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Gaza : un mois après la trêve, un fragile retour à la vie malgré les entraves humanitaires

Des hommes chargent leurs biens sur une charrette dans le quartier d'al-Naser, à Gaza-ville, dans le nord de l'enclave palestinienne.
© WFP/Maxime Le Lijour
Des hommes chargent leurs biens sur une charrette dans le quartier d'al-Naser, à Gaza-ville, dans le nord de l'enclave palestinienne.
Lundi marque un mois jour pour jour depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas à Gaza. Dans l’enclave meurtrie, les familles regagnent au compte-gouttes leurs quartiers dévastés, lorsque les conditions le permettent. Mais l’aide humanitaire demeure entravée par la bureaucratie, les restrictions israéliennes et une insécurité persistante.

Le week-end dernier, des tirs d’artillerie et des bombardements navals ont encore été signalés dans plusieurs zones, a indiqué lundi le bureau des affaires humanitaires de l’ONU, « bien qu’à des niveaux nettement inférieurs à ceux observés avant le cessez-le-feu ». Dans certaines parties du territoire, les équipes humanitaires doivent toujours coordonner chacun de leurs déplacements avec les autorités israéliennes : sur huit tentatives de livraison d’aide dimanche, seules deux ont été pleinement facilitées et quatre ont été entravées.

Malgré ces obstacles, « le cessez-le-feu fragile [...] offre un certain répit à une population épuisée », a salué Philippe Lazzarini, le chef de l’agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), dans une tribune publiée par le quotidien britannique, The Guardian.

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Reprise progressive de l’aide

Sur le terrain, les agences onusiennes et leurs partenaires multiplient les efforts pour renforcer les opérations humanitaires. L’UNICEF, l’UNRWA et l’Organisation mondiale de la santé (OMS), en collaboration avec le ministère de la santé, ont lancé une vaste campagne de rattrapage des vaccinations, du suivi nutritionnel et de la croissance des enfants. L’initiative vise à atteindre 44 000 enfants ayant manqué les campagnes précédentes.

L’OMS a également annoncé la réouverture de l’hôpital Al Kheir, à Khan Younès, dans le sud de l’enclave, après des mois d’interruption consécutive aux bombardements israéliens de février 2024. L’agence a soutenu sa réhabilitation en restaurant l’eau, l’électricité et les installations sanitaires, et en fournissant du matériel médical essentiel. Un centre de stabilisation nutritionnelle de 20 lits y a été ouvert, portant à sept le nombre d’établissements similaires dans la bande de Gaza, pour un total de 70 lits destinés aux enfants souffrant de malnutrition aiguë.

Entre mercredi et vendredi derniers, les partenaires humanitaires ont apporté un soutien psychosocial à 1 500 enfants et 500 adultes, tout en diffusant des messages de prévention des violences. Près de 40 000 kits de vêtements et de chaussures d’hiver ont été distribués aux enfants de moins de dix ans, ainsi que 50 000 couvertures entre mercredi et samedi.

Depuis le début du cessez-le-feu, l’eau est acheminée par camions vers plus de 2 000 sites à travers le territoire. Environ 15 000 kits d’hygiène ont été distribués et une conduite d’eau essentielle a été réparée dans le quartier d’Az Zaytoun, à Gaza-ville, la principale ville de l’enclave, dans le nord, touchée ces derniers mois par la famine.

Un répit fragile et incertain

Pour M. Lazzarini, « l’accès à un abri, à la nourriture et à l’eau potable demeure difficile » alors que l’hiver approche. « L’ONU, y compris l’UNRWA, dispose de l’expertise et des ressources nécessaires pour répondre efficacement et à grande échelle aux besoins humanitaires les plus urgents », a-t-il souligné, rappelant que l’organisation « doit pouvoir travailler librement et en toute indépendance ».

Un avenir véritablement pacifique, insiste-t-il, « nécessite un investissement réel dans une solution politique définitive au conflit israélo-palestinien ».