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Haïti : un nombre « sans précédent » d’enfants déplacés par la violence

Un jeune garçon de neuf ans en Haïti vit avec sa mère dans un logement temporaire après avoir fui deux fois la violence.
© UNICEF/Maxime Le Lijour
Un jeune garçon de neuf ans en Haïti vit avec sa mère dans un logement temporaire après avoir fui deux fois la violence.
Le nombre d’enfants déplacés par la violence en Haïti a presque doublé en un an, atteignant le nombre de 680.000, selon un nouveau rapport SOS Enfants publié par le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).

Au total, 3,3 millions d’enfants ont désormais besoin d’une aide humanitaire, soit le chiffre le plus élevé jamais enregistré. Les cas de malnutrition aiguë, de recrutement d’enfants, de violences basées sur le genre et d’autres violations des droits de l’enfant sont en forte hausse.

« Les enfants en Haïti sont déplacés à un rythme et à une échelle alarmants », a déclaré la cheffe de l’UNICEF, Catherine Russell.

« Chaque fois qu’ils sont contraints de fuir, ils perdent non seulement leur maison, mais aussi la possibilité d’aller à l’école, d’être en sécurité et simplement d’être des enfants ».

Crise humanitaire complexe

Des séismes meurtriers à la fragilité politique et au chaos économique, des décennies de chocs ont conduit à l’une des crises humanitaires les plus complexes du monde en Haïti.

Les bandes armées contrôlent désormais plus de 85 % de la capitale, Port-au-Prince, ainsi que plusieurs routes stratégiques, isolant des familles de la nourriture, des soins de santé et de la protection, et les forçant à fuir.

Plus de 2,7 millions de personnes, dont 1,6 million de femmes et d’enfants, vivraient sous le contrôle de ces groupes armés. Le rapport avertit que l’ampleur du déplacement est sans précédent, le nombre de sites d’accueil ayant atteint 246 à l’échelle nationale au premier semestre 2025.

L’éducation prise pour cible

À Port-au-Prince et dans les zones environnantes, les écoles sont devenues des cibles ou des abris. Plus de 1.600 établissements scolaires ont fermé, tandis que 25 ont été occupés par des gangs, privant des milliers d’élèves de la possibilité d’apprendre.

Le coût de la scolarité constitue un autre obstacle majeur. Seules 15 à 20 % des écoles sont publiques, et même celles-ci exigent souvent des familles qu’elles paient les manuels et les uniformes, précise le rapport.

Une mère tient sa fille dans ses bras dans un abri de fortune installé dans une école après avoir fui les attaques des groupes armés à Port-au-Prince.
© UNICEF/Patrice Noel
Une mère tient sa fille dans ses bras dans un abri de fortune installé dans une école après avoir fui les attaques des groupes armés à Port-au-Prince.

Un appel à l’action

L’UNICEF a pris en charge plus de 86.000 enfants souffrant d’émaciation, une forme de malnutrition potentiellement mortelle, et fournit des soins de santé à 117.000 personnes, ainsi que de l’eau potable à 140.000 autres.

Mais l’agence reste gravement sous-financée. Sans une augmentation immédiate des ressources, des programmes essentiels risquent d’être gravement compromis.

« Les enfants d’Haïti ne peuvent plus attendre », a averti Mme Russell. « Comme tous les enfants, ils méritent de vivre en sécurité, en bonne santé et en paix. Il nous appartient d’agir maintenant pour eux ».