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La Haute-Commissaire adjointe aux droits de l’homme recommande d’intégrer systématiquement les considérations liées aux droits de l'homme dans l'organisation et la gestion du sport et des événements sportifs

Compte rendu de séance

 

A l’occasion d’une réunion-débat consacrée à la promotion des droits de l’homme par le sport et l’idéal olympique, Mme Nada Al-Nashif, Haute-Commissaire adjointe aux droits de l'homme, a déclaré ce matin devant le Conseil des droits de l’homme que l'idéal olympique était ancré dans les droits de l'homme et qu’il incarnait – pour des milliards de personnes, et notamment les jeunes – l'équité, la non-discrimination, le respect et l'égalité des chances pour tous.

Mme Al-Nashif a ajouté que le sport offre une occasion unique de promouvoir le droit des jeunes à la participation et qu’il peut également servir d’outil d'inclusion des jeunes en situation de vulnérabilité. Mais le sport et les événements sportifs peuvent aussi entraîner des violations des droits de l'homme : discrimination, exploitation, expulsions forcées, mauvaises conditions de travail et violence contre les journalistes et les manifestants pacifiques, y compris parmi les jeunes. Il est donc essentiel d’intégrer systématiquement les considérations relatives aux droits de l'homme dans l'organisation et la gestion du sport et des événements sportifs, en particulier des « méga-événements », a plaidé Mme Al-Nashif.

Dans le cadre de cette réunion-débat, le Président du Comité international olympique (CIO), M. Thomas Bach, a déclaré que si le sport peut jouer un rôle dans la société d’aujourd’hui, c’est précisément dans le renforcement des domaines de coopération pour la paix entre les nations. De cette manière, le sport peut donner à tous, et en particulier aux jeunes du monde entier, l’espoir d’un avenir meilleur et plus pacifique, a-t-il souligné.

Quant à M. Toshiro Muto, Directeur général du Comité d'organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo 2020, il a notamment expliqué que les Jeux paralympiques sont l'occasion de prendre conscience de la nécessité de surmonter les barrières sociales pour que chacun puisse vivre sans complexe.

Sont aussi intervenus en tant que panélistes dans le cadre de cette réunion : Mme Kathrine Switzer, Présidente du conseil d'administration de l’organisation 261 Fearless, Inc. ; Mme Elizaveta Kunstmann, membre de l'équipe nationale paralympique russe de volley-ball assis ; Mme Jenny Oklikah, Directrice de l’ONG Fight for Peace ; et Mme Sofia Bekatorou, médaillée olympique d'or et de bronze en voile.

De nombreuses délégations* ont pris part au débat qui a suivi ces présentations. Nombre d’intervenants ont relevé le pouvoir du sport d’unir les gens et ont souligné que le sport est aussi un outil puissant pour promouvoir tous les droits de l'homme.

Le Conseil a également entendu ce matin M. Surya Deva, Vice-Président du Groupe de travail sur la question des droits de l’homme et des sociétés transnationales et autres entreprises, présenter le rapport sur la neuvième session du Forum sur les entreprises et les droits de l’homme.

Enfin, c’est en entendant les déclarations de plusieurs organisations non gouvernementales** que le Conseil a achevé ce matin son dialogue sur la situation des droits de l’homme au Myanmar, entamé hier avec la Haute-Commissaire aux droits de l’homme, Michelle Bachelet.

 

Cet après-midi, à 15 heures, le Conseil tiendra son dialogue avec le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme au Myanmar.

 

Réunion-débat consacrée à la promotion des droits de l’homme par le sport et l’idéal olympique – « Les possibilités offertes par la mise à profit du sport et de l’idéal olympique pour promouvoir les droits humains des jeunes »

La réunion-débat a été présidée par MME MONIQUE T.G. VAN DAALEN, Vice-Présidente du Conseil des droits de l'homme.

Déclarations liminaires

MME NADA AL-NASHIF, Haute-Commissaire adjointe aux droits de l'homme, a assuré que l'idéal olympique était ancré dans les droits de l'homme et qu’il incarnait – pour des milliards de personnes et notamment pour les jeunes – l'équité, la non-discrimination, le respect et l'égalité des chances pour tous.

La pandémie a eu un impact profond sur les jeunes, le droit aux loisirs et la pratique du sport ayant été plus fortement touchés que tout autre droit pendant la crise sanitaire, a ensuite relevé la Haute-Commissaire adjointe. Or, le sport offre une occasion unique de promouvoir le droit des jeunes à la participation, par exemple dans la gouvernance du sport et dans la prise de décision liée au sport. Le sport peut également servir d’outil d'inclusion des jeunes en situation de vulnérabilité, notamment parmi les migrants et les réfugiés, comme on l’a vu avec l'équipe de réfugiés aux Jeux d'été en 2016.

