Aller au contenu principal

Gaza : le Conseil de sécurité rejette un projet de résolution en raison du veto des Etats-Unis

Réunion du Conseil de sécurité sur la situation à Gaza.
UN Photo/Mark Garten
Réunion du Conseil de sécurité sur la situation à Gaza.
En raison du veto des États-Unis, le Conseil de sécurité de l'ONU n’a pas été en mesure d’adopter mercredi après-midi un projet de résolution, présenté par ses 10 membres non permanents, qui exigeait un cessez-le-feu « immédiat, inconditionnel et permanent » à Gaza.  
Tweet URL

Ce texte, qui a reçu quatorze votes pour et un vote contre (Etats-Unis), exigeait aussi la levée immédiate et inconditionnelle de toutes les restrictions à l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza et sa distribution en toute sécurité et sans entrave à grande échelle, y compris par les entités des Nations Unies et les partenaires humanitaires, dans toute la bande de Gaza.  

Le projet de résolution rappelait en outre que le Conseil de sécurité a exigé la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages détenus par le Hamas et d’autres groupes. 

En tant que membre permanent du Conseil de sécurité, les Etats-Unis disposent d'un droit de veto. Les autres membres permanents sont la Chine, la France, le Royaume-Uni et la Russie.

Les Etats-Unis expliquent leur veto

Intervenant avant le vote, la représentante des États-Unis a affirmé que l’opposition de sa délégation au projet de résolution ne devrait surprendre personne.

Nous n’appuierons aucune mesure qui ne condamnera pas le Hamas, a-t-elle indiqué, ajoutant qu’il est impensable que l’ONU n’ait pas désigné le Hamas comme organisation terroriste.

Elle a souligné que le droit d’Israël de se défendre inclut le fait de pouvoir vaincre le Hamas. Or ce texte dresse de faux parallèles entre Israël et le Hamas, a-t-elle dénoncé.

Elle a ensuite encouragé les États Membres à appuyer la Gaza Humanitarian Foundation pour veiller à ce que l’aide humanitaire parvienne aux habitants de Gaza sans tomber aux mains du Hamas.

Réactions d'Israël et de la Palestine

Le représentant d’Israël a salué la « clarté morale » des États-Unis. « Merci aux États-Unis d’avoir eu le courage de dire que le Hamas est un obstacle à la paix », a-t-il dit.

De son côté, l’Observateur permanent palestinien s’est indigné de la paralysie du Conseil face à Gaza, « le seul territoire au monde où une population entière est menacée de  famine ».

« Nous reviendrons »

Le représentant de l’Algérie a estimé que le Conseil aurait dû agir pour imposer un cessez-le-feu. Il a déclaré que les membres non permanents du Conseil de sécurité, porte-plume du projet de résolution, sont le porte-étendard de la légitimité morale.

Nous reviendrons, a-t-il affirmé, pour les enfants morts avant même de savoir ce que signifie l’enfance, pour les femmes forcées de donner naissance sur le bord des routes et pour les pères qui ont vu les maisons qu’ils ont construites de leurs propres mains s’effondrer en quelques secondes. Nous reviendrons pour ceux qui ont faim et qui refusent de renoncer à leur dignité pour un peu de pain, et pour ceux qui ont soif et qui ont été tués alors qu’ils cherchaient de l’eau potable. Nous reviendrons car les Palestiniens méritent de vivre dans la dignité.

Déception

Se disant « extrêmement déçue » du résultat du vote, la Chine a accusé les États-Unis d’avoir « une fois de plus » abusé de leur droit de veto, « en éteignant l’espoir des Gazaouis ».

Le représentant de la Russie a estimé, pour sa part, que le texte proposé était le strict minimum et a déploré l’échec du Conseil de sécurité à adopter une résolution qui empêche le Moyen-Orient de sombrer dans le chaos.

Il a dit que sa délégation participerait activement à la Conférence internationale pour le règlement pacifique de la question palestinienne et la mise en œuvre de la solution à deux États prévue plus tard ce mois. Il a espéré que celle-ci saura insuffler un nouvel élan à la solution à deux États (Israël et Palestine).

Le représentant de la France a dit regretter profondément que la résolution n’ait pas pu être adoptée. Il a réitéré son appel à un cessez-le-feu immédiat et permanent.

Il a appelé à ce que tous les otages soient libérés sans délai et sans conditions. Cette résolution exigeait précisément cela, de façon très ferme, a-t-il relevé.  

« Laissez-nous travailler » à Gaza

Les Palestiniens de Gaza continuent de manquer d’accès aux besoins humanitaires de base.
© UNRWA/Louise Wateridge
Les Palestiniens de Gaza continuent de manquer d’accès aux besoins humanitaires de base.

Plus tôt dans la journée, alors que des informations ont fait état d'une nouvelle attaque meurtrière contre une école à Gaza mercredi, le chef des affaires humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher, a salué les appels internationaux croissants en faveur de la reprise des opérations des agences humanitaires établies dans l'enclave palestinienne déchirée par la guerre.

« Nous apprécions le soutien d'un nombre croissant d'États membres qui se joignent à notre appel : laissez-nous travailler », a déclaré M. Fletcher, ses propos coïncidant avec l'annonce mercredi de la suspension du mécanisme d'aide humanitaire (la Gaza Humanitarian Foundation) soutenu par les États-Unis et Israël dans le sud de Gaza et qui fonctionne indépendamment de l'ONU.

« Le monde assiste, jour après jour, à des scènes horribles de Palestiniens abattus, blessés ou tués à Gaza alors qu'ils essaient simplement de manger », a souligné le chef des affaires humanitaires.

Les Palestiniens de la bande de Gaza luttent pour survivre.
© UNRWA/Louise Wateridge
Les Palestiniens de la bande de Gaza luttent pour survivre.

Appel aux autorités israéliennes

A Gaza, les autorités locales ont affirmé mercredi qu'au moins 12 personnes, dont des enfants, avaient été tuées lors d'une frappe israélienne contre une école transformée en abri dans la ville de Khan Younis, au sud de l'enclave palestinienne.

Dans son appel, M. Fletcher a souligné que les équipes médicales avaient confirmé avoir traité « des centaines de cas de traumatismes » ces derniers jours, après que des images ont montré des scènes chaotiques de Palestiniens se précipitant pour recevoir de la nourriture des centres d'aide gérés par les États-Unis et Israël dans le sud de Gaza.

« Rien qu'hier, des dizaines de personnes ont été déclarées mortes dans les hôpitaux après que les forces israéliennes ont annoncé avoir ouvert le feu », a-t-il poursuivi.

« Comme je l’ai souligné à plusieurs reprises, il faut nous autoriser à faire notre travail : nous avons les équipes, le plan, les fournitures et l’expérience », a-t-il ajouté.

Le chef des affaires humanitaires de l'ONU a lancé un appel aux autorités israéliennes : « Ouvrez tous les points de passage. Laissez entrer l'aide vitale à grande échelle, de toutes les directions. Levez les restrictions sur le type et la quantité d'aide que nous pouvons acheminer. Assurez-vous que nos convois ne soient pas retardés et refusés ».