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Le chef de l'ONU appelle à préserver la solution à deux Etats, Israël et Palestine

Le Secrétaire général António Guterres s'adresse à la presse au siège de l'ONU, à New York.
UN Photo/Mark Garten
Le Secrétaire général António Guterres s'adresse à la presse au siège de l'ONU, à New York.
Au lendemain du veto des Etats-Unis à un projet de résolution au Conseil de sécurité réclamant notamment un cessez-le-feu immédiat à Gaza, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a estimé qu’il était « absolument essentiel de préserver la perspective de la solution à deux États, compte tenu des terribles événements dont nous sommes témoins à Gaza et en Cisjordanie ».

« Et à ceux qui doutent de la solution à deux États (Israël et Palestine), je demande : quelle est l’alternative ? S’agit-il d’une solution à un seul État, où les Palestiniens seraient expulsés ou contraints de vivre sur leur terre sans aucun droit ? Ce serait totalement inacceptable. Je suis fermement convaincu qu’il est du devoir de la communauté internationale de préserver la solution à deux États et de concrétiser les conditions nécessaires à sa réalisation », a-t-il ajouté en réponse à une question d’un journaliste lors d’un point de presse consacré aux employés de l’ONU décédés au service de l’Organisation.

Réunion du Conseil de sécurité sur la situation à Gaza.
UN Photo/Mark Garten
Réunion du Conseil de sécurité sur la situation à Gaza.

Echec au Conseil de sécurité

Le chef de l'ONU a tenu ces propos au lendemain du vote au Conseil de sécurité. Le projet de résolution a reçu quatorze votes pour et un vote contre (Etats-Unis). Le texte exigeait un cessez-le-feu « immédiat, inconditionnel et permanent » à Gaza, ainsi que la levée immédiate et inconditionnelle de toutes les restrictions à l’entrée de l’aide humanitaire et sa distribution en toute sécurité et sans entrave à grande échelle, y compris par les entités des Nations Unies et les partenaires humanitaires, dans toute la bande de Gaza.

Interrogé sur ce que peuvent faire les Nations Unies pour aider la population à Gaza, le Secrétaire général a estimé que « nous ne pourrons soutenir efficacement la population de Gaza que s'il existe un cessez-le-feu permanent, la libération inconditionnelle et immédiate de tous les otages et un accès illimité à l'aide humanitaire ».

« Nous avons vu, lors des précédentes pauses et des précédents cessez-le-feu, comment il a été possible de mobiliser une aide humanitaire massive pour la population de Gaza. Nous devons faire en sorte que cela se reproduise, et que cela soit permanent », a-t-il souligné.

A un journaliste qui lui a demandé si Israël devait rendre des comptes sur ce qui passe à Gaza, le Secrétaire général a noté que « malheureusement, aujourd'hui, dans le monde, l'impunité règne partout ». « Le fait que les divisions géopolitiques maintiennent le Conseil de sécurité paralysé dans des situations comme celles-ci fait que l'impunité perdure, entraînant une immense frustration pour tous ceux qui croient au droit international », a-t-il dit.

Malnutrition aiguë à Gaza

Des enfants déplacés à Gaza.
© UNFPA/Media Clinic
Des enfants déplacés à Gaza.

Alors que les restrictions humanitaires et les hostilités ont rendu les livraisons d’aide humanitaire « nettement insuffisantes, dangereuses et inefficaces » à Gaza, les jeunes enfants de l'enclave palestinienne sont de plus en plus touchés par la malnutrition aiguë, ont alerté jeudi des agences humanitaires de l’ONU.

Plus de 2.700 enfants de moins de cinq ans ont été diagnostiqués comme souffrant de malnutrition aiguë au cours de la seconde moitié du mois de mai, ce qui témoigne d’une forte détérioration, selon le groupe sectoriel de la nutrition des Nations Unies.

