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Séance d’ouverture de la Conférence internationale de la société civile travaillant sur la question de Palestine

Compte rendu de séance
Construire des ponts avec la société civile internationale pour faire face à la Nakba en cours

 

CHEIKH NIANG, Représentant permanent du Senegal aux Nations Unies à New York et Président du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, a tout d’abord souhaité la bienvenue aux participants et aux intervenants de haut niveau à la Conférence, et a noté que cette Conférence visait à attirer l’attention des organisations de la société civile du monde entier. Les voix en faveur de la paix et de la raison sont tellement nécessaires en ces temps de polarisation douloureuse.

NADA AL-NASHIF, Haute-Commissaire adjointe des Nations Unies aux droits de l’homme et Représentante du Secrétaire général des Nations Unis, a déclaré que cet événement se déroulait dans un contexte déchirant de dévastation sans précédent. Le meurtre de travailleurs humanitaires n’est pas un incident isolé. Au 20 mars, au moins 196 humanitaires, dont des travailleurs de l’ONU, ont été tués dans les territoires palestiniens occupés depuis octobre 2023. De plus, à la suite d’attaques contre des hôpitaux et du personnel médical, les civils palestiniens meurent de maladie et de faim ou sont tués par les bombes.

La réponse militaire israélienne à Gaza aux violations palestiniennes du droit humanitaire international a été disproportionnée et il existe des preuves de crimes de guerre. Ces actions ont entraîné un bilan humain effroyable : 5 pour cent de la population, en majorité des femmes et des enfants, ont été tués. Les bombardements ont rasé des zones civiles, rendant plusieurs régions inhabitables. Les infrastructures civiles, protégées par le droit international, ont été détruites. À Gaza, personne n’est à l’abri : la punition collective infligée à la population par Israël est aveugle et contraire au droit international.

Toutes les violations du droit international humanitaire doivent faire l’objet d’enquêtes approfondies et tout crime doit être puni. Aujourd’hui, alors que plus de 32 000 personnes ont été tuées, d’autres meurent de malnutrition et de déshydratation. Cette catastrophe humanitaire aurait pu être évitée. Une attaque à grande échelle contre Rafah ne doit pas avoir lieu. Israël est tenu de fournir ou de faciliter la distribution en toute sécurité de l’aide humanitaire à la population. Les points de passage frontaliers doivent être entièrement ouverts et des mesures doivent être prises pour assurer la distribution libre et équitable de l’aide humanitaire à Gaza, ainsi que la libre circulation des travailleurs humanitaires. La résolution 27/28 de l’ONU a été accueillie favorablement à cet égard. La Haut-Commissaire a également appelé à la libération immédiate de tous les otages qui doivent être traités humainement et autorisés à recevoir la visite de la Croix-Rouge internationale.

En Cisjordanie et Jérusalem, l’accélération drastique de la colonisation israélienne et de la violence des colons et de l’État a aggravé des schémas de discrimination, d’opression et de restriction de la circulation qui existaient de longue date, entraînant le déplacement des communautés palestiniennes. Les attentats du 7 octobre ne se sont pas produits dans le vide, mais après 60 ans de souffrance. Il faut mettre fin aux hostilités et au conflit, avec un véritable effort pour garantir le droit des Palestiniens à l’égalité et à la non-discrimination. L'égalité doit être garantie de part et d'autre. Dans tous ses efforts, l'ONU compte sur les organisations de la société civile, qui ont travaillé sans relâche pour fournir une assistance humanitaire à ceux qui en ont besoin. L’espace civique, déjà en diminution en Israël, n’a cessé de se rétrécir depuis les événements du 7 octobre, limitant les possibilités d’expression des individus et de la presse. La plupart des organisations de la société civile à Gaza ont perdu leur infrastructure et leur personnel : ce fut un coup dur pour la société civile. Le financement de nombre de ces organisations a été gelé ou fait l’objet d’un réexamen par les donateurs : ce n’est pas le moment, il faut au contraire redoubler d’efforts. Gaza est maintenant devenu l’endroit le plus meurtrier au monde pour les journalistes.

L’importance de la société civile nationale et internationale et des journalistes est vitale pour la vérité, la responsabilité et la réconciliation future. Le Haut-Commissariat continuera à les soutenir et appelle tous les États membres à faire tout leur possible pour soutenir la société civile et veiller à ce que les acteurs de la société civile aient les moyens d’oeuvrer à la réalisation de tous les droits de l’homme pour tous, en Palestine et à travers le monde.

