Aller au contenu principal

Kenya : une dizaine de morts dans la rue, l’ONU tire la sonnette d’alarme

Les manifestations dans les villes kenyanes dont la capitale Nairobi, ont fait une dizaine de morts le 7 juillet 2025
UN-Habitat/Julius Mwelu
Les manifestations dans les villes kenyanes dont la capitale Nairobi, ont fait une dizaine de morts le 7 juillet 2025
Les larmes coulent, le gaz lacrymogène se répand et la rue gronde. À Nairobi et dans seize autres comtés kényans, la contestation populaire s’est à nouveau heurtée à une répression brutale. En toile de fond : des revendications contre les taxes, la corruption et les violences d’État. Et au bilan, au moins 10 morts, selon l’ONU.

« Nous sommes profondément troublés par la mort d’au moins 10 personnes hier, ainsi que par le pillage et la destruction de biens au Kenya », a déclaré Ravina Shamdasani, porte-parole du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, lors d’un point de presse à Genève.

Balles réelles contre colère sociale

La Journée « Saba Saba » – « Sept, sept » en swahili – commémoration du soulèvement historique du 7 juillet 1990 contre le régime autoritaire de Daniel arap Moi, a pris cette année des allures de révolte contemporaine. Portée par une jeunesse exaspérée, la rue kényane crie sa colère contre l’inflation galopante, les disparitions forcées et l’impunité policière. Mais la réponse des forces de l’ordre a été implacable : munitions réelles, balles en caoutchouc, gaz lacrymogènes, canons à eau.

Le Haut-Commissariat a déploré l’usage de la force létale pour disperser les foules. « Les responsables doivent être amenés à rendre des comptes », a insisté Mme Shamdasani, rappelant que, selon le droit international, la force mortelle ne peut être utilisée que pour « protéger la vie face à une menace imminente ».

Une spirale répressive

Selon la police, au moins 11 personnes ont perdu la vie, 52 policiers ont été blessés, et 567 manifestants arrêtés. La Commission nationale des droits de l’homme du Kenya recense pour sa part 10 morts, 29 blessés, 37 arrestations et deux cas d’enlèvement. Le chaos a également laissé derrière lui des bâtiments saccagés, des commerces pillés, et une population sous le choc.

Ces violences surviennent à peine deux semaines après la mort de 15 manifestants, le 25 juin. Loin d’un accident isolé, la répression s’installe dans la durée.

Appel au calme et à la justice

Le Haut-Commissaire aux droits humains, Volker Türk, « renouvelle son appel au calme et à la retenue, ainsi qu’au plein respect des libertés d’expression, d’association et de réunion pacifique », a poursuivi Mme Shamdasani. La porte-parole a également souligné qu’il était « essentiel de prendre en compte les griefs légitimes à l’origine de ces manifestations ».

L’ONU appelle les autorités kényanes à diligenter des enquêtes « rapides, approfondies, indépendantes et transparentes » sur chaque décès, chaque blessure, chaque violation présumée des droits humains.

Car au Kenya, la colère gronde. Et face aux cercueils qui s’alignent, c’est désormais la justice qu’on réclame dans la rue.