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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ENTAME SON DÉBAT ANNUEL DE HAUT NIVEAU AVEC PLUSIEURS MINISTRES SALUANT LA PROLONGATION DU TRAITÉ NEW START

Compte rendu de séance

Elle entend les ministres des affaires étrangères de la Suède, de l'Allemagne, de l'Inde, de l'Irlande, du Kazakhstan, de l'Égypte, des Pays-Bas, du Kenya, de la Belgique, de la Bulgarie et de l'Estonie, ainsi que des dignitaires de Sri Lanka, du Japon et de la Finlande

 

La Conférence du désarmement a ouvert ce matin son débat de haut niveau de 2021, qui se déroule au Palais des Nations à Genève jusqu'au 25 février – principalement par visioconférence - sous la présidence de l’Ambassadeur Gonçalo de BarrosCarvalho e Mello Mourão, du Brésil, et en présence de la Secrétaire générale de la Conférence et Directrice générale de l'Office des Nations Unies à Genève, Mme Tatiana Valovaya.

La Conférence a entendu les déclarations des ministres des affaires étrangères de la Suède, de l'Allemagne, de l'Inde, de l'Irlande, du Kazakhstan, de l'Égypte, des Pays-Bas, du Kenya, de la Belgique, de la Bulgarie et de l'Estonie, ainsi que le ministre de la coopération régionale de Sri Lanka, un ministre d'État aux affaires étrangères du Japon et un responsable de la limitation des armements au ministère des affaires étrangères de la Finlande. Les dignitaires ont été nombreux à saluer la prolongation pour cinq ans, à partir du 5 février 202, du traité New START de réduction des armes stratégiques nucléaires entre les États-Unis et la Russie. Beaucoup ont par ailleurs plaidé pour la ratification Traité sur l'interdiction des armes nucléaires, entré en vigueur le 22 janvier dernier. Un intervenant a dénoncé l'empoisonnement d'un chef de l'opposition russe avec un agent neurotoxique chimique militaire. Plusieurs intervenants ont par ailleurs appelé à poursuivre sans relâche les efforts en vue de l'adoption d'un programme de travail de la Conférence de désarmement pour cette année et la sortir de l’impasse.

 

La Conférence du désarmement poursuit cet après-midi son débat de haut niveau. Le premier orateur prévu est le secrétaire d'État des États-Unis, M. Antony J. Blinken. On attend également les interventions des ministres des affaires étrangères du Canada, de l'Autriche, de Cuba, de l'Iraq, de l'Argentine, du Chili, de l'Équateur et de l'Espagne, notamment.

 

Débat de haut niveau

MME ANN LINDE, Ministre des affaires étrangères de la Suède, a déclaré que chaque année suscitait un nouvel espoir de volonté politique pour sortir de l’impasse qui paralyse la Conférence du désarmement depuis trop longtemps maintenant. Elle a trouvé particulièrement révélateur et préoccupant que la Conférence n’ait pas été en mesure d’adopter des règles pour mettre en place des procédures neutres du point de vue du genre. Elle a ensuite fait valoir que les points à l’ordre du jour de la Conférence du désarmement demeurent plus pertinents que jamais. La Conférence ne peut se permettre de laisser des débats de procédure interminables faire obstacle à des travaux de fond indispensables et la ministre a exhorté tous les États à faire preuve de souplesse et à adopter désormais une approche pragmatique. Il y a urgence à faire des progrès pour jeter les bases de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), a-t-elle poursuivi, saluant l’accord intervenu entre les États-Unis et la Fédération de Russie pour prolonger le traité «New START», qui constitue une contribution cruciale pour la sécurité internationale et européenne. La Ministre suédoise a encouragé la poursuite des pourparlers et négociations, y compris avec la Chine, pour conclure des accords.

La Conférence d’examen du TNP est une occasion sans pareille pour que les États parties renforcent les trois piliers du Traité (engagements de désarmement, de non-prolifération et de coopération), réaffirmer la pertinence des engagements antérieurs et enregistrer des progrès réels, notamment s’agissant de l’article VI (sur la négociation d'un traité de désarmement général et complet), a ajouté Mme Linde, qui a souligné que l’Initiative de Stockholm pour le désarmement nucléaire vise précisément à favoriser des progrès, même dans les périodes difficiles. À travers une série de réunions ministérielles à Stockholm, Berlin et Amman, et l’adoption de la déclaration de Berlin et ses 22 mesures concrètes, l’Initiative, proposée par un d’un groupe de seize États non dotés d’armes nucléaires, cherche à insuffler une nouvelle énergie à la diplomatie dans le domaine des armes nucléaires, a expliqué Mme Linde.

