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Examen du Guatemala devant le Comité des droits de l’enfant : des préoccupations persistent s’agissant des violences faites aux enfants, de la malnutrition et du travail des enfants, ou encore de leur recrutement dans des gangs

Compte rendu de séance

 

Le Comité des droits de l’enfant a examiné, hier après-midi et ce matin, le rapport présenté par le Guatemala au titre de la Convention relative aux droits de l’enfant.

Si certaines mesures prises par le pays ont été jugées positives, comme par exemple le projet pilote de service itinérant d’enregistrement des naissances, les membres du Comité n’en ont pas moins fait part de préoccupations s’agissant, notamment, des violences sexuelles, de la violence domestique et des châtiments corporels, de la détention d’enfants migrants, du travail des enfants en âge de fréquenter l’école, du recrutement d’enfants par des bandes criminelles (maras), ou encore de la situation des enfants autochtones et des enfants handicapés. Il a par ailleurs été relevé qu’un enfant sur deux au Guatemala était victime de malnutrition. 

Une experte a regretté que le Code civil guatémaltèque ne reprenne pas intégralement les dispositions de la Convention. Elle a par ailleurs regretté que l’avortement soit toujours criminalisé au Guatemala, dans un contexte où, a-t-elle relevé, l’on compte toujours un grand nombre de grossesses non désirées parmi les adolescentes. Elle a estimé que les autorités devaient ici venir au secours de ces jeunes filles. La violence sexuelle contre les adolescentes reste un grand problème au Guatemala, les responsables étant rarement sanctionnés, a en outre constaté cette même experte.

L’experte a ensuite regretté qu’il soit parfois procédé à des détentions de mineurs migrants au Guatemala, malgré les dispositions de la loi qui les interdisent. Elle a estimé que le Guatemala devrait coordonner ses politiques migratoires avec celles des pays voisins pour éviter de tels faits. Il est regrettable qu’au Guatemala, plus de 300 000 enfants en âge de fréquenter l’école soient obligés de travailler, y compris des enfants migrants, a-t-elle ajouté.

L’experte a également relevé que les enfants autochtones se heurtaient encore à des violations de leurs droits. Elle s’est en outre dite très préoccupée par le recrutement d’enfants, certains âgés de cinq ans, par les maras.

Un autre membre du Comité a pour sa part constaté que la Constitution du Guatemala restait assez vague s’agissant des formes de discrimination interdites. Il semblerait que la discrimination à l’encontre des jeunes filles victimes de violences sexuelles, des enfants handicapés ou encore des enfants séropositifs soit encore très prévalente au Guatemala, a-t-il indiqué, avant de s’enquérir de ce qui était fait dans le pays pour protéger les enfants LGBTI contre les thérapies de conversion. Ce même expert a également fait part de préoccupations concernant des écarts de qualité entre l’éducation dispensée aux enfants défavorisés et celle dispensée aux enfants plus nantis.

Un expert a déclaré que la violence domestique ne faiblit pas au Guatemala et a relevé que les châtiments corporels étaient couramment utilisés. Il a en outre jugé très inquiétante la progression des gangs criminels au Guatemala.

Une experte s’est enquise de ce qui était fait pour remédier aux carences nutritionnelles parmi certains enfants autochtones. Elle a en outre fait état d’un manque préoccupant d’accès des jeunes aux services de santé sexuelle et procréative, ainsi qu’à l’éducation sexuelle complète.

Plusieurs questions des membres du Comité ont en outre porté sur les suites données à l’incendie ayant coûté la vie à de nombreux enfants dans le foyer Hogar Seguro Virgen de la Asunción. Il a en particulier été demandé si les familles des victimes avaient reçu des réparations.

Présentant le rapport de son pays, M. Héctor Oswaldo Samayosa Sosa, Directeur exécutif de la Commission présidentielle pour la paix et les droits de l’homme (COPADEH) du Guatemala, a d’abord tenu à préciser que son Gouvernement accordait la priorité absolue à la prise en charge et à l’appui dont les enfants et les adolescents ont besoin. Il a ensuite rappelé qu’en 2023, le peuple guatémaltèque s’était rendu aux urnes pour des élections générales qui, a-t-il souligné, ont été attaquées par un discours et par des actions antidémocratiques, lesquels ont été contrés par les peuples autochtones et divers secteurs de la population.