Intervenant en tant que Président du Comité, Cheikh Niang a déclaré qu’avant la fin du Ramadan, plus de 32 000 Palestiniens ont déjà été tuées et de nombreuses autres blessées, que l'assistance humanitaire, notamment l'eau, a été refusée, que la famine et la propagation des maladies se sont intensifiées et que les infrastructures civiles, notamment les hôpitaux, ont été détruites. Des millions de personnes ont été déplacées, ce qui correspond aux définitions internationales des déplacements forcés. Israël a continué à infliger la Nakba aux civils de Gaza, les forçant à quitter leurs maisons. À la guerre contre Gaza, qui a fait de nombreuses victimes, s’ajoute l’escalade des forces israéliennes et des colons en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est. Un cessez-le-feu humanitaire immédiat s'impose, un appel qui a été lancé aux quatre coins du monde. La communauté internationale doit s'efforcer de protéger les vies de ceux qui sont menacés par les attaques incessantes d'Israël. M. Niang s'est félicité de l'adoption de la récente résolution du Conseil de sécurité des Nations unies appelant à la levée de tous les obstacles à l'aide humanitaire et à l'instauration d'un cessez-le-feu immédiat.

Les Palestiniens continuent d’endurer des décennies de violation de leurs droits humains inaliénables. Une solution durable et juste doit être trouvée : la solution à deux États fondée sur les frontières de 1967 est la seule solution viable. Une paix juste et durable doit être trouvée entre Israël et la Palestine. Le Comité, créé en 1975, a encouragé des discussions constructives sur les différents aspects de la question et a mobilisé le soutien de la communauté internationale. Les États membres ont le devoir collectif de mettre un terme aux souffrances et de respecter les obligations qui leur incombent en vertu du droit international et du droit international humanitaire. La société civile est le meilleur partenaire pour fournir des informations sur les réalités du terrain. Les efforts doivent être mis en synergie pour mettre fin à la guerre et résoudre le conflit en cours.

IBRAHIM KHRAISHI, Observateur permanent de l’État de Palestine auprès des Nations Unies à Genève, a déclaré qu’il y avait aujourd’hui une grande tâche à accomplir en matière de responsabilité. Le monde assiste à un génocide. Il y a eu des génocides dans le passé, mais ils n'ont pas été regardés en direct. La Nakba de 1948 a pu être vue dans des documentaires, tout comme d'autres massacres. Ce qui se passe aujourd'hui n'est donc pas nouveau, et cela a été mentionné dans le rapport du Rapporteur spécial. Cependant, les Palestiniens d’aujourd'hui en Palestine sont les victimes des victimes des autres. Les Palestiniens ne croient pas aux otages, y compris ceux qui ont été pris le 7 octobre, et estiment que les personnes détenues doivent être libérées, tout comme celles qui sont placées en détention administrative en Israël. Des disparitions ont eu lieu à Gaza, au mépris du droit international. La résolution des Nations unies a été adoptée en vertu de l'article 25 de la Charte, qui stipule que tous les pays doivent travailler à sa mise en œuvre. La Palestine souhaite que le droit international soit appliqué. Des mesures pratiques et pacifiques doivent être prises pour mettre en œuvre la résolution du Conseil de sécurité et respecter la décision de la CIJ du 26 janvier, qui a déclaré qu'il était plausible qu'un crime de génocide ait lieu en Palestine et que la puissance occupante devait mettre en œuvre des mesures pour remédier à la situation.

Certains demandaient à Israël de respecter le droit international, ce qui était honteux. La vie israélienne ne valait pas plus que la vie palestinienne : la vie d’un enfant israélien n’était pas plus importante que celle d’un enfant palestinien. Toutes les vies doivent être protégées. La mort des travailleurs humanitaires le 2 avril a-t-elle été condamnée par un président d’un pays ? Il y avait un vrai problème : les choses ne pouvaient pas continuer comme elles étaient, il fallait rendre des comptes. Tous doivent œuvrer à la préservation du droit international, et c’est là que la société civile a joué un rôle important : se parler dans le monde entier. Le droit international doit régir le monde entier, sinon c’est la loi de la jungle. Cela doit atteindre toutes les capitales du monde. Le président des États-Unis doit condamner les meurtres de travailleurs humanitaires, et pas seulement exprimer son indignation. Il doit également mettre fin aux exportations d’armes. Le Ramadan se terminerait dans quelques jours, et rien n’avait été mis en œuvre. Le monde doit se réveiller et essayer de restaurer ce qui pourrait l’être. Il y aura de nombreuses discussions à ce sujet au cours des deux prochains jours de la Conférence.

