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Gaza : une invasion israélienne de Rafah pourrait conduire à un « massacre de civils », selon l’ONU

Alors que les rapports des médias font état d’un nouveau raid aérien sur une maison à Rafah, tuant sept personnes, dont quatre enfants, les Nations Unies ont averti, vendredi, qu’une incursion israélienne à Rafah, dans le sud de Gaza, mettrait en danger la vie de centaines de milliers de Palestiniens.

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Selon un porte-parole du Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), des opérations militaires israéliennes à Rafah pourraient conduire à un « massacre de civils ».

« L’invasion porterait un coup terrible aux opérations humanitaires dans l’ensemble de la bande de Gaza car elles sont conduites principalement depuis Rafah », a déclaré Jens Laerke, porte-parole d’OCHA à Genève.

Alerte le 13 février

« Nous avons prévenu depuis longtemps qu’une opération militaire à Rafah pourrait conduire à un massacre », a-t-il ajouté, en réponse à des questions des journalistes sur la situation à Rafah en cas d’opération militaire terrestre.

Le 13 février dernier, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence de l’ONU, Martin Griffiths; avait déjà mis en garde sur les conséquences de telles opérations dans cette partie de l’enclave. « Les opérations militaires à Rafah pourraient entraîner un massacre à Gaza et mettre en péril une opération humanitaire fragile », avait-il affirmé.

L’ONU avait également prévenu, il y a quelques jours, qu'une invasion terrestre porterait un coup désastreux aux opérations humanitaires. Les opérations d’aide menées à partir de Rafah comprennent des cliniques médicales et des points de distribution de nourriture, tels que des centres pour enfants souffrant de malnutrition.

Rafah, point de transbordement de l’aide à Gaza

Le plus important, ce sont les centaines de milliers de civils qui se sont réfugiés à Rafah pour échapper aux bombardements, à une famine imminente et aux maladies. « Pour eux, toute opération terrestre signifierait davantage de souffrances et de morts », a précisé Jens Laerke, relevant que Rafah est au cœur des opérations humanitaires à Gaza.

Selon l’ONU, cette partie de l’enclave est le point de transbordement de l’aide.  C’est là que des dizaines d’organisations humanitaires stockent les fournitures qu’elles distribuent aux civils de la bande de Gaza, telles que de la nourriture, de l’eau, des articles de santé, d’assainissement et d’hygiène.

Le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) et ses partenaires y fournissent des traitements ambulatoires pour les enfants souffrant de malnutrition aiguë dans plus de 50 sites. Le Programme alimentaire mondial (PAM) et ses partenaires distribuent des compléments alimentaires aux enfants de moins de cinq ans, ainsi qu’aux femmes enceintes et à celles qui allaitent - à Rafah.

Trois des huit centres de santé gérés par l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) à Gaza, qui fournissent des soins primaires, des médicaments, des vaccinations et autres, se trouvent à Rafah.

Les conditions de vie à Rafah sont devenues insalubres.
© UNRWA
Les conditions de vie à Rafah sont devenues insalubres.

L’incursion pourrait rendre les 3 hôpitaux de Rafah inaccessibles

En écho à cette alerte d’OCHA, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) se dit extrêmement préoccupée par les projets d’opération à grande échelle à Rafah.

« Avec plus de 1,2 million de personnes entassées à Rafah, une opération aura pour effet d’aggraver la catastrophe humanitaire », a déclaré depuis Jérusalem, le Dr Rik Peeperkorn, Représentant de l’OMS dans le territoire palestinien occupé, lors d’un point de presse à Genève.

Selon l’agence onusienne, l’incursion à Rafah pourrait rendre les trois hôpitaux de la ville inaccessibles et non fonctionnels. L’escalade pourrait également rendre l’hôpital européen de Gaza inaccessible.

« Cette situation aura des répercussions sur l’ensemble du système de santé, car les patients devront être transférés vers d’autres hôpitaux déjà surchargés, ce qui mettra leur santé encore plus en péril », a dit le Dr Peeperkorn, relevant qu’une nouvelle vague de déplacements entraînera une augmentation de la surpopulation, un accès réduit aux denrées alimentaires essentielles, à l’eau ainsi qu’une hausse des épidémies de maladies infectieuses.

Le plan d’urgence de l’OMS

En attendant, l’OMS a préparé un plan d’urgence au cas où Israël mettrait à exécution son projet d’incursion à Rafah. Il s’agit de s’assurer que le système de santé est prêt et peut continuer à fournir des soins.

Toutefois pour l’OMS, ce plan d’urgence n’est qu’une solution de fortune. « Ce plan n’empêchera absolument pas l’augmentation substantielle de la mortalité et de la morbidité attendue dans le cadre d’une opération militaire ».

« Malgré les mesures prises, le système de santé en difficulté ne sera pas en mesure de résister à l’ampleur potentielle de la dévastation causée par l’incursion », a ajouté le Dr Rik Peeperkorn.

Dans le cadre des efforts d’urgence, l’OMS et ses partenaires se mobilisent. Dans le sud : Un nouvel hôpital de campagne est en cours d’installation à Al Mawasi, à Rafah.

L’OMS a mis en place un grand entrepôt à Deir Al Balah et a déplacé des fournitures afin d’assurer un accès et un acheminement rapides à Khan Younis, à la zone intermédiaire et au nord de Gaza. Des fournitures ont également été prépositionnées à l’hôpital Al-Aqsa et à l’hôpital européen de Gaza.

Dans le nord, l’expansion des services est soutenue dans les hôpitaux d’Al-Ahli, de Kamal Adwan et d’Al-Awda par des équipes médicales d’urgence et le prépositionnement de fournitures.

Cette alerte intervient alors que le système de santé survit à peine : 12 hôpitaux sur 36 et 22 établissements de soins de santé primaires sur 88 sont partiellement fonctionnels.