Fil d'Ariane

Le nombre de travailleurs humanitaires tués à Gaza est le plus élevé de l'histoire de l'ONU

Àvant une cérémonie commémorative au siège de l'ONU à New York, le Secrétaire général António Guterres a déclaré aux journalistes que les hommes et les femmes honorés « n'étaient pas de simples noms sur une liste », mais « des individus extraordinaires – chacun avec une histoire de courage, de compassion et de service ».
Soulager les souffrances
« Ils étaient animés par la quête de la paix. Par l'urgence d'atténuer les souffrances humaines. Et par la conviction que chaque personne, où qu'elle soit, mérite dignité et protection », a-t-il dit lors d'un point de presse devant la salle du Conseil de sécurité.
Il a reconnu que l'année écoulée avait été particulièrement dévastatrice pour les travailleurs humanitaires de l'ONU.
« Plus d'un membre du personnel de l'UNRWA sur 50 à Gaza a été tué dans ce conflit atroce. Il s'agit du bilan le plus lourd de morts parmi le personnel de l'histoire des Nations Unies », a-t-il déclaré. « Certains ont été tués en apportant une aide vitale ; d'autres aux côtés de leurs familles ; d'autres encore en protégeant des personnes vulnérables ».
« Pas de place pour l'impunité »
Le Secrétaire général a déclaré que le sacrifice des 168 collègues tombés au service de l'Organisation est une tragédie, mais aussi un rappel de la responsabilité que chaque membre du personnel assume au quotidien.
Il est important que le monde en prenne conscience, a-t-il ajouté, « car si nous pleurons ceux qui ont disparu, nous devons aussi rendre hommage aux vivants ».
M. Guterres a salué le courage et la résilience des membres du personnel encore en poste dans les zones de crise du monde entier.
« Et au monde, je dis : nous ne deviendrons pas insensibles à la souffrance. Nous n'accepterons pas le meurtre de membres du personnel de l'ONU », a-t-il souligné.
« Nous n'accepterons pas que le meurtre d'humanitaires, de journalistes, de professionnels de la santé ou de civils devienne la nouvelle norme, où que ce soit et en toutes circonstances. Il ne doit y avoir aucune place pour l'impunité ».
En souvenir des vies perdues
Depuis 2011, l'ONU organise chaque année une cérémonie à son siège à New York pour honorer le personnel décédé dans l'exercice de ses fonctions au cours de l'année précédente.
Ceux qui ont payé le prix ultime en 2024 travaillaient pour l'UNRWA, le Secrétariat de l'ONU, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), le Bureau des Nations Unies pour les services d'appui aux projets (UNOPS) et le Programme alimentaire mondial (PAM).
Venant de 31 pays, ils étaient notamment enseignants, ingénieurs, médecins, administrateurs, humanitaires et soldats de la paix. Ils étaient avant tout des fils et des filles, des maris et des femmes, des pères et des mères, des frères et des sœurs, a observé le Secrétaire général.
Peu après la conférence de presse, il a rejoint certains de leurs proches, des membres du personnel de l'ONU et de hauts responsables pour la cérémonie commémorative organisée dans la salle du Conseil de tutelle. De nombreuses autres personnes à travers le monde ont suivi l'événement en ligne.
« Ils étaient les meilleurs d'entre nous »
Le Secrétaire général a souligné que travailler pour l'ONU « est bien plus qu'un simple emploi » : c'est une vocation.
« Tous nos collègues disparus ont répondu à l'appel au service de l'humanité », a-t-il déclaré. « Ils l'ont fait à leur manière, sans fanfare, et avec détermination. Ils ont représenté l'humanité en action ».
Il a fait remarquer qu'« à une époque où certains remettent en question la coopération internationale ou la notion même de multilatéralisme, nous ferions tous bien de nous souvenir de ces vies perdues bien trop tôt ».
« Inspirons-nous de leur vie », a-t-il dit. « Et faisons le vœu que la mémoire et la mission de nos collègues disparus perdurent. Ils étaient les meilleurs d'entre nous. Qu'ils survivent à travers notre travail ».

Un appel à l'action
La présidente du Syndicat du personnel des Nations Unies à New York, Narda Cupidore, a fait écho à ce message. Elle a déclaré que les employés décédés incarnaient la mission de l'ONU tout entière « et qu'ils ont payé le prix ultime ».
« Que cet hommage soit plus qu'une minute de silence », a-t-elle déclaré. « Qu'il soit un appel à l'action. Un appel à protéger ceux qui servent. Un appel à garantir que quiconque sert sous le drapeau bleu le fasse avec la protection, le soutien et le respect absolus ».
Mme Cupidore a souligné que l’héritage des collègues disparus « perdure dans notre travail, dans notre plaidoyer et dans notre conviction inébranlable que le monde vaut la peine d’être défendu ».