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Gaza : une personne sur cinq menacée de famine, selon un nouveau rapport

Des enfants à Gaza attendent de recevoir de la nourriture.
UN News
Des enfants à Gaza attendent de recevoir de la nourriture.
Alors que la bande de Gaza entre dans sa dixième semaine de blocus total, près de 500.000 personnes – soit un Gazaoui sur cinq – risquent de mourir de faim dans les prochains mois, y compris des dizaines de milliers d’enfants.

Selon une mise à jour publiée lundi par le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), un outil utilisé pour mesurer les niveaux de faim dans le monde, 2,1 millions d’habitants de l’enclave palestinienne souffrent actuellement d’insécurité alimentaire aiguë, dont environ un quart pourrait prochainement sombrer dans la famine, le niveau le plus grave, qualifié de « catastrophique ».

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Dans une déclaration conjointe, le Programme alimentaire mondial (PAM) et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) ont mis en garde contre une « catastrophe imminente » dans la bande, soulignant que 71.000 enfants et plus de 17.000 mères nécessitent déjà un traitement d’urgence pour malnutrition aiguë. 

« Le risque de famine n’apparaît pas soudainement », prévient notamment Catherine Russell, la directrice exécutive de l’UNICEF. « Il se manifeste là où l’accès à la nourriture est bloqué, où les systèmes de santé sont décimés et où les enfants sont privés du strict minimum pour survivre ».

Détérioration rapide depuis mars

La situation à Gaza s’est dramatiquement aggravée depuis le 2 mars, date à laquelle les livraisons d’aide humanitaire et de biens commerciaux ont été complètement interrompues par l’armée israélienne. 

Les agences des Nations Unies évoquent un effondrement des circuits d’approvisionnement, une flambée des prix des denrées alimentaires sur les marchés – rendant le peu de nourriture encore disponible inabordable pour la plupart des familles – et des services de santé au bord de l’asphyxie. 

Les 25 boulangeries soutenues par le PAM dans la bande sont fermées depuis la fin mars, et les cuisines collectives qui préparaient des repas pour les habitants ont cessé de fonctionner faute de farine et de carburant.

« Les familles de Gaza meurent de faim alors que la nourriture dont elles ont besoin est bloquée à la frontière », a déplore Cindy McCain, directrice exécutive du PAM. « Si nous attendons la confirmation d’une famine, il sera déjà trop tard pour de nombreuses personnes ». 

Plus de 116.000 tonnes d’aide alimentaire sont actuellement entreposées à proximité de Gaza, prêtes à être distribuées, mais les points de passage frontaliers restent hermétiquement fermés par les autorités israéliennes depuis plus de deux mois – la plus longue période de blocage jamais enregistrée dans l’enclave.

Un avenir sombre jusqu’en septembre

Selon les nouvelles projections de l’IPC, qui classifie les niveaux de faim graduels de 1 à 5, la situation humanitaire pourrait encore se détériorer. 

Entre la mi-mai et la fin septembre 2025, le rapport estime que 470.000 personnes seront confrontées à la phase 5 (catastrophe), plus d’un million à la phase 4 (urgence) et le reste à la phase 3 (crise). Il s’agit d’une progression dramatique par rapport à l’analyse précédente d’octobre 2024, qui dénombrait 133.000 personnes dans la catégorie 5, à savoir la famine, un fléau qui touche à l'heure actuelle un seul pays dans le monde, le Soudan.

La reprise des opérations militaires israéliennes à Gaza au mois de mars, combinée à la fermeture prolongée des points de passage vers l'enclave et l’épuisement des stocks, pourrait ainsi faire basculer plusieurs zones de l’enclave, notamment le nord, la ville de Gaza et Rafah, au Sud, dans la famine.

Un abri surpeuplé de l'UNRWA, l'agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens, à Gaza (archive).
© UNRWA

Le droit à l’alimentation bafoué

« Ne pas agir serait une violation du droit à l’alimentation – un droit humain fondamental – ainsi que des protections juridiques qui le garantissent », a déclaré de son côté le Dr Qu Dongyu, directeur général de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), appelant à « restaurer immédiatement un accès humanitaire à grande échelle ». 

Parallèlement, l’ONU a jugé que les mécanismes proposés par les autorités israéliennes, le 5 mai, pour la distribution d’aide à Gaza étaient contraires aux principes humanitaires et susceptibles de créer de nouveaux obstacles à l’accès pour une partie importante de la population.

Face à ce tableau apocalyptique, l’UNICEF et le PAM appellent toutes les parties au conflit à autoriser sans délai l’entrée de l’aide humanitaire, à garantir la protection des civils, et à respecter le droit international humanitaire. Les agences de l’ONU assurent qu’elles sont prêtes à acheminer immédiatement vivres et traitements nutritionnels dès la réouverture des postes-frontières.