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Les décès liés à la famine sont en hausse à Gaza, alerte l’ONU

Un enfant souffrant de malnutrition à l'hôpital Patient Society de la ville de Gaza (photo d'archive).
© UNICEF/Mohammed Nateel
Un enfant souffrant de malnutrition à l'hôpital Patient Society de la ville de Gaza (photo d'archive).
Le nombre de décès causés par la malnutrition touchant tout particulièrement les enfants augmente considérablement dans l’enclave palestinienne, toujours asphyxiée par un blocus humanitaire, ont alerté jeudi des agences humanitaires des Nations Unies.

Selon un décompte effectué le 5 août dernier, 49 décès d’enfants dus à la malnutrition ont été signalés, dont 39 enfants de moins de 5 ans, a indiqué le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA). Mais les chiffres fournis par le ministère de la Santé de Gaza, faisaient état hier, mercredi 13 août, « de 235 décès liés à la malnutrition, dont 106 enfants depuis octobre 2023 ».

« Depuis le 1er juillet 2025, 170 décès ont été attribués aux carences alimentaires, dont 45 enfants. Huit personnes, dont trois enfants, sont mortes au cours des dernières 24 heures avant mercredi ».

Centres de traitement contre la malnutrition

Pour l’ONU, de tels rapports sont désormais quotidiens et reflètent l’aggravation de la crise humanitaire et le besoin urgent d’une aide soutenue ».

Dans ce climat de pénuries et de rareté de l’aide, l’état nutritionnel des enfants à Gaza continue de se détériorer. Selon le groupe sectoriel chargé de la nutrition, près de 13.000 nouvelles admissions d’enfants pour traitement de la malnutrition aiguë ont été enregistrées en juillet.

Dans ce lot, plus de 2.800 cas ont été identifiés comme souffrant de malnutrition aiguë sévère. Au moins 344 enfants ont été admis dans les centres spécialisés de traitement contre la malnutrition de Gaza depuis le début de l’année, dont 129 cas rien qu’en juillet, contre 215 pour tout le premier semestre.

Alors que la faim continue d’atteindre son « pire niveau depuis » octobre 2023, la quantité d’aide qui pénètre dans l’enclave reste toujours insuffisante pour répondre à l’ampleur des besoins.

Un enfant fait la queue pour collecter de l'eau à Gaza.
© UNICEF/Mohammed Nateel
Un enfant fait la queue pour collecter de l'eau à Gaza.

Des foules désespérées déchargent des camions

Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), l’une des huit seules agences capables d’acheminer de l’aide humanitaire à Gaza, les convois d’aide sont limités chaque jour et les itinéraires à l’intérieur de Gaza restent risqués.

« De plus, des foules désespérées déchargent souvent les camions de leurs provisions alimentaires pour nourrir leurs familles, tandis que les pillages empêchent également l’aide d’atteindre ses destinations prévues », a détaillé l’OCHA dans son dernier rapport de situation sur Gaza.

Des retards et des obstacles à la circulation des convois humanitaires continuent d’être signalés. Entre le 6 et le 12 août, sur 81 tentatives de coordination des mouvements d’aide prévus avec les autorités israéliennes à Gaza, 35 ont été facilitées (43 %), 29 ont été initialement approuvées mais ont ensuite été entravées sur le terrain (36 %), 12 (15 %) ont été refusées et cinq (6 %) ont dû être abandonnées par les organisateurs.

Instrumentalisation de l’aide humanitaire

Ces derniers développements poussent plus d’une centaine d’organisations humanitaires à accuser Israël d’empêcher l’acheminement de l’aide humanitaire vitale vers Gaza, tandis que d’énormes quantités de fournitures restent bloquées dans des entrepôts en Jordanie et en Égypte, et pourraient ralentir la progression de la famine.

« Malgré les affirmations des autorités israéliennes selon lesquelles il n’y a aucune restriction à l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza, la plupart des grandes ONG internationales [organisations non gouvernementales] n’ont pas été en mesure de livrer un seul camion de fournitures vitales depuis le 2 mars », ont déclaré les organisations humanitaires.

« Au lieu de résorber le retard croissant dans l’acheminement des marchandises, les autorités israéliennes ont rejeté les demandes de dizaines d’ONG visant à acheminer des marchandises vitales, au motif que ces organisations ne sont 'pas autorisées à fournir de l’aide' », ont ajouté ces organisations, parmi lesquelles figurent Médecins sans Frontières et Oxfam.

Une jeune fille souffrant de malnutrition grave à Gaza a besoin d'aide pour enfiler ses vêtements.
© UNICEF/Eyad El Baba
Une jeune fille souffrant de malnutrition grave à Gaza a besoin d'aide pour enfiler ses vêtements.

Les entrepôts de la région ont de la nourriture

Par ailleurs, le PAM et d’autres agences humanitaires disposent de suffisamment de nourriture dans la région ou en route vers celle-ci pour nourrir l’ensemble de la population de 2,1 millions de personnes pendant au moins trois mois.

« Mais le risque de détérioration et d’infestation des stocks alimentaires bloqués a considérablement augmenté, et certains d’entre eux approchent de leur date de péremption ».

Pour lutter contre l’aggravation de la famine, le groupe sectoriel chargé de la sécurité alimentaire appelle à la reprise immédiate de l’aide humanitaire à grande échelle, avec un accès garanti et durable, complétée par une augmentation des importations de denrées alimentaires nutritives via le secteur commercial.

Intensification des frappes aériennes et bombardements

Dans ce contexte de pénurie, l'OCHA a signalé jeudi que les frappes aériennes et les bombardements se sont intensifiés dans certaines parties de la ville de Gaza ces derniers jours, tandis que les attaques se poursuivent à Deir al-Balah et Khan Younis.

Les frappes touchent des immeubles d'habitation et des tentes abritant des personnes déplacées, faisant de nombreuses victimes.

L’OCHA prévient que si l'opération terrestre israélienne annoncée dans la ville de Gaza est menée, des milliers de familles déjà dans une situation humanitaire déplorable pourraient être encore plus touchées.

« Avec 86 % de la bande de Gaza désormais en zones militarisées par Israël ou soumises à des ordres de déplacement, les organisations humanitaires manquent d'accès et de fournitures pour répondre aux besoins urgents à l'échelle requise », a souligné le porte-parole du Secrétaire général de l’ONU, Stéphane Dujarric, lors d’un point de presse.

« Toute perte d'espace supplémentaire, tout nouvel ordre de déplacement massif ou toute intensification des attaques dans les zones peuplées auraient des conséquences dévastatrices », a-t-il ajouté.