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Soudan du Sud : l'ONU déplore le regain de violence meurtrière

Dans l'État de Jonglei, au Soudan du Sud, des personnes déplacées par le conflit attendent d'être enregistrées pour la distribution de nourriture. Photo (archives)
Photo: UNICEF/Jacob Zocherman
Dans l'État de Jonglei, au Soudan du Sud, des personnes déplacées par le conflit attendent d'être enregistrées pour la distribution de nourriture. Photo (archives)
Les affrontements entre factions militaires rivales au Soudan du Sud ont tué au moins 75 civils et blessé 78 autres depuis février, a déploré vendredi le chef des droits de l’homme de l’ONU.

Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, a mis en garde contre une nouvelle détérioration de la situation des droits humains à la suite d’une forte augmentation des hostilités, d'arrestations arbitraires et de discours de haine dans ce pays de l’Afrique de l’Est.

Le Soudan du Sud, plus jeune État du monde, a obtenu son indépendance du Soudan en 2011. Entre 2013 et 2018, il a été ravagé par une guerre civile ayant causé des dizaines de milliers de morts et déplacé quatre millions de personnes.

Un accord de partage du pouvoir a ensuite permis d’instaurer un calme fragile. Mais depuis plusieurs semaines maintenant, le pays s’enfonce à nouveau dans un nouveau cycle de violences entre les partisans du président Salva Kiir et ceux de son vice-président arrêté en mars, Riek Machar.

Des bombardements aériens indiscriminés

Volker Türk évoque une nette escalade des violences, entre le 3 et le 20 mai, à la suite de ce nouveau regain de tensions entre les Forces de défense du peuple du Soudan du Sud (SSPDF) et l’Armée populaire de libération du Soudan - Opposition (SPLA-IO) et leurs groupes armés alliés respectifs.

Les services du Haut-Commissaire invitent « toutes les parties à « s’éloigner de toute urgence du bord du gouffre ».

Selon l’ONU, des bombardements aériens indiscriminés, ainsi que des offensives terrestres et fluviales de l’armée sud-soudanaise ont visé des positions du SPLA-IO, la branche armée du parti de Riek Machar, dans les États de Jonglei et du Haut-Nil.

« Des zones civiles ont également été touchées, notamment un centre médical géré par Médecins sans frontières », a dénoncé M. Türk. Il a ajouté que la contre-offensive du SPLA-IO avait entraîné de nouveaux déplacements de population.

Les dernières violences armées ont éclaté à la suite d’une série d’attaques et d’affrontements en février dans le comté de Nasir, dans l’État du Haut-Nil, qui impliqueraient une milice identifiée comme l’Armée blanche. La plupart des hostilités ont eu lieu dans les États d’Equatoria central, de Jonglei, d’Unité et du Haut-Nil.

Détentions arbitraires

« J’exhorte toutes les parties à respecter l’accord de paix de 2018, à assurer la protection des civils et des biens de caractère civil et à faciliter l’accès de l’aide humanitaire conformément aux obligations qui leur incombent en vertu du droit international », a ajouté M. Türk.

Par ailleurs, des dizaines de responsables politiques de l’opposition affiliés au SPLM-IO ont été arrêtés, dont le vice-président Riek Machar, des ministres, des parlementaires, des officiers et des civils. Entre le 5 et le 26 mars, au moins 55 hauts fonctionnaires affiliés au SPLM-IO ont été arrêtés dans tout le pays, parmi lesquels des civils.

M. Türk s’est dit « préoccupé par le caractère arbitraire de nombreuses détentions ».

Il a exhorté les autorités à permettre à la Mission de l’ONU au Soudan du Sud (MINUSS) d’accéder aux sites de détention du service de sécurité nationale afin d’évaluer le bien-être des personnes qui y sont détenues.

L’escalade actuelle « risque d’aggraver encore la situation humanitaire et des droits humains, déjà désastreuse », a mis en garde M. Türk, dénonçant également la montée des discours de haine depuis février.