M. Samayosa Sosa a ensuite insisté sur l’importance de proposer des garanties de non-répétition en lien avec ce qu’il s'est passé au foyer Hogar Seguro Virgen de la Asunción en 2017. Il a indiqué, à cet égard, que sa Commission présidentielle, ainsi que le Secrétariat à la protection sociale et le Secrétariat présidentiel à la condition féminine, étaient en train d’élaborer un plan répondant aux besoins des victimes.

M. Samayosa Sosa a précisé que l'une des principales stratégies du Gouvernement était de donner la priorité à la coordination entre toutes les entités qui veillent à la protection des enfants et des adolescents, en particulier s’agissant de la violence sexuelle. C’est pourquoi a été créée, en avril dernier, la Commission interinstitutionnelle contre la violence sexuelle (CIVS), a-t-il souligné.

M. Samayosa Sosa a en outre mentionné certaines lacunes dans les domaines éducatifs et structurels, que l'État guatémaltèque reconnaît et prend en compte afin d'y apporter des réponses. Le Gouvernement a adopté à cet égard une nouvelle politique de la petite enfance, a-t-il indiqué.

Le Congrès de la République – après de nombreuses années d'un programme législatif régressif dans le domaine des droits de l'homme – a désormais la volonté de promouvoir des initiatives juridiques axées sur les droits de l'homme, en mettant l'accent sur les groupes exclus, parmi lesquels les enfants et les adolescents, a souligné le Directeur exécutif de la COPRADEH. Il a notamment mentionné à cet égard le projet de loi 6150 sur les centres d'accueil pour enfants et familles.

L’État est actuellement confronté à de grands défis dans la gestion des droits de l'homme et, en particulier, des droits de l'enfant et de l'adolescent, a déclaré le chef de délégation, avant d’indiquer que le Gouvernement appliquait à cet égard trois approches prioritaires : les droits de l'homme, en mettant l'accent sur les soins, tant pour les enfants et les adolescents que pour les fonctionnaires qui fournissent les services ; l'interculturalité, afin de réduire la discrimination, le racisme et les asymétries historiques à l'égard des peuples autochtones ; et l'inclusion des enfants et des adolescents.

La délégation guatémaltèque était également composée, entre autres, de Mme Angela María Chávez Bietti, Représentante permanente du Guatemala auprès des Nations Unies à Genève, ainsi que de représentants du Secrétariat de la Présidence à la protection sociale et des Ministères des relations extérieures, de la santé publique et de l’assistance sociale, de l’éducation, et de la gouvernance. Le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire étaient aussi représentés.

Le Comité adoptera ultérieurement, à huis clos, ses observations finales sur le rapport du Guatemala et les rendra publiques à l’issue de sa session, le 26 mai.

À l’issue du dialogue, une experte du Comité s’est dite préoccupée par la situation des enfants au Guatemala, mais aussi quelque peu rassurée par la volonté du nouveau Gouvernement de combler les lacunes. Le Directeur de la COPRADEH a pour sa part fait savoir qu’il avait lui-même lancé des démarches afin que son pays envisage de reconnaître la compétence du Comité pour recevoir des plaintes individuelles [au titre du troisième Protocole facultatif se rapportant à la Convention].

 

Cet après-midi, à 15 heures, le Comité entamera l’examen du rapport de la Géorgie.

 

Examen du rapport

Le Comité est saisi du septième rapport du Guatemala (CRC/C/GTM/7), qui a été établi sur la base d’une liste de points à traiter soumise par le Comité.

Présentation du rapport

Présentant le rapport de son pays, M. HÉCTOR OSWALDO SAMAYOSA SOSA, Directeur exécutif de la Commission présidentielle pour la paix et les droits de l’homme (COPADEH) du Guatemala, a d’abord tenu à préciser que son Gouvernement accordait la priorité absolue à la prise en charge et à l’appui dont les enfants et les adolescents ont besoin. Le Directeur a aussi rappelé qu’en 2023, le peuple guatémaltèque s’était rendu aux urnes pour des élections générales qui, a-t-il souligné, ont été attaquées par un discours et par des actions antidémocratiques, lesquels ont été contrés par les peuples autochtones et divers secteurs de la population.