L’Initiative de Stockholm ambitionne de réduire les risques nucléaires, faire progresser le désarmement nucléaire et permettre la réussite de la Conférence d’examen en définissant des mesures ambitieuses, concrètes et réalistes que tous les États peuvent prendre, en particulier les États dotés d’armes nucléaires, a précisé la Ministre suédoise des affaires étrangères. Dans les prochains mois, les membres de l’Initiative de Stockholm intensifieront leurs efforts et s’adresseront tant aux États nucléaires que non nucléaires. Ils s’engageront également avec d’autres initiatives et groupes, gouvernementaux et de la société civile, pour arriver à une plateforme commune et renforcer le TNP.

M. HEIKO MAAS, Ministre des affaires étrangères de l’Allemagne, a regretté que, si les conventions internationales d’interdiction des armes biologiques, chimiques et de certaines armes conventionnelles, de même que le Traité sur l’interdiction des essais nucléaires, constituent d'importants jalons pour le désarmement, beaucoup de ces accords ont été « négligés ou ouvertement violés » au fil des ans. M. Maas a néanmoins salué la nouvelle perspective offerte cette année par l’importante extension du traité « New START » et a invité la communauté internationale à tirer parti de ce succès.

L'Allemagne estime que la première tâche consiste à remettre le désarmement nucléaire sur les rails. À cet égard, l’Initiative de Stockholm présente une feuille de route pour faire avancer le désarmement nucléaire en proposant des jalons d’ordre pratique, de la réduction des risques à la vérification, en passant par des réductions plus importantes des stocks. Le ministre a aussi attiré l'attention sur l’Initiative sur la non-prolifération et le désarmement, qui formule de précieuses recommandations en vue du renforcement de tous les aspects du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Dans ce contexte, la Conférence d’examen qui se tiendra cette année sera l’occasion de « joindre les actes à la parole » et de progresser résolument vers l'objectif commun d'un monde sans armes nucléaires

La deuxième tâche qui incombe à la Conférence consiste à contrer la prolifération et à mettre fin à l’impunité, a déclaré M. Maas. S'agissant du Plan d’action global commun (PAGC), il a estimé qu'il était de l’intérêt de l’Iran d’inverser la tendance dès maintenant, avant que l’accord soit compromis de façon irréparable. En sa qualité de membre du PAGC, l’Allemagne n’attend de l’Iran rien de moins que son plein respect et une transparence et une coopération pleines et entières avec l’Agence internationale de l’énergie atomique. « La Corée du Nord exige toute notre attention », a également déclaré le ministre allemand, rappelant que ce pays avait non seulement violé mais s’était également retiré, par la suite, du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Il faut « rester unis dans nos efforts visant à dénucléariser la Corée du Nord » pour donner les meilleures chances, en conjonction avec un engagement diplomatique, à une paix durable. Le Ministre allemand a aussi évoqué l’usage répété d’armes chimiques par la Syrie contre sa propre population, des « crimes odieux clairement confirmés par l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC)». Notre devoir, en tant qu’États responsables, consiste à exiger que ceux qui ont commis ces actes rendent des comptes.

La troisième tâche majeure consiste à repenser la limitation des armes en tenant compte des évolutions technologiques, a estimé M. Maas, qui a mis l'accent à la fois sur l’énorme potentiel de l’intelligence artificielle, de la biotechnologie et de la cyber-technologie pour le progrès humain, mais aussi sur les les nouvelles menaces qu’elles engendrent. Il a souligné en particulier que les armes autonomes qui opèrent indépendamment du contrôle humain menacent gravement les droits de l’homme et le droit humanitaire. M. Maas a en conséquence jugé qu’il était grand temps de mettre au point des règles nécessaires dans ce domaine.

La pandémie de COVID-19 a révélé à quel point la communauté internationale était vulnérable face à un virus, a souligné en conclusion le Ministre allemand des affaires étrangères, soulignant que des agents biologiques étaient susceptibles d’être encore bien plus dangereux. M. Maas a demandé une révision de la Convention sur les armes biologiques pour mieux refléter les nouvelles menaces et les progrès rapides dans les domaines de la biotechnologie et de la science, ce qui devrait être l’objectif de la Conférence d’examen.

