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CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT : PLUSIEURS DÉLÉGATIONS PRENNENT LA PAROLE AU SUJET DE LA SITUATION EN UKRAINE

Compte rendu de séance

 

La Conférence du désarmement a entendu, aujourd'hui, plusieurs délégations qui sont toutes intervenues principalement sur la situation en Ukraine résultant de l'opération militaire de la Fédération de Russie contre ce pays.

Des déclarations ont été faites par les délégations suivantes : Royaume-Uni, Chili, États-Unis, Suède, Union européenne, Espagne, Allemagne, Italie, Ukraine, Équateur, France, Pays-Bas, Canada, Australie, Suisse, Estonie, Pologne, Belgique, Chypre, Lettonie, Finlande, Roumanie, Nouvelle-Zélande, Slovénie, République de Corée, Japon, Monténégro, Bulgarie, Slovaquie, Norvège, Turquie, Chine , Israël, Bélarus, Lituanie, Iran.

La plupart des délégations ont dénoncé l'attaque militaire en cours de la Fédération de Russie contre l'Ukraine qui se déroule depuis le 24 février, ainsi que la participation du Bélarus à ces opérations. Les déclarations de la Fédération de Russie sur la décision de placer en état d'alerte sa force de dissuasion nucléaire a également été dénoncée. Plusieurs intervenants ont appelé à la protection des populations civiles et des infrastructures de l'Ukraine, certains dénonçant notamment l'utilisation d'armes à sous-munitions par l'armée russe.

Des échanges ont par ailleurs eu lieu sur une question de procédure, la Fédération de Russie, appuyée par d'autres délégations, estimant que la tenue de la séance n'était pas conforme au règlement intérieur de la Conférence du désarmement, arguant en particulier que la séance avait été convoquée sans mentionner un point de l'ordre du jour et sans procéder à des consultations avec tous les membres de la Conférence. D'autres délégations ont exprimé leur désaccord avec cette position. Se basant sur la pratique de la Conférence, et à l'appui d'exemples de séances publiques de la Conférence qui se sont tenues par le passé sans invoquer de points spécifiques de l'ordre du jour, la Présidente a donné la parole aux délégations inscrites sur la liste des orateurs. Dans ces circonstances, la délégation russe a indiqué qu'elle quittait la salle.

 

La Présidente a annoncé que la prochaine séance plénière publique aurait lieu le mardi 8 mars, à l'occasion de la Journée internationale des femmes, et porterait sur la question de l'importance d'inclure la perspective des femmes dans les questions à l'ordre du jour de la Conférence du désarmement.

 

Déclarations

Le Royaume-Uni a déclaré que, lorsqu'un membre de la Conférence envahit un autre de ses membres, on ne peut garder le silence. Il a dénoncé l'invasion russe de l'Ukraine et les souffrances que les troupes russes infligent aux civils ukrainiens. Il a évoqué la possibilité de juger la Russie pour crimes de guerre. Il est essentiel que la Russie cesse son agression et évite l'escalade. Le comportement de la Russie intervient au mépris de ses engagements en vertu du Mémorandum de Budapest, qui accordent à l'Ukraine des garanties sur son intégrité territoriale et sa sécurité. Le Royaume-Uni condamne la campagne de désinformation menée par la Russie, notamment l'allégation ridicule sur les armes nucléaires répétée ici même par son ministre des affaires étrangères : il est honteux que le Gouvernement russe justifie maintenant son invasion préméditée sous prétexte que l'Ukraine détient l'arme nucléaire et des armes chimiques. Il est impossible de dissocier le travail sur le désarmement du contexte actuel, a insisté le représentant britannique, espérant que la dixième conférence du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et la neuvième conférence sur les armes biologiques puissent se tenir. Le Royaume-Uni reste engagé en faveur du désarmement et de la réduction des risques, conformément au préambule du TNP. Il a appelé les puissances nucléaires à réduire tout risque de mauvais calcul et interprétation. S'agissant des travaux de la Conférence du désarmement, le Royaume-Uni juge prioritaire les négociations sur le traité d'interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires ou autres dispositifs explosifs nucléaires et sur la course aux armements dans l'espace extra-atmosphérique. Il a conclu en déclarant que « le monde est avec les Ukrainiens».

