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Les Gazaouis privés d’eau dans l’enclave assiégée et bombardée

Des Palestiniens font la queue pour obtenir de l'eau à Gaza.
© OMS/Ahmed Zakot
Les Palestiniens font la queue pour obtenir de l'eau à Gaza.
Dix semaines après le début du blocus total imposé à la population de Gaza, plus des trois quarts des ménages de l’enclave palestinienne signalent une diminution de l’accès à l’eau, dans un contexte de détérioration des conditions sanitaires, ont alerté jeudi des agences des Nations Unies.
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Une enquête menée en avril a révélé que 90 % des familles consultées souffraient du manque d’eau, ce qui les obligeait à faire des choix difficiles entre des besoins essentiels tels que cuisiner et se laver les mains.

Selon l’étude du groupe sectoriel de l’ONU sur l’eau et l’assainissement, la baisse des volumes d’eau accessibles et la réduction des points de collecte ont aggravé la situation, alors que les ordres de déplacement poussent un nombre croissant de personnes à chercher refuge dans des sites surpeuplés.

Pénurie de carburant

Face à cette situation de pénurie, près des deux tiers des ménages ont déclaré avoir acheté de l’eau potable à des fournisseurs privés ou non officiels.

Sur le terrain, les humanitaires redoutent les conséquences de ces « pénuries graves et sans précédent » dans certains gouvernorats, surtout à l’approche de l’été et de la hausse des températures.

En attendant, la dépendance à l’égard des puits d’eau souterraine est fréquemment perturbée par un manque cruel de matériel d’entretien et de réparation et par un accès limité au carburant diesel nécessaire à leur fonctionnement, ont indiqué les partenaires humanitaires, qui relaient les inquiétudes des municipalités.

En outre, la ligne d’alimentation électrique de l’usine de dessalement du sud de Gaza est coupée depuis plus d’un mois, et la canalisation d’eau de Bani Saeed Mekorot a été endommagée en janvier 2025. « Or les demandes de réparation de la part des agences humanitaires ont été continuellement rejetées par les autorités israéliennes », a détaillé le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) dans son dernier rapport de situation.

Risques d’une catastrophe sanitaire

Par ailleurs, la majorité des ménages ont signalé des problèmes d’assainissement, dus à la diminution du nombre de latrines fonctionnelles, au manque de propreté et à la surpopulation dans les camps de déplacés. Les ménages de tous les gouvernorats ont également fait état d’un accès réduit au savon, qui est largement épuisé et coûteux lorsqu’il est disponible.

Ces pénuries d’eau surviennent alors que certaines localités doivent aussi faire face à un débordement des eaux usées. C’est le cas de la municipalité de Jabalya an Nazla, dans le nord de Gaza, qui justifie ces débordements par « le manque d’équipements et de machines essentiels qui ont été détruits lors de frappes aériennes en avril 2025 ». Plus de 90 % des machines lourdes de la municipalité, y compris le seul camion utilisé pour l’aspiration des eaux usées, sont désormais hors service.

La situation est encore aggravée par l’infestation croissante de rongeurs et d’insectes dans les abris surpeuplés destinés aux personnes déplacées. « La municipalité a mis en garde contre une catastrophe sanitaire majeure si la crise se poursuit, augmentant le risque d’épidémies dans un contexte de services médicaux limités », a insisté l’OCHA.

Aide prête à être expédiée

Alors que la situation sur place s’aggrave de jour en jour, l’ONU et ses partenaires sont prêts à distribuer de l’aide à grande échelle dès que les points de passage seront rouverts à l’entrée des marchandises.

Plus de 240.000 tonnes de fournitures sont prêtes à être expédiées depuis des entrepôts situés à l’extérieur de l’enclave, en plus des grandes quantités de fournitures qui attendent déjà aux points de passage de Gaza.

L’OCHA souligne également la nécessité pour les autorités israéliennes de faciliter les mouvements humanitaires à l’intérieur de la bande de Gaza.  Selon l’ONU, trois quarts des demandes des humanitaires ont été rejetées, soit six sur huit. La moitié des demandes rejetées visaient à récupérer des fournitures essentielles dans des zones militarisées.

Des écoles de l'UNRWA « prises d'assaut » à Jérusalem-Est

Deux jeunes garçons courent dans les rues de Jérusalem (photo d'archives).
UN News/Maher Nasser
Deux jeunes garçons courent dans les rues de Jérusalem (photo d'archives).

L'agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens, l'UNRWA, a fermement condamné l'entrée par la force d'agents de sécurité israéliens dans trois de ses écoles à Jérusalem-Est occupée, estimant qu'il s'agissait d'une violation du droit des enfants à l'éducation et à la sécurité.

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Selon l'agence, des agents lourdement armés ont pénétré dans les écoles du camp de réfugiés de Shu'fat jeudi, alors que les classes étaient en cours, forçant plus de 550 filles et garçons palestiniens – certains âgés d'à peine six ans – à quitter leurs salles de classe.

Un employé de l'UNRWA a été arrêté et toutes les écoles gérées par l'agence à Jérusalem-Est ont été évacuées par mesure de précaution.

« Agression contre l'éducation »

« Il s'agit d'une agression contre les enfants. Une agression contre l'éducation », a déclaré Philippe Lazzarini, Commissaire général de l'UNRWA, dans un communiqué.

« Prendre d'assaut des écoles et les forcer à fermer constitue un mépris flagrant du droit international ».

Il a ajouté qu'en appliquant les ordres de fermeture émis contre les écoles de l'UNRWA en avril, les autorités israéliennes privent les enfants palestiniens de leur droit fondamental à l'éducation.

« Ces écoles sont des locaux inviolables des Nations Unies. Les écoles de l'UNRWA doivent rester ouvertes pour protéger toute une génération d'enfants », a dit M. Lazzarini.

Risque immédiat

Roland Friedrich, Directeur des affaires de l'UNRWA en Cisjordanie, a averti que les enfants réfugiés palestiniens courent un « risque immédiat » de perdre leur accès à l'éducation.

« Les actions d'Israël aujourd'hui constituent une grave violation de ses obligations en tant qu'État membre de l'ONU en vertu du droit international », a-t-il déclaré dans une publication sur les réseaux sociaux.

Il a appelé la communauté internationale à respecter le mandat et l’espace humanitaire de l’UNRWA en Cisjordanie.