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La Conférence du désarmement entend le Premier Vice-Ministre des affaires étrangères de Cuba alors que sa délégation assume la présidence

Compte rendu de séance

 

Ont également pris la parole le Groupe des 21, le Pérou, le Nigeria, les États-Unis, la Colombie, l'Autriche, l'Iran, la Russie, la Syrie, le Venezuela, l'Argentine, la République populaire démocratique de Corée, le Mexique, la Chine, le Zimbabwe et le Brésil

 

La Conférence du désarmement a tenu ce matin sa première séance publique sous présidence cubaine dans le cadre de sa session de 2022. À cette occasion, le premier Vice-Ministre des affaires étrangères de Cuba, M. Gerardo Peñalver Portal, a pris la parole pour souligner que le multilatéralisme était aujourd'hui confronté à d'immense défis et pour souligner la pertinence du rôle des Nations Unies, de la coopération internationale et du règlement pacifique des différends. Il a estimé encourageant, à cet égard, qu'une décision ait été prise en début de session pour relancer le programme de travail de la Conférence.

Exprimant sa profonde inquiétude face au danger latent d'une conflagration nucléaire dont les effets toucheront tous les pays, le vice-ministre cubain a également estimé que l'intervention militaire de la Russie en Ukraine aurait pu être évitée si on avait entendu les propositions sérieuses avancées par la Russie en matière de garanties de sécurité.

Dans une déclaration d'ordre général au nom du Groupe des 21 (pays non alignés membres de la Conférence du désarmement), le Pakistan a lancé un appel pour sortir la Conférence de l'impasse et réaliser le désarmement nucléaire, sa principale priorité. Le G21 juge urgent d'entamer des négociations jusqu'à une élimination complète, par étapes, des armes nucléaires. D'autre part, il appelle à la conclusion d'un instrument juridiquement contraignant visant à garantir les États non dotés d'armes nucléaires contre l'emploi ou la menace de ces armes. Au sein de la Conférence, il souhaite l'adoption d'un programme de travail qui tienne compte des intérêts de tous les États, sur la base du consensus.

La Conférence a également entendu le Pérou, qui a annoncé l'entrée en vigueur pour le pays, dès demain, du Traité d'interdiction des armes nucléaires, ainsi que les délégations des pays suivants : Nigeria, États-Unis, Colombie, Autriche, Iran, Russie, Syrie, Venezuela, Argentine, République populaire démocratique de Corée, Mexique, Chine, Zimbabwe et Brésil.

L'ambassadeur cubain, M. Juan Antonio Quintanilla Román, qui assure la présidence de la Conférence du désarmement du 21 mars au 1er avril, et du 16 au 27 mai 2022, a déclaré que la réussite ou l'échec de la Conférence dépendraient étroitement de la volonté politique dont chaque État membre fera preuve afin d'avancer dans l'adoption de textes juridiquement contraignants en matière de désarmement. Il a exhorté les membres à éviter la politisation et les tentatives de faire de la Conférence un organe de délibération, encourageant au respect strict et impartial du règlement intérieur et à un professionnalisme en faveur d'un but ultime qui est le désarmement total pour un monde meilleur.

La prochaine séance plénière publique de la Conférence du désarmement sera annoncée ultérieurement.

Déclaration du premier Vice-Ministre des affaires étrangères de Cuba

M. GERARDO PEÑALVER PORTAL, premier Vice-Ministre des affaires étrangères de Cuba, a souligné l'augmentation des menaces à la paix et la sécurité internationales, la multiplication des conflits, l'imposition de sanctions injustes et illégales et autres mesures coercitives multilatérales contre des pays en développement, les modes de production et de consommation irrationnels qui compromettent la survie de l'espèce humaine, le développement exponentiel d'une course aux armements qui dilapident les ressources qui devraient servir au développement durable et à atteindre l'objectif d'immunisation de la population mondiale contre la pandémie. Le multilatéralisme est confronté à d'immense défis. Dans ce contexte, le rôle des Nations Unies, la coopération internationale et le règlement pacifique des différends sont de plus en plus pertinents. Le vice-ministre a estimé encourageant, à cet égard, qu'une décision ait été prise pour relancer le programme de travail de la Conférence du désarmement. Partant, il a exhorté à défendre la crédibilité de la Conférence.