M. Samayosa Sosa a ensuite insisté sur l’importance de proposer des garanties de non-répétition en lien avec ce qu’il s'est passé au foyer [Hogar Seguro Virgen de la Asunción] en 2017 [ndlr : voir la liste de points à traiter transmise par le Comité, où cette question est abordée]. Il a indiqué, à cet égard, que sa Commission présidentielle, ainsi que le Secrétariat à la protection sociale et le Secrétariat présidentiel à la condition féminine, étaient en train d’élaborer un plan répondant aux besoins des victimes.

De manière plus générale, M. Samayosa Sosa a précisé que l'une des principales stratégies du Gouvernement était de donner la priorité à la coordination entre toutes les entités qui veillent à la protection des enfants et des adolescents, en particulier s’agissant de la violence sexuelle. C’est pourquoi a été créée, en avril dernier, la Commission interinstitutionnelle contre la violence sexuelle (CIVS). La Commission travaille sur trois axes : la prévention, l'investigation et le renforcement des capacités institutionnelles. Les autorités travaillent dans le même temps à l'élaboration du plan de mise en œuvre de la politique de prévention de la violence sexuelle.

M. Samayosa Sosa a insisté sur l’importance de reconnaître que, parmi les peuples autochtones, les leaders ancestraux réalisent un travail souvent invisible en faveur de la prévention de la violence, ainsi que de la réparation en tant que concept réparateur.

L'existence de mesures alternatives en matière de placement en institution est toujours nécessaire, a poursuivi M. Samayosa Sosa. L'État du Guatemala, par l'intermédiaire de différentes institutions, applique dans ce domaine des mesures telles que les soins de jour et les mesures de soins alternatifs non résidentiels. Cependant, il est reconnu que ces alternatives ne sont pas suffisantes, et qu’il existe un manque de sensibilisation à la question dans l'environnement familial, a ajouté le chef de délégation.

M. Samayosa Sosa a en outre mentionné certaines lacunes dans les domaines éducatifs et structurels, que l'État guatémaltèque reconnaît et prend en compte afin d'y apporter des réponses. Le Gouvernement a adopté à cet égard une nouvelle politique de la petite enfance, a-t-il indiqué.

Quant au Congrès de la République, après de nombreuses années d'un programme législatif régressif dans le domaine des droits de l'homme, il a désormais la volonté de promouvoir des initiatives juridiques axées sur les droits de l'homme, en mettant l'accent sur les groupes exclus, parmi lesquels les enfants et les adolescents, a souligné le Directeur exécutif de la COPRADEH. Il a notamment mentionné à cet égard le projet de loi 6150 sur les centres d'accueil pour enfants et familles.

Dans le domaine de la justice pénale pour les adolescents et les enfants et adolescents sous protection, M. Samayosa Sosa a mentionné la mise en place d’un plan pilote pour le traitement électronique des dossiers judiciaires, ce qui facilitera l'accès à la justice, en plus de la création d'un site web sur les droits des enfants et des adolescents.

L’État est actuellement confronté à de grands défis dans la gestion des droits de l'homme et, en particulier, des droits de l'enfant et de l'adolescent, a poursuivi le chef de délégation, avant d’indiquer que le Gouvernement appliquait à cet égard trois approches prioritaires : les droits de l'homme, en mettant l'accent sur les soins, tant pour les enfants et les adolescents que pour les fonctionnaires qui fournissent les services ; l'interculturalité, afin de réduire la discrimination, le racisme et les asymétries historiques à l'égard des peuples autochtones ; et l'inclusion des enfants et des adolescents.

Questions et observations des membres du Comité

MME FAITH MARSHALL-HARRIS, coordonnatrice du groupe de travail chargé par le Comité d’examiner le rapport du Guatemala, a regretté que le Code civil guatémaltèque ne reprenne pas intégralement les dispositions de la Convention. Elle a demandé si les nouvelles autorités et le nouveau Parlement allaient faire avancer le projet de loi concernant la création d’une institution de protection des enfants. La question se pose de savoir si le Guatemala a appris des erreurs du passé s’agissant de la protection des enfants, a ajouté l’experte.

