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Missiles, uranium, sanctions contournées : la Corée du Nord défie l’ordre international

Vue d'ensemble de la salle du Conseil de Sécurité de l'ONU.
Photo ONU/Loey Felipe
Vue d'ensemble de la salle du Conseil de Sécurité de l'ONU.
Alors que la République populaire démocratique de Corée (RPDC) continue de défier le régime international de non-prolifération nucléaire, une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU a mis en lumière, mercredi, l’ampleur du contournement des sanctions internationales par Pyongyang.

Les développements militaires en Corée du Nord sont alarmants. Selon Khaled Khiari, Sous-Secrétaire général de l’ONU pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique, le pays poursuit inlassablement ses essais de missiles intercontinentaux et à portée intermédiaire. 

Khaled Khiari, Sous-Secrétaire général de l’ONU pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique, lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU.
UN Photo/Eskinder Debebe
Khaled Khiari, Sous-Secrétaire général de l’ONU pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique, lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU.

Pas plus tard qu’en janvier dernier, Pyongyang a procédé au lancement d’un missile balistique hypersonique, trois mois à peine après le dernier essai en date. De tels agissements accroissent la menace de l’utilisation par la Corée du Nord de l’arme nucléaire, si elle parvenait un jour à la développer.

Enrichissement d'uranium

Or, M. Khiari a souligné, devant le Conseil, que le pays « continue de montrer ouvertement ses installations d'enrichissement d'uranium non déclarées » à Yongbyon, au nord de Pyongyang, et à Kangson, dans la périphérie de la capitale. Le tout, en réitérant son intention de se doter d’ogives nucléaires tactiques, de satellites militaires et d’un sous-marin nucléaire.

« La poursuite persistante par la RPDC de programmes d'armes nucléaires et de missiles balistiques, en violation des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, continue de compromettre le régime mondial de désarmement et de non-prolifération », s’est inquiété M. Khiari, appelant Pyongyang à « respecter pleinement ses obligations internationales » et à ratifier le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.

Autre source de préoccupation pour le haut fonctionnaire, le fait que le groupe d’experts créé en 2009 pour surveiller l’application des sanctions du Conseil contre la Corée du Nord n’ait pas été reconduit au-delà du 30 avril 2024. M. Khiari précise néanmoins que le Comité du Conseil chargé de superviser le régime des sanctions poursuit quant à lui sa mission, et que les États membres de l’ONU restent juridiquement tenus de respecter les mesures en vigueur.

Un contournement systématique des sanctions

Invité à présenter au Conseil les conclusions de son dernier rapport, James Byrne, un chercheur du Royal United Services Institute (RUSI), a apporté un éclairage précis sur les pratiques de contournement des sanctions qui alimentent les programmes militaires de la RPDC.

Son équipe de l’Open Source Centre, un organisme de recherche indépendant basé au Royaume-Uni et spécialisé dans l’analyse des violations des sanctions internationales, a documenté l’exportation de munitions nord-coréennes vers la Russie et leur utilisation en Ukraine. Les chercheurs ont également recensé d’importantes livraisons de pétrole raffiné à la RPDC, en provenance de la Russie. 

M. Byrne a souligné une autre tendance « persistante et préoccupante » : depuis septembre 2024, au moins six navires étrangers auraient transporté du charbon et des minerais de fer nord-coréens destinés à l’exportation.

« Ces actions contreviennent directement aux résolutions du Conseil, qui limitent le financement des programmes nucléaires et de missiles balistiques interdits de la RPDC », a-t-il dénoncé.

Dans un contexte marqué par une montée des tensions régionales, Khaled Khiari a une nouvelle fois exhorté toutes les parties à œuvrer pour une « paix durable et une dénucléarisation complète et vérifiable » de la péninsule coréenne. 

La multiplication des violations et la fin de certains mécanismes de surveillance laissent cependant planer le doute sur la capacité du Conseil à faire respecter ses propres résolutions.