Fil d'Ariane

Guerre au Soudan : le Tchad à nouveau débordé par l’afflux des réfugiés du Darfour

Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), ces déplacés de forces sont accueillis dans le Wadi-Fira (Tine) et l’Ennedi Est (Ouré-Cassoni) à la suite de l’attaque du 11 avril dernier sur le site de déplacés de Zamzam (Darfour Nord, Soudan) qui abritait plus de 500.000 personnes.
Le Soudan est le théâtre depuis avril 2023 d’une guerre entre les Forces de soutien rapide (FSR) dirigées par le général Mohamed Hamdane Daglo et l’armée menée par le général Abdel Fattah al-Burhane, dirigeant de facto du pays.
Signe de l’intensification du conflit dans le Darfour, région dans l’ouest du Soudan, le rythme d’entrée des nouveaux arrivants s’est davantage accéléré au cours depuis la semaine dernière, avec plus de 23.000 nouvelles arrivées, soit en moyenne quotidienne de plus de 3.300 personnes par jour, engorgeant ainsi les sites devant les accueillir.

Un périple extrêmement éprouvant
En fin avril, plus de 35.000 arrivées ont été rapportées, soit une moyenne quotidienne de plus de 2.500 personnes.
« Mais avant ces dernières attaques au Nord Darfour, les points d’entrée du ces localités orientales du Tchad enregistraient environs 100 personnes par jour », a précisé le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), relevant que les besoins les plus urgents des nouveaux réfugiés comprennent la nourriture, les infrastructures d’eau, hygiène et assainissement, la santé, les abris et les articles ménagers essentiels.
Selon l’agence onusienne, les réfugiés indiquent avoir subi un « périple extrêmement éprouvant » pour atteindre le Tchad. Ils ont été confrontés à « des barrages dangereux, beaucoup ont été témoins d’exécutions de leurs proches, recrutements forcés des hommes et des garçons, victimes des violences physiques et sexuelles ».
Face à ces menaces, les réfugiés ont dû « emprunter des itinéraires détournés complexes » : du nord vers l’ouest, puis vers le centre avant de remonter au nord-ouest pour finalement parvenir à Tiné ou Ouré Cassoni. Ils ont dû parcourir entre 250 et 300 km de route avant de franchir la frontière tchadienne.
Des femmes enceintes, des enfants non-accompagnés ou séparés
Par ailleurs, les agences humanitaires se sont inquiétées de « la composition démographique des nouveaux arrivants », qui sont majoritairement des femmes enceintes ou allaitantes accompagnées d’enfants en bas âge, des enfants non-accompagnés ou séparés.
« Les réfugiés présentent un niveau élevé de traumatisme psychologique, de malnutrition, avec des blessures d’armes à feu », a détaillé l’OCHA dans son dernier rapport de situation.
Le nombre des réfugiés soudanais au Tchad est estimé désormais à plus de 1,2 millions dont près de 820.000 nouveaux depuis le 15 avril 2023.
Au total, le conflit au Soudan a engendré le déplacement de forcé de près de 13 millions de personnes dont près de 4 millions de réfugiés dans les pays voisins.
Outre le Tchad, le Soudan du Sud (1,1 million) et l’Egypte (1,5 million) sont les autres pays accueillant plus de réfugiés soudanais.

Plus d’un demi-million de personnes dans le besoin
En plus des réfugiés soudanais, plus de 27.000 retournés tchadiens sont également arrivés à Tiné en provenance du Nord Darfour, entre janvier et mai 2025. Au total, ils sont plus de 260.000 Tchadiens à fuir les violences au Soudan pour rentrer leur pays.
Plus de 6 000 ressortissants de pays tiers (Nigeria et Niger) ont également été identifiés à Tiné et vivent actuellement dans un site de fortune à la périphérie de la ville.
Face à cet afflux de réfugiés soudanais et de retournés tchadiens dans les provinces du Wadi Fira et de l’Ennedi Est, les acteurs humanitaires s’efforcent d’apporter une assistance en abris, vivres et soins de santé seulement aux populations relocalisées à Iridimi mais les gaps demeurent énormes.
Les capacités de relocalisation des réfugiés de Tine vers Iridimi nécessitent également d’être renforcés selon les agences humanitaires.
Le nombre total de personnes ayant besoin d’une aide humanitaire dans la province est de 550.000, dont plus de 300.000 réfugiés, 15.000 retournés tchadiens et 225.000 membres de la population locale.