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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ENTAME LE DERNIER JOUR DE SON DÉBAT MINISTÉRIEL ANNUEL

Compte rendu de séance

 

Elle entend des ministres de Syrie , de Nouvelle-Zélande, du Maroc, d'Irlande, de Pologne, de Lettonie, du Japon, de Chypre et d'Australie et d'autres hauts dignitaires d'Estonie, de Turquie, d'Allemagne, de Norvège et d'Iran

 

Au troisième et dernier jour du débat de haut niveau de la Conférence du désarmement, les intervenants ont réaffirmé, ce matin, leur attachement au bon fonctionnement de cet organe, et émis l’espoir que les cinq organes subsidiaires établis à la présente session favorisent des discussions de fond.

Ainsi, au vu de la situation actuelle résultant de l'intervention militaire de la Russie en Ukraine, plusieurs délégations ont souligné l'importance, plus que jamais, de renforcer le rôle de la Conférence du désarmement et lui permettre de s'acquitter de son mandat dans le domaine du désarmement. Une crise comme celle à laquelle nous assistons nécessite une action ferme et la mise œuvre effective du mandat de la Conférence du désarmement de négocier des instruments internationaux dans le domaine du désarmement, a-t-il notamment été souligné.

Des déclarations ont été faites ce matin par les Ministres des affaires étrangères de la République arabe syrienne, du Maroc, de l'Irlande, de la Pologne, de la Lettonie, du Japon, de Chypre et de l'Australie, ainsi que par le Ministre chargé du désarmement et du contrôle des armements de la Nouvelle-Zélande, le Secrétaire général du Ministère des affaires étrangères de l'Estonie et le Vice-Ministre aux affaires étrangères de la Turquie, de même que les Représentants permanents de l'Allemagne, de la Norvège et de la République islamique d'Iran.

 

La Conférence du désarmement doit entendre, cet après-midi, à partir de 15 heures, les dernières interventions dans le cadre de son débat de haut niveau.

 

Déclarations

M. FAYSSAL MEKDAD, Ministre des affaires étrangères et des expatriés de la République arabe syrienne, a dénoncé l'insistance des États-Unis et de l'Union européenne à se servir de la crise en Ukraine pour créer des tensions avec la Russie, avec pour conséquence une augmentation du risque d'une guerre d'ampleur, y compris nucléaire. Il a rappelé que des groupes terroristes sont également utilisés pour déstabiliser la Syrie. Dans ce cadre, il a en particulier appuyé la proposition russe de discussion en vue de l'adoption d'une déclaration sur le terrorisme biologique et chimique. S'agissant de la situation au Moyen Orient, il a dénoncé la protection américaine apportée à Israël, qui développe impunément des armes de destruction massive sans tenir compte des normes internationales. Il a attribué cette situation au blocage quant à la création d'une zone exempte d'armes nucléaires au Moyen-Orient, notant au passage qu'Israël et les États-Unis n'ont pas daigné participer à la deuxième conférence sur cette question. La mise en œuvre de la résolution de 1995 sur le Moyen-Orient reste de mise, a-t-il affirmé. Appuyant par ailleurs la position de l'Iran dans le cadre des négociations sur le nucléaire iranien, il a espéré que les États-Unis et ses alliés prendront les mesures nécessaires pour parvenir à un accord.

Le ministre syrien a enfin déclaré qu'il était de la plus haute importance d'insuffler un nouvel élan à la Conférence du désarmement, dont la capacité de sortir de l'enlisement dépendra du respect de la souveraineté des États et de la volonté de garantir la sécurité de tous.

M. PHIL TWYFORD, Ministre chargé du désarmement et du contrôle des armements de la Nouvelle-Zélande, a condamné l'invasion illégale et l'occupation de l'Ukraine par la Russie. Cette violation cynique de la Charte a coûté de nombreuses vies, et la Nouvelle-Zélande somme la Russie de retirer immédiatement ses troupes. Son ministre a également dénoncé les menaces voilées de ce pays qui a placé sa force de dissuasion au niveau d'alerte maximum. Il a demandé À la Russie de revenir sur la voie de la diplomatie et de cesser de mettre en danger des décennies de diplomatie. Aucun État n'est au-dessus du droit, a poursuivi le ministre, qui s'est vivement inquiété de l'utilisation d'armes explosives et à sous-munitions dans les villes ukrainiennes.

