Fil d'Ariane

Gaza : la population ne peut pas se nourrir de « déclarations d’inquiétude »

Il s’agit « d’une famine évitable et prévisible » et la communauté humanitaire « peut l’arrêter », a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse au siège de l’ONU, à New York.
« Les femmes, les personnes âgées et les enfants de Gaza ne peuvent pas se nourrir de déclarations d'inquiétude », a-t-il dénoncé.

Ouvrir les points de passage
Selon lui, le cessez-le-feu plus tôt cette année a prouvé que les agences humanitaires de l’ONU et leurs partenaires peuvent « sauver des vies à grande échelle lorsque les organisations humanitaires sont autorisées à le faire ».
« Nous avons donc besoin que les points de passage soient ouverts, qu'un accès fonctionnel soit assuré, qu'un passage sûr et sans entrave à l'intérieur de Gaza soit garanti, que les pillages cessent, que les otages soient libérés et qu'un cessez-le-feu immédiat soit instauré », a-t-il ajouté.
Plus tôt, devant la presse, le porte-parole du Secrétaire général de l’ONU, Stéphane Dujarric, a condamné « l'escalade meurtrière de l'offensive militaire israélienne observée ce week-end dans la ville de Gaza, faisant de nombreux morts et blessés ». « Cette situation a des conséquences désastreuses sur les civils qui souffrent et sont affamés ».
« Nous réitérons notre appel à la protection des civils et du personnel humanitaire, ainsi qu'au plein respect du droit international », a-t-il ajouté.

Les civils forcés de fuir le nord de Gaza
Dimanche, le chef de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), Philippe Lazzarini, a déclaré qu'au cours des quatre derniers jours seulement, dix bâtiments de l'agence avaient été touchés dans la ville de Gaza. Parmi eux, sept écoles et deux cliniques servant d'abris à des milliers de personnes déplacées.
La conséquence, c'est que des civils épuisés et terrifiés sont à nouveau contraints de quitter le nord de Gaza, a-t-il prévenu.
Les populations fuient par la route Al Rashid. C'est la seule voie de circulation vers le sud et elle extrêmement encombrée.
« Ces derniers jours, nos collègues qui surveillent les déplacements de population à Gaza ont recensé près de 70.000 déplacements vers le sud, principalement vers Deir al-Balah et Khan Younis. Le mois dernier, nos partenaires ont observé environ 150.000 mouvements du nord vers le sud », a dit M. Dujarric.
Le Programme alimentaire mondial (PAM) a indiqué, pour sa part, que les déplacements forcés depuis la ville de Gaza épuisent les ressources des familles et perturbent leurs derniers moyens de subsistance. Sans accès sûr et durable, le risque d'aggravation de la faim augmente, en particulier pour les enfants.
« Nos partenaires signalent qu'un tiers des centres de traitement de la malnutrition dans la ville de Gaza ont déjà fermé en raison d'ordres de déplacement forcé. Aujourd'hui, le ministère de la Santé a annoncé que trois personnes supplémentaires sont mortes de malnutrition et de famine en 24 heures. Au total, le ministère signale que 425 personnes sont mortes de malnutrition et de famine à Gaza, dont environ un tiers sont des enfants », a dit le porte-parole du Secrétaire général.
Aide humanitaire sous-financée dans le monde
Cette situation désastreuse à Gaza se déroule alors que la communauté humanitaire est sous pression dans le monde entier.
« Nous sommes confrontés à une situation catastrophique : sous-financés, surchargés et attaqués », a déploré Tom Fletcher.
Le sous-financement s'est aggravé depuis l'an dernier : « Nous avons reçu des fonds ne couvrant que 19 % de nos besoins, soit une baisse de 40 % par rapport à l'année dernière. C'est dévastateur », a-t-il dit.
Il a dénoncé également les attaques contre les travailleurs humanitaires, à Gaza, comme au Yémen. « La violence contre nous est, en quelque sorte, en train de se normaliser. Nous vivons à l'ère de l'impunité », a-t-il déploré.