SÉANCE PLÉNIÈRE I

« La guerre contre Gaza : plaidoyer pour un cessez-le-feu humanitaire et une assistance au peuple palestinien »

AYED ABU EQTEISH, Directeur du programme de responsabilisation de Defense for Children International Palestine, a déclaré que la réalité vécue par les enfants de Gaza était qu’ils vivaient dans la peur et le besoin, en raison des pratiques israéliennes de violation de toutes les normes du droit humanitaire et international. Le conflit a commencé des années avant le 7 octobre 2023 et, pendant cette période, les Palestiniens sous occupation ont subi des violations systématiques des droits de l’homme, exacerbées par le régime d’apartheid, et les enfants ont souvent payé le prix le plus élevé, tout en souffrant également du crime humanitaire crée par Israël dans la cadre de son blocus sur la bande de Gaza, qui dure depuis près de 17 ans. Ce blocus a largement coupé ses habitants du reste du monde, sans liberté de mouvement, ce qui a entraîné le déni des droits de l’homme un déni des droits humains fondamentaux, notamment le droit à la santé, à l'éducation, à une alimentation adéquate et à l'eau, ainsi qu’à une vie de famille. Israël a mené plusieurs offensives militaires majeures à Gaza depuis 2013, avec de graves conséquences pour les enfants.

En tant que puissance occupante, Israël a bénéficié de l’impunité pour ses violations, lorsque les Palestiniens se sont soulevés, ils ont fait l'objet de discriminations. Le soutien de nombreux gouvernements du monde entier à Israël a permis à ces violations de se poursuivre. De nombreux enfants sont morts à cause des bombardements et continuent de mourir à cause du manque de nourriture et d’eau potable. L’armée israélienne a pris pour cible des personnes qui attendaient la livraison de nourriture humanitaire, entraînant la mort de nombreuses personnes. Des centaines d'enfants ont été arrêtés par les forces israéliennes, avec des cas avérés de mauvais traitements et de torture. Les enfants désormais devenus des réfugiés à Gaza n'ont nulle part où aller : le seul moyen de mettre fin au génocide est d'instaurer un cessez-le-feu permanent. Les enfants de Cisjordanie souffrent de la violation de leurs droits, y compris ceux consacrés par la Convention internationale relative aux droits de l'enfant.

Les enfants ont subi des menaces de violences physiques et psychologiques lors de leur arrestation par les autorités israéliennes, ce qui s’apparente souvent à de la torture. Des enfants ont été placés en isolement. Plus d’un tiers des enfants palestiniens ont fait l’objet d’un ordre de détention administrative, c’est-à-dire d’une détention sans procès, ni procédure régulière. Depuis le 7 octobre, Israël a limité les visites des avocats aux prisonniers israéliens et a suspendu les visites des familles, coupant totalement les prisonniers palestiniens du monde. Aucune information n’est fournie sur le lieu de détention des enfants palestiniens, ni même sur leur état de santé. L’incapacité de la communauté internationale à tenir Israël pour responsables de ses crimes a donné le feu vert à la perpétration d’autres crimes. En tant qu'êtres humains, Gaza doit être la référence morale.

RAJI SOURANI, Directeur du Centre palestinien pour les droits de l'homme, a déclaré qu'au cours de ces délibérations, de nombreuses personnes à Gaza ont été confrontées à la mort, au déplacement, à la famine et à la destruction. Chaque minute compte, a dit M. Roujani, même si cela fait déjà six mois que cette guerre criminelle a commencé contre Gaza, et les civils et les cibles civiles sont dans l’oeil du cyclone, avec un génocide ininterrompu. C'est ce qui est apparu clairement lorsqu'Israël a commencé ses bombardements, alors que 80 pour cent de la bande de Gaza était déjà détruite et que 34 000 personnes avaient été tuées, dont 14 000 enfants et 12 000 femmes. La plupart de ces personnes étaient des civils. Suite aux bombardements et aux destructions, des centaines de milliers de personnes ont été déplacées du nord vers le sud, et près de 1,6 million de personnes se sont retrouvées coincées dans une même zone.