Le Chili a dit sa vive préoccupation face à l'agression armée de la Fédération de Russie et la violation de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de l'Ukraine. Le Chili condamne catégoriquement le recours à la force dans les relations internationales et appelle au dialogue pour trouver une solution pacifique au conflit . La situation appelle, de la part de la Conférence du désarmement, à reprendre ses travaux le plus rapidement possible en cherchant à concrétiser le désarmement nucléaire afin d'éviter les menaces qui pèsent sur l'humanité. Le Chili est particulièrement préoccupé par l'annonce faite par le Gouvernement de la Fédération de Russie qu'il relevait les niveaux d'alerte de ses systèmes nucléaires. Il s'agit là de questions que la Conférence du désarmement doit justement aborder en vue d'instruments internationaux qui permettent d'éviter ou d'interdire la menace d'armes nucléaires contre des pays non dotés d'armes nucléaires. Le Chili souligne aussi la nécessité de protéger les populations civiles contre les effets dévastateurs de la guerre.

Les États-Unis ont critiqué la décision inconsidérée et déstabilisante de mener une guerre en Ukraine, question qui relève à n'en pas douter des travaux de la Conférence du désarmement. Les États-Unis condamnent cette guerre insensée qui met le Président Poutine du mauvais côté de l'histoire. Les États-Unis réaffirment leur appui sans faille à la souveraineté et à l'intégrité territoriale de l'Ukraine à l'intérieur des frontières internationales reconnues et de ses eaux territoriales. Les propos provocateurs de M. Poutine au sujet des armes nucléaires sont inconsidérés, ajoutent un risque de mauvais calculs et doivent être évités. Washington évalue actuellement les directives du Président Poutine relatives à la position nucléaire de la Russie mais ne voit aucune raison de changer les niveaux d'alerte américains. Il y a moins d'un an, les États-Unis et la Russie ont déclaré qu'une guerre nucléaire ne devait jamais être livrée, ce qui a été réaffirmé avec les partenaires membres permanents du Conseil de sécurité. Les États-Unis dénoncent les commentaires infondés et ridicules sur les ambitions nucléaires de l'Ukraine, soulignant que l'Ukraine a parfaitement coopéré avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Deux pays ont d'ores et déjà été envahis par la Russie, qui a notamment violé ses accords de désengagement. Les États-Unis condamnent par ailleurs le Bélarus pour son implication dans cette situation. Le monde nous regarde pour voir quels sont les pays qui défendent la souveraineté, la démocratie et l'intégrité territoriale. La délégation des États-Unis salue le courage des Ukrainiens de tous bords qui défendent leur patrie.

La Suède, s'exprimant au titre des points 1,2 et 4 de l'ordre du jour, a déclaré que l'agression de l'Ukraine était une violation flagrante de la Charte de l'ONU. Cette attaque est une attaque contre les fondements même de l'Europe et aura des répercussions pour le continent et au niveau mondial. Elle a aussi condamné le Bélarus qui a permis à la Russie de se servir de son territoire. Les menaces d'utilisation de la force nucléaire contrastent grandement avec la déclaration conjointe des cinq membres permanents du Conseil de sécurité, a-t-elle commenté, appelant la Russie à retirer sans conditions ses forces de la Crimée et de tout le territoire ukrainien. Un accès humanitaire complet et sans entrave doit être garanti et les civils protégés. Elle s'est dite choquée par le ciblage de civils et d'installations civiles ainsi que par l'utilisation d'engins explosifs contre les populations civiles. La Suède a incité à recourir à toutes les instances disponibles, y compris la Conférence du désarmement.

La France, au nom de l'Union européenne, a condamné l'agression non provoquée et injustifiée de l'Ukraine par la Russie qui met ainsi en péril la sécurité et la stabilité des pays européens. La Russie aura à répondre de ses actes. Il a par ailleurs appelé le Bélarus à endosser ses responsabilités au titre de ses engagements internationaux, notamment du Traité de non prolifération des armes nucléaires. La violation des garanties de sécurité prévues par le Mémorandum de Budapest par un État doté d'armes nucléaires vient remettre en question toute l'architecture de la sécurité en Europe. L'Union européenne appelle la Russie et ceux qui sont impliqués avec elle à mettre fin aux attaques inacceptables contre les civils et les infrastructures médicales, les écoles et les stations de traitement d'eau. L'Union européenne affirme sa solidarité avec la population civile d'Ukraine et condamne les actes de provocation dangereux de la Russie qui risquent de mener à une escalade, s'agissant notamment de la déclaration axée sur le nucléaire. L'utilisation de la force pour modifier des frontières est inacceptable, souligne l'Union européenne, affirmant en outre sa solidarité avec la Géorgie et la République de Moldova.

