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Soudan du Sud : l’ONU condamne une frappe meurtrière sur un hôpital de MSF

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’attaque a entraîné la fermeture de cet hôpital situé, qui desservait plus de 110.000 personnes dans l’État sud-soudanais de Jonglei.
« Ces événements ont eu un impact direct sur l’accès aux services de santé pour des milliers de civils qui luttent déjà contre de multiples vulnérabilités », a déploré mardi lors d’une conférence de presse de l’ONU à Genève, le Dr Humphrey Karamagi, qui représente l’OMS dans ce pays de l’Afrique de l’Est.
La Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) indique que sept civils ont été tués et 27 autres blessés durant l'attaque, qui a détruit une pharmacie de MSF.
Lundi, une autre frappe aérienne, près d’un entrepôt du Programme alimentaire mondial (PAM), à New Fangak, une autre ville de l'´Etat de Jonglei, avait endommagé une digue protégeant les habitants de cette région isolée contre les inondations.
Infrastructures sanitaires prises pour cible
Ces frappes font suite à des attaques récentes contre les hôpitaux d’Ulang et de Nasir, dans l’État voisin du Haut-Nil, qui sont les seuls établissements de soins de santé dans ces régions.
« La destruction d’infrastructures de santé essentielles et la poursuite des combats mettent en danger la vie de Sud-Soudanais innocents », a affirmé pour sa part, Marie-Hélène Verney, Coordinatrice humanitaire par intérim de l’ONU, rappelant que cette situation affecterait les soins essentiels apportés aux personnes vulnérables.
Depuis janvier 2025, l’OMS indique avoir recensé huit incidents distincts d’attaques contre des établissements de santé, avec des travailleurs de la santé tués, des établissements et des fournitures essentielles pillés ou détruits.
« Des convois humanitaires ont été attaqués et des infrastructures de la chaîne du froid ont été détruites, ce qui a encore réduit la capacité à fournir des services essentiels », a ajouté le Dr Karamagi.
Plus de 55.000 cas de choléra
Ces derniers développements interviennent alors que le pays est aux prises avec une importante épidémie de choléra.
Au cours des six premiers mois de l’épidémie (du 28 septembre 2024 au 27 avril 2025), l’OMS a recensé plus de 55.000 cas de choléra dont plus de 1.000 décès.
Depuis le mois de mars, les tensions se sont intensifiées dans l’État du Haut-Nil, avec des affrontements entre les forces gouvernementales et les groupes armés. Cette situation a entraîné une aggravation des souffrances et des décès, ainsi que le déplacement forcé d’environ 80.000 personnes dans trois des comtés les plus touchés.
Des affrontements ont également été signalés dans certaines parties des États de l’Équatoria occidental, de l’Équatoria central et de l’Unité du pays. Ces affrontements ont forcé les populations, principalement des femmes et des enfants, à fuir vers les pays voisins, 23.000 réfugiés arrivant en Éthiopie.
Potentiel crime de guerre
De son côté, la Commission des droits de l’homme de l’ONU au Soudan du Sud a qualifié de « un crime atroce » le bombardement de l’hôpital à Old Fangak, qui pourrait constituer « une grave violation du droit international humanitaire et un crime de guerre ».
« Il ne s’agit pas d’un accident tragique. Il s’agit d’une attaque calculée et illégale contre un établissement médical protégé. Le bombardement aérien de l’hôpital de MSF à Old Fangak est une violation flagrante du droit international humanitaire et pourrait constituer un crime de guerre », a déclaré Yasmin Sooka, Présidente de la Commission, appelant à une reddition des comptes sans délai des auteurs.
Pour les enquêteurs de l’ONU, cette attaque ne semble pas être un incident isolé , mais elle s’est produite dans le contexte « d’une escalade du profilage ethnique et d’un durcissement des positions au sein de l’élite politique et militaire ».
« Désigner l’ensemble de la communauté de Fangak comme hostile est profondément irresponsable et peut s’apparenter à une incitation aux représailles et à la punition collective. Cette pratique doit cesser et ces désignations doivent être annulées immédiatement », a fustigé la Commission, relevant que « les violations répétées de la cessation des hostilités rapprochent dangereusement le pays d’un nouveau conflit national ». « La voie sur laquelle le Soudan du Sud est actuellement engagé est périlleuse », a averti Mme Sooka.