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Le débat de haut niveau du Conseil des droits de l’homme met en évidence le fait que les principaux défis qui se posent actuellement au monde sont tous directement liés aux droits de l’homme

Compte rendu de séance

 

Le Conseil des droits de l'homme a poursuivi, ce matin, son débat de haut niveau, entamé hier, en entendant les déclarations de vingt-trois hauts dignitaires qui ont passé en revue les principaux défis qui se posent actuellement au monde et qui sont, comme cela a été maintes fois souligné, tous directement liés aux droits de l’homme : pandémie de COVID-19 et crise sanitaire, économique et sociale subséquente ; changement climatique et crise environnementale ; rétrécissement de l’espace civique ; terrorisme ; ou encore racisme et discriminations.

Ont ainsi fait des déclarations les Ministres des affaires étrangères de la Thaïlande, de l’Inde, de la Roumanie, du Sénégal, du Timor Leste, du Kirghizistan, du Bélarus, de l’Espagne, de l’Islande, du Nigéria, de la Tanzanie, du Luxembourg, du Japon, de la Lettonie, du Guatemala et de la Bolivie; ainsi que le Secrétaire d’Etat aux relations avec les Etats du Saint-Siège, le Ministre de la loi et de la justice du Lesotho, le Vice-Ministre pour l’Europe et les affaires étrangères de l’Albanie et les plus hauts représentants de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP), du Commonwealth, du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

 

Le Conseil poursuit ses travaux cet après-midi en continuant son débat de haut niveau.

 

Suite du débat de haut niveau

M. DON PRAMUDWINAI, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Thaïlande , a insisté pour que, dans la reconstruction après la pandémie, les États redoublent d'efforts afin de trouver un équilibre entre la résilience économique, l'inclusion sociale et un engagement politique et social actif. Dans le même temps, il sera essentiel de défendre le droit à une information précise et responsable : les fausses nouvelles et les discours de haine ne devraient pas avoir leur place dans la société, a-t-il indiqué.

Il faut se recentrer sur les personnes, la durabilité et la résilience, comme éléments essentiels à la réalisation des droits sociaux et économiques, a poursuivi le Ministre des affaires étrangères. En Thaïlande et ailleurs, la philosophie de « l'économie de suffisance » est une approche locale concrète, propice à un développement équilibré, a-t-il souligné.

Enfin, a ajouté M. Pramudwinai, il faut réaliser le droit à la santé en tant que droit humain fondamental, car la pandémie a montré que personne n'est en sécurité tant que tout le monde ne l'est pas. À cet égard, le système thaïlandais de couverture médicale universelle s'est révélé être l'une des mesures de protection les plus efficaces pour la population contre la maladie et les difficultés socioéconomiques et financières.

M. SUBRAHMANYAM JAISHANKAR, Ministre des affaires extérieures de l’Inde, a déclaré que le programme mondial des droits de l’homme était confronté à de graves menaces, surtout en raison du terrorisme. Les institutions et les mécanismes multilatéraux doivent être réformés afin de pouvoir y faire face efficacement. L’Inde, victime de longue date du terrorisme, est à l'avant-garde de l'action mondiale contre ce fléau. Cette action exige de prendre clairement conscience, y compris au sein des organes chargés des droits de l'homme, que le terrorisme ne peut jamais être justifié et que ses auteurs ne peuvent jamais être assimilés aux victimes.

Le Ministre a ensuite exposé la stratégie indienne de lutte contre la pandémie de COVID-19. En apportant une aide alimentaire directe à 800 millions d'Indiens et un soutien financier à 400 millions d'entre eux, dont beaucoup de femmes, le Gouvernement indien a fait en sorte que les besoins fondamentaux soient très efficacement satisfaits, même pendant le confinement, a-t-il souligné. L’Inde a également fourni des médicaments et des équipements essentiels à plus de 150 pays pour les aider dans cette lutte. En outre, l'Inde fournit aujourd'hui des millions de doses de vaccins à plus de 70 pays, a ajouté le Ministre.

