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Haïti : le Conseil de sécurité se donne jusqu'à janvier pour décider du sort du bureau de l’ONU

Des gens qui ont fui leur maison en Haïti se reposent dans un centre d'accueil.
© WFP/Pedro Rodrigues
Des gens qui ont fui leur maison en Haïti se reposent dans un centre d'accueil.
Le Conseil de sécurité de l’ONU a prolongé de six mois et demi le mandat du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), se donnant ainsi davantage de temps pour réexaminer ce mandat alors que le pays est rongé par la violence des gangs et une crise humanitaire catastrophique.

Dans une résolution adoptée lundi à l’unanimité, les membres du Conseil ont décidé que le mandat du BINUH, qui expire le 15 juillet, est prorogé jusqu’au 31 janvier 2026.

Cette prorogation plus courte que les renouvellements d’un an décidés par le passé s’explique par l’incertitude concernant l’avenir de la réponse de l’ONU en Haïti.

Le BINUH, une mission politique onusienne déployée à Port-au-Prince depuis 2019, est de plus en plus perçu comme sous-dimensionné face à l’urgence. « Il n’avait pas vocation à opérer dans un environnement aussi hostile que celui que nous connaissons aujourd’hui », a admis début juillet, devant le Conseil de sécurité, un haut responsable onusien, Miroslav Jenča.

Miroslav Jenča, Sous-Secrétaire général pour l’Europe, l’Asie centrale et les Amériques, informe le Conseil de sécurité sur la situation en Haïti.
UN Photo/Eskinder Debebe
Miroslav Jenča, Sous-Secrétaire général pour l’Europe, l’Asie centrale et les Amériques, informe le Conseil de sécurité sur la situation en Haïti.

Recommandations du Secrétaire général

Dans le texte de la résolution, le Conseil fait part de son intention « d’examiner sans délai les recommandations formulées par le Secrétaire général le 24 février 2025 quant aux différentes options relatives au rôle que l’Organisation des Nations Unies pourrait jouer pour soutenir la sécurité et la stabilité en Haïti » et réaffirme « son engagement en faveur d’une solution globale, prise en main et dirigée par les Haïtiens, qui s’attaque aux causes profondes des crises multidimensionnelles qui touchent actuellement Haïti ».

Le Secrétaire général, António Guterres, a adressé une lettre au Conseil de sécurité le 24 février dans laquelle il propose notamment la création d'un Bureau d'appui des Nations Unies pour fournir un soutien logistique et opérationnel à la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MSS), une initiative non-onusienne placée sous commandement kenyan.

Depuis l'assassinat du Président Jovenel Moïse en juillet 2021, la situation en Haïti n'a cessé de se détériorer, marquée par la montée de la violence des gangs, l'instabilité politique et la dégradation des conditions humanitaires. Les gangs armés contrôlent la majeure partie de Port-au-Prince, la capitale, et ont étendu leur influence à d'autres régions.

La Police nationale d'Haïti (PNH) et la Mission multinationale d’appui soutien à la sécurité (MSS) peinent à réaliser des progrès significatifs dans la lutte contre les gangs et continuent de faire face à d'importants problèmes de financement et d'équipement. L’autorisation de déploiement de la MSS par le Conseil de sécurité arrive à expiration début octobre.

« Malgré tous leurs efforts, la MSS et la police nationale d’Haïti n’ont pas réussi à restaurer l’autorité de l’État », a reconnu Miroslav Jenča.

En attendant, le chef de l’ONU a nommé début juillet Carlos Ruiz Massieu, un diplomate chevronné, comme nouveau Représentant spécial dans le pays et chef du BINUH. A la tête de la Mission de l’ONU en Colombie depuis 2019, M. Ruiz Massieu entrera en fonction au mois d’août.