L'Espagne a salué les efforts et le courage de la présidente pour la tenue de cette plénière. Elle a fermement condamné l'agression militaire, injustifiée et illégale de la Fédération de Russie en Ukraine et réitéré son appui inconditionnel à la souveraineté, l'intégrité territoriale et l'indépendance de l'Ukraine. Elle a rappelé que 141 pays ont uni leurs voix hier à l'Assemblée générale pour condamner cette invasion. Pour l'Espagne, l'agression militaire en Ukraine constitue une violation de la Charte de San Francisco et des normes les plus élémentaires du droit international. Nous nous trouvons devant une agression intolérable d'un État contre un voisin avec lequel il aurait plutôt fallu lier des relations amicales, a déclaré l'Espagne, appelant la Russie à garantir une solution pacifique à la dramatique situation en cours. Pour l'Espagne, la prétention de Moscou d'appliquer le principe de « paix contre territoire » constitue un abus de sa position dominante que la communauté internationale ne saurait tolérer. Dans ce contexte, le désarmement s'avère d'autant plus vital. Le placement en niveau d'alerte nucléaire de l'armement russe est non seulement une violation du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires mais un recul par rapport à la déclaration du 3 janvier 2022 des cinq membres permanents du Conseil de sécurité. Elle a appuyé l'urgence qu'il y a à négocier un traité de garantie négatives de sécurité pour protéger les États non dotés d'armes nucléaires d'éventuelles menaces des puissances nucléaires. S'il est démontré que des armes à sous-munitions ont été utilisées par la Russie, même si ce pays n'est pas partie à la Convention sur l'interdiction des armes à sous-munitions, elle devra en rendre compte, a souligné l'Espagne.

L'Allemagne s'est exprimée dans les mêmes termes, ajoutant que le travail de la Conférence du désarmement sera négativement impacté par l'invasion russe de l'Ukraine, l'attaque du Président Poutine. L'Allemagne condamne aussi l'implication du Bélarus dans cette opération et a appelé au retrait complet et sans condition des troupes russes. Le vote d'hier à l'Assemblée générale démontre que la communauté internationale condamne le comportement du Président Poutine, a-t-il signalé. En violant le Mémorandum de Budapest sur les garanties de sécurité, alors que l'Ukraine s'est engagée à demeurer un État non doté de l'arme nucléaire, la Russie met en danger toute la région. En élevant le niveau d'alerte de ses forces nucléaires, la Russie a choisi un autre niveau de l'escalade. La Russie représente une menace pour la stabilité internationale et montre à quel point il suffit d'une seule mesure pour briser un accord qu'il a fallu forger pendant des années, a déploré l'Allemagne.

L'Italie a indiqué n'avoir eu de cesse, avec ses partenaires et ses alliés, d'affirmer sa position: l'agression russe est une violation de la Charte et des règles et principes humanitaires fondamentaux. Elle a en outre appelé le Bélarus à respecter ses obligations internationales. L'Italie est solidaire du peuple ukrainien. Elle s'associe à l'approche reconnaissant l'importance qu'il y a à inclure les réalités du jour dans les travaux de cet organe. Elle a aussi renvoyé à la déclaration du Secrétaire général sur les conséquences régionales et mondiales de l'agression russe, source d'immenses souffrances humaines. Elle a encouragé les cinq membres permanents du Conseil de sécurité à persévérer dans leur dialogue constructif. L'Italie déplore les pertes en vies humaines et incite à la garantie des droits fondamentaux de la population civile ukrainienne, le pays étant prêt à jouer son rôle à cet égard. Rien ne peut justifier l'utilisation aveugle contre des civils d'engins explosifs, d'armes à sous-munitions et de mines antipersonnel. L'Italie salue la déclaration du Procureur de la Cour pénale internationale, M. Karim Khan, qui entend ouvrir une enquête car il dispose de preuves raisonnables selon lesquelles des crimes de guerre et crimes contre l'humanité ont été commis en Ukraine.

