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Ukraine : les agriculteurs près de la ligne de front peinent à cultiver leurs terres minées et contaminées

Un couple en Ukraine espère reprendre l'agriculture grâce à un projet de déminage soutenu par le PAM et ses partenaires.
© WFP/Niema Abdelmageed
Un couple en Ukraine espère reprendre l'agriculture grâce à un projet de déminage soutenu par le PAM et ses partenaires.
Alors que des délégations ukrainienne et russe se sont retrouvées ce lundi pour un deuxième cycle de négociations de paix préliminaires en Turquie, les communautés rurales ukrainiennes ont du mal à cultiver leurs terres.

Selon les Nations Unies, de nombreuses familles rurales près de la ligne de front risquent de manquer les fenêtres critiques de plantation et de récolte.

« L'agriculture est le tissu de la société rurale. Ce n'est pas seulement un moyen de gagner sa vie, c'est une façon d'être. Les familles rurales vulnérables s'accrochent. Elles ont besoin d'aide non seulement pour survivre, mais aussi pour prospérer et reconstruire », a déclaré le Directeur des urgences et de la résilience à l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), Rein Paulsen, lors d'une récente visite en Ukraine.

Les ménages ruraux à travers l'Ukraine - souvent dirigés par un parent âgé ou une femme - dépendent de l'agriculture pour survivre, s'occupant souvent d'une seule vache ou d'une petite volée de poulets.

Mais ces familles sont parmi les plus vulnérables et les moins soutenues, en particulier celles qui vivent près de la ligne de front.

Des difficultés croissantes

Alors que la guerre provoquée par l'invasion totale de l'Ukraine par la Russie est dans sa quatrième année, ces ménages ruraux sont confrontés à des difficultés croissantes pour cultiver leurs terres en raison des mines antipersonnel, de la contamination des terres, de la pénurie de main-d'œuvre, du manque d'intrants, des bombardements et des fréquentes coupures d'électricité.

Veronika, 4 ans, se tient près d'un panneau indiquant "Danger de mines", à Chistovodivka, dans la région de Kharkiv, en Ukraine.
© UNICEF/Olena Hrom
Veronika, 4 ans, se tient près d'un panneau indiquant "Danger de mines", à Chistovodivka, dans la région de Kharkiv, en Ukraine.

Selon la quatrième évaluation rapide des dommages et des besoins, le secteur agricole ukrainien a subi pres de 84 milliards de dollars de dommages et de pertes depuis le début de la guerre, auxquels s'ajoutent 1,6 milliard de dollars dans le secteur de l'irrigation. Une grande partie de ce fardeau pèse sur les ménages ruraux.

Appel à l'aide : l’assistance est insuffisante

La FAO souligne que sans une aide urgente et soutenue, des milliers de ménages ruraux pourraient être incapables de planter ou de récolter à temps, mettant en péril la sécurité alimentaire nationale et les moyens d'existence des populations rurales.

Depuis le début de la guerre, l’agence onusienne pour l'alimentation et l'agriculture a aidé plus de 250.000 familles rurales en leur fournissant des semences végétales, des aliments pour animaux, des poussins d'un jour, de l'argent liquide et des bons d'achat. Plus de 15.000 agriculteurs ont également reçu des semences, un stockage temporaire et une aide financière.

En outre, la FAO et ses partenaires se sont efforcés de recenser les zones minées, de rétablir l'accès aux terres agricoles et de soutenir les systèmes nationaux de suivi et de redressement.

Mais cette assistance n'est pas suffisante, d'autant plus que le manque de fonds limite la mise en oeuvre complète du Plan d'intervention d'urgence et de relèvement rapide de la FAO pour 2025-2026 en Ukraine.

Sans un soutien accru, la capacité de ces familles ukrainiennes à planter, récolter et récupérer reste gravement menacée.
© WFP/Niema Abdelmageed
Sans un soutien accru, la capacité de ces familles ukrainiennes à planter, récolter et récupérer reste gravement menacée.

L'agence onusienne demande un soutien urgent pour aider les ménages ruraux à accéder à leurs terres en toute sécurité et à se procurer des ressources essentielles telles que des semences, des engrais, des stocks et de l'énergie fiable.

Pour cela, il ne suffit pas d'allouer des fonds d'urgence : une réponse soutenue et coordonnée est nécessaire pour répondre aux besoins à long terme.

Sans un soutien accru, la capacité de ces familles à planter, récolter et récupérer reste gravement menacée.