M. BOGDAN AURESCU, Ministre des affaires étrangères de la Roumanie, a regretté que le Bélarus « possède toujours l'un des environnements médiatiques les plus restrictifs et les plus hostiles en Europe », une situation qui n'a fait que s'aggraver après « les élections présidentielles truquées » de 2020. Le Ministre a par ailleurs indiqué que la Roumanie soutenait l'activité de la mission de surveillance des droits de l'homme des Nations Unies en Ukraine, et demandait instamment que soit accordé à cette mission un accès complet « à l'ensemble du territoire de l'Ukraine, y compris la Crimée annexée illégalement ». Le Ministre a aussi fait part de la préoccupation de son pays s’agissant du conflit en Syrie et a condamné le coup d’État au Myanmar.

M. Aurescu a également insisté sur le fait que, dans un contexte où la diffusion de fausses informations sur la COVID-19 fait courir des risques réels aux populations, il faut de meilleurs instruments pour contrer la désinformation en ligne, renforcer l'autorégulation des médias sociaux et défendre la responsabilité et la transparence. C'est l'une des priorités de l'actuelle présidence roumaine de la Communauté des démocraties, a précisé le Ministre. Il a en outre indiqué que la Roumanie était candidate au Conseil des droits de l’homme pour la période 2023-2025.

MME AÏSSATA TALL SALL, Ministre des affaires étrangères et des Sénégalais de l'extérieur du Sénégal , a rappelé que cette 46ème session du Conseil se tient dans un contexte particulier et symbolique : particulier du fait des circonstances inhabituelles créées par la pandémie de COVID-19 ; symbolique parce que coïncidant avec le vingtième anniversaire de la Déclaration et du Programme d’Action de Durban et les 73 ans de la Déclaration universelle des droits de l’homme.

S’il est vrai que ces textes internationaux ont atteint une certaine maturité, force est de constater que les principes d’égalité, de non-discrimination, de justice et de fraternité qu’ils prônent subissent des assauts, au quotidien, eu égard à la montée du nationalisme, du racisme, de l’islamophobie et de l’intolérance, a déclaré Mme Tall Sall.

Attaché au respect des règles constitutionnelles, le Sénégal accorde une attention toute particulière à la protection des droits de l'enfant, des femmes, des personnes âgées et des personnes handicapées, mais aussi à l’élargissement des espaces de libertés et à la promotion des droits économiques, sociaux, culturels et environnementaux. Alors que le monde fait face aux défis engendrés par la pandémie de COVID-19, les Etats doivent en même temps renforcer leurs engagements à éradiquer l’extrême pauvreté. Face aux effets déstabilisateurs de la pandémie, le Président de la République du Sénégal a lancé un appel à l’annulation de la dette publique et au rééchelonnement de la dette privée de l’Afrique, qu’il considère comme un impératif de formulation d’une réponse collective, rapide et durable à la crise actuelle et dont les effets auront un impact certain dans le long terme, a indiqué la Ministre.

MME ADALJIZA MAGNO, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Timor-Leste , a déclaré que, face à la pandémie, le Timor-Leste avait pris des mesures décisives qui ont donné de bons résultats, puisque à ce jour on a compté seulement 103 cas positifs, dont 81 guérisons, 22 personnes à l’isolement et aucun décès. D’autre part, le Timor-Leste croit fermement à l'importance de l'égalité des sexes pour la construction de sociétés justes et démocratiques, a-t-elle poursuivi. Entre autres mesures, a-t-elle indiqué, le système d'information sur la gestion financière du Gouvernement contient des indicateurs pour faciliter le suivi des dépenses en faveur de l'égalité entre les sexes.

Mme Magno a ensuite regretté que la situation dans le territoire du Sahara occidental n'ait pas ou peu été discutée par le Conseil. « Le Timor-Leste réitère sa position de soutien au Sahara occidental et condamne la reprise du conflit armé dans le territoire non autonome du Sahara occidental, après la violation du cessez-le-feu par le Royaume du Maroc le 13 novembre 2020 », a-t-elle indiqué. La Ministre a demandé que davantage de pays soulèvent cette question au sein du Conseil et expriment leur soutien à une solution juste conformément aux résolutions pertinentes des Nations Unies.