L'Ukraine a rappelé qu'il y a exactement huit jours maintenant, un acte d'agression à grande échelle contre un membre de la Conférence du désarmement a été commis par un membre permanent du Conseil de sécurité. Il s'agit de l'invasion la plus horrible que le monde ait jamais connue depuis la Seconde guerre mondiale. Les attaques menées contre l'Ukraine sont des crimes de guerre et violent le Statut de Rome. La Russie a en outre violé le Mémorandum de Budapest garantissant l'intégrité territoriale et la sécurité de l'Ukraine, et applique un scénario diabolique en brandissant également la menace nucléaire. S'agissant de la menace nucléaire, toutes les centrales nucléaires ukrainiennes, y compris la centrale de Tchernobyl, ont été occupées, le 24 février, par les troupes russes. C'est ainsi que le personnel de Tchernobyl doit désormais garantir la sécurité et l'entretien sous la contrainte. Elle a dénoncé l'augmentation des niveaux de rayons gamma du fait notamment du déplacement des véhicules russes. Les centrales nucléaires civiles sont d'ores et déjà attaquées et le système de suivi des radiations a été désactivé. Des centaines de travailleurs de la ville d'Energodar bloquaient bravement l'accès à leur centrale nucléaire, la plus grande du pays. La Russie a réduit à néant le système de sécurité international sur le

continent européen en violant les traités de désarmement et ne devrait pas avoir

de siège à la Conférence.

L'Équateur s'est dit consterné face à l'escalade dramatique de l'agression russe contre l'Ukraine. Toute agression armée sape les buts et principes de la Charte des Nations Unies, a-t-il souligné, exigeant le respect de l'intégrité et de la vie des Équatoriens se trouvant dans cette zone de conflit. Les femmes, les enfants et toutes personnes civiles doivent bénéficier d'une protection dans de telles circonstances, a-t-il dit en exhortant la Russie à mettre fin à cette tragédie.

La France a souligné qu'en ce moment même, les forces russes bombardent Kiev et assiègent les villes les plus importantes du pays. Des centaines de civils ukrainiens ont été tués. Des femmes et des enfants ont encore été tués aujourd'hui. Des centaines de milliers de réfugiés fuient vers la Moldavie, la Pologne, la Roumanie, la Hongrie, la Slovaquie. Dans cette épreuve sans précédent depuis des décennies, la France se tient aux côtés de l'Ukraine. Comme l'a dit le Président de la France, « C'est seul, de manière délibérée, reniant un à un les engagements pris devant la communauté des Nations, que le Président Poutine a choisi la guerre. Ce n'est pas un conflit entre l'Occident, l'OTAN d'une part et la Russie d'autre part. Il n'y a pas de troupes, de bases de l'OTAN en Ukraine, ce sont des mensonges. La Russie n'est pas agressée, elle est l'agresseur. Cette guerre est encore moins une lutte contre le nazisme. C'est un mensonge. Une insulte à l'histoire de la Russie et de l'Ukraine, à la mémoire de nos aînés […]». La France condamne dans les termes les plus fermes l'invasion militaire lancée par la Russie contre l'Ukraine sans aucune justification. Ce choix de la guerre constitue une violation flagrante de la Charte des Nations Unies et des principes fondateurs sur lesquels repose l'ordre international, a conclu l'ambassadeur, avant de réaffirmer le soutien constant à la souveraineté et à l'intégrité territoriale de l'Ukraine.

Les Pays-Bas condamnent l'invasion russe de l'Ukraine de la manière la plus forte qui soit. La Russie viole le principe fondamental de la coexistence humaine. Plusieurs rapports font état notamment de l'utilisation d'armes à sous-munitions. Les Pays-Bas sont prêts à appuyer les victimes de la guerre en Ukraine et félicite le peuple ukrainien pour son courage sans faille et sa résilience. Les auteurs de ces crimes contre l'Ukraine et sa population doivent comprendre qu'ils seront poursuivis et que des preuves seront réunies pour qu'ils rendent compte de leurs actes. Il a appuyé fortement l'initiative du Conseil des droits de l'homme visant à établir un mandat spécial pour la reddition de compte en Ukraine. Il a exhorté la Russie à une désescalade du conflit et à ramener le niveau d'alerte des forces nucléaires à leurs niveaux antérieurs. Dans ce contexte, le travail de la Conférence du désarmement semble plus important que jamais, a-t-il conclu.

