Fil d'Ariane

Mali : l’ONU demande l’abrogation d'un décret « draconien » interdisant les partis politiques

Le 13 mai dernier, le Président de la transition malienne, Assimi Goïta, a signé un décret interdisant tous les partis politiques et les « organisations à caractère politique » et a promulgué un texte législatif abrogeant des lois antérieures qui régissaient et protégeaient les partis politiques.
« Le président de la transition doit abroger ce décret draconien », a déclaré le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk. « Toute restriction de la participation politique doit être conforme aux obligations internationales du Mali en matière des droits humains », a-t-il affirmé dans un communiqué.
Selon le Bureau des droits de l’homme de l’ONU (HCDH), les lois limitant la participation politique récemment adoptées au Mali risquent de réduire au silence les voix dissidentes dans le pays et pourraient aggraver les problèmes plus généraux en matière de droits humains. Au moins trois opposants ont été arrêtés après des manifestations contre l’élimination prévue des partis et leur situation n’est pas connue.
Publier sans délai un calendrier électoral
« Il s’agit des dernières victimes d’une série de disparitions forcées qui remonte au moins à 2021 », a déploré M. Türk, tout en souhaitant que les autorités relâchent les détenus politiques et rétablissent « entièrement les droits politiques dans le pays ». Les libertés fondamentales doivent être garanties, ajoute-t-il.
Le Haut-Commissaire a également exhorté les autorités maliennes de transition, au pouvoir depuis 2020, à ne pas prolonger à nouveau la période de transition et à officialiser sans délai un calendrier électoral.
Il a également rappelé l’instruction du Président de la transition au Conseil des ministres en novembre 2024 de « créer les conditions nécessaires à l’organisation d’élections transparentes et apaisées qui devront mettre un terme à la transition ».
Selon l’ONU, les « récents revers » en matière de droits humains s’inscrivent dans un contexte d’insécurité persistante affectant les populations à travers le Mali, en particulier depuis le retrait du pays de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), le 31 décembre 2023.
Hausse de 120% du nombre d’abus entre 2023 et 2024
Selon des sources crédibles mentionnées par l’ONU, le nombre de violations des droits humains a augmenté d’environ 120% entre 2023 et l’année dernière.
Des groupes armés, notamment l’Etat islamique (EI) tuent et enlèvent des civils. Ils continuent de soumettre les femmes et les filles à des violences sexuelles et sexistes, notamment des viols et des mariages forcés.
Par ailleurs, d’autres rapports indiquent que l’armée, accompagnée de militaires étrangers membres du groupe russe Wagner, ont aussi tué le mois dernier des dizaines de personnes. Les victimes auraient été sommairement exécutées après leur arrestation à Sebagougou, dans le sud-ouest de la région de Kayes.
« Les multiples enquêtes annoncées par les autorités maliennes sur ces attaques et ces meurtres doivent être menées dans les meilleurs délais et les responsables doivent être traduits en justice, dans le cadre de procès conformes aux obligations internationales du Mali en matière de droits humains, afin de garantir le droit des victimes à la vérité, à la justice et à des réparations », a fait valoir M. Türk.