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Debouts face à la mer : les habitants d'une île brésilienne luttent contre la montée des eaux

La montée des eaux et la dévastation du littoral ont bouleversé la vie de l'île de Marajó, dans le nord-est du Brésil.
© IOM/Filipe Bispo
La montée des eaux et la dévastation du littoral ont bouleversé la vie de l'île de Marajó, dans le nord-est du Brésil.
Pendant plus de 40 ans, Ivanil a vécu dans une maison sur pilotis, à une vingtaine de mètres du rivage sur l’île de Marajó, où l’Amazone rejoint l’océan Atlantique dans le nord-est du Brésil. C’est ici qu’elle est née, a appris a pêcher, cultiver la terre et élever des animaux. « J’étais une personne très heureuse dans ce petit bout de terre », confie-t-elle. « C’était mon paradis ».

Puis est venue la nuit qui a tout changé. La pluie s’est abattue, le tonnerre et les éclairs déchirant l’obscurité, secouant les maisons alignées le long de la côte. À Vila do Pesqueiro, petite communauté traditionnelle confrontée à la montée des marées et à l’érosion côtière, les familles se sont blotties dans l’attente de la fin de la tempête.

Près de deux ans plus tard, le souvenir reste vif pour Ivanil : chaque bruit, chaque éclair lui rappelle à quel point la mer s’était approchée. En février 2024, la marée a englouti la terre que ses habitants occupaient depuis des générations.

Ivanil et ses voisins ont dû abandonner leurs maisons et reconstruire un peu plus loin, à moins d’un kilomètre. Une courte distance, mais un monde de différence. « Même si nous n’avons pas déménagé très loin, c’est un tout autre monde », raconte-t-elle. « Ici, c’est une zone de mangrove : il fait plus chaud, c’est plus bruyant, et il n’y a nulle part où élever des animaux ou faire pousser nos cultures ».

Ivanil a été contraint de déménager en raison de la montée des eaux et de la dévastation du littoral.
© IOM/Filipe Bispo
Ivanil a été contraint de déménager en raison de la montée des eaux et de la dévastation du littoral.

Une existence menacée

Vila do Pesqueiro compte environ 160 familles au sein de la réserve marine extractive de Soure, une aire protégée créée pour préserver les modes de vie traditionnels tout en favorisant une utilisation durable des ressources naturelles. La pêche demeure la principale source de revenus, complétée par la gastronomie locale et un petit tourisme.

Mais à mesure que les marées avancent, ces existences deviennent toujours plus précaires. Les moyens de subsistance s’effritent, les maisons s’effondrent. À côté d’Ivanil vit son fils Jhonny, pêcheur et étudiant en biologie, qui venait d’être admis à l’université lorsque la marée a tout emporté.

Il a grandi en voyant la mer gagner du terrain, année après année. « L’endroit où se trouvaient nos maisons est aujourd’hui sous l’eau », dit-il. Il pense souvent à ceux qui vivent encore au bord de l’eau, sachant que les marées seront plus fortes l’an prochain. « Pour moi, déménager n’est pas seulement une question de sécurité », confie-t-il. « C’est une façon de protéger le lieu et les gens qui ont façonné ma vie ».

Jhonny, le fils d’Ivanil, fouille les décombres des maisons détruites.
© IOM/Filipe Bispo
Jhonny, le fils d’Ivanil, fouille les décombres des maisons détruites.

À Belém, la COP30 en toile de fond

De l’autre côté de l’embouchure de l’Amazone, à Belém, la communauté internationale se réunit du 10 au 231 novembre pour la nouvelle Conférence des Nations Unies sur le changement climatique (COP30). Parmi les thèmes abordés figure le déplacement de populations causé par les phénomènes météorologiques extrêmes – un enjeu que vivent déjà, au quotidien, les habitants de Vila do Pesqueiro.