Le Canada a déclaré que son pays figure parmi les États ayant souhaité la tenue de cette plénière. Il relève en effet du rôle des membres de la Conférence du désarmement de renforcer la paix et la sécurité internationales. L'attaque contre l'Ukraine et l'annexion de la Crimée ainsi que la reconnaissance des républiques de Donetsk et Louhansk sont des affronts au droit international, a-t-elle commenté, en requérant une saisine de la Cour pénale internationale. Les actions du Président Poutine contreviennent clairement aux garanties à l'Ukraine prévues par le Mémorandum de Budapest. Il n'est pas trop tard pour que la Russie revienne sur le chemin de la paix. Le Canada souligne par ailleurs que la Conférence du désarmement doit parvenir à de meilleurs résultats en matière de désarmement.

L'Australie a dit sa préoccupation devant le nombre croissant de dégâts causés aux infrastructures civiles en Ukraine et a appelé la Russie au retrait immédiat de ses forces. L'ordre du jour de la Conférence du désarmement inclut la question de la garantie de non-utilisation des armes nucléaires par les puissances nucléaires. Or la nouvelle posture nucléaire russe, non provoquée, constitue une menace ouverte contre un État non doté d'armes nucléaires. L'Australie est préoccupée de la participation du Bélarus dans cette agression, qui s'apprête en outre à prendre des dispositions nucléaires contraires à ses engagements internationaux. L'Australie appuie fermement la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Ukraine.

La Suisse a jugé cette réunion légitime et nécessaire car la Conférence joue un rôle central dans l'architecture globale du désarmement et de la sécurité internationale. Elle condamne avec la plus grande fermeté l'attaque militaire de la Russie contre l'Ukraine, qui constitue une violation flagrante du droit international, notamment de l'interdiction du recours à la force et du principe de l'intégrité territoriale des États. Les tentatives de la Russie pour légitimer son action ne sont pas crédibles : il n'y a eu aucune provocation permettant de justifier une telle attaque. L'attaque militaire de la Fédération de Russie contre l'Ukraine soulève des questions fondamentales pour l'architecture internationale de sécurité et de désarmement, fragilisant notamment des instruments clés en la matière. Les récents événements démontrent que la voie du désarmement doit être poursuivie car, tôt ou tard, les risques pourraient devenir incontrôlables. La Suisse est aussi gravement préoccupée par l'adoption d'une nouvelle constitution par le Bélarus renonçant à son statut d'État exempt d'armes nucléaires, et exhorté ce pays à s'abstenir de toute action qui verrait des armes nucléaires être placées sur son territoire. La Suisse met en garde de longue date contre les dangers posés par le maintien d'armes nucléaires à un haut niveau d'alerte. Comme les événements de ces derniers jours le soulignent, des avancées rapides vers des doctrines plus strictes s'appuyant sur un « non-recours en premier » de l'arme nucléaire ou une approche similaire s'imposent. La Suisse a exhorté toutes les parties à respecter le droit international humanitaire, notamment les principes de distinction, de proportionnalité et de précaution dans l'attaque, ainsi que les droits de l'homme – y compris dans le cyberespace. Elle en condamne toutes les violations. Au regard des défis posés par les événements actuels, il sera essentiel d'affermir à terme l'architecture multilatérale de sécurité et de désarmement, de l'actualiser et de la développer plus avant là où opportun et nécessaire.

L'Estonie a aussi dénoncé l'acte d'agression de la Russie et les multiples atteintes au droit international et humanitaire, appelant à une réponse collective de la communauté internationale. Elle a en outre condamné les menaces nucléaires russes qu'elle a jugées inacceptables. L'attaque de la Russie contre l'Ukraine n'est pas qu'une attaque contre l'Ukraine, mais aussi contre la démocratie, l'État de droit et le droit de toute nation de faire ses choix souverains.

La Pologne s'est alarmée de la décision russe de placer ses forces nucléaires à un niveau d'alerte élevé et a estimé que l'agression contre l'UKraine allait à l'encontre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et d'autres conventions internationales dans le domaine du désarmement nucléaire. Elle a dénoncé l'élévation du niveau de radiation autour de la centrale nucléaire de Tchernobyl depuis sa saisie par les troupes russes. La Pologne condamne par ailleurs les empoisonnements d'opposants russes qui n'ont pas encore été éclaircis et affirme qu'il faut mettre fin aux programmes de développement de substance de type Novitchok.