L’experte a par ailleurs regretté que l’avortement soit toujours criminalisé au Guatemala, dans un contexte où, a-t-elle relevé, l’on compte toujours un grand nombre de grossesses non désirées parmi les adolescentes. Elle a estimé que les autorités devaient ici venir au secours de ces jeunes filles. La violence sexuelle contre les adolescentes reste un grand problème au Guatemala, les responsables étant rarement sanctionnés, a aussi constaté Mme Marshall-Harris.

D’autres questions de l’experte ont porté sur les moyens mis à la disposition des instances chargées de faire respecter les droits des enfants, de même que sur l’existence de stratégies destinées à faire en sorte que les fonds aillent effectivement aux personnes qui en ont besoin.

Mme Marshall-Harris a ensuite regretté qu’il soit parfois procédé à des détentions de mineurs migrants au Guatemala, malgré les dispositions de la loi qui les interdisent. Elle a estimé que le Guatemala devrait coordonner ses politiques migratoires avec celles des pays voisins pour éviter de tels faits.

Mme Marshall-Harris a par ailleurs relevé que les enfants autochtones se heurtaient encore à des violations de leurs droits. Il manque en particulier d’enseignants capables d’enseigner dans les langues autochtones, tandis que la pauvreté qui accable les régions peuplées par les autochtones entraîne un problème de sous-nutrition parmi les enfants, a-t-elle mis en garde.

Mme Marshall-Harris a d’autre part regretté qu’au Guatemala plus de 300 000 enfants en âge de fréquenter l’école soient obligés de travailler, y compris des enfants migrants.

L’experte s’est en outre dite très préoccupée par le recrutement d’enfants, certains âgés de cinq ans, par les maras.

M. BENOÎT VAN KEIRSBILCK, membre du groupe de travail chargé par le Comité d’examiner le rapport du Guatemala, a constaté pour sa part que la Constitution du Guatemala restait assez vague s’agissant des formes de discrimination interdites. Il semblerait que la discrimination à l’encontre des jeunes filles victimes de violences sexuelles, des enfants handicapés ou encore des enfants séropositifs soit encore très prévalente au Guatemala, a-t-il indiqué. L’expert a demandé ce qui était fait pour protéger les enfants LGBTI contre les thérapies de conversion.

M. Van Keirsbilck a ensuite demandé comment l’intérêt supérieur de l’enfant était défendu dans le système de protection de l’enfance, y compris dans le contexte de l’adoption.

L’expert a par ailleurs demandé si les personnes responsables de l’incendie qui a coûté la vie à de nombreux enfants dans le foyer Hogar Seguro Virgen de la Asunción avaient été sanctionnées. La scène de cette tragédie abrite toujours une soixantaine d’enfants, a relevé l’expert, qui s’est interrogé sur les conditions dans lesquelles ces enfants vivaient.

D’autres questions de l’expert ont porté sur les stratégies du Gouvernement relatives aux droits de l’homme des peuples autochtones et sur les résultats du plan de désinstitutionnalisation mené par l’État. M. Van Keirsbilck a également voulu savoir si, au Guatemala, les enfants étaient titulaires de droits indépendamment de leurs parents.

M. Van Keirsbilck a ensuite fait part de préoccupations concernant des écarts de qualité entre l’éducation dispensée aux enfants défavorisés et celle dispensée aux enfants plus nantis. Il a demandé si les élèves recevaient un enseignement portant sur leurs droits.

M. RINCHEN CHOPHEL, également membre du groupe de travail chargé par le Comité d’examiner le rapport du Guatemala, a quant à lui demandé si la stratégie guatémaltèque d’enregistrement des naissances tenait compte du fait que, dans les campagnes, la majorité des accouchements avaient lieu à la maison. Il a jugé positif le projet pilote de service itinérant d’enregistrement des naissances qui a été initié et a demandé s’il était prévu de le généraliser.