M. HARSH VARDHAN SHRINGLA, Ministre des affaires étrangères de l'Inde, a souligné que la pandémie de COVID-19 avait exposé les vulnérabilités et révélé la nécessité d’une solidarité mondiale et d’un renforcement du multilatéralisme. Il a mis en avant, à cet égard, la promesse du Premier Ministre Narendra Modi à l’Assemblée générale de l’ONU de rendre abordables et accessibles à toute l’humanité les vaccins contre ce virus, ce qui prouve encore une fois que «l’Inde est la force du bien mondial». Le pays adopte la même approche pour les questions liées à la paix et à la sécurité internationale et apporte une contribution importante en tant que membre non-permanent au sein du Conseil de sécurité pour 2021-2022, a déclaré le ministre.

Le Ministre indien des affaires étrangères a salué la prolongation du traité New START mais appelé à « faire davantage » au sein de la Conférence du désarmement et à dépasser les différends, faire montre de volonté politique et de bonne foi pour atteindre un consensus dans le cadre du mandat collectif. « Ceux qui ont recours à la politisation ne font qu’affaiblir le mandat de cet organe », a-t-il prévenu. En effet, en tant que forum unique de négociation de désarmement multilatéral, tel que mandaté par la session extraordinaire sur le désarmement, l’ordre du jour de la Conférence du désarmement aborde des défis cruciaux en matière de désarmement et de sécurité internationale, d’où la nécessité d’un programme de travail équilibré et global, à même de permettre à la Conférence d’entamer des négociations sur des questions pressantes d’importance mondiale, a-t-il argué.

L’Inde s'est engagée en faveur d’un désarmement nucléaire universel, non discriminatoire et vérifiable, a réaffirmé le ministre, qui a appelé à une élimination complète des armes nucléaires grâce à un processus pas à pas, conformément au document de travail soumis par l'Inde à la Conférence sur le désarmement en 2007. Il a aussi rappelé que son pays avait appuyé le commencement immédiat des négociations sur le Traité d’interdiction des matières fissiles sur la base du document CD/1299 et du mandat qui y est énoncé, qui demeure une bonne base pour les négociations. L’Inde a donc réitéré qu’elle était prête à engager ces négociations au sein de la Conférence. En tant qu’État nucléaire responsable, l’Inde s’est aussi engagée, conformément à sa doctrine nucléaire, à maintenir une force de dissuasion minimum crédible en adoptant une position du non-recours en premier aux armes nucléaires et de la non-utilisation d'armes nucléaires contre des États qui n'en sont pas dotés.

Le ministre indien a en outre évoqué la question de la prévention de la course aux armements dans l’espace, qui figure depuis longue date à l’ordre du jour de la Conférence du désarmement, et appelé de ses vœux le début des négociations sur un instrument juridiquement contraignants sur la question afin de traiter des problèmes pressants afférents à la sécurité dans l’espace, et invité les États membres à y participer.

La Conférence du désarmement est en proie depuis trop longtemps à la peur, à la suspicion et à la méfiance, a déploré le Ministre indien des affaires étrangères, qui a souligné que l'Inde était disposée à jouer son rôle et coopérer avec les autres États membres pour atteindre nos objectifs collectifs.

M. SIMON COVENEY, Ministre des affaires étrangères de Irlande, a déclaré que la pandémie de COVID-19 avait démontré la nécessité d’une action collective pour surmonter les défis mondiaux. Le désarmement multilatéral est l’un des domaines où ces enseignements s’avèrent les plus pertinents, a-t-il estimé, appelant à accorder la priorité à la mise en œuvre des engagements existants et à répondre aux défis nouveaux et émergents. Partant, il importe de se garder de la polarisation qui a caractérisé les travaux de la Conférence de désarmement depuis trop longtemps. Un engagement et une coopération constructifs, ancrés dans le multilatéralisme et fondés sur des preuves et une expertise solide, sont la seule voie possible. Il a déploré que la Conférence du désarmement ne soit pas parvenue à s’acquitter de son mandat ou, notamment, à arriver à un accord sur les nouvelles demandes d’adhésion depuis plus de vingt ans, et a exhorté tous les États à consentir tous les efforts tendant à l’adoption d’un programme de travail.