La Belgique a également condamné l'invasion russe et appuyé la souveraineté, l'intégrité territoriale et l'indépendance de l'Ukraine. Elle demande à la Russie de mettre fin à son agression. Elle a remis en question les déclarations irresponsables que la Russie affirme dans sa doctrine nucléaire dont aucune condition ne s'applique à ce conflit. La Belgique a appelé le Bélarus à cesser son attaque et à respecter toutes ses obligations en vertu du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Elle a appelé la Russie à cesser les attaques contre les civils, les installations médicales et les écoles car il s'agit d'une violation manifeste du droit humanitaire. Elle souhaite que la Cour pénale internationale mène une enquête sur les crimes relevant de sa compétence.

Chypre condamne l'invasion de l'Ukraine par la Russie, une violation flagrante du droit international et de l'ordre international fondé sur des règles, et a rejeté toute atteinte à la paix et à la sécurité internationales, par une action militaire, par tout État, contre l'indépendance, la souveraineté et l'intégrité territoriale d'un autre. Chypre, elle-même victime d'une invasion étrangère et d'une occupation continue, est solidaire du peuple ukrainien. Chypre a demandé à la Fédération de Russie de mettre fin aux hostilités, de se retirer de l'Ukraine et de revenir sur ses actes illégaux. Tous les États participant à la Conférence du désarmement devraient s'engager de manière constructive dans des négociations visant à renforcer davantage l'architecture de sécurité afin de maintenir la paix et la sécurité internationales.

La Lettonie a pleinement appuyé la présidence dans sa tâche pour permettre la tenue du débat d'aujourd'hui. Depuis une semaine déjà, la Russie mène une attaque sans merci sur le territoire ukrainien qui viole les accords internationaux et risque d'avoir des effets délétères sur la stabilité et l'ordre mondial existant. Elle souligne également le lourd coût humanitaire des attaques sur des zones civiles. La Lettonie condamné en outre l'implication du Bélarus. La transparence et les mesures de confiance sont nécessaires et doivent être modernisées, a-t-il recommandé. Il faut tout faire pour préserver l'ordre international reposant sur des règles.

La Finlande a déclaré qu'il était clair que l'évolution de l'agression russe faisait partie de l'ordre du jour de la Conférence du désarmement et que s'y attaquer était le seul moyen de faire en sorte que la Conférence demeure pertinente et reste une instance essentielle à l'avenir. La Finlande a fermement condamné l'invasion de l'Ukraine par la Russie. L'attaque en cours de la Russie visait l'Ukraine, mais constituait également une attaque contre l'ensemble de l'ordre de sécurité européen et mondial. La Finlande soutient fermement l'indépendance, la souveraineté, l'autodétermination et l'intégrité territoriale de l'Ukraine. La Finlande continuera de soutenir le droit de l'Ukraine et ses efforts pour exercer sa légitime défense individuelle et collective conformément à l'Article 51 de la Charte des Nations Unies.

La Roumanie attache une grande importance au rôle de la Conférence du désarmement, plus essentiel que jamais. Hier, l'Assemblée générale de l'ONU a adopté une résolution condamnant l'agression injustifiée de la Russie contre l'Ukraine. Les actes commis par la Russie sont contraires au Mémorandum de Budapest par lequel l'Ukraine avait renoncé à ses armes nucléaires et rejoint le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Aucun scénario ne doit être pris à la légère, a-t-il mis en garde. La Roumanie affirme son ferme soutien à l'Ukraine et exhorte la Russie à se détourner de la voie de la violence et de l'agression qu'elle a choisie.

La Nouvelle-Zélande a déclaré qu'il y a exactement une semaine, la Russie, États dotés d'armes nucléaires et membre de cette conférence, a envahi l'Ukraine. La Nouvelle-Zélande réaffirme son appui à la population ukrainienne face à une attaque injustifiée et non provoquée, et demande à la Russie de cesser ses propos sur la menace nucléaire. Elle a en outre fustigé la propagande sur les intentions de l'Ukraine. Elle a en outre prié le Bélarus de ne pas revenir sur ses engagements nucléaires. Les armes nucléaires ne sont jamais la réponse, a-t-elle insisté. Toutes les forces doivent respecter le droit international humanitaire. Elle a en outre appelé la Russie à s'abstenir d'utiliser des armes à sous-munitions. La Nouvelle-Zélande est vivement préoccupée par le mépris du droit international affiché de la Russie. Elle réaffirme à l'Ukraine qu'elle est à ses côtés et salue le courage et la bravoure de la population ukrainienne.

