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Droits humains ou chaos numérique : l’ONU appelle à un sursaut des consciences

Dans un centre de données, des serveurs ultra-performants traitent et stockent l'information.
© Unsplash/Taylor Vick
Dans un centre de données, des serveurs ultra-performants traitent et stockent l'information.
Les algorithmes trient nos CV, les intelligences artificielles rédigent nos discours, et nos données personnelles s’échangent comme une monnaie parallèle. Le numérique façonne nos vies à une vitesse vertigineuse, souvent plus vite que les institutions ne savent le réguler. Mais pour le chef des droits humains de l'ONU, il est temps de reprendre la main. 

Aux yeux de Volker Türk, une chose est claire : « Nous avons besoin de davantage de droits humains, pas de moins ».

Devant les délégués réunis lundi à Genève pour le Sommet mondial sur la société de l’information, qui se déroule du 8 au 11 juillet, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits humains a dressé un constat lucide, sans détours : les technologies de l’information et de la communication, jadis perçues comme une promesse de développement, sont devenues un champ de tensions et de risques majeurs.

Volker Türk, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme.
UN Human Rights Council/Marie Bambi

« Les risques sont vastes : atteintes à la vie privée, bouleversements du marché du travail, discriminations, entraves à la liberté d’expression et d’accès à l’information – voire altération de notre perception commune de la réalité », a-t-il averti.

Ce sommet, lancé pour la première fois en 2003, avait posé les bases d’une coopération inédite entre gouvernements, entreprises, société civile et institutions internationales, afin de mettre le numérique au service du progrès humain. Plus de deux décennies plus tard, l’heure n’est plus à l’euphorie, mais à la vigilance. « Nos droits constituent une véritable feuille de route pour affronter les immenses défis posés par les technologies en mutation rapide », a affirmé le Haut-Commissaire.

L’éthique ou le chaos

Volker Türk en appelle à un sursaut collectif. Car si l’on veut juguler la désinformation, protéger les données personnelles, combler la fracture numérique et lutter contre les biais algorithmiques, il faut, selon lui, s’appuyer sur des principes clairs : les droits humains comme socle universel. Les États, a-t-il rappelé, ont des obligations juridiques. Les entreprises, quant à elles, ont le devoir de respecter ces droits, y compris dans leurs choix technologiques.

Ce cadre, dit-il, permettrait de contenir les discours de haine en ligne, de restaurer la confiance dans l’environnement numérique, et surtout, d’élargir la participation démocratique à l’ère de la décision automatisée. « Pour élargir la participation aux prises de décisions au-delà d’un cercle restreint », a-t-il insisté.

Le temps presse

Le calendrier, lui, s’accélère. Dans les mois à venir, les Nations Unies prévoient la mise en place de nouveaux mécanismes sur la gouvernance des données et l’intelligence artificielle. Des arbitrages cruciaux s’annoncent. « Nous avons une fenêtre d’opportunité pour faire la différence ».

Mais pour cela, un seul mot d’ordre : l’union. « Nous devons unir nos forces – États, entreprises technologiques, organisations internationales, société civile et autres – pour bâtir un environnement numérique ouvert et inclusif, au service de toutes et tous, partout dans le monde ».

Dans cette ère où la technologie avance plus vite que le droit, l’ONU en appelle à un sursaut éthique. Avant que la machine ne prenne définitivement le dessus sur l’humain.