Le ministre irlandais a déclaré qu'il y avait des raisons d'être optimiste sur la tâche à accomplir, saluant notamment la nouvelle prolongation pour cinq ans du traité New START, et espéré que cela conduira la Fédération de Russie, les États-Unis et d’autres pays à s’engager activement dans des accords de suivi de plus grande portée, notamment pour limiter et réduire les stocks d’armes nucléaires en vue de leur élimination. Le Ministre irlandais a aussi affirmé que l’entrée en vigueur, le 22 janvier 2021, du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, avait envoyé un message fort quant au fait que les graves risques humanitaires posés par ces armes étaient inacceptables. M. Coveney a exhorté les États qui ne l’ont pas encore fait à signer et à ratifier ledit traité, et à appuyer sa pleine application. De la même façon, il a salué la 169e ratification, avec Cuba, du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires comme étant un nouveau jalon puisque ce traité a été le dernier instrument juridique négocié par la Conférence, et a établi une norme mondiale solide contre les essais d’armes nucléaires, preuve de ce que la Conférence du désarmement est capable de faire. À l’occasion du vingt-cinquième anniversaire du Traité cette année, il a appelé les huit États visés dans l’Annexe 2, qui ne l’ont pas encore fait, à signer et ratifier le Traité, et tous les États à respecter le moratoire sur les explosions expérimentales d’armes nucléaires ou de toute autre explosion nucléaire.

M. Coveney a formé le vœu que la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires se tienne l’été prochain à New York dans un climat propice au succès pour œuvrer, ensemble, en vue de « progrès tangibles » s'agissant notamment des domaines où les progrès ont été les plus lents. Il a jugé vital de réaffirmer l’engagement de tous les États envers les conclusions agréées au cours des cinquante dernières années, notamment celui des États dotés de l’arme nucléaire visant à l’élimination totale de leurs arsenaux nucléaires.

Rappelant l’ agenda du Secrétaire général de l’ONU sur le désarmement pour qui le désarmement est non seulement vital pour la sécurité mondiale mais sauve également des vies, le Ministre irlandais des affaires étrangères a assuré de la participation de son pays aux efforts en vue de la protection des civils en période de conflit et de l’aboutissement de la déclaration politique relative aux conséquences humanitaires dévastatrices de l’utilisation d’engins explosifs dans des zones habitées.

M. MUKHTAR TILEUBERDI, Vice-premier ministre et Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan , s’est félicité, à son tour, de l'entrée en vigueur récente du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, et mis l’accent sur la proposition de son pays de créer une alliance mondiale des dirigeants pour la sécurité nucléaire et pour un monde exempt d’armes nucléaires.

Le ministre kazakh a également déclaré que la prolongation du traité New START relevait d’un comportement responsable et d’un engagement en faveur du processus de désarmement nucléaire, conformément à l’article VI du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, et à la prévention de la course aux armements. Il est essentiel dans ce contexte de préserver et de renforcer la Conférence du désarmement. Notant que l'un des principes fondamentaux de la Conférence était le consensus, il a déclaré que les questions de désarmement nucléaire, un traité d'interdiction des matières fissiles, la prévention d'une course aux armements dans l'espace et les garanties négatives de sécurité devraient rester parmi les principales priorités.

Le Vice-Premier Ministre du Kazakhstan est également revenu sur la proposition du Président Kassym-Jomart Tokayev pour la création d'une agence internationale pour la sûreté biologique, un organe multilatéral relevant du Conseil de sécurité. Il a annoncé que son pays présentera sous peu une note conceptuelle à tous les États intéressés en vue de discussions approfondies sur cette proposition.

M. SAMEH SHOUKRY, Ministre des affaires étrangères de l'Égypte, a déclaré que l’impasse dans laquelle se trouve la Conférence du désarmement depuis plus de deux décennies entamait sa crédibilité et son rôle en tant que plateforme de négociation des traités et accords internationaux sur le désarmement. Il a donc souhaité que la quatrième session extraordinaire sur le désarmement soit convoquée au plus tôt. Il a par ailleurs déploré le non-respect du principe de dissuasion pourtant stipulé dans l’article VI du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, de même que l’absence d’un traité international juridiquement contraignant sur les garanties négatives de sécurité, et a appelé tous les États dotés de l’arme nucléaire à assumer leurs responsabilités. Il a également appuyé les efforts tendant à entamer des négociations sur un traité d’interdiction des matières fissiles, lequel devrait également inclure les stocks existants et ne pas être limité à la future production.