La Slovénie a jugé inacceptables les agissements de la Russie et l'a exhortée à mettre immédiatement fin à son invasion militaire et à cesser toute menace contre l'indépendance, la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Ukraine. Elle a également condamné, de manière résolue, l'implication du Bélarus dans cette agression mal avisée, appelant ce pays à prendre ses distances immédiatement. La Slovénie se tient fermement en solidarité aux côtés du peuple ukrainien et continuera à œuvrer de concert avec tous ses partenaires et alliés afin de garantir un règlement juste et pacifique à cette crise sans précédent. Pour la Slovénie, la détérioration du climat sécuritaire appelle à faire davantage en matière de contrôle des armements et elle espère dès lors que la Russie demeurera engagée dans le Dialogue sur la stabilité stratégique avec les États-Unis et aidera à jeter les bases des conditions tendant à un futur régime de contrôle des armes plus robuste. En conclusion, elle a réitéré la conviction que la prochaine conférence d'examen du TNP servira à renforcer le Traité et ses trois piliers. Cet accord historique demeure le chemin le plus viable vers un désarmement nucléaire, d'où la nécessité que cela soit réaffirmé par la Conférence.

La République de Corée a salué la convocation de cette plénière car le contexte politique et l'environnement sécuritaire actuel sont en rapport direct avec les questions dont s'occupe la Conférence du désarmement. Le fait que le Conseil des droits de l'homme examine cette question parallèlement à cette plénière montre à quel point cette situation est grave. Les attaques ont conduit à des pertes de vies humaines et à la destruction des infrastructures civiles. Elle a appelé les cinq membres permanents du Conseil de sécurité à être à la hauteur de leurs engagements.

Le Japon a relevé que, chaque minute, la situation sur le terrain en Ukraine évoluait, d'où la nécessité pour la Conférence du désarmement d'examiner cette question d'urgence. Ce bouleversement a des retentissements en Europe et aux quatre coins du monde. Le Japon exhorte la Russie à retirer ses forces et à revenir sur la voie de la diplomatie. Il souligne la responsabilité des États de se conformer aux buts et principes de la Charte. Le Japon a également appelé la Russie à mettre en œuvre immédiatement la récente résolution de l'Assemblée générale sur la situation en Ukraine. Le Japon est en passe d'exclure la Russie du système bancaire SWIFT, et s'engage à respecter ses obligations. L'utilisation des armes nucléaires ou leur menace ne sera jamais tolérée par le Japon.

Le Monténégro a dit sa détermination à faire avancer les discussions multilatérales en dépit de la situation actuelle en Ukraine. Il a fermement condamné l'agression russe et la participation du Bélarus, en exhortant ce dernier au respect de ses engagements au titre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. En élevant le niveau d'alerte de ses capacités nucléaires, la Russie met en péril le régime du TNP et toute l'architecture du désarmement. Il a appelé ce pays au retrait de ses troupes et au respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de l'Ukraine.

La Bulgarie a rappelé que la Charte interdisait toute violation de l'intégrité territoriale et de la souveraineté des États. L'annonce par la Russie du placement de la force de dissuasion nucléaire en état d'alerte est d'une grande gravité et reste totalement inacceptable. La Bulgarie rappelle la déclaration conjointe des cinq membres permanents du Conseil de sécurité sur la question. La Conférence du désarmement a encore beaucoup à faire pour que les États mènent un dialogue de façon constructive sur ces questions.

La Slovaquie a insisté sur l'importance existentielle du respect de la Charte des Nations Unies. La guerre fait rage en Ukraine et les armes se font entendre à nos portes. Des familles ukrainiennes se ruent dans les villages slovaques. Il serait difficile de dire à ces personnes que la Conférence du désarmement ne fait rien face à la situation. L'amendement constitutionnel envisagé par le Bélarus visant à révoquer son statut non nucléaire est également motif d'inquiétude. La Slovaquie appelle le Président russe à cesser la guerre et à revenir à la diplomatie.

