Fil d'Ariane

Le chef de l’ONU appelle Israël et le Hamas à « respecter pleinement » les termes du plan de paix américain

Le Secrétaire général António Guterres a « exhorté toutes les parties concernées à respecter pleinement les termes de l’accord », y compris la libération « dans la dignité » des otages détenus depuis plus de deux ans à Gaza.
Le Président Trump a annoncé mercredi soir sur les réseaux sociaux que le Hamas avait accepté de libérer « très prochainement » tous les otages détenus à Gaza, tandis qu’Israël avait accepté un retrait progressif de ses forces terrestres jusqu’à « une ligne convenue ».
Selon des rapports des médias citant le Qatar, l’accord porte sur toutes les « dispositions et les mécanismes de mise en œuvre de la première phase (…) qui conduira à la fin de la guerre, à la libération des otages israéliens et des prisonniers palestiniens, et à l’entrée d’aide humanitaire ».
Éloge aux artisans de la paix
« Je me réjouis de l’annonce d’un accord visant à garantir un cessez-le-feu et la libération des otages à Gaza, sur la base de la proposition présentée par le Président Donald J. Trump », a déclaré António Guterres dans un communiqué. « Je salue les efforts diplomatiques déployés par les États-Unis, le Qatar, l’Égypte et la Turquie pour négocier cette avancée dont nous avions désespérément besoin ».
M. Guterres a insisté sur la nécessité d’un cessez-le-feu permanent. Dans le cadre du plan américain, les Nations Unies sont chargées, avec le Croissant-Rouge, de superviser l’entrée et la distribution de l’aide humanitaire.
« L’entrée immédiate et sans entrave des convois acheminant des biens de première nécessité et des produits commerciaux essentiels à la population Gazaouie doit être garantie. Les souffrances doivent cesser », énumère le chef de l'ONU, qui assure que « les Nations Unies soutiendront la mise en œuvre de l’accord et intensifieront la fourniture d’une aide humanitaire durable, ainsi que la poursuite des efforts de relèvement et de reconstruction dans la bande de Gaza dévastée ».