Mais le sport et les événements sportifs peuvent aussi entraîner des violations des droits de l'homme : discrimination, exploitation, expulsions forcées, mauvaises conditions de travail et violence contre les journalistes et les manifestants pacifiques, y compris parmi les jeunes, a ajouté Mme Al-Nashif. Il est donc essentiel d’intégrer systématiquement les considérations relatives aux droits de l'homme dans l'organisation et la gestion du sport et des événements sportifs, en particulier pour les « méga-événements », a-t-elle souligné.

La Haute-Commissaire adjointe a donné des exemples d’initiatives prises par le Haut-Commissariat à cet égard, par exemple dans le cadre de sa collaboration avec des partenaires en Fédération de Russie pour garantir que la coupe du monde de la FIFA 2018 fût organisée conformément à des politiques efficaces de non-discrimination.

M. THOMAS BACH, Président du Comité international olympique (CIO), a expliqué que dans seulement 16 jours, lorsque les athlètes des 205 comités nationaux olympiques et l’équipe olympique des réfugiés du CIO se réuniront enfin pour les Jeux olympiques de Tokyo 2020, ils enverront au monde un message fort de paix et de solidarité. Les Jeux olympiques sont le seul événement qui unit le monde entier dans une compétition pacifique, a-t-il insisté. Aux Jeux olympiques, toutes les personnes sont égales indépendamment de leur race, de leur pays d’origine, de leur sexe, de leur orientation sexuelle, de leur statut social, de leur religion ou de leurs convictions politiques. Ce principe de non-discrimination permet au sport de promouvoir la paix et la compréhension entre tous.

Ce que la pandémie de coronavirus a fait comprendre au monde, c’est que nous avons besoin de plus de solidarité : plus de solidarité au sein des sociétés et plus de solidarité entre les sociétés, a poursuivi M. Bach. La solidarité signifie s’entraider, partager et prendre soin les uns des autres. C’est ce que le CIO fait dans le cadre de l’attribution des Jeux olympiques. Il soutient tous les athlètes de tous les comités nationaux olympiques en les aidant à faire de leur rêve olympique une réalité.

Le CIO a aligné sa stratégie sur la durabilité, l’égalité des sexes et l’inclusion des normes des droits de l’homme, a indiqué son Président. Le CIO est une organisation neutre en carbone et s’engage à devenir positif pour le climat d’ici 2024, a-t-il ajouté. En outre, a-t-il fait valoir, il atteindra l’équilibre entre les sexes aux Jeux olympiques de Tokyo 2020 pour la première fois de l’histoire, avec près de 49 pour cent de femmes participantes. Le partenariat avec le Comité international paralympique assure l’organisation des Jeux paralympiques et soutient le sport paralympique dans le monde entier. Pour renforcer cette approche, il a été créé une unité des droits de l’homme au sein du CIO, a par ailleurs fait souligné M. Bach.

Il faut que les politiques considèrent toujours les Jeux olympiques comme une question de coopération et jamais comme une question de confrontation. Si le sport peut jouer un rôle dans la société d’aujourd’hui, c’est précisément dans le renforcement des domaines de coopération pour la paix entre les nations. De cette manière, le sport peut donner à tous, et en particulier aux jeunes du monde entier, l’espoir d’un avenir meilleur et plus pacifique, a conclu le Président du CIO.

Dans ses propres remarques liminaires, M. TOSHIRO MUTO, Directeur général du Comité d'organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo 2020, a précisé que les Jeux débuteraient le 23 juillet prochain, axés sur trois concepts de base : « Réaliser le meilleur de soi-même », « L'unité dans la diversité » et « Se connecter à demain ». S’agissant du thème du débat de ce jour, M. Muto a mis en évidence l'emblème des Jeux de Tokyo 2020, soit des rectangles incarnant « l'unité dans la diversité » : en effet, les athlètes du monde entier réunis à Tokyo démontreront que la société est capable de surmonter de nombreuses différences pour ne « faire qu'une ».