M. Chophel a par ailleurs prié la délégation de préciser la position du Gouvernement actuel s’agissant de la criminalisation de l’avortement et de l’interdiction du mariage entre personnes de même sexe.

La violence domestique ne faiblit pas au Guatemala, a poursuivi l’expert, qui a relevé que les châtiments corporels étaient couramment utilisés. M. Chophel a d’autre part jugé très inquiétante la progression des gangs criminels au Guatemala : il a demandé si l’État appliquait des stratégies pour retirer les jeunes de ces bandes et les aider à se réinsérer dans la société. M. Chophel s’est en outre interrogé sur la manière dont les enfants étaient protégés contre la violence et contre la discrimination en ligne.

M. Chophel a également demandé si les familles des victimes du foyer Hogar Seguro Virgen de la Asunción avaient reçu des réparations.

L’expert a par la suite relevé que le Guatemala comptait parmi les dix pays les plus exposés aux événements météorologiques extrêmes. Aussi, a-t-il voulu savoir dans quelle mesure les enfants étaient intégrés à l’élaboration des mesures pour remédier aux effets des changements climatiques.

MME RATOU ZARA, membre du groupe de travail chargé par le Comité d’examiner le rapport du Guatemala, a demandé des informations relatives aux résultats obtenus par la stratégie d’inclusion des enfants handicapés.

Mme Zara a ensuite prié la délégation de décrire les mesures prises pour combattre la disparité en matière de couverture vaccinale sur l’ensemble du territoire et pour remédier aux carences nutritionnelles parmi certains enfants autochtones. L’experte a fait état d’un manque préoccupant d’accès des jeunes aux services de santé sexuelle et procréative, ainsi qu’à l’éducation sexuelle complète ; elle a voulu savoir ce qui était fait pour favoriser l’accès des jeunes filles à des services d’avortement sûrs. Une autre question a porté sur la prévention du VIH/sida de la mère à l’enfant.

Mme Zara a d’autre part prié la délégation de dire ce qui était fait pour protéger les enfants contre la pauvreté. Le rapport ne mentionne aucune mesure prise pour donner effet à la politique nationale d’accès à l’eau potable et à l’assainissement, a-t-elle relevé. Elle a par ailleurs demandé quels obstacles empêchaient les enfants d’accéder à la sécurité sociale.

Une autre experte du Comité a relevé qu’un enfant sur deux au Guatemala était victime de malnutrition.

Un expert a regretté que, sept ans après l’incendie du foyer Virgen de la Asunción, justice n’ait toujours pas été rendue pour les enfants qui en ont été victimes.

La délégation a en outre été priée de préciser ce qui est fait pour offrir des réparations aux enfants autochtones victimes de violations de leurs droits – en particulier dans le contexte de l’exploitation minière des terres autochtones – ou d’inégalités dans l’accès aux services publics.

Une experte s’est étonnée qu’il existe des services de santé post-avortement au Guatemala, alors même que l’interruption volontaire de grossesse n’est pas autorisée dans le pays. Des lacunes dans l’éducation sexuelle complète ont en outre été déplorées.

Réponses de la délégation

La délégation a d’abord précisé que le Guatemala venait d’élire un nouveau Parlement et de se doter d’un nouveau pouvoir exécutif, dont la priorité sera de faire respecter les droits de l’homme alors que, a ajouté la délégation, les précédents gouvernements avaient fait reculer ces mêmes droits, en particulier s’agissant des enfants et des adolescents. La délégation a cité à cet égard l’ancienne loi qui venait aggraver les sanctions en cas d’avortement, loi qui a maintenant été abrogée.

Le Parlement examine actuellement un projet de loi visant à créer un système de protection de l’enfance digne de ce nom, a ajouté la délégation, et le Gouvernement a l’ intention de légiférer en vue d’accorder des réparations aux enfants victimes de violations de leurs droits.

Le Gouvernement entend, de plus, que les jeunes filles bénéficient de politiques de protection efficaces. Les autorités ont pour priorité de s’attaquer au harcèlement sexuel ainsi qu’aux délits visant explicitement les jeunes filles sur Internet, a précisé la délégation.

