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Afghanistan : un séisme meurtrier anéantit des villages entiers ; l'ONU se mobilise

Les habitants de la province de Herat, en Afghanistan, s'accommodent des dégâts matériels causés par le tremblement de terre.
© UNICEF/Osman Khayyam
Les habitants de la province de Herat, en Afghanistan, s'accommodent des dégâts matériels causés par le tremblement de terre.
Un tremblement de terre de magnitude 6 a frappé dans la nuit de dimanche à lundi l’est de l’Afghanistan, faisant au moins 800 morts, selon un premier bilan, et rasant des villages entiers. Dans un pays déjà ravagé par des décennies de guerre et de catastrophes naturelles, la secousse a réveillé l’angoisse des grandes tragédies sismiques.

Dès lundi matin, le secrétaire général de l’ONU a exprimé sa solidarité envers le peuple afghan. « J’adresse mes plus sincères condoléances aux familles des victimes et souhaite un prompt rétablissement aux blessés », a déclaré António Guterres sur le réseau social X. « L’équipe des Nations Unies en Afghanistan est mobilisée et ne ménagera aucun effort pour aider les populations dans le besoin ».

Selon l’ONU, quatre provinces de l’est, dont Nangarhar et Kunar, sont dévastées par la catastrophe. Des centaines de maisons, construites à flanc de colline, se sont effondrées en cascade. « Lorsqu’un tremblement de terre de cette ampleur se produit, les habitations s’effondrent littéralement les unes sur les autres », a expliqué Salam Al-Jabani, de l’UNICEF. « Comme il était très tard dans la nuit, les familles dormaient chez elles, et c’est pourquoi les pertes humaines sont si importantes ».

Des villages inaccessibles

Le séisme s’est produit vers minuit, à seulement huit kilomètres de profondeur. La secousse a été ressentie jusqu’à Kaboul et Islamabad, les capitales afghane et pakistanaise. Mais ce sont les zones rurales, isolées et pauvres, qui ont payé le plus lourd tribut. De nombreux habitants seraient encore piégés sous les décombres.

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Les équipes de secours se heurtent à un relief accidenté. Dans plusieurs districts de Kunar, les vallées restent accessibles uniquement à pied, après trois heures de marche. L’OCHA, le bureau onusien des affaires humanitaires, a indiqué que les autorités talibanes de facto avaient mobilisé d’importants moyens pour rouvrir les routes, mais certains villages demeurent coupés du monde. Les blessés les plus graves ont été évacués par hélicoptère vers Jalalabad et Asadabad, dans l’est du pays.

Un appel à la solidarité internationale

Alors que les secours s'organisent, l'ONU a débloqué une première enveloppe de cinq millions de dollars de son Fonds central d'intervention d'urgence (CERF). « Mais le financement humanitaire actuel est insuffisant pour répondre aux besoins », a souligné le porte-parole du Secrétaire général, dans une déclaration.

Sur le terrain, la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), l’OMS, l’UNICEF et le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) coordonnent les secours : tentes, abris, eau potable, matériel médical. « L’ampleur de cette catastrophe dépasse de loin les capacités actuelles des autorités locales et des communautés », a insisté Babar Baloch, porte-parole du HCR. « Nous lançons un appel à la communauté internationale des donateurs pour qu’elle soutienne d’urgence les opérations de secours. Les Afghans ont besoin de notre aide dès maintenant, avant qu’il ne soit trop tard pour beaucoup d’autres ».

L’OMS a annoncé l’acheminement de médicaments et le déploiement d’équipes médicales dans les hôpitaux de la région. Le Service aérien humanitaire des Nations Unies a programmé des vols supplémentaires entre Kaboul et Jalalabad pour accélérer la mobilisation.

Un pays meurtri par les séismes

Ce drame s’ajoute à une longue série de catastrophes naturelles dans un pays vulnérable, où la pauvreté extrême rend chaque choc plus meurtrier. En octobre 2023, trois séismes de magnitude 6,3 avaient déjà frappé la province d’Herat, dans l’ouest de l’Afghanistan, causant près de 1.500 morts et laissant des centaines de villages en ruines.

Près de deux ans plus tard, l’est du pays vit à son tour la même tragédie : des familles décimées dans leur sommeil, des vallées dévastées et une population qui, une fois encore, implore une solidarité mondiale.