La situation actuelle incite à placer tous les espoirs dans la dixième conférence d'examen du Traité de non-prolifération des armes nucléaires, le ministre néo-zélandais soulignant que l'heure était venue de joindre les actes aux paroles, s'agissant en particulier de la déclaration faite le 3 janvier par les cinq membres permanents du Conseil de sécurité par laquelle ils s'engageaient à prévenir la poursuite de la dissémination des armes nucléaire. Une crise comme celle à laquelle nous assistons nécessite une action ferme et exige d'aller au-delà de simples discussions: il faut mettre en œuvre le mandat de la Conférence du désarmement.

M. NASSER BOURITA, Ministre marocain des affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger, a réitéré son soutien aux initiatives multilatérales, dans le cadre des Nations Unies, visant à freiner la course aux armements, renforcer l'efficacité des accords de limitation des armements et de désarmement, relancer les mécanismes multilatéraux de désarmement, et soutenir l'action de la communauté internationale en vue de prévenir la prolifération des armes nucléaires et éliminer les armes de destruction massive. M. Bourita a déclaré que la Conférence du désarmement est le lieu idoine pour porter ce message, étant l'unique instance onusienne habilitée à négocier des instruments juridiques sur le désarmement. La Conférence du désarmement doit tirer les leçons du passé et ne pas attendre des cataclysmes majeurs ou des conflagrations historiques pour prendre à bras le corps le rôle qui doit être le nôtre. Le contexte actuel nous le rappelle avec force, a souligné M. Bourita.

Le ministre marocain a mis l'accent sur le rôle de médiation de son pays, notamment en Libye, en vue de contribuer aux efforts collectifs de la communauté internationale. L'engagement dans différentes instances et sur les plans régional et bilatéral fait partie des efforts du Maroc en vue de l'édification d'un monde plus sûr. Le ministre marocain a pointé la nécessité de se départir de l'approche dogmatique qui a présidé, ces dernières années, à la perception de la problématique du modus operandi de la réalisation des objectifs et du plan d'action de la Conférence.

M. SIMON COVENEY, Ministre des affaires étrangères de l'Irlande, a d'emblée précisé avoir espéré aborder les nombreux défis importants en matière de désarmement et de non-prolifération, mais que, compte tenu de la gravité de la situation, sa déclaration portera sur une seule question. L'Irlande condamne fermement la nouvelle invasion de l'Ukraine par la Russie. C'est une violation flagrante du droit international, y compris de la Charte des Nations Unies. En violant la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Ukraine, la Russie a ramené la guerre sur le sol européen. Avec son invasion militaire de l'Ukraine et sa rhétorique nucléaire agressive, les actions de la Russie menacent de saper le régime mondial de désarmement et de non-prolifération nucléaires. Cette semaine, la Russie a placé ses forces nucléaires en état d'alerte élevée. C'est une escalade dangereuse et irresponsable. Rien ne peut justifier la menace d'utiliser des armes nucléaires. Le ministre irlandais a appelé la Russie à révoquer immédiatement cette ordonnance. Par ailleurs, l'Irlande rappelle également au Bélarus sa responsabilité de respecter le droit international, y compris en tant qu'État non doté d'armes nucléaires au titre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. L'amendement constitutionnel visant à supprimer le statut non nucléaire du Bélarus est très préoccupant.

L'utilisation intensive par la Russie d'armes explosives dans les zones peuplées d'Ukraine suscite de graves inquiétudes quant à la protection de la population civile. Il est déjà clair que ce conflit, par l'utilisation d'armes lourdes explosives, entraîne un nombre croissant de victimes civiles. Pour sa part, l'Irlande continuera de défendre la négociation et l'adoption d'une déclaration politique solide sur les armes explosives dans les zones peuplées qui s'attaque directement à ces dommages. Elle est également alarmée par les informations faisant état de l'utilisation d'armes à sous-munitions, notamment à proximité d'écoles et d'hôpitaux. Le coût humain croissant de cette guerre augmente chaque jour, et la Russie doit se détourner de la guerre et choisir la voie du dialogue et de la diplomatie, une voie qui est incarnée par l'ONU et les travaux de cette conférence.

