le Soudan dans une nouvelle phase d’instabilité, provoquant le déplacement de plus de 147.000 personnes depuis fin octobre dont plus de 106.000 personnes ont fui la ville d’El Fasher.

Depuis le 26 octobre, le Darfour du Nord a connu une « détérioration dramatique » de la situation à la suite de l’intensification du conflit à El Fasher. Selon l’UNICEF, les marchés se sont effondrés, les voies d’évacuation sont bloquées et les fournitures essentielles telles que la nourriture, le carburant et les médicaments sont épuisées.

« La famine est désormais confirmée à El Fasher et Kadugli, et des conditions similaires sont signalées à Dilling ; les épidémies de choléra aggravent les risques dans les camps de déplacés », a détaillé l’UNICEF, relevant que « la situation humanitaire est désastreuse ».

Après que l’ONU a confirmé la famine à El Fasher, une évaluation conjointe menée en novembre dernier a examiné 715 enfants et identifié 199 cas de malnutrition aiguë sévère et 215 cas de malnutrition aiguë modérée. « Les familles bloquées le long des routes sont confrontées à la faim, à l’insécurité et à des détentions liées à des demandes de rançon », a décrit l’UNICEF.

Un enfant soudanais dont la famille a fui El Fasher, au Darfour du Nord, est assis à côté d'un fourneau, dans la ville avoisinante de Tawila.
© UNICEF/Mohammed Jamal
Un enfant soudanais dont la famille a fui El Fasher, au Darfour du Nord, est assis à côté d'un fourneau, dans la ville avoisinante de Tawila.

Réfugiés dans des zones montagneuses

Des épidémies de choléra et de rougeole apparaissent alors que les services de santé sont effondrés et les réseaux d’approvisionnement en eau gravement endommagés. « La localité de Tawila s’est transformée en un vaste campement, où des centaines de familles continuent d’arriver chaque jour, beaucoup d’entre elles recherchant désespérément des proches disparus, séparés pendant le chaos ».

Dans le Kordofan du Sud, les violences autour de Dilling, Kadugli et des localités voisines ont piégé des milliers de personnes, forçant nombre d’entre elles à se réfugier dans des zones montagneuses avec un soutien minimal. Une famine a été confirmée à Kadugli, et des conditions similaires sont signalées à Dilling, où les hôpitaux n’ont rouvert que partiellement après une suspension temporaire.

Les fournitures prépositionnées par l’UNICEF livrées en octobre ont apporté un soutien vital, mais restent bien en deçà de l’ampleur des besoins.

Interventions d’urgence

Dans le Kordofan du Sud, les civils continuent de courir des risques extrêmes en tentant de fuir par des routes dangereuses vers le Kordofan occidental ou le Soudan du Sud.

« Ceux qui parviennent à atteindre des zones plus sûres arrivent souvent dans un état de grande faiblesse, les enfants présentant des niveaux élevés de malnutrition et de maladie », a souligné l’UNICEF.

Face à cette situation, l’agence a intensifié ses interventions d’urgence dans les régions du Darfour et du Kordofan, en fournissant des soins de santé vitaux, des services de dépistage et de traitement nutritionnels, des services en eau et assainissement. En plus d’un soutien à l’éducation et d’une protection à l’enfance, l’aide a également consisté à contrôler les épidémies.

L’UNICEF se dit prêt à intensifier ses opérations dans les zones de conflits inaccessibles lorsque les conditions le permettront.