M. FRANCISCO RIBEIRO TELLES, Secrétaire exécutif de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP), a relevé que l'une des conséquences de la pandémie avait été de mettre en évidence les inégalités dans l'accès aux biens et services publics de première nécessité. La CPLP préconise à cet égard de renforcer le multilatéralisme et la coopération internationale dans un esprit de solidarité mondiale et de partage des responsabilités. La CPLP demande que les réponses collectives de la communauté internationale soient guidées par le respect de tous les droits de l'homme, y compris le droit au développement.

M. Ribeiro Telles a indiqué que les stratégies de coopération de la CPLP mettent l'accent sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle et sur la santé, de même que sur des mesures visant à atténuer les vulnérabilités sociales. Il a indiqué que la Communauté entendait continuer de collaborer et de renforcer sa coopération avec les Nations Unies, notamment en ce qui concerne la participation de la CPLP et de ses États membres aux travaux du Conseil des droits de l'homme.

MME PATRICIA SCOTLAND, Secrétaire générale du Commonwealth, s’est réjouie que les Fidji, l’un des 54 États indépendants appartenant à la « famille du Commonwealth », soient aussi le premier petit État insulaire en développement à assumer la présidence du Conseil. Par ailleurs, neuf membres de cette « famille », dont trois petits États, siègent actuellement au Conseil. Le Commonwealth travaille avec le Conseil afin d’en faire un organe plus inclusif au sein duquel les petits États peuvent régulièrement participer et exprimer leurs vues, a souligné la Secrétaire générale.

La pandémie de COVID-19 a montré les inégalités entre États, en particulier en ce qui concerne l’accès aux vaccins, a poursuivi Mme Scotland. Cela signifie que ce sont les citoyens des nations les plus pauvres qui pourraient endurer le poids de centaines de milliers de morts inutiles, a-t-elle souligné, ajoutant que nous ne devons pas permettre cela. Les dirigeants de notre monde doivent s'unir pour faire en sorte que cela ne se produise pas, a insisté la Secrétaire générale du Commonwealth. Il faut être conscient que l'accès inéquitable aux vaccins peut faire dérailler la reprise économique pour tous, mais aussi faire perdre de l'argent aux pays plus riches, a-t-elle déclaré.

M. NQOSA MAHAO, Ministre de la loi et de la justice du Royaume de Lesotho, a déclaré qu’en dépit de ses succès, le Conseil des droit de l'homme avait encore beaucoup de travail à accomplir, compte tenu de la bataille historique pour les droit de l'homme dans le monde. Pour cela, il faut une volonté politique des États et ceux-ci doivent joindre leurs efforts pour parvenir aux objectifs pour lesquels ce Conseil a été créé, a-t-il dit.

En ce qui le concerne, le Royaume de Lesotho a pris des mesures pour protéger les droits de l'homme, a poursuivi le Ministre. Il s’est engagé dans le troisième cycle d’Examen périodique universel en janvier 2020 et produira très prochainement son rapport à mi-parcours. Le Gouvernement a en outre opérationnalisé la Commission nationale des droits de l'homme, entre autres mesures. Mais le Lesotho continue de connaître des défis et des contraintes liés au déclin de la production agricole, conséquence de l’érosion des sols et des sécheresses périodiques. Le Lesotho a également été vulnérable aux effets de la crise financière mondiale, qui a affecté ainsi son économie. Le Ministre a par ailleurs attiré l’attention sur le taux élevé de prévalence du VIH et du sida dans son pays. Malgré ces revers, largement exogènes, des progrès continuent d'être réalisés sur la plupart des fronts, mais à un rythme plus lent, a affirmé le Ministre.

M. ACHIM STEINER, Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a estimé qu’il s’agissait d’un moment marquant, car c’est la première fois que la présidence du Conseil des droits de l’homme est assurée par un représentant des petits États insulaires du Pacifique et des petits États insulaires en développement. Cette session a lieu alors que la pandémie de COVID-19 laisse dans son sillage une traînée dévastatrice d'effets socioéconomiques, a-t-il poursuivi. Le développement humain mondial est en passe de décliner pour la première fois depuis 1990, a-t-il souligné. Des recherches innovantes menées par le PNUD et le Pardee Center for International Futures ont révélé que plus d'un milliard de personnes pourraient vivre dans l'extrême pauvreté d'ici 2030, dont un quart en conséquence directe de la pandémie de COVID-19.

