Fil d'Ariane

Comprendre le rapport de l’IPC : comment est évaluée la famine à Gaza

Vendredi 22 août, Tom Fletcher, chef de l’humanitaire de l’ONU, a officiellement déclaré que Gaza était en situation de famine :
« C’est une famine que nous aurions pu éviter si on nous l’avait permis. Pourtant, la nourriture s’accumule aux frontières en raison de l’obstruction systématique d’Israël. »
Quelques heures plus tard, un nouveau rapport du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), l’outil international de référence en la matière, était publié. Mais que révèle réellement ce rapport et comment définit-on une famine ?
Qu’est-ce que l’IPC ?
L’IPC (Integrated Food Security Phase Classification) est un système international de référence mis en place en 2004 pour évaluer l’insécurité alimentaire. Soutenu par plusieurs agences des Nations Unies telles que la FAO ou le PAM, des ONG internationales et des experts indépendants, il fournit une méthodologie commune permettant de comparer les situations dans différents pays. Celui-ci a été utilisé pour la première fois en 2004 en Somalie.
L’IPC définit cinq phases, allant de la situation « minimale » à la « famine ». Cette dernière, classée en phase 5, représente le niveau le plus grave d’insécurité alimentaire.

Comment les experts évaluent-ils la situation ?
Les rapports de l’IPC s’appuient sur une vaste collecte de données locales : accès à la nourriture, prix des denrées, état nutritionnel des enfants, accès à l’eau, conditions sanitaires et taux de mortalité. Ces informations sont ensuite analysées conjointement par les partenaires de l’IPC et validées par un comité d’experts internationaux afin de garantir leur fiabilité et leur indépendance.
Quand parle-t-on officiellement de famine ?
La famine est déclarée uniquement lorsque trois critères précis sont atteints simultanément :
• Au moins 20 % de ménages confrontés à un manque extrême de nourriture ;
• Au moins 30 % des enfants souffrent de malnutrition aiguë ;
• Au moins deux personnes sur 10 000 ou au moins quatre enfants sur 10 000 meurent chaque jour directement ou indirectement de la faim.
Ces seuils stricts visent à éviter tout abus du terme et à refléter une réalité dramatique sur le terrain.
Pourquoi ce rapport est essentiel
La publication d’un rapport de l’IPC constitue un signal d’alerte officiel pour la communauté internationale. Elle permet aux Nations Unies, aux gouvernements et aux organisations humanitaires de mobiliser des financements et d’orienter les interventions d’urgence. Ce n’est pas l’IPC qui déclare une famine mais les parties prenantes concernées au niveau du pays, telles que les autorités gouvernementales et les agences des Nations Unies.
Dans le cas de Gaza, l’IPC rapporte que : « La famine est une course contre la montre. Un cessez-le-feu immédiat et la fin du conflit sont essentiels pour permettre une réponse humanitaire d’urgence, à grande échelle et sans entrave, afin de sauver des vies. »