Une nouvelle Nakba était en cours dans le processus israélien. La Palestine n'avait jamais connu de famine dans son histoire : il s'agissait d'une famine provoquée par l'homme, et même le pain n'était pas disponible. Cette situation est unique et sans précédent. Israël ne doit pas prendre les civils pour cible. La Cour internationale de justice a été saisie, après avoir accepté l'affaire portée devant elle par l'Afrique du Sud. L'Occident, complice, a participé au crime de génocide en fournissant une couverture juridique, de l'argent et des armes qui ont tué des civils. La moralité et l'État de droit dans la défense des civils, dans la mise en pratique des principes, faisaient défaut.

Tout le monde devrait se rappeler que le droit international, le droit international humanitaire, les conventions de Genève, les statuts de Rome, sont là pour protéger les civils. Le processus de génocide est en cours et Israël doit l'arrêter. Les États ont l'obligation légale d'agir contre ce génocide, mais ni Israël ni personne au sein de la communauté internationale n'a agi pour empêcher Israël de continuer. Rien n'est fait pour empêcher la famine : c'est une situation sans précédent, le règne de la jungle, au-delà de toute limite. Sur le terrain, le conflit est observé et documenté, ce qui n'avait jamais été vu ni conçu auparavant. Le procureur de la cour pénale internationale, qui était censé garantir l'obligation de rendre des comptes au cours de l'enquête, n'a pas bougé d'un millimètre jusqu'à ce moment précis, n'agissant pas conformément à son mandat dans le cadre du génocide le plus documenté de l'histoire. Peut-être que s'il avait agi avant ou pendant ce conflit, cela aurait influencé les autorités israéliennes.

Les Palestiniens ne peuvent oublier ou pardonner le sang, la douleur et la souffrance des femmes et des enfants, la famine qu'ils subissent et les destructions massives, et ils demanderont un jour des comptes aux criminels. La Palestine conservera son optimisme stratégique, elle est sûre d'être du bon côté de l'histoire et de vaincre un jour. Tous les États qui ont soutenu le génocide, qui ont fait l'aumône du génocide, qui ont été complices de ce crime en direct devant le monde entier devraient avoir honte.

SAHAR FRANCIS, Directrice d’Addameer - Association pour le soutien aux prisonniers et les droits de l'homme, a déclaré que la question la plus importante était le droit du peuple palestinien à l'autodétermination. Israël viole systématiquement le droit international à tous les niveaux, d’une manière grave qui menaçait l’ordre international moralement, politiquement et juridiquement, sans avoir à rendre de comptes. Ces crimes concernant les détenus et les prisonniers palestiniens n'ont pas commencé le 7 octobre, ni en 1967, mais dès la création de l’entité coloniale injuste, en 1948. L'utilisation de la loi à des fins d'oppression et d'hégémonie a toujours fait partie intégrante du système depuis 1948. Il s'agissait d'une politique continue, avec une utilisation accrue dans le système des règles militaires dans les zones occupées.

Des milliers de personnes étaient détenues en Cisjordanie et à Gaza, sans que l'on sache où elles ne se trouvaient ni quelles étaient leurs conditions de détention. Il y avait 9 314 détenus dans les prisons israéliennes, y compris des détenus administratifs, détenus sans preuve, sans accusation et sans procès. Il y a eu une escalade des violations associées à la détention : torture, traitement inhumain, traitement barbare des femmes, des enfants et des personnes âgées. Aux violations physiques directes s'ajoutent les abus sexuels, verbaux ou physiques, les fouilles à nu, les abus et le harcèlement des femmes, des enfants et des hommes en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Les conditions de détention sont devenues extrêmement dures. La négligence médicale a entraîné la mort de nombreux détenus. Il y a eu des cas de famine préméditée de prisonniers. Il y a également eu des cas de détention administrative visant des travailleurs de la société civile. Ce système militaire, imposé aux Palestiniens de Cisjordanie depuis des décennies, ne respecte pas les normes internationales en matière de procès équitable. Les personnes arbitrairement détenues doivent être immédiatement libérées.

Ce qu'il faut, c'est un cessez-le-feu immédiat, mais cela ne suffit pas. Il faut imposer directement des sanctions économiques, sociales et culturelles à l'État occupant, pour le contraindre à respecter le droit du peuple palestinien à l'autodétermination, à libérer immédiatement tous les prisonniers politiques et à ne pas répéter de tels crimes. Un cessez-le-feu à Gaza signifierait seulement que l'occupation aurait les mains libres pour poursuivre ses crimes et ses crimes contre l'humanité dans le reste des territoires palestiniens occupés.