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Ce chiffre est en hausse par rapport aux 4,7 % de la première quinzaine de mai et représente presque le triple de la proportion d’enfants diagnostiqués comme souffrant de malnutrition par rapport à ceux dépistés en février 2025, pendant le cessez-le-feu.

Dans l’ensemble, plus de 16.500 enfants de moins de cinq ans ont été diagnostiqués depuis le début de l’année pour le traitement de la malnutrition aiguë sévère, y compris 141 cas avec des complications qui ont dû être hospitalisés.

La malnutrition aiguë a été également détectée chez 17 % des femmes enceintes et allaitantes examinées dans le gouvernorat de Gaza et chez 18 % des femmes enceintes et allaitantes examinées à Deir al Balah, contre moins de 10 % dans ces deux gouvernorats en février et mars dernier.

Espace humanitaire rétréci

Cette aggravation de la situation nutritionnelle intervient dans un contexte de rétrécissement de l’espace humanitaire. Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), l’environnement opérationnel « extrêmement difficile » a rendu les livraisons d’aide humanitaire vers et à travers Gaza peu sûres, « imprévisibles et inefficaces ».

Dans de vastes zones de l’enclave palestinienne, les équipes humanitaires doivent coordonner leurs mouvements avec les autorités israéliennes. Entre le 28 mai et le 3 juin, sur 75 tentatives de coordination des mouvements d’aide planifiés dans la bande de Gaza, près de 59 % (44) ont été catégoriquement refusées par les autorités israéliennes.

Depuis le 19 mai, seules des quantités très limitées de certaines denrées alimentaires, de produits nutritionnels, de certains produits de santé et d’articles de purification de l’eau sont autorisées.

L’entrée d’autres fournitures d’aide, telles que les matériaux pour les abris, les produits d’hygiène et l’équipement médical, reste bloquée. En outre, le blocus des carburants, qui entre dans son quatrième mois, menace gravement les services vitaux, notamment les installations de santé et d’eau, d’assainissement et d’hygiène (WASH).

640.000 personnes déplacées au cours des 3 derniers mois

Alors que plus de 640.000 personnes ont été à nouveau déplacées au cours des trois derniers mois, les autorités israéliennes n’ont autorisé l’entrée d’aucune fourniture d’abris.

Dans ces conditions, des familles cherchent à s’abriter dans n’importe quel espace disponible, y compris dans des endroits peu sûrs ou inadaptés. Le groupe sectoriel Abris estime que 1,1 million de personnes à Gaza ont besoin d’une aide d’urgence en matière d’abris.

Dans la ville de Gaza, la surpopulation extrême a forcé de nombreuses familles à fuir vers l’ouest, dans la zone du port maritime, ou à dormir sur les trottoirs, dans les rues ou dans tout autre espace ouvert accessible, souvent sans accès à des services d’eau, d’assainissement et d’hygiène propres. De nombreux toits, y compris ceux dont la structure n’est pas solide, servent d’abris.

Certaines familles ont été ainsi contraintes de se sont réfugier dans des bâtiments abandonnés ou endommagés, dans des structures inachevées, déblayant les décombres pour créer des espaces de vie improvisés.

Une seule structure de santé fonctionnelle au nord de Gaza

Par ailleurs, la poursuite des raids aériens et les ordres de déplacement de l’armée israélienne continuent d’affecter la fonctionnalité des services de santé dans toute l’enclave, submergeant le système de santé déjà fragile et privant les patients de services médicaux essentiels, y compris de traitements vitaux.

Seuls 38 % des 564 points de services de santé de Gaza sont fonctionnels, tous partiellement, avec un seul point médical partiellement fonctionnel dans le nord de Gaza. Cela comprend 17 hôpitaux partiellement fonctionnels sur 36 et sept hôpitaux de campagne partiellement fonctionnels sur 15.

Une soixantaine de centres de soins de santé primaires sont partiellement fonctionnels sur 160, et 127 points médicaux et cliniques mobiles sur 353.