Grâce aux efforts des équipes de pays des Nations Unies avec les coordonnateurs résidents et le PNUD, 119 plans de réponse socioéconomique ont été achevés, a fait valoir l’Administrateur du PNUD. Ils fournissent des recommandations aux pays pour qu'ils abordent des domaines clés - de la perte d'emplois et de moyens de subsistance à l'augmentation de la pauvreté, des inégalités et des tensions dans la cohésion sociale. Le monde a une obligation collective de veiller à ce que les droits de l’homme fassent partie intégrante de la reprise socioéconomique, a souligné M. Steiner. En matière d'équité, l'accès abordable et non discriminatoire au vaccin contre la COVID-19 est un droit de l'homme et veiller à ce que nous ayons un « vaccin populaire » est également le moyen le plus rapide de mettre fin à cette pandémie, a conclu l’Administrateur du PNUD.

M. PETER MAURER, Président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a déclaré qu’il y a un an, lorsque ce Conseil s'est réuni, la pandémie DE COVID-19 se répandait à travers le monde. Les dirigeants avaient alors proclamé : « Nous sommes ensemble » car le virus semblait toucher tout le monde, sans discrimination. Aujourd'hui, la vérité est connue : malgré la rhétorique de la solidarité, la pandémie a accéléré les inégalités, a fait observer le Président du CICR. Dans les zones de conflit également, la pandémie a révélé les profondes fragilités des communautés déjà en proie à la violence et aux catastrophes naturelles, à une gouvernance faible, à la pauvreté et à des soins de santé inadéquats.

Les États ont eu du mal à répondre simultanément aux priorités nationales et à la coopération internationale, notamment dans le cadre de la concurrence impitoyable pour avoir accès aux vaccins, a poursuivi M. Maurer. La pandémie de COVID-19 n'est ni la première, ni la dernière menace mondiale à laquelle nous sommes confrontés ensemble. Bon nombre des défis actuels ne se limitent pas aux frontières des États, qu’il s’agisse des pandémies, du changement climatique ou encore de la désinformation, a souligné M. Maurer. En 2021, la communauté internationale doit travailler pour lutter contre quatre menaces clés : le nationalisme aux dépens des plus vulnérables, le recul des normes qui protègent la vie et la dignité, le changement climatique et le détournement d'informations qui alimente la violence et amplifie les besoins humanitaires. Le CICR appelle les États à prendre toutes les mesures, individuellement et collectivement pour atténuer les impacts de ces menaces et assurer que les populations les plus exposées soient activement protégés.

M. ROUSLAN AITBAYEVITCH KAZAKBAEV, Ministre des affaires étrangères du Kirghizistan, a déclaré que le développement des principes démocratiques, le renforcement de l'état de droit, la promotion et la protection des droits de l'homme et des libertés, ainsi que la liberté d'expression et de réunion pacifique avaient pris un cours irréversible dans son pays. Il en a donné pour preuve le succès de l'élection présidentielle du 10 janvier dernier, qui a été scrutée par 333 observateurs internationaux. La réforme constitutionnelle et les élections parlementaires seront les prochaines étapes clefs de la phase de transition dans un avenir proche, a-t-il ajouté.

Les dirigeants du pays sont déterminés à mener des réformes radicales dans toutes les sphères de la vie publique avec la participation d'experts internationaux indépendants, a poursuivi le Ministre. Les priorités seront la lutte contre la corruption, contre la criminalité et contre le crime organisé ; la sélection et la formation approfondies du personnel du service public ; et la réforme des systèmes judiciaire et pénal. Cette approche jettera les bases d'une nouvelle société où les principes de l'état de droit, de la légalité, de la protection et de la promotion des droits de l'homme et des libertés fondamentales seront respectés, a conclu le Ministre.