M. ZBIGNIEW RAU, Ministre des affaires étrangères de la Pologne, a déclaré que le XXIe siècle était à la croisée des chemins alors que la communauté internationale est confrontée à une agression militaire totalement non provoquée et injustifiée contre l'Ukraine menée par la Russie. La Pologne confirme son soutien indéfectible à la souveraineté et à l'intégrité territoriale de l'Ukraine. L'ordre du président Poutine non seulement de faire la guerre, mais aussi de mettre les forces stratégiques russes en état d'alerte maximale a créé une situation jamais vue en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale. La Pologne déplore en outre la décision du Bélarus de renoncer à son statut de neutralité en ce qui concerne le stationnement d'armes nucléaires.

L'attaque de la Russie et de la Biélorussie contre l'Ukraine et leur discours irresponsable concernant les armes nucléaires concernent directement les débats menés au sein de l Conférence du désarmement sur la maîtrise des armements, le désarmement et la non-prolifération. Ce nouveau contexte nous accompagnera dans les mois et les années à venir. La communauté internationale est confrontée à une tâche extrêmement difficile pour reconstruire la confiance mutuelle et la compréhension commune. Il a espéré que ce message contribuera à ramener la Conférence à ses raisons fondamentales d'existence, qui sont d'empêcher de véritables guerres, telles que nous les observons aujourd'hui. La Pologne continuera de faire sa part en contribuant activement aux travaux de toutes les instances de désarmement et de non-prolifération. Cependant, nous ne pouvons pas continuer comme si de rien n'était en Ukraine. Cette guerre orchestrée par le président russe et son apprenti biélorusse remet en question tous les efforts de la communauté internationale liés à la paix et à la sécurité.

M. EDGARS RINKĒVIČS, Ministre des affaires étrangères de la Lettonie, a déclaré qu'en ce moment, la communauté internationale devait s'exprimer d'une seule voix, une seule voix pour condamner une agression flagrante par la Russie et défendre les normes internationales. De tous temps, la Conférence du désarmement s'est consacrée de manière particulière à la cause de l'humanité et s'est souvent unie pour faire face aux questions les plus urgentes.

Le ministre letton a souligné que la communauté internationale faisait face à une prolifération sans précédent d'armes nucléaires. Le développement de nouvelles technologies et la tendance croissante à menacer d'utiliser ces armes créent de nouveaux risques. Il a aussi noté que des armes chimiques et biologiques ont été utilisées ces dernières années, soulignant que les auteurs devront répondre de leurs actes. La communauté internationale a été trop tolérante face à ces violations. La Convention sur les armes chimiques a fait l'objet d'une certaine attention mais sa mise en œuvre laisse à désirer, a-t-il observé. Il a formé le vœu que la conférence d'examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires aura lieu dès que possible et permettra d'engranger des progrès en dépit des défis posés par la Russie. Il a aussi espéré que la Chine prenne part à ces pourparlers. La Conférence du désarmement devra aussi se pencher sur les effets dévastateurs des armes classiques, comme le montre le lourd tribut payé par les populations civiles en Ukraine du fait de l'agression russe.

M. YOSHIMASA HAYASHI, Ministre des affaires étrangères du Japon, a déclaré, s'agissant de la situation qui prévaut en Ukraine, que les actions de la Russie violent le droit international et portent atteinte à la souveraineté et à l'intégrité territoriale ukrainiennes. Tout changement unilatéral du statu quo par la force est totalement inacceptable, a-t-il souligné, ajoutant qu'il s'agissait d'une situation extrêmement grave qui secoue les fondements de l'ordre international non seulement en Europe mais également en Asie. À l'instar de ses partenaires du G7, il a vivement condamné l'action entreprise par la Russie.