Le Vice-Ministre cubain des affaires étrangères a avoué sa profonde inquiétude face au danger latent d'une conflagration nucléaire dont les effets toucheront tout le monde. Le désarmement total est la seule garantie contre cette menace, a-t-il souligné. Cela pourrait se faire par la promotion d'une universalisation du désarmement, et donc du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Cuba est fière d'être parmi les États l'ayant ratifié et d'appartenir à la première région ayant décrété une zone exempte d'armes nucléaires. Le dignitaire cubain s'est ensuite opposé, sans ambages, à l'usage ou à la menace d'usage de la force nucléaire. À cet égard, il a estimé que l'intervention de la Russie en Ukraine aurait pu être évitée si avaient été entendues les propositions sérieuses faites par la Russie en matière de garanties de sécurité. Un monde de justice et de paix ne sera possible qu'en mettant fin à l'approche antidémocratique qui prévaut dans le monde et en reconnaissant le droit des peuples à la paix, au développement et à la justice.

Déclaration du Président

Le Président de la Conférence du désarmement, M. JUAN ANTONIO QUINTANILLÀ ROMÁN (Cuba), a ajouté que la présence aujourd'hui de M. Peñalver Portal témoignait de l'importance accordée par son pays aux travaux de la Conférence. Avec le soutien autres présidents de la Conférence pour 2022, du président sortant de 2021 et du premier président de 2023 (P6+2), ainsi que des coordonnateurs des organes subsidiaires créés le mois dernier, la délégation cubaine compte poursuivre les négociations sur les questions de fond, dans le respect de l'article 18 du règlement intérieur préconisant le consensus. Les résultats ou l'échec de la Conférence du désarmement dépendront étroitement de la volonté politique dont chaque État membre fera preuve afin d'avancer dans l'adoption de textes juridiquement contraignants. Le Président a assuré qu'il œuvrerait dans les limites que permet le consensus pour un programme exhaustif. Il a exhorté les membres de la Conférence à éviter la politisation et les tentatives de faire de la Conférence un organe de délibération. Il a appelé au respect strict et impartial du règlement intérieur et à un professionnalisme visant le but ultime qui est le désarmement total pour un monde meilleur.

Autres déclarations

Au nom du Groupe des 21 (pays non alignés membres de la Conférence du désarmement), le Pakistan a souligné l'importance de redoubler d'efforts afin de revitaliser la Conférence du désarmement. Le « G21 » lance un appel pour sortir la Conférence de l'impasse et réaliser le désarmement nucléaire, qui est sa principale priorité. Le G21 insiste sur son engagement et souligne l'urgence d'entamer des négociations jusqu'à une élimination complète des armes nucléaires, par étapes. Il appelle à ce que le document CD/2214, présenté par le G21, serve de point de départ pour les négociations, notamment par la tenue d'une conférence inclusive sur l'utilisation ou la menace d'utilisation des armes nucléaires. Le G21 exprime sa détermination à faire du désarmement nucléaire une réalité. Il encourage à une décision urgente sur une convention sur les armes nucléaires et salue la convocation à New York d'une conférence de haut niveau sur les armes nucléaires. Il salue aussi la proclamation par l'Assemblée générale de l'ONU de la Journée internationale pour l'élimination totale des armes nucléaires (26 septembre). Le Groupe des 21 réaffirme la nécessité urgente de conclure un instrument juridiquement contraignant visant à garantir les États non dotés d'armes nucléaires contre l'emploi ou la menace de ces armes, s'érigeant contre les menaces à l'endroit de ces États, attirant l'attention sur la résolution 76/21 de l'Assemblée générale de l'ONU.

La prise de conscience des conséquences catastrophiques de ces armes est cruciale. Le G21 lance un appel à tous les États dotés d'armes nucléaires pour qu'il honorent leur promesse d'élimination totale de ces armes en raison des conséquences catastrophiques de leur utilisation. Le G21 réaffirme l'urgence de l'adhésion d'Israël au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et le placement de toutes ses installations nucléaires sous la supervision de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Le G21 salue le programme de bourse sur l'éducation au désarmement et à la non-prolifération par le biais des formations offertes par l'ONU. À cet égard, il a salué le Programme annuel de bourse de l'Inde sur le désarmement et la sécurité internationale et le Cours d'orientation à Genève sur le désarmement dispensé par l'Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement (UNIDIR) et le Bureau des affaires de désarmement (UNODA). Le Groupe des 21 appuie la tenue par la Conférence du désarmement de forums avec la société civile au cours des dernières années.