C’est sur cette base, fondée sur les droits de l’homme, que le Gouvernement s’efforcera de faire respecter les droits de l’enfant, a déclaré la délégation. Ce faisant, Le Gouvernement oriente toute son action en fonction du respect de l’intérêt supérieur de l’enfant et dans l’optique d’une utilisation optimale des ressources, conformément à l’Observation générale n°19 du Comité sur l’élaboration des budgets publics aux fins de la réalisation des droits de l’enfant, a souligné la délégation.

Les projets de réforme de la Constitution menés à ce jour n’ont pas porté sur la définition de la discrimination, la priorité ayant été donnée, dans le contexte actuel, à la justice transitionnelle, a-t-il d’autre part été souligné. Le Gouvernement est cependant conscient de la nécessité de combattre la discrimination et les stéréotypes parmi ses fonctionnaires, a ajouté la délégation.

Concernant l’incendie au foyer Hogar Seguro Virgen de la Asunción , la délégation a indiqué que l’instruction pénale était à son terme, en attente du verdict du juge. Les autorités s’appliquent maintenant à éviter que de telles tragédies ne se reproduisent et s’efforceront d’éviter autant que possible le placement d’enfants en institution, des instructions claires ayant été diffusées à cet effet.

Ce foyer était l’exemple d’une institution géante, surpeuplée, où les enfants étaient placés pêle-mêle, il était le symbole de l’échec de l’État à assumer sa responsabilité de protection, a poursuivi la délégation. Aujourd’hui, le foyer a été subdivisé en quatorze unités répondant chacune aux besoins particuliers de jeunes victimes de violence, d’addiction ou encore du contact avec les gangs. Des programmes d’enseignement y sont dispensés, de même que des services de santé.

Les services de l’État, dans le sillage de ce drame, ont lancé un plan de désinstitutionnalisation et sont à la recherche d’autres solutions en matière de protection de remplacement, afin que les familles n’aient plus besoin d’envoyer leurs enfants dans des institutions, a indiqué la délégation.

Plusieurs stratégies de protection des enfants s’appliquent pour la période 2020­-2025, a souligné la délégation. Le Ministère de la justice a donné des instructions pour que l’ intérêt supérieur de l’enfant soit pris en compte dans toutes les décisions des tribunaux. Le ministère public a adopté, en 2021, un manuel sur la prise en compte de l’intérêt supérieur de l’enfant dans le contexte de la mobilité humaine.

La délégation a ensuite décrit les mesures prises pour éviter que les jeunes ne rejoignent des bandes criminelles (maras) mesures qui visent en particulier à éviter le recrutement [dans ces bandes] des jeunes ayant quitté l’école. Le dispositif repose notamment sur la participation communautaire, l’autonomisation des jeunes concernés et la coopération avec la police. Un autre volet concerne la prévention de la toxicomanie.

De plus en plus de juges sont formés à l’interaction avec les enfants en conflit avec la loi, a souligné la délégation, qui a également mentionné l’existence, à tous les niveaux de juridiction, de tribunaux spécialisés dans la justice pour mineurs.

D’autre part, le Gouvernement a lancé une grande campagne de sensibilisation à l’utilisation de moyens de contraception, à l’intention de toutes les personnes âgées de 14 ans et plus, a indiqué la délégation. Il s’est en outre doté d’un protocole pour orienter les jeunes filles enceintes vers les autorités compétentes, et il s’efforce de former le corps enseignant sur cette question, a-t-elle ajouté. Les autorités misent essentiellement sur l’éducation sexuelle pour éviter que les jeunes filles ne tombent enceintes. Les écoliers autochtones sont inclus dans toutes les initiatives prises par les autorités, a-t-il été précisé.

Le Ministère de la santé gère l’ enregistrement des naissances pratiquées par des praticiennes traditionnelles, a en outre indiqué la délégation en réponse à la question d’un expert.

Les budgets consacrés à l’enfance ne sont pas épargnés par le problème de la corruption, a d’autre part admis la délégation.

La délégation a ensuite indiqué que le Parlement avait adopté des lois destinées à aggraver les sanctions contre les auteurs de violences sexuelles et à mieux protéger les jeunes filles contre les violences sexuelles en ligne.