ISSAM YOUNIS, Directeur du Centre Al Mezan pour les droits de l'homme, a déclaré que la mort régnait dans toute la région et que chaque habitant de Gaza pouvait être tué ou blessé. Depuis le début de la réunion à 10 heures ce matin, 24 personnes ont été tuées ou blessées à Gaza, dont 75 % de femmes et d'enfants. Le temps à Gaza se compte en gouttes d'eau, en pilules de médicaments pour les enfants. La solidarité n'est plus de mise : c'est une action à la mesure de ce qui se passe. Il s'agit de la mère de tous les crimes : le génocide. Ce que les différents hauts responsables militaires israéliens avaient dit, c'est que les habitants de Gaza étaient des animaux humains, qu'ils n'avaient pas d'eau, pas de carburant, pas de nourriture. Les Palestiniens ont été déplacés de force vers ce que l'on a appelé des "zones de sécurité", qui ont été bombardées. Au moins 60 pour cent des personnes tuées ou blessées ont été bombardées alors qu'elles croyaient naïvement que le drapeau bleu des Nations unies les protégerait.

Ce que diverses personnalités militaires israéliennes de haut niveau avaient déclaré, c'est qu'à Gaza, les gens étaient des animaux humains et n'auraient ni eau, ni carburant, ni nourriture. Les Palestiniens ont été déplacés de force vers ce qu’on appelle des « zones sûres » et celles-ci ont été bombardées. Au moins 60 % des personnes tuées et blessées ont été bombardées en croyant naïvement que le drapeau bleu des Nations Unies les protégerait.

Essayer de fournir le minimum nécessaire pour rester en vie, uniquement de l'eau et de la nourriture, était le but recherché par les familles palestiniennes, et c'était une tâche énorme. Il n'y a pas de demi-justice, il n'y a pas de quart ou de demi-humanité. Soit il y a la justice, soit il y a un génocide diabolique. Ce qui se passe dans le territoire palestinien occupé a été documenté à maintes reprises à tous les niveaux. Le 7 octobre 2023 n'est pas la date à laquelle l'histoire a commencé. Il y avait un apartheid depuis 1948, une occupation prolongée depuis 1967 : c'était illégal et ce n'était pas une situation temporaire. L'occupation a perpétré tous les crimes : colonisation, destruction, meurtre, vol des ressources, contrôle total de la circulation des personnes et des biens à Gaza depuis 2007. Il s'agit d'une politique de sous-développement, d'un siège de tout un peuple, qui le prive des produits de première nécessité à Gaza.

Le monde a ignoré la situation, si bien qu'aujourd'hui, il n'y a pas seulement une menace pour la paix et la sécurité internationales, mais un démantèlement potentiel du droit international. Il faut avant tout que les responsables rendent des comptes, sinon le pire est à venir. L'impunité et l'absence de sanctions ne peuvent que conduire à de nouvelles catastrophes, non seulement pour les Palestiniens, mais aussi pour le monde entier. Israël a continué à perpétrer ses crimes tandis que l'ensemble de la communauté internationale restait silencieuse. Toute entité ayant violé le Statut de Rome est susceptible d'être poursuivie. La justice n'est pas une question de vengeance : c'est un droit moral et juridique. Le monde compte le temps à travers le décompte des enfants tués : il doit rendre des comptes. La famine est utilisée comme une arme et le monde ne bouge pas. C'est l'heure de vérité, et l'ampleur et la gravité des crimes perpétrés doivent être évaluées : ils menacent la paix et la sécurité internationales dans le monde entier, et peut-être que le pire est à venir.

Les panélistes ont ensuite répondu aux questions et problèmes soulevés, tout en formulant leurs remarques finales.

AYED ABU EQTAISH, Directeur du programme de responsabilisation de Defense Children International Palestine, a déclaré que le cœur de la question des sanctions est que ces mesures ont été utilisées dans le passé, qu'elles soient économiques, diplomatiques ou autres, y compris des sanctions militaires contre les États qui ont violé le droit international ou le droit humanitaire international. Le manque de volonté politique est le problème de cette situation, et ce pour diverses raisons antérieures au 7 octobre 2023. Nombreux sont ceux qui ont souligné l'importance de punir les autorités israéliennes, qui continuent pourtant de jouir de l'impunité. Bien que la communauté internationale ait élaboré des normes et des standards pour protéger les droits de l'homme au cours des 70 dernières années, l'écart entre ces normes et standards et leur application reste important, principalement en raison de l'intérêt politique à maintenir la relation avec l'occupant israélien. Si une action internationale avait été entreprise plus tôt, ce génocide n'aurait peut-être pas eu lieu.