M. VLADIMIR MAKEI, Ministre des affaires étrangères du Bélarus, a regretté que les pays occidentaux ne puissent pas se faire à l'idée que, malgré une forte pression politique et économique, le Bélarus se développe non pas selon les « moules » des pays occidentaux, mais selon la façon dont le peuple biélorusse décide lui-même, dans son propre intérêt. Toutes sortes de mécanismes de déstabilisation ont été appliqués pour renverser les autorités en place au Bélarus, a poursuivi M. Makei, évoquant les fausses nouvelles reproduites dans les réseaux sociaux, le soutien politique et financier de l'extérieur à des manifestations prétendument spontanées, ou encore un large éventail de sanctions politiques et économiques.

M. Makei a ajouté que l'Assemblée populaire du Bélarus, qui s'est tenue les 11 et 12 février, avait rassemblé des milliers de personnes pour confirmer le soutien de la majorité de la population à la politique d'État. Le Ministre a dit attendre une approche impartiale de la part du Conseil, pour traiter objectivement les problèmes des droits de l'homme dans tous les pays sans exception. Seule une telle attitude équitable permettra de rétablir la confiance dans le travail du Conseil et de contribuer à améliorer la situation des droits de l'homme dans le monde, a-t-il conclu.

MME ARÁNCHA GONZÁLEZ LAYA, Ministre des affaires étrangères et de la coopération de l’Espagne, a souligné que son pays était un promoteur de l'initiative « Ensemble pour un multilatéralisme renforcé ». L’Espagne s'est donc engagée dans la voie multilatérale pour gérer les grands défis mondiaux, notamment l'égalité entre les genres, le changement climatique et ses effets environnementaux connexes ainsi que la technologie numérique, qui constituent autant de défis du point de vue des droits de l'homme. L’Espagne se consacrera à protéger les droits humains des personnes les plus vulnérables, en affrontant notamment le racisme, la xénophobie et d’autres intolérances connexes, ainsi que les discriminations basées sur le genre, le handicap et l’orientation sexuelle, a indiqué la Ministre.

La Ministre espagnole a ajouté que sa délégation [au Conseil] contribuerait également à la protection des droits de l'homme face à l'impact négatif du changement climatique et resterait fermement attachée à la protection des défenseurs des droits de l'homme. Elle poursuivra également les initiatives en matière d'eau potable et d'assainissement. L’Espagne sera par ailleurs très attentive à la présentation du rapport du Haut-Commissaire sur l'agenda Femmes, Paix et Sécurité, au Conseil en septembre de cette année, a indiqué la Ministre.

M. GUDLAUGUR THOR THORDARSON, Ministre des affaires étrangères et de la coopération au développement international de l’Islande , a souligné que la pandémie de COVID-19 ne devait pas servir de prétexte pour justifier des restrictions à long terme des libertés civiles. La priorité devrait aller à la défense de la paix et de la sécurité, de l'état de droit et des droits de l'homme, y compris ceux des femmes et des filles et de la communauté LGBTI+.

Le Ministre a salué la décision de l’Arabie saoudite de répondre à l'appel international en faveur de la libération de Mme Lujain al-Hathloul. Il a par ailleurs appelé les autorités de la Fédération de Russie à utiliser leur appartenance au Conseil comme un tremplin pour une nouvelle approche où chaque individu se voie garantir tous ses droits, y compris la liberté d'expression et de manifestation pacifique, ainsi que d'autres droits civils et politiques. Pour faire avancer les choses, il est impératif de trouver une solution pratique, a fait remarquer le Ministre, soulignant que c’est ainsi que l’Islande a travaillé avec les Philippines sur la résolution que les deux pays ont fait adopter ensemble en septembre, concernant la situation des droits de l’homme aux Philippines.

M. GEOFFREY ONYEAMA, Ministre des affaires étrangères du Nigéria, a déclaré que 2020 a été une année différente pour son pays, ainsi que pour toutes les autres nations du monde, en raison des défis posés par la nouvelle pandémie de COVID-19. Alors que le Nigéria s’efforce de relever ce défi sanitaire, il reconnaît qu'il est impératif de faire respecter les droits de l'homme et les libertés fondamentales, a-t-il expliqué.