M. Muto a ajouté que les sports doivent refléter les réalités des jeunes. C’est pourquoi, pour la première fois, à Tokyo, de nouveaux sports tels que le basket-ball trois par trois, l'escalade sportive, le skateboard, le BMX et le surf seront des sports olympiques. Ces disciplines orientées vers les jeunes sont faciles à adopter. Par conséquent, l'inclusion de ces sports dans les Jeux olympiques signifie que plus de jeunes que jamais, quel que soit leur milieu social et économique, auront la chance d'être une vedette sur la scène mondiale.

Les Jeux paralympiques jouent eux aussi un rôle clef pour « l'unité dans la diversité ». En effet, les Jeux paralympiques sont destinés non seulement à l'épanouissement des « parasportifs », mais aussi à l'admiration du potentiel de chacun. En d'autres termes, ils sont l'occasion de prendre conscience de la nécessité de surmonter les barrières sociales pour que chacun puisse vivre sans complexe. En outre, grâce aux progrès technologiques, les parasports au Japon peuvent être maintenant pratiqués par toutes et tous, indépendamment de l'âge, du sexe, de la capacité sportive ou du handicap – le « boccia » en est un parfait exemple, a dit M. Muto.

Exposés des panélistes

MME ELIZAVETA KUNSTMANN, membre de l'équipe nationale paralympique russe de volley-ball assis, a raconté qu’enfant, elle a été heurtée par un train et a perdu ses deux jambes ; dès lors, elle n’a plus pu se rendre à l’école ou se promener avec ses amis, ni pratiquer toutes sortes d’activités. Elle a indiqué avoir trouvé le salut par le sport. À l’âge de 13 ans, elle a été la plus jeune joueuse de volley-ball du mouvement paralympique au monde. À 15 ans, elle est devenue médaillée de bronze au championnat du monde, et a gagné le championnat du monde de 2018.

Mme Kunstmann s’est dire très heureuse que le développement du mouvement paralympique ait pris de l’ampleur au cours de la dernière décennie. Pour les athlètes paralympiques, toutes les conditions sont créées pour leur permettre d’atteindre l’esprit sportif, d’inspirer et de ravir le monde.

Le Comité paralympique russe s’efforce d’attirer les personnes handicapées vers la culture physique et le sport, en mettant l’accent sur les enfants, avec la participation de champions paralympiques. Chaque année, une cérémonie de remise de prix honore les meilleures athlètes paralympiques. Cette cérémonie prestigieuse se déroule toujours dans une atmosphère solennelle avec la participation de représentants des dirigeants du pays et de personnalités médiatiques bien connues. Les activités du Comité paralympique russe sont largement couvertes par les médias et sont diffusées sur les chaînes de télévision fédérales, ce qui affecte certainement la popularisation du sport paralympique, a indiqué Mme Kunstmann.

Pour MME KATHRINE SWITZER, athlète, auteure, militante et Présidente du conseil d'administration de l’organisation 261 Fearless, Inc., qui s’est présentée comme une coureuse de fond âgée de 74 ans, le sport est capable d’apporter le changement social. Premier facteur à cet égard, a dit la sportive dont la carrière s’étend sur 52 ans, l’élimination des anciens stéréotypes sexistes : Mme Switzer a indiqué qu’au début de sa carrière, elle s’était entendu dire que les femmes n'étaient pas capables de courir 42,2 kilomètres – mais en fait, c’était tout simplement parce qu’elles n’avaient jamais eu « l'occasion d'essayer ». Depuis lors, a ajouté Mme Switzer, on s’est aperçu que les femmes ont plus de capacités que les hommes en matière d'endurance et de résistance.

Autre facteur (de changement social) : l’utilisation des événements négatifs du passé pour créer une dynamique positive. Mme Switzer a raconté qu’en 1967, alors qu’elle courait le marathon de Boston, elle avait été physiquement agressée par le directeur de course, qui ne pouvait tout simplement pas prendre au sérieux la participation de cette fille dans « sa » course ; mais lorsqu’elle a terminé le parcours, tout a changé, car deux milliards de personnes ont pu voir que les femmes étaient capables de courir longtemps.

Le changement social induit par le sport dépend aussi de la volonté des « Olympiens » de servir d’exemple, de transmettre leurs connaissances aux enfants du monde entier, a estimé Mme Switzer, qui a recommandé que le CIO et les Nations Unies leur donnent des conseils sur la manière d’y parvenir.

Mme Switzer a souligné que tous les enfants ont du talent et qu’ils ont seulement besoin d’une « occasion d'essayer » : l’obligation morale des adultes est de leur fournir cette occasion, a-t-elle conclu.