La délégation a précisé que les tribunaux pouvaient ordonner des mesures d’éloignement des auteurs de violence au sein de la famille.

Le Ministère de la justice veille aussi à faire respecter les droits de l’enfant en matière de travail, a ajouté la délégation.

S’agissant des questions d’éducation, la délégation a notamment souligné que les autorités s’emploient à former le corps enseignant aux besoins des jeunes handicapés, dans l’optique d’une politique d’éducation inclusive. Des commissions ont été créées pour évaluer, dans chaque école, les aménagements à apporter pour faciliter l’accès des enfants handicapés, a-t-elle fait valoir. La délégation a fait état de préjugés tenaces, au sein de la population, contre les personnes handicapées.

Ont aussi été présentées des mesures d’éducation interculturelle, y compris l’éducation bilingue, adoptées en faveur des enfants autochtones, ainsi que des initiatives destinées à favoriser l’accès à Internet dans le système scolaire.

Près de 1500 centres sont spécialisés dans la prise en charge des très jeunes enfants, a aussi fait savoir la délégation.

Relativement aux questions soulevées s’agissant de la santé , la délégation a fait part de la volonté des autorités guatémaltèques de remédier aux inégalités existantes dans ce domaine, de même qu’au manque de personnels médicaux spécialisés dans les besoins des enfants handicapés. La délégation a mentionné l’action d’équipes chargées de veiller à la bonne nutrition des enfants handicapés, surtout ceux vivant loin des villes.

Gratuite, la vaccination des enfants peut aussi se faire par le biais d’unités et cliniques mobiles gérées par le Ministère de la santé, a d’autre part indiqué la délégation.

La délégation a mentionné le lancement d’un plan d’éradication de la faim au Guatemala et a souligné que des mesures d’aide alimentaire sont prises en faveur des enfants.

S’agissant de l’éducation sexuelle, les autorités cherchent un équilibre entre les coutumes, l’état de la science et le respect des obligations du Guatemala au titre des traités internationaux qu’il a ratifiés, a déclaré la délégation. En 2024, a-t-elle ajouté, le Gouvernement a adopté une Stratégie intégrale pour la jeunesse, dont l’un des axes est la réduction du nombre des grossesses non désirées parmi les adolescentes ; dans ce domaine, toutes les solutions seront envisagées, a indiqué la délégation.

Répondant à d’autres questions des experts, la délégation a décrit la collaboration du Gouvernement avec les organisations de la société civile actives dans la défense des droits de l’enfant, de même que le dispositif mis en place pour prendre en charge les enfants dont les parents sont en détention. Elle a ajouté que le Gouvernement appliquait différents programmes pour répondre aux besoins respectifs des jeunes en situation de mobilité à l’intérieur du Guatemala et de ceux qui traversent le pays vers d’autres destinations.

La délégation a par ailleurs regretté que le précédent gouvernement ait mis un terme à plusieurs initiatives destinées à dédommager toutes les victimes de violations des droits de l’homme pendant le conflit armé qui a secoué le pays durant trente-six ans. Le Gouvernement actuel cherche des financements pour relancer ces démarches. Il s’efforce par ailleurs de résoudre les conflits fonciers autour des terres des autochtones et des agriculteurs en général.

Remarques de conclusion

MME MARSHALL-HARRIS s’est dite préoccupée par la situation des enfants au Guatemala, mais aussi quelque peu rassurée par la volonté du nouveau Gouvernement de combler les lacunes, de même que par sa prise de conscience de l’importance de mener des réformes en profondeur.

M. SAMAYOSA SOSA a assuré le Comité de la volonté du Gouvernement actuel de s’attaquer aux problèmes de fond que rencontre son pays, tout en améliorant la protection et la prise en charge des enfants, y compris par le biais d’une plus grande collaboration avec les organes internationaux en vue de l’élaboration de plans et politiques publics de meilleure qualité. Le Directeur de la COPRADEH a enfin fait savoir qu’il avait lui-même lancé des démarches afin que son pays envisage de reconnaître la compétence du Comité pour recevoir des plaintes individuelles.

 

 

 

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