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Guerre au Soudan : près de 4 millions de réfugiés dans les pays voisins en deux ans

Des milliers de réfugiés arrivent au Tchad en provenance du Soudan.
© UNHCR/Caitlin Kelly
Des milliers de réfugiés arrivent au Tchad en provenance du Soudan.
Le conflit au Soudan a provoqué le déplacement de près de 13 millions de personnes, y compris environ 4 millions de réfugiés dont la majorité sont des femmes et des enfants, ont indiqué jeudi des agences humanitaires des Nations Unies.

Si l’Egypte (1,5 million de réfugiés) et le Soudan du Sud (1,1 million de réfugiés et de Sud-soudanais rapatriés) sont les premières destinations des civils fuyant la guerre et franchissant les frontières soudanaises, le Tchad a connu ces dernières semaines un nouvel afflux de personnes déplacées de force.

Près de 20.000 personnes sont arrivées dans ce pays d’Afrique centrale rien qu'au cours des deux dernières semaines.

L’escalade des affrontements à El Fasher, dans l’État du Darfour du Nord (Soudan), a déclenché d’importantes vagues de déplacements, avec l'arrivée une moyenne quotidienne de 2.000 femmes et enfants réfugiés dans la région frontalière de Tiné, au début du mois de mai. « Parmi eux, des enfants non accompagnés et blessés », a détaillé, dans son dernier rapport, l'Agence de l’ONU pour les réfugiés (HCR).

Un employé de l'ONU au Tchad s'entretient avec des réfugiés nouvellement arrivés du Soudan. Des milliers d'entre eux sont dans une situation désespérée.
© UNHCR/Caitlin Kelly
Un employé de l'ONU au Tchad s'entretient avec des réfugiés nouvellement arrivés du Soudan. Des milliers d'entre eux sont dans une situation désespérée.

Conséquences des combats au Darfour

Ces nouveaux déplacements font suite à de violentes attaques perpétrées par des groupes armés dans le Darfour du Nord, où des assauts contre des camps de déplacés, notamment à Zamzam et Abou Shouk, ainsi que dans la ville d’El Fasher, ont semé la terreur. Au total, le Tchad accueille 1,3 million de réfugiés, dont 794.000 arrivés du Soudan depuis le début du conflit il y a plus de deux ans.

Dans tous les pays accueillant des réfugiés soudanais, les besoins les plus urgents concernent l’eau, la nourriture, les abris, la santé et les articles de première nécessité. Outre l’enregistrement des nouveaux arrivants et l’identification des familles particulièrement vulnérables, les activités prioritaires actuelles portent notamment sur la réinstallation loin des zones frontalières et des mesures de protection pour prévenir les violences sexuelles et garantir des services de soins alternatifs pour les enfants réfugiés non accompagnés.

Le Soudan est déchiré depuis 2023 par un sanglant conflit entre l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane, dirigeant de facto du pays depuis un coup d’État en 2021, et les forces paramilitaires de son ex-adjoint, le général Mohamed Hamdane Daglo.

Les affrontements armés se poursuivent dans plusieurs villes, notamment dans la région du Darfour, dans l’État de Sennar ou dans des localités du Kordofan occidental. Ces violences ont occasionné d’importants mouvements de population à l’intérieur du Soudan.

Le camp de Zamzam presque vidé de ses déplacés

Le Soudan accueille environ 10, 5 millions de personnes déplacées internes dont plus de 8 millions de nouveaux déplacés depuis le 15 avril 2023.

Depuis avril dernier, les équipes de terrain de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) ont ainsi observé une augmentation des déplacements en provenance du Darfour du Nord, avec environ 406.000 personnes déplacées du camp de Zamzam.

La plus grande proportion de personnes déplacées a été accueillie dans les États du Darfour du Sud (16 %), du Darfour du Nord (16 %) et du Nil (8 %).

Avec plus de 3,1 millions de déplacés, Khartoum (30 %) reste le principal Etat d’origine des déplacés internes. Suivent le Darfour du Sud (20 %) et le Darfour du Nord (18 %). Les personnes déplacées internes auraient été déplacées vers plus de 10.000 lieux différents dans 180 localités réparties dans les 18 États.

Par ailleurs, l’OIM fait état d’une légère baisse du nombre de déplacés internes (7 %) accueillis dans 12 des 18 États, « reflétant principalement la poursuite des mouvements de retour vers les États de Khartoum, de Sennar et d’Al Jazirah ». « La baisse totale du nombre de personnes déplacées peut ne pas correspondre au nombre total estimé de rapatriés », a toutefois précisé l’OIM, relevant que ses équipes de terrain continuent à vérifier les lieux de retour.

Une aide d’urgence est distribuée à Port-Soudan à des personnes qui ont fui le conflit dans d’autres régions du Soudan (photo d'archives).
© WFP/Abubakar Garelnabei
Une aide d’urgence est distribuée à Port-Soudan à des personnes qui ont fui le conflit dans d’autres régions du Soudan (photo d'archives).

Attaques à Port-Soudan

Par ailleurs, le conflit touche désormais des zones qui ont été longtemps épargnées. C’est le cas de Port-Soudan, dans l'est du pays, qui abrite des agences de l’ONU et des milliers de déplacés et est, depuis dimanche, la cible de frappes que l’armée attribue aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Le Secrétaire général de l’ONU s’est dit vivement préoccupé par les attaques de drones des derniers jours contre cette ville, qui représentent une « escalade majeure » dans le conflit entre les deux généraux rivaux soudanais, a indiqué mercredi son porte-parole.

« Cette escalade majeure pourrait entraîner de nombreuses victimes civiles et de nouvelles destructions d’infrastructures essentielles », a déclaré le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric, dans un communiqué.

Ces attaques contre « le principal point d’entrée de l’aide humanitaire au Soudan » menacent également d’accroître les besoins humanitaires et de compliquer davantage les opérations d’aide dans le pays, a-t-il ajouté.

António Guterres est également « alarmé par l’extension du conflit à une zone qui a servi de refuge à un grand nombre de personnes déplacées de la capitale Khartoum et d’autres régions » et par « le manque de volonté politique des parties à revenir à la table des négociations », a insisté son porte-parole.

Le Secrétaire général appelle les belligérants à collaborer de manière constructive avec les mécanismes de soutien à la médiation déjà en place pour les aider à parvenir à une solution politique, soulignant le soutien continu de l’ONU pour les aider à trouver une issue à cette crise.