MME JENNY OKLIKAH, Directrice de l’ONG Fight for Peace, a indiqué que son organisation a été fondée dans une favela de Rio en 2000. Son fondateur, Luke Dowdney, a constaté que la seule façon pour lui de venir en aide aux jeunes impliqués dans la drogue et le crime passait par la boxe et les arts martiaux. C’est ainsi que l’approche à cinq piliers est née, dans laquelle la boxe et les arts martiaux sont utilisés aux côtés du soutien à l’emploi, de l’éducation, des qualifications, des services de soutien pour les jeunes et du leadership des jeunes.

Les choix que font les jeunes dépendent beaucoup de la façon dont ils se perçoivent, de leurs relations avec les autres et de la façon dont ils voient leur propre avenir. Fight for Peace travaille dans des communautés qui, à travers le monde, sont touchées par des problèmes liés aux inégalités, par des problèmes sociaux, y compris la violence. Aujourd’hui, elle est devenue une organisation internationale qui travaille avec de nombreuses communautés et partenaires et avec des milliers de jeunes. Elle utilise le pouvoir du sport pour promouvoir les droits de l’homme et croit en la capacité des jeunes de prendre leurs propres décisions, et en leur capacité de faire les bons choix pour eux. Grâce à la boxe et aux arts martiaux, ce que les jeunes gagnent, c’est cette autodiscipline, la compréhension qu’il faut beaucoup de travail et d’engagement pour réaliser des choses. Ils construisent des relations solides avec leurs entraîneurs et cela a des aspects positifs sur leur vie au-delà du sport, a expliqué Mme Oklikah.

MME SOFIA BEKATOROU, médaillée olympique d'or et de bronze en voile (Jeux olympiques d'été 2004 et 2008), a notamment déclaré qu’après avoir été violée par un officiel de la Fédération hellénique de voile, à 22 ans, elle avait décidé de se battre contre les abus de pouvoir. Sa démarche a créé un « effet papillon » et des personnes de tous horizons ont commencé à se manifester, révélant des crimes similaires, ce qui a finalement conduit à la création du mouvement #Metoo en Grèce. Un grand débat public sans précédent sur la violence sexuelle, les droits de l'homme et l'égalité des sexes a alors eu lieu.

Aujourd’hui, des hommes qui, pendant de nombreuses années, ont abusé de leur pouvoir – entraîneurs, fonctionnaires, acteurs, prêtres – font face à des accusations criminelles et certains sont déjà en prison. Le Ministère grec de la justice a modifié le droit pénal pour protéger la société contre les violences sexuelles. Mme Bekatorou a souligné que les valeurs olympiques qu’elle a servies pratiquement toute sa vie lui donnent aujourd'hui l'occasion de faire une réelle différence pour son pays et pour le monde en défendant les droits de l'homme, l'égalité des sexes et en réduisant toutes les violences.

Aperçu du débat

Un groupe de pays a rappelé les paroles de Nelson Mandela, qui avait déclaré que le sport "a le pouvoir de changer le monde. Il a le pouvoir d'inspirer, et il peut créer de l'espoir là où il n'y avait que du désespoir."

De nombreuses délégations ont ainsi relevé le pouvoir du sport d’unir les gens. Elles ont aussi souligné que le sport est un outil puissant pour promouvoir tous les droits de l'homme. L’idéal olympique montre que les grands événements sportifs peuvent sensibiliser et promouvoir une meilleure compréhension des droits de l’homme tout au long de l’événement, a-t-il été affirmé. Cela est particulièrement vrai en ce qui concerne les jeunes, car le sport et les grands événements sportifs ont le potentiel d’inspirer et d’éduquer les jeunes du monde entier et de promouvoir leur inclusion sociale, a insisté une délégation.

Plusieurs délégations ont observé que la pandémie de COVID-19 avait montré que nous sommes plus forts ensemble. À cet égard, a-t-il été relevé, le sport et les Jeux olympiques peuvent servir d’exemple où des personnes, des nations, des athlètes et des équipes participent à une même compétition sans discrimination d’aucune sorte fondée sur le sexe, la race, l’origine ethnique ou sociale, la religion ou les convictions, l’opinion politique ou toute autre opinion, le handicap, l’âge, l’orientation sexuelle et l’identité de genre.

Les 29 athlètes de l’équipe de réfugiés de Tokyo 2020 ne sont qu’un exemple de ce qui est possible lorsque les réfugiés ont la possibilité de tirer le meilleur parti de leur potentiel, comme l’a souligné le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, M. Filippo Grandi, et cela donne un aperçu plein d’espoir de ce que le monde peut être lorsque les droits de l’homme sont protégés et respectés par tous, a fait observer une délégation.

