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Afrique : l’ONU plaide pour la prévention des conflits face à des menaces « sans précédent »

Des familles s'abritent dans une ancienne gare routière devenue un site de déplacement à Gedaref, au Soudan.
© UNOCHA/Giles Clarke
Des familles s'abritent dans une ancienne gare routière devenue un site de déplacement à Gedaref, au Soudan.
Les conflits qui ravagent l’Afrique « ne trouveront pas de solution militaire », a mis en garde Parfait Onanga-Anyanga, l'envoyé de l’ONU auprès de l’Union africaine (UA). Devant le Conseil de sécurité, il a appelé mardi à une approche « proactive et préventive » alors que le continent fait face à une « vague de menaces sans précédent ».

Réuni à New York, le Conseil examinait les principaux défis sécuritaires africains et la coopération entre les Nations Unies et l’Union africaine – une organisation continentale regroupant 55 États membres. 

« Des inquiétudes subsistent dans certaines parties du continent quant au nombre et à la complexité des conflits », a observé M. Onanga-Anyanga. « Aucune solution militaire ne peut résoudre les causes profondes du conflit en République démocratique du Congo ou ailleurs en Afrique. J’appelle ce Conseil à continuer d’user de son influence pour favoriser un règlement pacifique des différends en suspens ».

Le climat, multiplicateur de menaces

Le diplomate onusien a identifié deux facteurs aggravants : le changement climatique, qu’il décrit comme un « multiplicateur de menaces », et les violences spécifiques subies par les femmes et les filles dans les zones ravagées par la guerre. Des crises, a-t-il souligné, dont les effets se propagent d’un pays à l’autre sous l’effet de l’insécurité climatique.

S’exprimant au nom de l’Union africaine, l’ambassadeur égyptien Mohamed Fathi Ahmed Edrees a dressé un constat alarmant : « L’Afrique fait face à une vague de menaces sans précédent pour sa sécurité. Des solutions sont nécessaires pour parvenir à une plus grande stabilité ».

Parfait Onanga-Anyanga, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef du Bureau des Nations Unies auprès de l’Union africaine (UA), au Conseil de sécurité.
UN Photo/Eskinder Debebe
Parfait Onanga-Anyanga, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef du Bureau des Nations Unies auprès de l’Union africaine (UA), au Conseil de sécurité.

Élections et gouvernance : quelques progrès

Malgré ces tensions, Parfait Onanga-Anyanga a salué « des progrès significatifs », citant la tenue d’élections « libres, équitables et crédibles » au Botswana, au Ghana, à Maurice et au Malawi, où un nouveau président a été investi la semaine dernière. Il a toutefois insisté sur l’urgence de « renforcer le consensus » entre partenaires régionaux.

« Le partenariat solide et durable entre les Nations unies et l’Union africaine, ainsi qu’avec d’autres organisations régionales, constitue le socle d’un multilatéralisme efficace et en réseau, indispensable pour faire face aux menaces complexes, évolutives et interconnectées d’aujourd’hui », a-t-il rappelé.

Une coopération en cours de consolidation

Adoptée en décembre 2023, la résolution 2719 du Conseil de sécurité vise à renforcer la coopération opérationnelle entre l’ONU et l’Union africaine. Elle entend combler une « lacune de longue date » dans l’architecture de paix du continent, selon Martha Pobee, Sous-Secrétaire générale de l’ONU chargée des affaires africaines.

Quatre chantiers sont en cours : planification conjointe des opérations, soutien logistique, règles financières et protection des civils. En septembre, les deux organisations ont validé un cadre de décision partagé pour les missions de paix africaines. Des règles financières sont également en cours d’examen, tandis que de nouvelles politiques de responsabilité et de protection des civils ont été élaborées, incluant des dispositifs sensibles au genre.

Ces efforts visent, selon Mme Pobee, à « ancrer la coopération dans une vision stratégique et une mise en œuvre concrète ».

Des foyers de crise multiples

Les causes profondes des conflits, a-t-elle ajouté, sont souvent aggravées par « la faiblesse ou l’inefficacité de l’autorité de l’État, l’extrémisme violent propice aux activités terroristes, la gestion inéquitable des ressources naturelles, le crime organisé, les effets du changement climatique, l’insécurité alimentaire aiguë et, dans certains cas, le déni des droits humains fondamentaux ».

De la Corne de l’Afrique aux Grands Lacs, en passant par le Soudan et le Soudan du Sud, les crises s’enchaînent, provoquant des déplacements massifs et des urgences humanitaires à répétition. Dans ce contexte, le message des Nations unies se veut clair : la paix durable en Afrique ne naîtra pas des armes, mais d’une prévention lucide, patiente et concertée.