SAHAR FRANCIS, Directrice d’Addameer- Association pour le soutien aux prisonniers et les droits de l'homme, a déclaré qu'il était temps de revoir l'ensemble du système : le système des Nations unies, le rôle de l'Assemblée générale et du Conseil de sécurité. Il s'agit d'un véritable test, d'un test décisif pour le système de justice internationale et pour savoir s'il peut être mis en œuvre sur un pied d'égalité pour tous, non seulement dans cette situation, mais dans le monde entier. Le Conseil de sécurité peut être détourné par les intérêts d'un État, ce qui s'est déjà produit, et devrait conduire à revoir l'utilisation et la performance du Conseil de sécurité. C'est toute la différence entre une vie basée sur un système international respectable qui répond aux besoins de tous sur un pied d'égalité et la loi de la jungle. L'Assemblée générale doit agir et mettre en œuvre les traités existants, et intervenir là où le Conseil de sécurité a échoué. Le système d'apartheid doit être brisé.

RAJI SOURANI, Directeur du Centre palestinien pour les droits de l'homme, a déclaré que lorsque la Russie a envahi et occupé l'Ukraine, l'Occident tout entier a été ébranlé et a revendiqué le droit à l'autodétermination du peuple ukrainien et à résister à l'occupation par tous les moyens, y compris la lutte armée, en soutenant l'Ukraine pour qu'elle obtienne ses libertés. L'Ukraine a été soutenue politiquement, juridiquement, financièrement et par des armes de toutes sortes. Sept vagues de sanctions sans précédent visant à paralyser l'ensemble du système économique et politique russe ont eu lieu. La Palestine a connu le conflit le plus documenté de l'histoire : une invasion et une occupation belligérante. On avait cru que la situation en Ukraine ferait prendre conscience au monde de la situation en Palestine. La législation sur le génocide ne tient compte ni de la couleur ni de la religion, elle est une obligation pour tous les États et ne peut être appliquée de manière sélective et discriminatoire. Il ne peut y avoir deux poids, deux mesures. Les Palestiniens ont droit à l'autodétermination, qui est la meilleure invention américaine dont l'humanité ait été gratifiée. Les Palestiniens atteindront et pratiqueront un jour l'autodétermination avec le soutien d'autres pays, et un jour, ils vaincront.

ISSAM YOUNIS, Directeur du Centre Al Mezan pour les droits de l'homme, a déclaré qu'il y avait deux raisons pour lesquelles le droit international et les sanctions n'étaient pas appliqués. Ce qu'il faut, c'est de la volonté politique : les États peuvent, individuellement ou de manière multilatérale, assurer la paix et la sécurité internationales. Le droit international est bafoué par manque de volonté politique, et Israël commet des crimes tels que le génocide, en étant récompensé, en obtenant des privilèges dans différents domaines, dont le commerce des armes. L'État qui fournit les armes est complice du génocide. Ceux qui soutiennent Israël en tant que puissance occupante devraient s'interroger sur leur propre position à l'égard des populations autochtones. Ceux qui critiquent Israël sont accusés d'antisémitisme et s'abstiennent donc, pour ne pas nuire à leur carrière politique ou diplomatique. C'est un moment de vérité. Il y a de graves violations des droits de l'homme et la communauté internationale doit mettre fin aux privilèges dont jouit Israël. Le monde est aux portes d'une véritable catastrophe qui pourrait menacer la paix et la sécurité internationales.

CHEIKH NIANG, Président de la Conférence, a conclu la séance plénière en déclarant que la société civile était essentielle pour éveiller la responsabilité et la conscience du public, car les États pourraient alors être tenus responsables par le public. L'Assemblée générale est constituée d'une combinaison de nombreux pays, y compris ceux qui ne s'engagent pas à mettre fin à la situation. C'est pourquoi une campagne internationale est nécessaire, et certains pays s'efforcent d'être plus sensibles à la situation de la Palestine. Il s'agit d'une cause morale et sacrée, et chacun doit veiller à ce que sa foi reste inébranlable, car c'est ce que veulent les ennemis de la paix.

 

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