Saisir l’occasion
Le Secrétaire général a exhorté « toutes les parties prenantes à saisir cette occasion unique pour établir une voie politique crédible vers la fin de l’occupation, la reconnaissance du droit à l’autodétermination du peuple palestinien et la mise en place d’une solution à deux États qui permette aux Israéliens et aux Palestiniens de vivre en paix et en sécurité ».
« Les enjeux n’ont jamais été aussi importants ».
L’accord prévoit que l’échange ait lieu dans les soixante-douze heures qui suivront la signature. M. Trump a dit qu’il pensait que tous les otages, vivants et morts, seraient « de retour lundi ».
Par ailleurs, au moins 400 camions d’aide humanitaire entreront chaque jour dans la bande de Gaza pendant les cinq premiers jours du cessez-le-feu, et ce nombre augmentera au cours des jours suivants, selon des rapports des médias.
S'exprimant jeudi matin devant la presse au siège de l'ONU, M. Guterres a estimé que l'annonce de l'accord « montre la puissance et le potentiel de la diplomatie ».
« Cela nous rappelle que les solutions aux conflits ne se trouvent pas sur le champ de bataille. Elles doivent être forgées à la table des négociations.
Et ensuite, et c'est crucial, elles doivent être pleinement mises en œuvre », a-t-il ajouté.
Une lueur d'espoir
La Présidente de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, a également salué « une lueur d'espoir ».
« Après plus de 700 jours de mort, de destruction et de désespoir, nous devons saisir l'occasion offerte par l'annonce d'un accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas pour en appliquer pleinement les conditions et mettre fin à la guerre à Gaza. Tous les otages israéliens doivent être libérés et l'entrée immédiate et sans entrave de l'aide humanitaire doit être garantie », a-t-elle dit dans une déclaration à la presse.
Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Volker Türk, a, quant à lui, appelé « tous les États à œuvrer collectivement pour garantir la mise en œuvre de bonne foi du plan de cessez-le-feu ».
« Toute action future doit être guidée par les objectifs immédiats de mettre fin aux massacres, à la famine et aux destructions, et d'assurer le retour en toute sécurité et dignité des otages et des Palestiniens détenus arbitrairement », a dit M. Türk dans un commentaire à la presse.
Le chef des droits de l’homme a appelé « à la fin de la rhétorique toxique de la guerre et de la haine ». « La réalisation du droit du peuple palestinien à l'autodétermination et la garantie que Palestiniens et Israéliens puissent vivre en paix et en sécurité doivent demeurer l'objectif ultime de ce processus », a-t-il conclu.
Garantir un accès humanitaire sans restriction
Faisant écho à ces commentaires et saluant cette évolution, le Coordonnateur des secours d'urgence de l’ONU a lancé un appel pour « libérer les otages et acheminer rapidement l’aide humanitaire ».
Selon Tom Fletcher, les équipes humanitaires sont pleinement mobilisées pour acheminer les camions à grande échelle et sauver des vies. « Elles ont besoin d’un accès sécurisé. Nous vous tiendrons régulièrement informés », a déclaré, sur le réseau social X, le Secrétaire général adjoint de l’ONU chargé des affaires humanitaires.
Les agences d’aide humanitaire des Nations Unies ont souligné la nécessité d’inonder immédiatement d'aide l’enclave frappée par la famine.
Dans cette course contre la montre, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) indique disposer de nourriture, de médicaments et d’autres fournitures de base prêtes à être acheminées vers Gaza. « Nous avons suffisamment de provisions pour nourrir toute la population pendant les trois prochains mois », a dit, sur X, le chef de l'UNRWA, Philippe Lazzarini.
Pour le Programme alimentaire mondial (PAM), l’urgence est de garantir un accès humanitaire sans restriction afin d’acheminer l’aide alimentaire et les produits de base vitaux. « Le PAM est sur le terrain et prêt à intensifier ses opérations, mais nous devons agir MAINTENANT, il n’y a pas de temps à perdre », a réagi, sur X, Cindy McCain, Directrice exécutive du PAM.
Monter en puissance
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) se tient également prête à monter en puissance dans ses efforts pour répondre aux besoins sanitaires urgents des patients à Gaza et à soutenir la réhabilitation du système de santé détruit.
Mais pour l’agence sanitaire mondiale de l’ONU, le meilleur remède reste la paix. « J’espère que toutes les parties respecteront cet accord, afin que les souffrances de tous les civils prennent enfin fin et que tous les otages soient ramenés chez eux dans la dignité », a affirmé, sur X, le chef de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Selon le Bureau régional de l’OMS pour la Méditerranée orientale, plus de 7 milliards de dollars seraient nécessaires pour reconstruire le système de santé. Au total, plus de 53 milliards de dollars seraient nécessaires pour reconstruire Gaza après des mois de conflit entre Israël et le Hamas dans l’enclave palestinienne, selon une évaluation publiée par les Nations Unies, l’Union européenne et la Banque mondiale.

Exultation à Gaza
Sur le terrain, les Gazaouis et les Israéliens célébraient la nouvelle d’un accord de cessez-le-feu potentiel entre les dirigeants politiques du Hamas et Israël.
« Il règne une atmosphère très positive et jubilatoire à Gaza ce matin, et c’était déjà le cas hier soir », a déclaré un travailleur humanitaire des Nations Unies à ONU Info. « Les gens sifflent, font la fête et célèbrent ».
« Bien sûr, nos priorités restent les mêmes, à savoir atteindre les plus vulnérables avec l’aide dont nous avons besoin, en quantités suffisantes, et être en mesure de la distribuer aux personnes dans le besoin... Il est évident qu’aucune aide humanitaire ne pourra jamais remplacer la paix. Cet accord est donc plus important que jamais ».
Les humanitaires de l’ONU disposent d’environ 170.000 tonnes de nourriture, d’abris, de médicaments et d’autres articles essentiels stockés juste à l’extérieur de Gaza.
Tout cela peut être chargé dans des camions et entrer à Gaza dès qu’un cessez-le-feu sera mis en place, a expliqué le travailleur humanitaire. « Nous sommes impatients de voir quel sera notre rôle à l’avenir et comment acheminer rapidement et efficacement cette aide aux personnes qui en ont désespérément besoin ».