Fil d'Ariane

Un journal nicaraguayen reçoit le Prix pour la liberté de la presse, le Nicaragua annonce son retrait de l’UNESCO

« Je regrette cette décision qui privera la population du Nicaragua des bénéfices d’une coopération portant notamment sur l’éducation et la culture. L’UNESCO est aussi pleinement dans son rôle quand elle défend partout dans le monde la liberté d’expression et la liberté de la presse », a déclaré la Directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, dans un communiqué de presse publié dimanche.
Elle a indiqué avoir reçu un courrier du gouvernement du Nicaragua annonçant cette décision en réaction à l’attribution du prix.
Mandatée pour défendre la liberté d’expression et la liberté de la presse, l’UNESCO le fait notamment à travers un prix créé par ses Etats membres en 1997, le Prix mondial de la liberté de la presse UNESCO/Guillermo Cano qui récompense chaque année une personne, une organisation ou une institution sur proposition d’un jury professionnel indépendant.
Depuis 2021, à la suite de l’emprisonnement et de l’expulsion du pays de ses dirigeants ainsi que la confiscation de ses biens, le journal La Prensa a continué d’informer en ligne la population nicaraguayenne, avec la majeure partie de son équipe en exil, opérant depuis le Costa Rica, l'Espagne, le Mexique, l'Allemagne et les États-Unis.
Les autorités du Nicaragua motivent leur décision de retrait, qui prendra effet au 31 décembre 2026, sur le caractère « diabolique d’une expression du traître sentiment anti-patriotique » du Journal la Prensa, promouvant « les interventions militaires et politiques des Etats-Unis au Nicaragua ».
Efforts courageux
La cérémonie de remise du Prix mondial de la liberté de la presse UNESCO/Guillermo Cano 2025, aura lieu à Bruxelles, en Belgique, en marge de la Conférence mondiale sur la liberté de la presse organisée le 7 mai 2025.
« Le Prix UNESCO/Guillermo Cano est un hommage à tous les journalistes qui continuent de nous informer malgré un grand nombre de risques et d’atteintes à leur sécurité personnelle. Chaque année, ce Prix nous rappelle l’importance de nous tenir aux côtés de ceux qui protègent et font vivre l’information », a déclaré Audrey Azoulay.
« La Prensa a fait des efforts courageux pour rapporter la vérité au peuple du Nicaragua. Comme d'autres organisations de la société civile, La Prensa a été confrontée à une répression sévère. Contraint à l'exil, ce journal entretient courageusement la flamme de la liberté de la presse », a dit pour sa part Yasuomi Sawa, Président du jury international de professionnels des médias
Média historique du Nicaragua, le journal La Prensa - El Diario de los Nicaragüenses (Le journal des Nicaraguayens) a été fondé en 1926 dans la capitale du pays, Managua. En près d’un siècle d’existence, La Prensa et ses journalistes ont fait face à de nombreuses répressions, intensifiées ces dernières années avec la limitation de sa diffusion.
L'action de l'UNESCO pour la protection des journalistes
L'UNESCO est l'agence des Nations Unies avec pour mandat de garantir la liberté d'expression et la sécurité des journalistes dans le monde. Elle coordonne le Plan d'action des Nations Unies sur la sécurité des journalistes et la lutte contre l'impunité.
Dans plusieurs régions du monde, l'UNESCO répond aux besoins les plus urgents des journalistes exilés et déplacés. L'agence onusienne soutient notamment des centres de solidarité pour les journalistes en Ukraine, des refuges pour les journalistes en Afghanistan ou au Soudan et a mis en place des centres régionaux au Costa Rica (pour la région d'Amérique latine) et au Kenya (pour l'Afrique de l'Est). Ces centres offrent aux journalistes un cadre de travail sûr, dispensent des formations à la sécurité et fournissent des soins psychologiques et médicaux ainsi qu’une aide financière.
L'UNESCO condamne chaque assassinat de journaliste et veille aux suites judiciaires qui y sont données. Elle forme les journalistes et les acteurs judiciaires, et travaille avec les gouvernements pour élaborer des politiques et des lois favorables aux droits des journalistes. L’UNESCO sensibilise également l'opinion publique mondiale par le biais d'événements tels que la Journée internationale de la fin de l'impunité pour les crimes commis contre les journalistes (2 novembre), et la Journée mondiale de la liberté de la presse (3 mai), qui porte cette année sur l’influence de l’intelligence artificielle (IA) sur le journalisme et les médias.
À propos du Prix UNESCO/Guillermo Cano
- Créé en 1997, le Prix mondial de la liberté de la presse UNESCO/Guillermo Cano récompense chaque année une personne, une organisation ou une institution ayant apporté une contribution exceptionnelle à la défense ou à la promotion de la liberté de la presse, où que ce soit dans le monde, en particulier lorsque cette contribution a été obtenue au mépris du danger avec bravoure. Il s’agit du seul prix des Nations Unies qui récompense des journalistes.
- Il tient son nom de Guillermo Cano Isaza, journaliste colombien assassiné le 17 décembre 1986 à Bogota (Colombie), devant les bureaux de son journal El Espectador.
- Il est financé par la Fondation Guillermo Cano Isaza (Colombie), le Namibia Media Trust, la Democracy & Media Foundation Stichting Democratie & Media (Pays-Bas) et la Thomson Reuters Foundation.