Pour que le sport puisse jouer son rôle d’exemple, il est vital de le protéger et de promouvoir son intégrité contre les pratiques négatives, telles que la violence et l’hooliganisme, le dopage, la corruption et la manipulation, a-t-il en outre été souligné.

Plusieurs délégations ont dénoncé l’utilisation du sport à des fins politiques, notamment par certains pays qui refusent de délivrer des visas à certaines délégations sportives. D’autres délégations ont appelé à une neutralité réelle du Comité international olympique.

Plusieurs délégations se sont dites préoccupées par l'application par l'Association internationale des fédérations d’athlétisme (IAAF) de règlements qui exigent que les athlètes féminines réduisent le cas échéant leurs niveaux naturellement élevés de testostérone pour concourir internationalement dans la catégorie féminine sur des distances comprises entre 400m et un mile. « Nous sommes témoins d'une situation où l'IAAF, par le biais de ces règlements, utilise le sport pour discriminer les femmes présentant des variations intersexuelles et pour renforcer les stéréotypes de genre nuisibles. Ces stéréotypes contribuent à plusieurs autres violations des droits des femmes, notamment leurs droits à la santé, à la vie privée et à ne pas subir de torture », a ainsi indiqué une délégation. La majorité des athlètes concernés par ces règlements sont originaires du Sud et pour l'Afrique, ces règlements nous rappellent le passé difficile et sombre de la ségrégation raciale, a insisté cette délégation.

Plusieurs délégations ont, en outre, appelé les Etats à adopter une législation et d’autres mesures pertinentes pour éliminer l’exploitation sexuelle, le harcèlement sexuel et les abus sexuels dans le sport.

*Liste des intervenants : Grèce (au nom d’un groupe de pays), Danemark (au nom d’un groupe de pays), Union européenne, Cameroun (au nom du Groupe africain), Japon, Arménie, Fédération de Russie, Malaisie, Qatar, Botswana, ONU Femmes, Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), Azerbaïdjan, Equateur, Cuba, Kenya, Venezuela, Israël, Indonésie, Bahreïn, Egypte, Népal, Afrique du Sud, Helsinki Foundation for Human Rights, Human Rights Now, Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme, Ingénieurs du monde, iuventum e.V., Geo Edxpertise Association.

Réponses et remarques de conclusion des panélistes

MME KUNSTMANN a remercié le Conseil pour la tenue de ce débat.

MME SWITZER a expliqué qu’il fallait donner à chaque enfant de la rue un encouragement par le sport. Le sport peut être un remède, en permettant d’avoir un espoir qui n’existait pas auparavant, a-t-elle insisté.

MME OKLIKAH a souligné que le racisme et l’homophobie n’ont pas leur place dans la société, ni dans le sport. Le sport doit apporter aux communautés résilience et solidarité, a-t-elle ajouté. Il faut continuer à prendre des mesures pour lutter contre les discriminations systémiques dans le sport, a insisté Mme Oklikah.

MME BEKATOROU a indiqué avoir pris conscience, durant ce dialogue, de la volonté d’aider qui anime les différents intervenants. Les Olympiens doivent être des messagers d’espoir, a-t-elle conclu.

Suite et fin du dialogue avec la Haute-Commissaire aux droits de l’homme concernant la situation des droits de l’homme au Myanmar

Aperçu du débat

Plusieurs organisations non gouvernementales (ONG) ont fait part ce matin de leurs préoccupations face à la situation des droits de l’homme au Myanmar et aux violations de l’état de droit par « la junte au pouvoir ». Elles ont notamment condamné les atteintes aux libertés de réunion et d'association, ainsi que la mort de plus de 880 civils aux mains des forces de sécurité, en toute impunité, et l’arrestation de plus de cinq mille personnes. Des avocats ont été arrêtés et détenus arbitrairement, notamment U Nyan Win, avocat d'Aung San Suu Kyi, a-t-il en outre été rappelé.

Les États Membres ont été appelés à prendre des mesures efficaces et coordonnées, notamment l'introduction de sanctions visant les hauts dirigeants militaires ainsi que les entreprises appartenant à l'armée qui fournissent des revenus directs à l'armée et à ses dirigeants. Un embargo total sur les armes à destination du Myanmar a également été prôné.

Le Conseil a pour sa part été appelé à surveiller la mise en œuvre de ses précédentes résolutions concernant le Myanmar et à demander instamment au Conseil de sécurité des Nations Unies de saisir la Cour pénale internationale de la situation du Myanmar.