La réforme du système de sécurité est l’une des principales priorités du Gouvernement nigérian, a poursuivi le Ministre. Compte tenu de la nécessité d'assurer la paix et la sécurité des Nigérians et de garantir la jouissance des droits de l’homme et des libertés fondamentales, le pays a adopté les mesures et stratégies nécessaires en vue de répondre aux défis liés au fléau du terrorisme, de l’insurrection, du banditisme.

Vingt ans après la Conférence mondiale contre le racisme (tenue à Durban en 2001), le monde est toujours aux prises avec le racisme, la discrimination raciale et la xénophobie, a par ailleurs regretté le Ministre nigérian. Les États et les autres parties prenantes concernées doivent faire preuve d’un engagement sincère et ferme en faveur d'une mise en œuvre efficace et globale du Programme d'action de Durban, afin de progresser dans la lutte mondiale contre le racisme et la discrimination raciale, a-t-il plaidé.

L’archevêque PAUL RICHARD GALLAGHER, Secrétaire aux relations avec les États du Saint-Siège, a observé que depuis plus d'un an maintenant, la pandémie de COVID-19 a eu un impact sur tous les aspects de la vie, causant la perte de nombreuses personnes et jetant le doute sur nos systèmes économiques, sanitaires et sociaux. La pandémie a également interrogé notre engagement en faveur de la protection et de la promotion des droits de l'homme universels, tout en affirmant leur pertinence. En tant que communauté mondiale, il nous faut redécouvrir le fondement des droits de l’homme, afin de les mettre en œuvre de manière authentique, a affirmé l’archevêque.

La vie, avant d'être un droit, est d'abord et avant tout un bien à chérir et à protéger, a poursuivi M. Gallagher. Le contenu du droit à la vie a été progressivement élargi en luttant contre les actes de torture, les disparitions forcées et la peine de mort et en protégeant les personnes âgées, les migrants, les enfants et la maternité, a-t-il déclaré. Ces développements sont des extensions raisonnables du droit à la vie, a-t-il ajouté. Lorsque le droit à la vie est dissocié de son fondement, il existe un risque réel de saper la valeur qu'il entend défendre, a-t-il averti. Un précédent malheureux est fourni par l’Observation générale n°36 du Comité des droits de l'homme sur le droit à la vie qui - loin de protéger la vie et la dignité humaines - déforme son sens pour impliquer le « droit » au suicide assisté et de mettre fin à la vie de l'enfant à naître, a estimé M. Gallagher.

M. PALAMAGAMBA J.A.M. KABUDI, Ministre des affaires étrangères et de la coopération est-africaine de la République-Unie de Tanzanie , a assuré que la détermination de son pays à protéger les droits de l'homme ne s’est jamais démentie depuis son indépendance il y a 60 ans. La Tanzanie est cependant passée par des temps difficiles pour assurer sa stabilité politique et bâtir les fondations solides pour la bonne gouvernance, les droits de l'homme et la croissance économique, a-t-il rappelé.

Parmi les acquis solides de la Tanzanie depuis 60 ans, il y a la reconnaissance du rôle de la société civile et des médias, de même que la promotion de la diversité de genre, notamment dans les services judiciaires. Ainsi, les femmes sont-elles très présentes dans les institutions judiciaires du pays : elles représentent 44% des postes dans les cours d’appel et 40% dans les cours administratives, a notamment indiqué M. Kabudi.

M. JEAN ASSELBORN, Ministre des affaires étrangères et européennes du Grand-Duché de Luxembourg , a déclaré que son pays est de longue date un fervent partisan des droits humains. En présentant sa candidature pour être élu pour la première fois au Conseil des droits de l’homme pour la période 2022-2024, le Luxembourg entend mettre son engagement multilatéral au service de la protection des droits de tous les êtres humains, a indiqué le Ministre. Dans le cadre de cette candidature, le Luxembourg s’est fixé plusieurs priorités, notamment l’appui à l’état de droit, à l’espace civique et aux défenseurs des droits humains et la lutte contre l’impunité, mais aussi le développement durable et l’action climatique ou encore l’égalité des genres et la protection et la promotion des droits de l’enfant.