Le Pérou a annoncé que demain, 23 mars, le Traité d'interdiction des armes nucléaires entrerait en vigueur pour son pays, faisant du Pérou un État partie de cet accord historique qui interdit intégralement, et de façon explicite, les armes nucléaires dans le monde entier. La ratification de cet instrument juridiquement contraignant est en harmonie avec la vocation pacifique du peuple péruvien et avec la politique étrangère reflétant une longue tradition régionale et multilatérale de promotion du désarmement, de la non-prolifération et du contrôle des armes. Il a cependant relevé que l'entrée en vigueur pour son pays intervient au moment où une puissance nucléaire a mis sa force nucléaire en état d'alerte et menace d'en faire usage contre tout pays qui s'oppose à elle. Le Pérou s'est vivement inquiété de cette rhétorique de dissuasion nucléaire, en invoquant les risques d'erreur de calcul qui risqueraient de déclencher une confrontation nucléaire ingérable. C'est pourquoi le Pérou exhorte à l'élimination des armes nucléaires de manière irréversible, vérifiable et transparente. Face aux événements en cours en Europe, le Pérou a déclaré que cette conflagration belliqueuse ne peut que renvoyer à sa responsabilité première la Conférence du désarmement, paralysée depuis 25 ans.

Le Nigeria s'est félicité que cinq organes subsidiaires aient été créés et avaient reçu un mandat. Il a insisté pour que les travaux se concentrent sur le mandat exclusif de la Conférence du désarmement en tant que seule instance de négociation dans le domaine du désarmement et sur des stratégies efficaces pour éviter la division et instaurer la paix mondiale. Le développement des armes nucléaires ne peut signifier qu'une course aux armements et, au bout du compte, une catastrophe.

Les États-Unis, après avoir souhaité une bonne année à tous les collègues qui célèbrent le Novruz, a souhaité répondre à la déclaration faite ce matin par le premier Vice-Ministre des affaires étrangères de Cuba concernant l'agression non provoquée de la Russie contre l'Ukraine, rejetant l'argumentation fallacieuse selon laquelle les États-Unis ou l'OTAN seraient responsables de ce conflit. La Russie est le seul et unique agresseur. Malheureusement, Cuba se range du mauvais côté face à ce conflit, et les États-Unis réitèrent l'appel lancé à Cuba pour qu'elle fasse pression sur la Russie afin qu'elle mette fin immédiatement à ses opérations militaires en Ukraine, rapatrie en Russie ses équipements et troupes et s'abstienne de toute nouvelle agression contre l'Ukraine.

La Colombie a espéré que les efforts pour assurer l'équité en matière d'accès aux documents dans toutes les langues de travail se poursuivront, de même que pour prendre en compte les questions d'égalité et de parité dans le règlement intérieur de la Conférence du désarmement. Elle a souligné l'importance de l'appui technique dans ces domaines pour assurer le bon déroulement des travaux au sein de la Conférence, et en particulier dans le cadre des travaux des organes subsidiaires.

L'Autriche a félicité le Pérou, qui devient le cinquième État partie au Traité d'interdiction des armes nucléaires. Cette décision témoigne de l'engagement du Pérou en faveur de la paix mondiale et du désarmement nucléaire. Des progrès en matière de limitation des armes nucléaires sont impératifs, a-dit l'Autriche, en appelant à s'écarter de cet abîme vers lequel s'achemine le monde. L'Autriche condamne la menace d'utilisation d'armes nucléaires par la Russie en Ukraine.

La République islamique d'Iran a espéré que la nouvelle année, le Novruz, apportera la paix. Elle a souligné que la détérioration de l'environnement mondial ne fait que s'aggraver avec la menace du recours à l'arme nucléaire, ce qui est contraire aux engagements pris, sape la confiance des États non nucléaires et la crédibilité du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, alors que la dixième conférence d'examen se tiendra plus tard cette année. L'Iran a évoqué le document adopté en début de session qui, bien qu'il soit loin d'un programme de travail, constitue un pas dans la bonne direction, avec la création de cinq organes subsidiaires, ce qui permettra à la Conférence d'avancer, en particulier en matière de garanties de sécurité négatives.

La Fédération de Russie a partagé l'analyse et points de vue de la présidence cubaine, ainsi que ses objectifs pour les travaux de la Conférence du désarmement. Cuba peut pleinement compter sur le soutien de la Russie.

