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Explosion de la production et du trafic de drogues synthétiques dans le Triangle d'Or

Des gangs criminels organisés opèrent dans le Triangle d'Or, à la jonction entre le Myanmar, la Thaïlande et le Laos
ONU Info/Daniel Dickinson
Des gangs criminels organisés opèrent dans le Triangle d'Or, à la jonction entre le Myanmar, la Thaïlande et le Laos
Le Triangle d'Or, région frontalière reculée et recouverte de jungle où se rejoignent la Thaïlande, le Myanmar et la République démocratique populaire lao, a connu une augmentation exponentielle de la fabrication et du trafic illicites de drogues synthétiques.

Selon l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), la production et le trafic de méthamphétamine, un stimulant synthétique illégal, ont fortement augmenté depuis 2021, en particulier dans l'État de Shan au Myanmar.

L'ONUDC souligne que tant l'ampleur de la production que le flux du trafic dans l'État de Shan ont « considérablement » augmenté au cours des dernières années.

Saisies record

Un record de 236 tonnes de méthamphétamine (« meth ») a été saisi en Asie de l'Est et du Sud-Est en 2024, soit une augmentation de 24 % par rapport à 2023.

Cependant, « les 236 tonnes ne représentent que la quantité saisie » et il est probable que des quantités bien plus importantes parviennent dans les rues et sur le marché illicite, précise Benedikt Hofmann de l'ONUDC, qualifiant cette quantité de « sans précédent ».

Les saisies en Asie du Sud-Est représentent 85 % du total, la Thaïlande ayant à elle seule saisi un milliard de comprimés de méthamphétamine.

Conditions favorables

Si la Thaïlande reste le principal point de transit et de destination, la drogue est principalement produite dans l'État de Shan, au Myanmar.

Dans un contexte de guerre civile impliquant plusieurs groupes armés, le régime militaire du Myanmar est confronté à une instabilité et à des défis en matière de gouvernance qui alimentent la production illicite de drogues synthétiques et autres.

Bien que certaines régions du Myanmar aient été épargnées par le conflit en cours et restent stables, « la crise actuelle au Myanmar accroît encore le besoin de revenus provenant du trafic de drogue », explique M. Hofmann. « Cette combinaison de conflit et de stabilité a créé des conditions favorables à l'expansion de la production de drogue, qui touche les pays de la région et au-delà ».

La coordinatrice résidente des Nations Unies en Thaïlande, Gita Sabharwal (au centre, à l'arrière-plan), participe à une patrouille sur le  Mékong.
© UNODC
La coordinatrice résidente des Nations Unies en Thaïlande, Gita Sabharwal (au centre, à l'arrière-plan), participe à une patrouille sur le Mékong.

Expansion des routes de trafic

L'une des routes de trafic de méthamphétamine qui connaît la croissance la plus rapide en Asie de l'Est et du Sud-Est s'étend de l'État Shan (Myanmar) au Cambodge.

Les autorités cambodgiennes ont notamment signalé avoir saisi près de 10 tonnes de méthamphétamine en 2024, ce qui représente « de loin la plus grande saisie de méthamphétamine de l'histoire », a déclaré l'ONUDC.

« La route du trafic reliant le Cambodge au Myanmar, principalement via la République démocratique populaire lao, s'est rapidement développée », a déclaré Inshik Sim, analyste à l'ONUDC.

Alors que les groupes transnationaux de trafiquants de drogue continuent d'exploiter de nouvelles routes pour échapper aux forces de l'ordre, les couloirs de trafic reliant la Malaisie, l'Indonésie et les Philippines deviennent un autre « couloir de plus en plus important », a ajouté M. Sim.