Fil d'Ariane

L’insécurité alimentaire chez les Congolais réfugiés dans les pays voisins s'aggrave, prévient le PAM

Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), l’ampleur des déplacements forcés en raison de l’escalade du conflit, pousse l’insécurité alimentaire à des proportions de crise et aggrave une réponse humanitaire déjà tendue à la fois à l’intérieur du pays et dans la région.
Les déplacements transfrontaliers aggravent ainsi la crise alimentaire. Au cours des quatre premiers mois de 2025, près de 140.000 Congolais ont fui vers les pays voisins, le Burundi et l’Ouganda recevant les afflux les plus importants (70.000 et 60.000 respectivement).

Femmes, enfants et personnes âgées les plus touchés
Les personnes qui fuient vers les pays voisins ont abandonné leurs fermes et beaucoup n’ont pas accès aux services essentiels tels que la nourriture, le logement et les soins de santé.
Selon le PAM, les femmes, les enfants et les personnes âgées sont parmi les plus durement touchés. Ils dépendent de l’aide alimentaire et sont confrontés à des risques accrus dans les sites de déplacement surpeuplés et dépourvus de ressources dans les pays d’accueil.
A l’intérieur de la RDC, les violents affrontements entre les Forces armées congolaises (FARDC), le M23 et d’autres groupes armés ont déraciné plus de 660.000 personnes depuis janvier dans la seule ville de Goma, les privant d’un accès fiable à la nourriture.

Des familles obligées de recourir à la mendicité
Dans les provinces orientales de la RDC touchées par le conflit (Ituri, Nord-Kivu, Sud-Kivu et Tanganyika), le nombre de personnes confrontées à une insécurité alimentaire aiguë est passé de 6,6 millions à 7,9 millions. Quelque 2,3 millions de ces personnes sont en insécurité alimentaire extrême.
La production alimentaire dans le Grand Nord du Nord-Kivu, un important centre agricole dans l’est de la RDC, est profondément affectée par l’escalade de l’insécurité et les déplacements massifs.
Selon la dernière évaluation, plus de 90 % des ménages du Nord-Kivu et du Sud-Kivu sont confrontés à des niveaux aigus d’insécurité alimentaire, de nombreuses familles étant obligées de réduire la taille de leurs repas, de manger des aliments moins nutritifs et de recourir à la mendicité.
Face à cette situation, l’agence onusienne intensifie ses efforts pour s’assurer que l’aide vitale parvienne aux communautés déplacées, mais l’assistance ne suit pas le rythme des besoins croissants.
Entre janvier et mars 2025, le PAM a apporté une aide alimentaire et financière vitale à 1,1 million de personnes dans les provinces orientales de la RDC. Plus de 340.000 enfants et femmes enceintes ou allaitantes ont reçu des traitements et des compléments nutritionnels.

Baisse des rations alimentaires
S’agissant de la réponse transfrontalière, le PAM soutient actuellement plus de 80.000 réfugiés au Burundi, dont 25.000 nouveaux arrivants qui ont fui les violences en RDC voisine depuis janvier. Toutefois, le PAM a été contraint en mars dernier de réduire l’aide alimentaire à des demi-rations pour tous les réfugiés.
En raison d’un manque de financement, l’aide en espèces a été également réduite de 50 % au Rwanda en avril pour plus de 130.000 réfugiés dont plus de 15.000 réfugiés récemment arrivées de RDC.
Environ 186.000 réfugiés du Burundi et de la RDC dépendent du PAM pour une assistance alimentaire vitale dans le cadre d’une politique de campement stricte qui limite l’accès aux moyens de subsistance.
En Tanzanie, les rations des 186.000 réfugiés du Burundi et de la RDC ont été réduites de 82 % à 65 % en mai et tomberont encore à 50 % en juin.
Alors que les taux de malnutrition aiguë ont atteint les seuils d’urgence (plus de 15 %) en Ouganda, le PAM soutient plus de 630.000 réfugiés, contre 1,6 million en avril, en raison de problèmes de financement.
Le PAM a besoin de plus de 500 millions de dollars
Le PAM indique avoir besoin de 72 millions de dollars pour venir en aide aux réfugiés jusqu’à la fin de l’année au Burundi, au Rwanda, en Tanzanie et en Ouganda. « Sans financement supplémentaire, l’assistance alimentaire pour les réfugiés actuellement pris en charge par le PAM sera interrompue d’ici le mois d’octobre ».
A l’intérieur de la RDC, l’agence onusienne a un besoin urgent de 433 millions de dollars pour soutenir les opérations d’urgence en RDC jusqu’en octobre 2025. « Sans un soutien immédiat, des millions de personnes risquent d’être privées d’une aide vitale, ce qui aggraverait la crise humanitaire au niveau national et régional ».