Le ministre japonais a d'autre part ses inquiétudes concernant la mise au point par la Corée du Nord de capacités nucléaires et de missiles, s'alarmant des conséquences sur le régime de non-prolifération. Il a réaffirmé son engagement en vue d'un démantèlement complet, vérifiable et irréversible de toutes les armes de destruction massive et des missiles balistiques de la Corée du Nord. Le Japon continuera à appeler tous les États à améliorer les mesures de confiance comme la transparence dans leurs politiques et sur leurs capacités militaires. Il s'est félicité à cet égard que les États-Unis aient unilatéralement repris la publication de données sur leurs stocks d'armes nucléaires. Afin d'éviter une détérioration de la situation actuelle, le nombre d'armes nucléaires étant à leur faîte depuis la Guerre froide, le Japon a réitéré la nécessité d'entamer immédiatement les négociations relatives à un traité interdisant la production de matière fissiles pour la fabrication d'armes nucléaires. En attendant, il a appelé à un moratoire. Il a en outre exhorté tous les États à signer et à ratifier le traité d'interdiction complète d'essais nucléaires pour permettre son entrée en vigueur ou, à défaut à déclarer un moratoire sur les explosions expérimentales. Seul pays à avoir subi les effets de bombes atomiques, le Japon exhorte au maintien et au renforcement du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et n'épargnera aucun effort pour contribuer à l'adoption du document final de la dixième conférence d'examen du TNP. Il a conclu qu'en cette période difficile, il est urgent de revigorer la Conférence du désarmement pour améliorer la confiance.

Prenant la parole après l'intervention enregistrée de son ministre, le Représentant permanent du Japon a fait une déclaration dans laquelle il a condamné, dans les termes les plus vifs, l'invasion de l'Ukraine par la Russie, soulignant que les agissements de ce pays vont à l'encontre de la déclaration des cinq membres permanents du Conseil de sécurité.

M. IOANNIS KASOULIDES, Ministre des affaires étrangères Chypre, s'est déclaré honoré d'occuper après deux ans d'absence sa position d'observateur auprès de la Conférence du désarmement. Il a rejeté la politisation des travaux de cet organe, qui reste le seul habilité à conduire des négociations sur le désarmement mondial. La volonté politique, une coopération et une confiance mutuelle sont indispensables pour lui restituer son rôle car la Conférence demeure plus pertinente que jamais. Partisan d'un système international basé sur des règles et des traités, Chypre a prôné la responsabilité partagée.

Petit État, Chypre participe aux délibérations sur le désarmement, y compris sur le traité phare qu'est le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Il a souhaité que la dixième conférence d'examen se concentrera sur la sécurité de l'énergie nucléaire. Concernant le traité d'interdiction des essais nucléaires, il a invité d'autres États à le ratifier. Ila aussi encouragé toutes les parties à la souplesse dans le processus de négociation autour d'un instrument sur les matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires. Il a également salué le renouvellement pour cinq ans de l'accord New START. Il a ajouté sa voix à ceux qui plaident pour un amendement du Règlement intérieur pour garantir une participation égale des femmes.

M. JONATAN VSEVIOV, Secrétaire général du Ministère des affaires étrangères de l'Estonie, a déclaré que l'Europe était aujourd'hui confrontée à une guerre à grande échelle et a condamné, dans les termes les plus forts, l'attaque militaire ouverte et massive de la Russie contre l'Ukraine, sans aucune justification. Il s'agit d'une violation flagrante du droit et des normes internationaux, de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de l'Ukraine et d'un crime contre le peuple ukrainien, a-t-il affirmé, ajoutant que la Russie est seule à en porter la responsabilité. La Russie est l'agresseur et l'Ukraine, la victime. M. Vseviov a insisté qu'il ne saurait y avoir d'impunité pour la Russie et qu'il incombe à la communauté internationale d'envoyer un message politique fort et uni condamnant les agissements illégaux de la Russie car il s'agit non seulement d'une attaque contre l'Ukraine mais également contre la démocratie, l'état de droit et le droit que chaque nation a faire des choix souverains. La sécurité de toute l'Europe est en cause, a prévenu le haut responsable estonien. Il a également souligné que tant que l'agression inexcusable de la Russie se poursuivra, la Conférence du désarmement ne pourra véritablement réussir.

