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COP30 à Belém : le financement climatique renforcé, la sortie des combustibles fossiles reste à tracer

La société civile à la COP30.
© UNFCCC/Diego Herculano
La société civile à la COP30.
La COP30 de Belém, aux portes de l’Amazonie brésilienne, a abouti à plusieurs décisions majeures pour financer l’action climatique et accélérer la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur le climat. Toutefois le texte final reste prudent sur un point crucial : aucune obligation claire n’a été adoptée pour sortir des combustibles fossiles.

« Une nouvelle économie émerge, tandis que l'ancienne, polluante, est à bout de souffle ».

Tel était le message du chef d'ONU Climat, Simon Stiell, à l'issue de la COP30, qui s'est conclue après des négociations marathon vendredi soir et jusqu'à l'aube samedi.

Ce qui a été décidé

  • Financement à grande échelle : mobiliser 1.300 milliards de dollars par an d’ici 2035, sous la conduite des pays développés.
  • Renforcement de l’adaptation : doubler les financements d’ici 2025 et tripler d’ici 2035.
  • Fonds pour pertes et dommages : mise en œuvre opérationnelle confirmée et cycles de reconstitution validés.
  • Nouvelles initiatives : lancement de l’Accélérateur mondial de la mise en œuvre et de la Mission de Belém vers 1,5 °C, pour renforcer ambition et action.
  • Lutte contre la désinformation : engagement à promouvoir l’intégrité de l’information et à contrer les propos mensongers.

La COP met l’accent sur la solidarité et le financement, mais les discussions sur la transition énergétique ont été mises de côté. Cette omission inquiète plusieurs pays d’Amérique du Sud, l’Union européenne et de nombreux groupes de la société civile, les combustibles fossiles restant le principal moteur des émissions de gaz à effet de serre.

Une COP historique

La COP30 a été un COP historique. C’est la première COP organisée en Amazonie et la première depuis que l’ONU a tiré la sonnette d’alarme  sur le fait que la hausse record des gaz à effet de serre rend « pratiquement impossible » de limiter le réchauffement à 1,5 °C sans un dépassement temporaire de l’objectif de l’Accord de Paris.

Après deux semaines de négociations intenses, le texte final appelle à mobiliser au moins 1.300 milliards de dollars par an, à tripler les financements pour l’adaptation et à activer le fonds pour pertes et dommages décidé à la COP28.

Pour la première fois, la COP reconnaît officiellement la nécessité de lutter contre la désinformation climatique et les propos qui sapent l'action climatique fondée sur la science.  

La semaine dernière, le Président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva a ouvert le sommet en le qualifiant de « COP de la vérité », une étape importante visant à renforcer la confiance du public dans la politique climatique, même si l’absence de toute référence à la transition énergétique souligne la complexité politique des négociations sur l’énergie.

Deux feuilles de route en préparation

Lors de la séance de clôture, le président de la COP30, André Corrêa do Lago, a reconnu les limites de l’accord : « Certains d’entre vous visaient des ambitions plus grandes. Je sais que la jeunesse et la société civile demanderont d’en faire plus pour lutter contre le changement climatique. Je ferai de mon mieux pour ne pas vous décevoir ».

En réponse à l’appel du Président Lula, deux feuilles de route seront élaborées : l’une pour stopper et inverser la déforestation, l’autre pour accompagner la transition vers l'abandon des combustibles fossiles de manière juste et équitable, avec des ressources dédiées à ces objectifs.

Le président de la COP30, André Corrêa do Lago (au centre), s'entretient avec son équipe à la clôture de la Conférence des Nations unies sur le climat.
© CNUCC/Kiara Worth
Le président de la COP30, André Corrêa do Lago (au centre), s'entretient avec son équipe à la clôture de la Conférence des Nations unies sur le climat.

Un consensus ardu

Le chemin vers l’accord n’a pas été simple. Cette semaine, des groupes autochtones ont bloqué l’accès lors de manifestations revendiquant la protection de l’Amazonie et un incendie a interrompu les discussions à un moment crucial.

Les négociateurs ont travaillé toute la nuit de vendredi pour combler les écarts en matière de financement et d'ambition, alors que la présidence brésilienne orientait les négociations vers un résultat politiquement viable, centré sur le soutien et la mise en œuvre des accords précédents.

Le multilatéralisme en action

S'exprimant depuis le sommet du G20 à Johannesburg, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a salué les avancées : « Aux portes de l’Amazonie, les parties ont montré que les nations peuvent encore s’unir pour relever des défis qu’aucun pays ne peut résoudre seul ».

Le chef de l’ONU s’est félicité du lancement de l’Accélérateur mondial de la mise en œuvre et rappelé la difficulté de parvenir à un consensus dans un contexte de tensions géopolitiques. Le dépassement potentiel de la limite de 1,5 °C demeure un signal d’alarme : des réductions rapides et profondes des émissions de gaz à effet de serre, ainsi qu’un financement massif, sont essentiels.

« La COP30 est terminée, mais le travail continue. N’abandonnez pas. L’histoire – et l’ONU – sont de votre côté », a dit M. Guterres.

Un signal politique et économique qu’on ne peut ignorer

Le chef d'ONU climat, Simon Stiell, a salué à la clôture de la COP30 à Belém plusieurs avancées majeures, malgré des « eaux géopolitiques turbulentes » marquées par la polarisation et le négationnisme climatique.

Il a salué l’adhésion des 194 pays, qui ont su faire en sorte que l’humanité continue sa lutte pour une planète vivable avec l’objectif de 1,5 °C, notamment grâce au texte phare Mutirão, regroupant quatre volets de négociation sensibles en un accord consensuel, accompagné de dix-sept autres décisions.

Le document final affirme que la transition mondiale vers un développement bas carbone et résilient est « irréversible », en souligne les bénéfices économiques et sociaux – création d’emplois, croissance, accès à l’énergie, sécurité et santé publique – et M. Stiell a rappelé que les investissements dans les énergies renouvelables dépassent désormais ceux dans les énergies fossiles de deux à un, « un signal politique et économique qu’on ne peut ignorer ».

Au-delà des négociations un programme d'action solide 

La présidence brésilienne de la COP a souligné que le succès de la COP30 va au-delà des accords négociés, mettant en avant une vague d'engagements volontaires dans le cadre du programme d'action.

Parmi ceux-ci :

  • Le Fonds pour la préservation des forêts tropicales : il a permis de collecter 5,5 milliards de dollars et compte désormais 53 pays participants ; au moins 20 % des ressources sont directement reversées aux peuples autochtones et aux communautés locales.
  • Le Plan d'action pour la santé de Belém : la première initiative mondiale ciblant les menaces sanitaires liées au climat, lancée avec 300 millions de dollars provenant de 35 organisations philanthropiques.
  • L'Alliance UNEZA : les entreprises de services publics se sont engagées à verser 66 milliards de dollars par an pour les énergies renouvelables et 82 milliards de dollars pour le transport et le stockage.
  • Villes, régions et entreprises : une coalition comptant 25 000 bâtiments a déclaré avoir réduit ses émissions de CO₂ de plus de 850 000 tonnes en 2024.

Les pays ont également convenu de mettre en place un mécanisme de transition juste, renforçant la coopération, le soutien technique et le renforcement des capacités.