Une ONG a quant à elle mis en avant les efforts déployés par le Myanmar pour atteindre les objectifs de développement durable ainsi que les efforts du pays en faveur des droits des femmes et de l’égalité entre les sexes.

**Liste des intervenants : International Bar Association, Commission internationale des juristes, CIVICUS,Amnesty International, Lawyers’s Rights Watch Canada et Support Centre for Food Development.

Réponses et remarques de conclusion de la Haute-Commissaire

MME BACHELET s’est dite satisfaite de la réunion de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), le 24 avril dernier, et de l’accord trouvé à cette occasion. Mais la direction militaire du Myanmar n’a pas appliqué les recommandations prises à cette occasion, a-t-elle regretté. Une équipe doit être nommée pour engager un dialogue politique non seulement avec les militaires, mais aussi avec la société civile, a recommandé Mme Bachelet. En outre, a-t-elle ajouté, une présence de suivi sur le terrain est nécessaire pour éviter de nouvelles violences : le Haut-Commissariat est prêt à aider les démarches de l’ANASE en ce sens, a indiqué la Haute-Commissaire.

Mme Bachelet a d’autre part appelé à libération des prisonniers politiques et à la protection des défenseurs des droits de l’homme au Myanmar. Elle a recommandé que les chefs d’accusation politiques soient abandonnés, conformément au Code pénal du Myanmar. Mme Bachelet a par ailleurs recommandé de renforcer la société civile du Myanmar et de lui donner les moyens d’imposer des changements politiques. Elle a aussi recommandé de protéger les journalistes au Myanmar, dont 90 ont été arrêtés depuis le 1er février, tandis que quatre grands médias ont été privés de leur licence. Les avocats et juristes au Myanmar doivent eux aussi bénéficier d’une protection, a ajouté la Haute-Commissaire.

Mme Bachelet a ensuite demandé qu’un accès humanitaire soit accordé aux minorités au Myanmar. Les Rohingyas continuent d’être victimes de violences et de persécutions, a-t-elle souligné. Elle a rappelé que l’armée s’était déjà engagée au retour des Rohingyas réfugiés ; mais les conditions propices à leur rapatriement ne sont pas réunies, compte tenu notamment du fait que la loi sur la citoyenneté n’a pas été abrogée, a fait observer Mme Bachelet, avant de remercier le Bangladesh d’accueillir de nombreux réfugiés.

Mme Bachelet a constaté qu’un changement fondamental s’imposait s’agissant du rôle de l’armée au Myanmar et a plaidé pour une reprise de contrôle par un pouvoir civil.

Présentation du rapport sur la neuvième session du Forum sur les e ntreprises et droits de l’homme

Le Conseil est saisi du rapport sur la neuvième session du Forum sur les entreprises et les droits de l’homme (A/HRC/47/50), rapport établi par le Groupe de travail sur la question des droits de l’homme et des sociétés transnationales et autres entreprises.

Présentant ce rapport, M. SURYA DEVA, Vice-Président du Groupe de travail sur la question des droits de l’homme et des sociétés transnationales et autres entreprises, a indiqué que le Forum s’était réuni pour la neuvième fois du 16 au 18 novembre 2020, sur le thème de la « prévention des violations des droits de l’homme par les entreprises ». Près de quatre mille personnes ont pris part aux travaux, représentant des gouvernements, des investisseurs, des entreprises et la société civile.

Les travaux ont porté sur des mesures pratiques à prendre par les entreprises et les États pour lutter contre les violations des droits de l’homme dans leurs activités et dans les chaînes d’approvisionnement, conformément aux Principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme, en particulier dans le contexte de la pandémie et de la reconstruction qui lui succédera, a précisé M. Deva.

Le Forum a abordé des sujets tels que la crise climatique, le rôle des défenseurs des droits de l’homme, la lutte contre la corruption et la défense des victimes de violations des droits de l’homme [perpétrées] par les entreprises. Les avantages et inconvénients de l’utilisation des technologies ont en outre été passés en revue, en particulier dans le contexte de la pandémie. Un « ensemble intelligent » de mesures obligatoires et volontaires a été préconisé pour réglementer les activités des entreprises dans le contexte des droits de l’homme.

Le dixième Forum, qui se tiendra de manière virtuelle du 29 novembre au 1er décembre 2021, portera sur l’application des Principes directeurs au cours de la prochaine décennie, a indiqué M. Deva.

 

 

HRC21.087F