L'Estonie appuie tous les efforts internationaux en vue de l'entrée en vigueur du traité d'interdiction complète des essais nucléaires, et a exhorté tous les États, en particulier ceux visés par l'Annexe II, de signer et de ratifier cet instrument sans retard. Il a aussi salué la prolongation du Traité New START, exprimant l'espoir que cela conduira à des négociations sur des accords de suivi élargis couvrant et limitant plusieurs types d'armes nucléaires, et a invité la Chine à contribuer activement à ces processus. Il a aussi appuyé le travail et la mission de vérification à long terme de l'Agence internationale de l'énergie atomique dans le cadre du Programme commun d'action concernant les engagements de l'Iran. M. Vseviov s'est inquiété de la détermination de la République populaire démocratique de Corée à perfectionner sa technologie d'armement, notamment son aspiration à mettre au point des missiles capables de tirer des ogives nucléaires.

MME MARISE PAYNE, Ministre des relations extérieures de l'Australie, a déclaré que beaucoup de choses avaient changé depuis sa dernière intervention devant la Conférence du désarmement en 2019, notamment avec l'émergence de la pandémie de COVID-19. Cela ne change rien aux attentes en matière de désarmement. Elle a condamné la Russie pour son agression injustifiée et injustifiable contre l'Ukraine, et lui a demandé de retirer ses soldats d'Ukraine et de veiller au respect des normes du droit international.

Le message est clair: il faut progresser dans le domaine du désarmement et du contrôle nucléaire, a souligné la ministre. Elle a dit avoir créé un nouveau bureau sur ces questions dans les ambassades australiennes. D'autre part, il faut saisir l'opportunité du groupe de travail nouvellement créé pour mieux comprendre ce qui se passe dans l'espace extra-atmosphérique. La Conférence devra en outre faire progresser la proposition relative à une participation accrue des femmes à ses travaux, a déclaré Mme Payne, qui est également Ministre de la condition féminine. Elle a condamné le développement de missiles balistiques par la République populaire démocratique de Corée et insisté sur le rétablissement du dialogue par la voie diplomatique. Elle a salué les mesures prises par les cinq membres permanent du Conseil de sécurité pour prévenir une guerre nucléaire, rappelant aussi à la Russie ses engagements à ce titre.

M. SEDAT ÖNAL, Vice-Ministre aux affaires étrangères de la Turquie, a souligné que l'Europe connaissait la pire crise qu'elle ait connu depuis la guerre froide. Un défi est lancé aux accords et engagements qui avaient, un temps, contribué à la sécurité collective. Il a réitéré son appui à l'intégrité territoriale, à la souveraineté de l'Ukraine et à son unité politique. En ces temps difficiles, la coopération dans le domaine de la maîtrise des armements et le désarmement est devenue d'autant plus essentielle.

Dans ce contexte, la Conférence du désarmement reste une instance pertinente et il faut restaurer son mandat en matière de négociation d'instruments de désarmement, en premier lieu un traité sur les matières fissiles. Le Vice-Ministre a ensuite rappelé que la Turquie avait fait une série de propositions en vue de la dixième conférence d'examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. En outre, la résurgence de l'utilisation d'armes chimiques est alarmante, notamment en Syrie, ce qui a été confirmé par l'Organisation d'interdiction des armes chimiques. La Turquie s'est en outre portée co-auteur de la résolution sur l'utilisation pacifique de l'espace extra-atmosphérique.

