Fil d'Ariane

Soudan du Sud : l'ONU déplore le regain de violence meurtrière

Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, a mis en garde contre une nouvelle détérioration de la situation des droits humains à la suite d’une forte augmentation des hostilités, d'arrestations arbitraires et de discours de haine dans ce pays de l’Afrique de l’Est.
Le Soudan du Sud, plus jeune État du monde, a obtenu son indépendance du Soudan en 2011. Entre 2013 et 2018, il a été ravagé par une guerre civile ayant causé des dizaines de milliers de morts et déplacé quatre millions de personnes.
Un accord de partage du pouvoir a ensuite permis d’instaurer un calme fragile. Mais depuis plusieurs semaines maintenant, le pays s’enfonce à nouveau dans un nouveau cycle de violences entre les partisans du président Salva Kiir et ceux de son vice-président arrêté en mars, Riek Machar.
Des bombardements aériens indiscriminés
Volker Türk évoque une nette escalade des violences, entre le 3 et le 20 mai, à la suite de ce nouveau regain de tensions entre les Forces de défense du peuple du Soudan du Sud (SSPDF) et l’Armée populaire de libération du Soudan - Opposition (SPLA-IO) et leurs groupes armés alliés respectifs.
Les services du Haut-Commissaire invitent « toutes les parties à « s’éloigner de toute urgence du bord du gouffre ».
Selon l’ONU, des bombardements aériens indiscriminés, ainsi que des offensives terrestres et fluviales de l’armée sud-soudanaise ont visé des positions du SPLA-IO, la branche armée du parti de Riek Machar, dans les États de Jonglei et du Haut-Nil.
« Des zones civiles ont également été touchées, notamment un centre médical géré par Médecins sans frontières », a dénoncé M. Türk. Il a ajouté que la contre-offensive du SPLA-IO avait entraîné de nouveaux déplacements de population.
Les dernières violences armées ont éclaté à la suite d’une série d’attaques et d’affrontements en février dans le comté de Nasir, dans l’État du Haut-Nil, qui impliqueraient une milice identifiée comme l’Armée blanche. La plupart des hostilités ont eu lieu dans les États d’Equatoria central, de Jonglei, d’Unité et du Haut-Nil.
Détentions arbitraires
« J’exhorte toutes les parties à respecter l’accord de paix de 2018, à assurer la protection des civils et des biens de caractère civil et à faciliter l’accès de l’aide humanitaire conformément aux obligations qui leur incombent en vertu du droit international », a ajouté M. Türk.
Par ailleurs, des dizaines de responsables politiques de l’opposition affiliés au SPLM-IO ont été arrêtés, dont le vice-président Riek Machar, des ministres, des parlementaires, des officiers et des civils. Entre le 5 et le 26 mars, au moins 55 hauts fonctionnaires affiliés au SPLM-IO ont été arrêtés dans tout le pays, parmi lesquels des civils.
M. Türk s’est dit « préoccupé par le caractère arbitraire de nombreuses détentions ».
Il a exhorté les autorités à permettre à la Mission de l’ONU au Soudan du Sud (MINUSS) d’accéder aux sites de détention du service de sécurité nationale afin d’évaluer le bien-être des personnes qui y sont détenues.
L’escalade actuelle « risque d’aggraver encore la situation humanitaire et des droits humains, déjà désastreuse », a mis en garde M. Türk, dénonçant également la montée des discours de haine depuis février.