Au Bélarus, les citoyens méritent que leurs voix soient entendues et qu’ils puissent exprimer leur volonté lors de nouvelles élections libres et équitables, a ensuite déclaré M. Asselborn. Il a ajouté que son pays déplore par ailleurs le rétrécissement de l’espace civique en Fédération de Russie. En Turquie, a-t-il poursuivi, la société civile et les défenseurs des droits de l’homme continuent d’être mis sous pression par les autorités, tandis que les atteintes aux droits humains et aux libertés de la population de Hong Kong restent très préoccupantes. Le Gouvernement luxembourgeois condamne par ailleurs le coup d’Etat militaire au Myanmar, de même que les discriminations religieuses et ethniques persistantes à l’encontre des Rohingyas dans ce pays, mais aussi à l’encontre des Ouïghours en Chine ou encore de la minorité bahaïe en Iran, a notamment indiqué le Ministre.

M. MOTEGI TOSHIMITSU, Ministre des affaires étrangères du Japon, a déclaré que la pandémie de COVID-19 est une crise de sécurité humaine. La communauté internationale doit s’unir pour ne laisser personne au bord du chemin, a-t-il souligné. Cet été, a-t-il rappelé, le Japon accueillera les Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo. Il s’agit d’une occasion à la fois de prouver la victoire contre la COVID-19 et de montrer la reconstruction du Japon après le grand tremblement de terre qui s'est produit il y a dix ans dans l'est de l’archipel.

Le Japon est gravement préoccupé par la situation causée par le coup d’Etat militaire au Myanmar, a poursuivi le Ministre. Le Japon demande instamment la libération de ceux qui sont détenus, y compris la Conseillère d’Etat Aung San Suu Kyi, ainsi que la restauration rapide du système démocratique dans le pays. Des valeurs telles que la liberté, le respect des droits de l’homme et l’état de droit doivent également être protégées en Chine, y compris à Hong Kong et dans le Xinjiang, a ajouté le Ministre japonais. Le Japon est profondément préoccupé par la situation récente et exhorte vivement la Chine à prendre des actions positives concrètes, a-t-il insisté. Il a ensuite évoqué la question des enlèvements par la République populaire démocratique de Corée, en soulignant qu’il s’agit de la priorité absolue du Japon et qu’il n'y a pas de temps à perdre sur cette question, avant de se féliciter de l’adoption de la résolution sur « la situation des droits de l’homme en République populaire démocratique de Corée » à l’Assemblée générale au cours des seize dernières années.

M. EDGARS RINKĒVIČS, Ministre des affaires étrangères de la Lettonie , a dénoncé la situation des droits de l'homme dans les régions illégalement annexées de Crimée [Ukraine] et d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud [Géorgie], qui continue de s'aggraver. Le fait que le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU n’ait pas accès à ces régions est source de sérieuses inquiétudes quant à la situation réelle dans ces territoires, a-t-il déclaré.

La Lettonie est par ailleurs préoccupée par les répressions massives contre la société civile, les défenseurs des droits de l'homme, les journalistes et l'opposition politique en Fédération de Russie, a poursuivi le Ministre letton, avant de rappeler que la liberté d'expression, la liberté de réunion et le droit à la liberté sont des droits humains fondamentaux. En tant que membre élu du Conseil, la Fédération de Russie a une obligation morale de garantir le strict le respect de ces droits de l’homme, a insisté le Ministre, avant de plaider pour la libération immédiate d’Alexeï Navalny et d'autres manifestants pacifiques. La Lettonie déplore en outre la détérioration de la situation des droits de l'homme au Bélarus à la suite des élections présidentielles, notamment la détention illégale, la violence, les disparitions forcées, la torture physique et mentale, ainsi que les violences sexuelles et fondées sur le genre, a ajouté le Ministre.

