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Ukraine : la destruction du barrage est une « catastrophe humanitaire, économique et écologique monumentale » dénonce Guterres

Des dizaines de milliers de civils en Ukraine sont en danger sur la ligne de front suite aux dommages subis mardi par le barrage de Kakhovka, que le chef de l'ONU a qualifié de « catastrophe humanitaire, économique et environnementale monumentale » résultant directement de l'invasion du pays par la Russie.

L'eau du réservoir de l’énorme barrage est également utilisée pour refroidir la centrale nucléaire de Zaporijjia, la plus grande d'Europe, qui est sous menace constante depuis qu'elle a été occupée par les forces russes au début du conflit.

Le Bureau des Nations Unies en Ukraine a tweeté que « des milliers de personnes en Ukraine sont en danger » à la suite de la rupture importante du barrage et de la centrale hydroélectrique de Kakhovka, datant de l'ère soviétique, sur le plus grand fleuve du pays, le Dnipro, avec des vidéos qui montrent des torrents d'eau en cascade.

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Des conséquences dévastatrices

Lors d’un point de presse devant le Conseil de sécurité à New York, le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a fait valoir que l'ONU n'avait « pas accès à des informations indépendantes pour vérifier comment la catastrophe s'était produite ».

« Mais une chose est claire : il s'agit d'une autre conséquence dévastatrice de l'invasion russe de l'Ukraine » dont les effets sont visibles dans des dizaines de villes le long du fleuve Dnipro, a-t-il fustigé.

Au moins 16.000 personnes ont déjà perdu leur maison, a-t-il ajouté, assurant que l'ONU et ses partenaires apportaient une aide d'urgence aux zones touchées, notamment de l'eau potable, des comprimés de purification, « et d'autres formes d'assistance essentielle ».

Il a déclaré que cette tragédie « était un nouvel exemple du prix horrible de la guerre pour les populations. Les vannes de la souffrance débordent depuis plus d'un an et cela doit cesser », de même que toutes les attaques contre les civils et les infrastructures.

« Par-dessus tout, je lance un appel en faveur d'une paix juste, conforme à la Charte des Nations Unies, au droit international et aux résolutions de l'Assemblée générale », a-t-il conclu.

La misère s'aggrave

Selon la presse, les gouvernements ukrainien et russe se sont accusés mutuellement d'avoir lancé une attaque contre l'installation, qui est sous le contrôle de la Russie, sur les rives sud et est de la rivière, tandis que les forces ukrainiennes contrôlent le territoire le long de la rive opposée.

Des milliers de personnes auraient déjà été évacuées, les villes situées en aval étant inondées.

À long terme, « de nombreuses personnes risquent de se retrouver sans abri et dans une situation désespérée, ce qui aggravera la misère des Ukrainiens face à l'invasion massive de la Russie », a déclaré le Bureau des Nations Unies.

Le Bureau des droits de l'homme des Nations Unies (HCDH) a déclaré que les droits des civils au logement, à la santé et aux moyens de subsistance, ainsi que l'accès à l'eau potable et à un environnement sain, étaient tous menacés, appelant à une enquête complète sur la catastrophe et à l'obligation de rendre des comptes.

Des inquiétudes concernant la plus grande centrale nucléaire d’Europe

Selon l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), l'endommagement du barrage de Nova Kakhovka, dans l'est de l'Ukraine, a déjà entraîné une baisse « significative » du niveau du réservoir qui alimente la centrale nucléaire de Zaporijjia (ZNPP).

Le chef de l'AIEA, Rafael Grossi, a averti que « l'absence d'eau de refroidissement dans les systèmes essentiels d'eau de refroidissement pendant une période prolongée entraînerait la fusion du combustible et l'inopérabilité des générateurs diesel de secours de la centrale ».

Selon l’évaluation de l’AIEA il n'y ait pas de « risque immédiat » pour la sécurité de la centrale, puisque l'approvisionnement en eau de refroidissement à partir du réservoir « devrait durer quelques jours ».

« L'eau dans le réservoir se situait à environ 16,4 m à 8 heures du matin. Si elle descend en dessous de 12,7 m, elle ne peut plus être pompée » a informé M. Grossi, précisant que les dommages subis par le barrage de Nova Kakhovka « entraînent actuellement une réduction d'environ 5 cm par heure de la hauteur du réservoir ».

Le personnel de l'Agence présents à Zaporijjia, qui est occupée par la Russie mais exploitée par des civils ukrainiens, « continuent de surveiller de près la vitesse à laquelle le niveau du réservoir baisse ».

Le chef de l’AIEA a indiqué que la centrale nucléaire de ZNPP « fait tous les efforts possibles pour pomper autant d'eau que possible dans ses canaux de refroidissement et ses systèmes connexes ».

« En outre, les consommateurs d'eau non essentiels sont arrêtés à la centrale afin de réduire la consommation d'eau. La direction de la centrale discute des mesures supplémentaires à mettre en œuvre », a-t-il précisé.

M. Grossi a également déclaré qu'un « grand bassin de refroidissement » situé à côté de la centrale nucléaire de Zaporijjia pourrait éventuellement fournir une autre source d'eau, ce que les autorités ukrainiennes ont confirmé plus tard, selon les médias. Il a toutefois insisté sur le fait qu'il était « vital » que ce bassin de refroidissement reste intact.