M. THOMAS GOEBEL, Représentant permanent de l'Allemagne, a regretté que le Président Poutine ait décidé d'abandonner la diplomatie et d'attaquer l'Ukraine, un voisin et État souverain. Le Président russe est allé même jusqu'à menacer de représailles tous ceux qui la défendraient. Le représentant a aussi condamné la participation du Bélarus dans cette agression. Avec les partenaires de l'Union européenne et de la communauté internationale, l'Allemagne a adopté un ensemble de sanctions sans précédent, accueille les réfugiés et apporte un appui militaire à l'Ukraine. L'Ukraine peut compter sur toute notre solidarité et l'Allemagne la soutient de manière indéfectible, a affirmé avec force l'ambassadeur allemand. La Conférence du désarmement a un rôle fondamental à jouer en créant et défendant un ordre international fondé sur le droit, a-t-il poursuivi, estimant que la création d'organes subsidiaires à la présente session ne manquera pas de permettre des progrès, en particulier quant aux négociations sur le traité d'interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires. Aujourd'hui plus que jamais, l'Allemagne est fermement engagée à assumer ses responsabilités dans le cadre des traités pertinents, en coopération avec ses partenaires. Par la création de règles, le Traité sur le commerce des armes a aussi un rôle à jouer, a-t-il ajouté. Il par ailleurs regretté que 2021 ait été une année perdue pour les discussions sur les armes autonomes. Il en est de même pour l'armement dans l'espace extra-atmosphérique et le Groupe de travail à composition non limitée contribuera certainement à l'adoption de règles en la matière.

MME TINE MØRCH SMITH, Représentante permanente de la Norvège, a indiqué que son pays était engagé dans les efforts pour parvenir à un monde exempt d'armes nucléaires. Elle a rappelé que tout recours à des armes nucléaires aurait des conséquences mondiales, avec des conséquences humanitaires catastrophiques. L'agression injustifiée et irresponsable de la Russie sur l'Ukraine a créé une situation en Europe jamais vue depuis la deuxième guerre mondiale et la Norvège condamne l'agression de la Russie, ainsi que le rôle joué par le Bélarus. La Norvège appelle la Russie À cesser son agression et à retirer ses troupes immédiatement

La détérioration de l'environnement sécuritaire in appelle la communauté internationale à renouveler ses efforts pour progresser sur la voie du désarmement nucléaire. La Conférence du désarmement est parvenue à d'importants succès par le passé ; après vingt ans de paralysie, il faut reprendre les travaux de fond pour mener à de nouvelles négociations sur le désarmement.

M. ESMAEIL BAGHAEI HAMANEH, Représentant permanent de la République islamique d'Iran, a déclaré à son tour que les progrès enregistrés sont de bonne augure et prévenu que le climat sécuritaire actuel se détériore, notamment avec l'instabilité croissante de certaines régions d'Asie qui voient proliférer des armes en provenance d'Europe. Il a estimé cependant que la Conférence du désarmement pourra honorer son mandat si les États dotés d'armes nucléaires y œuvrent en toute bonne foi. Il a pris note de la création d'organes subsidiaires au sein de la Conférence tout en regrettant qu'elle n'ait pas été en mesure de se mettre d'accord sur un programme de travail équilibré, ce qu'il a attribué au manque de volonté politique. L'ambassadeur iranien a noté que des États non dotés d'armes nucléaires ont rejoint le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires avec l'assurance qu'ils ne subiraient pas de menace, l'objectif étant la sécurité de tous et non le monopole de quelques-uns. La seule garantie de non-utilisation et d'absence de menace réside dans l'élimination totale des armes nucléaires, a encore souligné l'ambassadeur, pour qui il est de l'obligation des États dotés d'armes nucléaires d'apporter des assurances juridiquement contraignantes. Il a rappelé qu'il y a des décennies, la production d'armes nucléaires par Israël avait été protégée par des puissances, ce qui fait qu'Israël ne se sent pas obligé de rendre des comptes, situation qui constitue une menace pour la région du Moyen-Orient et rend lettre morte la promesse d'une zone exempte d'armes nucléaires au Moyen-Orient.

 

 

Ce document produit par le Service de l’information des Nations Unies à Genève est destiné à l'information ; il ne constitue pas un document officiel.

Les versions anglaise et française de nos communiqués sont différentes car elles sont le produit de deux équipes de couverture distinctes qui travaillent indépendamment.

 

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