La République arabe syrienne a remercié la délégation iranienne pour les cartes distribuées aux délégations à l'occasion du nouvel an et de la Journée internationale du Novruz. Elle a condamné le blocus immoral et illégal imposé à Cuba par les États-Unis, insistant sur le droit légitime du peuple cubain de défendre sa souveraineté et son indépendance. La détérioration sans précédent du climat international fait que des pays tentent d'éloigner la Conférence du désarmement de son but et de son mandat. La Syrie a espéré que la présidence cubaine n'épargnera aucun effort pour maintenir l'attention sur les points inscrits à l'ordre du jour et fera fermement valoir le strict respect du règlement intérieur.

La République bolivarienne du Venezuela a souligné que les États membres du G21 partagent les objectifs de paix et de désarmement, insistant sur le rôle unique de la Conférence du désarmement pour avancer vers un désarmement complet. Le Venezuela souhaite que la Conférence puisse enfin retrouver la place qui lui échoit. Elle a néanmoins attribué la stagnation à l'absence de volonté des États de tenir compte des intérêts de tous et de reprendre les négociations. Elle a insisté sur le mandat de négociation qui incombe à la Conférence, et non de délibérations sans résultats concrets. Elle a dénoncé, par ailleurs, l'imposition de mesures coercitives unilatérales illégales par des puissances hégémoniques, qui visent à créer des crises régionales et internationales, comme le Venezuela l'a dénoncé devant la Cour pénale internationale en raison des souffrances infligées à son peuple. Le Venezuela se félicite du programme de travail décidé pour la présente session de la Conférence dans le cadre de cinq organes subsidiaires et espéré un dialogue transparent et participatif. Il faut renforcer les mécanismes multilatéraux tels que la zone exempte d'armes nucléaires en Amérique latine et dans les Caraïbes. Le Venezuela plaide pour la construction d'un système multipolaire reposant sur le strict respect des principes partagés et normes internationales.

L'Argentine a formé le vœu que la Conférence du désarmement mène ses travaux à bon port en dépit de la conjoncture actuelle au niveau international et que la présidence continue à œuvrer de concert avec les « P6+2 » pour que la Conférence puisse adopter des documents transparents et équilibrés et de mesures contraignantes. L'Argentine transmet ses salutations à l'occasion de la Journée internationale du Novruz.

La République populaire démocratique de Corée a salué « le tigre chinois en marche » s'agissant de la présidence de la Chine au début de la présente session, qui a permis de camper un programme de travail à travers la création d'organes subsidiaires. Elle exprime l'espoir que, sous la présidence cubaine, la Conférence œuvrera également à la réalisation de son mandat et ne perdra pas de temps avec des arguments non constructifs.

Le Mexique a assuré de sa volonté de travailler avec la nouvelle présidence pour promouvoir le mandat de la Conférence. Il a félicité la délégation du Pérou pour l'entrée en vigueur du Traité d'interdiction des armes nucléaires. Il a mis l'accent sur les conséquences humanitaires internationales catastrophiques de toute utilisation de ces armes illégales et illégitimes. Le Mexique rappelle la tenue de la conférence des États parties du 21 au 23 juin prochain, qui contribuera à un échange d'idées. Il a souscrit à la demande de la Colombie d'avancer dans la modification du règlement intérieur pour qu'il soit neutre du point de vue du genre.

La Chine a saisi l'occasion à son tour pour féliciter Cuba et le Premier Vice-Ministre des affaires étrangères qui a fait le déplacement à Genève. Elle a salué l'Iran pour avoir partagé le trésor de Novruz en cette Journée internationale.

Le Zimbabwe a indiqué qu'il appuierait pleinement la nouvelle présidence et espéré qu'elle tirera pleinement parti des bases jetées par la Chine et la Colombie pour faire avancer le travail de la Conférence sur les questions de fond. Les travaux ne doivent pas être dévoyés. Il faut saisir l'occasion pour faire progresser les travaux compte tenu des conséquences potentielles de la situation internationale actuelle pour la paix et la sécurité. Le Zimbabwe encourage à surmonter toute politisation et à se focaliser sur un ordre du jour qu'il faut sortir d'une longue inertie.

Le Brésil a espéré que Cuba poursuivra le travail remarquable de ses prédécesseurs à la présidence de la Conférence. Le Brésil demande à toutes les parties à la Conférence du désarmement de participer à la dixième Conférence d'examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.

 

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