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En Ukraine, les attaques russes sont devenues un schéma destructeur quotidien, selon l’ONU

Les attaques russes contre des villes et des villages à travers l’Ukraine, y compris le ciblage intense et systématique des infrastructures énergétiques, « sont devenues un schéma destructeur quotidien » ces dernières semaines, a déclaré jeudi un haut responsable de l’ONU au Conseil de sécurité.

Miroslav Jenča, Sous-Secrétaire général des Départements des affaires politiques et des opérations de paix de l'ONU, a averti que l'escalade menaçait la stabilité régionale, la sécurité internationale et, par-dessus tout, la population ukrainienne.

Les régions touchées comprennent Zaporijjia, Sumy, Kharkiv, Odessa, Kherson, Dnipropetrovsk et Donetsk.

Tendance meurtrière

« Nous sommes consternés par l'augmentation du nombre de victimes civiles résultant de ces attaques incessantes », a dit M. Jenča.

Au moins 126 civils ont été tués et 478 blessés en mars, soit une augmentation de 20% par rapport au mois précédent, selon le bureau des droits de l'homme des Nations Unies, le HCDH. Au moins 57 enfants ont été tués ou blessés rien qu'en mars, soit le double du nombre de février.

La tendance meurtrière s’est poursuivie ce mois-ci, avec des attaques quotidiennes de drones, de missiles, de roquettes et d’artillerie signalées à travers le pays. La plus récente – menée dans la nuit et jusqu'à jeudi matin – visait des installations énergétiques, certaines d'entre elles auraient fait des victimes, voire des morts.

« Nous assistons également à des hostilités qui s’étendent au-delà des frontières de l’Ukraine, avec des frappes transfrontalières régulières vers la Fédération de Russie », a-t-il ajouté.

Craintes nucléaires

Les infrastructures civiles critiques ont été lourdement touchées par l’escalade des attaques, a-t-il poursuivi. Depuis mars, plus de deux douzaines d’installations énergétiques ont été détruites ou endommagées, notamment la centrale hydroélectrique de Dnipro, perturbant l’approvisionnement en électricité et en eau de millions de personnes.

La centrale nucléaire de Zaporijjia, la plus grande d'Europe et sous occupation russe depuis les premiers jours de la guerre, a été directement visée lors d'une action militaire dimanche – la première fois depuis novembre 2022. Trois personnes auraient été blessées et des attaques de drones ultérieures ont été signalées lundi et mardi.

Cet incident est « un rappel inquiétant des graves risques posés par cette guerre », a dit M. Jenča, se joignant à l'appel du chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Mariano Grossi, à « la cessation immédiate de ces attaques inexcusables afin d’éviter un accident nucléaire majeur ».

Le haut responsable de l’ONU a salué le renouvellement des mandats de la Mission de surveillance des droits de l'homme des Nations Unies en Ukraine et de la Commission d'enquête internationale indépendante sur ce pays.

Soulignant l'importance de leur travail pour les efforts en faveur de la reddition des comptes, il a souligné que l'ONU continuait d'exhorter la Russie à coopérer pleinement et à accorder au HCDH et aux observateurs indépendants l'accès aux zones d'Ukraine qu'elle occupe.

La situation va empirer

Le HCDH a vérifié que plus de 10.810 civils ont été tués et plus de 20.550 blessés depuis le début de l’invasion russe à grande échelle de l’Ukraine le 24 février 2022, même si les chiffres réels sont probablement plus élevés.

L'escalade continue des hostilités ne fera qu'aggraver la situation déjà désastreuse de millions de personnes dans le pays, a déclaré Edem Wosornu, Directrice des opérations et du plaidoyer au Bureau des affaires humanitaires des Nations Unies, OCHA.

Plus de 14,6 millions de personnes, soit environ 40% de la population, ont besoin d’une forme d’assistance humanitaire. La plupart, 56%, sont des femmes et des filles.

La vague d’attaques a également eu un impact sur les humanitaires, car l’environnement opérationnel déjà difficile est encore affecté par des frappes aériennes plus fréquentes et plus importantes.

Mme Wosornu a dit que les dernières semaines ont également révélé « une tendance particulièrement troublante dans la séquence des attaques ». Alors que les secouristes ou les services d'urgence se précipitent sur les lieux des attaques, une deuxième vague de frappes cible le même endroit, tuant les blessés et causant la mort et les blessures des secouristes sur place.

« Les attaques dirigées contre les blessés et ceux qui leur viennent en aide sont interdites par le droit international humanitaire. Elles sont cruelles, inadmissibles et doivent cesser », a-t-elle déclaré.

Sécurité alimentaire mondiale

Dans le même temps, la poursuite des attaques contre la ville portuaire d’Odessa reste préoccupante, compte tenu de leur impact sur la sécurité alimentaire mondiale.

Réitérant que les ports ukrainiens de la mer Noire constituent un élément essentiel des chaînes d’approvisionnement mondiales en céréales et autres produits agricoles clés, elle a averti que des attaques pourraient anéantir les progrès réalisés dans la stabilisation des marchés céréaliers et la baisse des prix.

« Alors que des niveaux stupéfiants d’insécurité alimentaire persistent dans certaines parties du monde, la sécurité de la navigation dans la mer Noire ainsi que la protection et le fonctionnement sûr des ports et des infrastructures civiles associées doivent être assurés », a-t-elle dit.

Mme Wosornu a confirmé l’engagement des humanitaires à soutenir la population ukrainienne, mais a souligné la nécessité de davantage de financement. Un plan de 3,1 milliards de dollars pour le pays cette année n'a reçu jusqu'à présent que 541 millions de dollars.