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La RDC face à l'une des plus grandes crises de déplacement interne au monde

Des familles dans un camp de déplacés internes à la périphérie de Goma, au Nord-Kivu, dans l'est de la République démocratique du Congo.
© UNFPA DR Congo
Des familles dans un camp de déplacés internes à la périphérie de Goma, au Nord-Kivu, dans l'est de la République démocratique du Congo.
Avec plus de 7 millions de personnes chassées de leurs foyers par des conflits armés, des violences intercommunautaires, des catastrophes naturelles et des expulsions forcées dans le cadre de projets d’extraction minière, la République démocratique du Congo (RDC) est confrontée à l’une des plus grandes crises de déplacement interne au monde et la plus longue, a indiqué lundi une experte indépendante de l’ONU.

Selon la Rapporteure spéciale des Nations Unies sur les droits humains des personnes déplacées internes, cette crise du déplacement est exacerbée par « l’occupation continue du Nord-Kivu et du Sud-Kivu par les rebelles de l’AFC/M23 soutenus par le Rwanda ».

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Cette crise a eu des « effets dévastateurs » sur les civils déplacés, qui ont été victimes de « meurtres, d’exécutions sommaires, de violences sexuelles et sexistes généralisées, de travail forcé, de retours forcés ».

Baisse de l’aide financière

Entre autres abus graves notés dans le contexte de conflits multiples et de violences généralisées, les personnes déplacées de force ont été utilisées comme boucliers humains, a déploré Paula Gaviria Betancur, dans une déclaration à l’issue d’une visite officielle dans le pays.

« Beaucoup ont également du mal à subvenir à leurs besoins fondamentaux, en particulier compte tenu des effets dévastateurs de la réduction de l’aide étrangère sur la capacité des organismes humanitaires à répondre à cette crise ».

Compte tenu notamment de la diminution de l’aide internationale, l’experte onusienne estime que Kinshasa ne peut plus se permettre de déléguer ses responsabilités envers les personnes déplacées et doit prendre l’initiative de garantir des réponses coordonnées sur l’ensemble de son territoire.

Ne pas tourner le dos à la RDC

Si Mme Gaviria Betancur a salué les efforts déployés par le gouvernement pour renforcer les cadres juridiques et politiques relatifs aux déplacements, elle a appelé l’État à faire preuve d’un plus grand leadership sur ces questions.

« Si l’on peut comprendre que le gouvernement ait concentré une grande partie de ses efforts sur la reconquête de la souveraineté sur son territoire dans l’est du pays, la souveraineté s’accompagne également de responsabilités », a-t-elle déclaré.

Dans le même temps, elle soutient que la communauté internationale ne peut se permettre de tourner le dos aux déplacés internes congolais, qui « ont suffisamment souffert et méritent une paix durable ».

A noter que la Rapporteure spéciale présentera un rapport détaillé sur ses conclusions au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies en juin 2026.

NOTE :

Les Rapporteurs spéciaux, les experts indépendants et les groupes de travail font partie de ce que l’on appelle les procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme. Les procédures spéciales, le plus grand groupe d’experts indépendants du système des droits de l’homme des Nations unies, est le nom général des mécanismes indépendants d’enquête et de suivi du Conseil qui traitent soit de situations nationales spécifiques, soit de questions thématiques dans toutes les parties du monde. Les experts des procédures spéciales travaillent sur une base volontaire ; ils ne font pas partie du personnel des Nations unies et ne reçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou organisation et travaillent à titre individuel.