La Norvège a souhaité condamner l'attaque russe contre l'Ukraine et l'appui du Bélarus dans cette agression. Le Mémorandum de Budapest est ainsi réduit à néant et les déclarations russes font voler en éclats les accords de désarmement et de non-prolifération. La Norvège déplore l'intensification des hostilités et elle est choquée par l'utilisation d'armes à sous-munitions, dont les restes sont souvent laissés sur place, ce qui empêche les populations à retourner chez elles. Elle a aussi exprimé son inquiétude sur l'impact à court et à long terme sur les populations et demandé la protection des infrastructures civiles. L'ordre international est remis en cause, ce qui est inacceptable pour la Norvège, qui a demandé à la Russie de retirer ses troupes d'Ukraine. Une telle situation offre paradoxalement une occasion pour s'appliquer davantage dans les travaux de la Conférence du désarmement.

La Turquie a déclaré que la communauté internationale était confrontée à la pire guerre sécuritaire depuis la Seconde guerre mondiale. La Turquie, qui a parrainé la résolution adoptée hier par l'Assemblée générale, condamne l'agression russe et toute occupation d'un territoire souverain par la force. Elle a aussi condamné les menaces nucléaires russes et l'occupation des centrales nucléaires ukrainiennes. Il a réitéré son appel en faveur d'une trêve d'urgence et d'un cessez-le-feu, ainsi que d'un dialogue pour arriver à un format qui favorise la cessation de cette guerre.

La Chine a noté que la situation en Ukraine avait évolué à tel point qu'il n'est de l'intérêt d'aucune partie de la poursuivre. Elle a rappelé sa position de base fondée sur le respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale. La Chine note que l'Ukraine et la Russie ont entamé un dialogue et elle forme le vœu que cela aboutisse à un règlement rapide. La question de l'Ukraine ne s'est pas produite subitement, a souligné la Chine. Une solution à la crise ukrainienne exige qu'on renonce à la mentalité de la Guerre froide qui consiste à privilégier ses propres intérêts au détriment de ceux des autres. À l'inverse, il faudrait tenter de parvenir à une architecture de sécurité durable en Europe et la Chine préconise un concept reposant sur la paix et la sécurité. Elle exhorte la Russie à accepter la poursuite du dialogue. Sur la base de l'adoption par consensus de la décision qui a été prise sur les travaux de cette session, la Chine est disposée à apporter sa contribution à l'édifice de la paix et la sécurité internationales.

Israël a déclaré que l'attaque de la Russie contre l'Ukraine était une grave violation de l'ordre international. Le Gouvernement israélien l'a condamnée et a demandé à la Russie de respecter l'intégrité territoriale et la souveraineté de l'Ukraine. Israël entretient depuis longtemps des relations positives avec la Russie et l'Ukraine et, compte tenu de ces liens, est disposé à contribuer aux efforts diplomatiques, si cela lui est demandé. Israël appelle à assurer la sécurité de tous les civils et souhaite un règlement pacifique du conflit.

Le Bélarus a rejeté les accusations selon lesquelles le pays aurait facilité le conflit, affirmant qu'au contraire, la Biélorussie fournissait une plate-forme pour les négociations dont on espère qu'elles conduiront à un règlement pacifique. Les accusations selon lesquelles le Bélarus ne s'acquitte pas de ses obligations au titre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires ne sont pas justifiées; le Bélarus a continué de s'acquitter de toutes ses obligations au titre des cadres de non-prolifération.

La Lituanie condamne l'agression à grande échelle non provoquée de la Russie contre l'Ukraine et condamne en outre les actions du Bélarus, qui ont permis et soutenu cette agression. La Russie a violé ses engagements au titre du Mémorandum de Budapest. Les menaces de la Russie portent gravement atteinte au régime du Traité sur la non-prolifération et à l'ensemble de l'architecture de désarmement et de la non-prolifération. Malgré les appels de la communauté internationale à y mettre fin, la Russie a continué d'intensifier ses opérations, notamment en intensifiant ses attaques contre des villes ukrainiennes. Le monde devrait prendre des mesures pour soutenir la lutte des Ukrainiens pour la démocratie, la liberté et la paix.

L'Iran a souligné que l'intégrité territoriale de tous les États devait être respectée et la sécurité des civils garantie. Les guerres et les destructions infligées aux civils ne sont pas acceptables. L'Iran appelle à la cessation urgente des hostilités et a souligné que le dialogue était essentiel. L'Iran continue d'appeler à une résolution pacifique du conflit, y compris un cessez-le-feu et l'ouverture d'un dialogue, ainsi qu'à la fourniture d'une aide humanitaire à ceux qui en ont besoin.

 

 

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