M. PEDRO BROLO VILA, Ministre des affaires étrangères du Guatemala, a déclaré que son pays affronte la pandémie avec la conviction que l’État doit assumer l’engagement de donner la priorité à la personne et à la vie humaine. Des mesures drastiques ont donc été prises pour réduire les impacts sur la santé, sur l’économie et dans les domaines social, environnemental et sécuritaire, a-t-il indiqué. Dix programmes sociaux bénéficiant à plus de deux millions et demi de ménages et environ deux cent mille travailleurs ont été mis en œuvre dans le but de contrer les effets de la pandémie de COVID-19, a-t-il fait valoir. Grâce au mécanisme COVAX, le Guatemala recevra un premier lot d'environ 800 000 vaccins du laboratoire Astra Zeneca, destinés à vacciner en priorité les personnels de santé et de secours et les personnes âgées vulnérables.

Le Guatemala se livre également à une évaluation de la gestion publique, afin de disposer de mécanismes efficaces visant à utiliser les ressources publiques de manière prudente, rationnelle et optimale, a poursuivi le Ministre. En tant que membre fondateur de l'ONU, le Guatemala est pleinement résolu à renforcer ses organes. Il continuera donc de coopérer avec les mécanismes des droit de l'homme. Il espère dans ce contexte, que le processus de révision du système des organes conventionnels des Nations Unies se traduira par leur renforcement et par une rationalité et une efficacité accrues, a indiqué le Ministre guatémaltèque.

M. AGRON TARE, Vice-Ministre pour l’Europe et les affaires étrangères de l’Albanie, a déclaré que compte tenu de la situation en Syrie, en Iran, au Bélarus, au Myanmar, au Venezuela, au Soudan du Sud, et d'autres situations des droits de l'homme ailleurs dans le monde, son pays estimait que le Conseil des droits de l'homme, en coopération avec tous les États et les autres parties prenantes, devait contribuer à la prévention de nouvelles violations des droits de l’homme.

La protection des droits de l'homme dans la situation actuelle de pandémie de COVID-19 est l'un des plus grands défis mondiaux jamais rencontrés par les Nations Unies, a ajouté le Vice-Ministre albanais. Il a ensuite attiré l’attention sur les autres enjeux dans le domaine des droits de l'homme que sont la lutte contre les inégalités et la pauvreté, le changement climatique, et l'environnement. Cette année marque une étape importante dans nos efforts pour lutter contre le racisme, la discrimination, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée, car le monde s’apprête à commémorer le vingtième anniversaire de la Déclaration et du Programme d'action de Durban et à prendre de nouveaux engagements à cette occasion. La crise sanitaire mondiale montre à quel point le monde est interdépendant et combien la réponse à ces défis doit être fondée sur la solidarité, a conclu le Vice-Ministre.

M. ROGELIO MAYTA MAYTA, Ministre des affaires étrangères de l’Etat plurinational de Bolivie, a déclaré qu’après avoir été confrontée, en 2019, à une interruption de son ordre constitutionnel, la Bolivie avait subi la répression de la police, des militaires et des groupes paramilitaires, de même qu’une persécution politique par des procureurs et des juges instrumentalisés, le tout accompagné d'un discours haineux, raciste, discriminatoire voire suprémaciste blanc. Cependant, en octobre 2020, le peuple bolivien a retrouvé la voie de la démocratie lors d'une élection incontestable et a élu un nouveau gouvernement. Ce dernier mène plusieurs actions pour parvenir à la réconciliation nationale, a indiqué le Ministre.

Face à la pandémie de COVID-19, la Bolivie juge impératif que tous les peuples du monde aient accès aux vaccins, a poursuivi le Ministre. La seule façon d'éradiquer la maladie est d'assurer l'accès universel au vaccin, aux médicaments et aux soins adéquats, a-t-il indiqué. Il a en outre souligné que son pays avait proposé la création d'un forum pour l'allégement, l'annulation et la restructuration de la dette extérieure des pays en développement. Le Ministre bolivien des affaires étrangères a plaidé pour que l’économie soit au service des êtres humains. Il a en outre mis en garde contre le risque posé par le discours raciste.

 

 

HRC21.011E