Le ministre égyptien a par ailleurs souligné que l’instabilité régionale au Moyen-Orient était exacerbée par l’existence d’un État non-partie au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), et tenu à rappeler les conclusions des conférences d’examen de 1995, 2000 et 2010, qui appelaient Israël – seul pays de la région non-partie au Traité – à y accéder rapidement et à placer toutes ses installations nucléaires sous le contrôle du système de garanties de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). L’Égypte participera activement, et de façon constructive, à la Conférence d’examen du TNP prévue en août prochain à New York, et espéré qu’elle aboutira à des résultats probants concernant les trois piliers (engagements de non-prolifération, de coopération et de désarmement), ainsi qu’à une réaffirmation de l’engagement politique en vue de l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient. Il a invité tous les États à participer à la deuxième conférence sur ce sujet, qui se tiendra en novembre prochain, également à New York.

M. STEF BLOK, Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, a souligné que la COVID-19 avait rendu la coopération internationale bien plus complexe tout en démontrant à quel point celle-ci était essentielle. Il a encouragé à persévérer dans la coopération et à fixer de nouveaux objectifs, en particulier en matière d’architecture de contrôle des armes pour le XXIe siècle face aux progrès techniques, nouveaux et perturbateurs. Il s’est en conséquence félicité de la prolongation du traité New START, espérant qu’elle constituera un nouveau jalon positif sans les domaines de contrôle des armes, de désarmement et de non-prolifération.

M. Blok a averti que les discussions au sein de la Conférence de désarmement étaient bien trop importantes pour être « bloquées par des arguments de procédure », comme cela est le cas autour du Traité d’interdiction des matières fissiles. Le ministre néerlandais a prôné une approche pragmatique. Il a notamment mis l’accent sur l’importance de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, tout en reconnaissant qu’il fallait faire preuve d’honnêteté dans l’examen de son application, et en assumer la responsabilité, en particulier de la part les États dotés d'armes nucléaires. Les Pays-Bas, qui président la Grande commission III, n'épargneront aucun effort pour la réussite de cet examen, et insistent sur les priorités majeures : transparence, réduction des risques, gestion des crises et stabilité. Les Pays-Bas déploieront en outre des efforts en matière de contrôle des armes, de technologies émergentes et de réduction de la vulnérabilité dans l’espace, a ajouté le Ministre néerlandais des affaires étrangères.

En tant que Président de la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel, les Pays-Bas appellent par ailleurs tous les États qui ne l’ont pas encore fait à se joindre aux 164 États qui ont d’ores et déjà signé cet instrument.

M. THARAKA BALASURIYA, Ministre d'État à la coopération régionale de Sri Lanka, a réaffirmé l’engagement et le soutien déterminés de Sri Lanka en faveur de l’élimination complète des armes nucléaires. Le pays reste préoccupé par l'absence de progrès en matière de désarmement nucléaire et par la menace que ces armes représentent pour la survie de l'humanité. Alors que la communauté internationale est confrontée à l'un des défis les plus importants de l'histoire, le règlement des crises actuelles exige une volonté renouvelée de réfléchir et d’agir collectivement pour garantir la sûreté et la sécurité internationales. À cet égard, le ministre a vivement déploré le manque de volonté politique pour atteindre les objectifs du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, alors que se poursuivent la modernisation des arsenaux nucléaires et la mise en œuvre de nouveaux types d’armes nucléaires. Dans ce contexte, il a salué la prolongation du traité New START en tant que jalon positif pour la stabilité stratégique et la confiance mutuelle. Il a également mis l’accent sur les négociations autour d’un instrument juridiquement contraignant pour la prévention de la course aux armements dans l’espace.

Sri Lanka demeure très préoccupée par la possibilité que des armes sophistiquées tombent entre les mains de terroristes et appelé à la mise en œuvre pleine et entière de tous les traités multilatéraux sur le désarmement, notamment ceux liés aux armes biologiques et chimiques, ce qui contribuerait de façon très importante à la lutte contre le terrorisme international. Il a aussi souhaité des négociations rapides sur les zones exemptes d’armes nucléaires. Insistant sur le caractère indispensable de la vérification, il a émis le vœu que les discussions sur les systèmes d’armes autonomes ne soient pas dépassées par les réalités technologiques qui connaissent une évolution rapide sur le terrain.

MME RAYCHELLE OMAMO, Ministre des affaires étrangères du Kenya, a défendu la nécessité de poursuivre les efforts dans le cadre de la Conférence du désarmement tant le climat de sécurité mondial est caractérisé par un accroissement des tensions, une architecture de limitation des armes en désuétude, une modernisation des systèmes de défense et une augmentation des dépenses en armes sophistiquées, y compris nucléaires et de destruction massive. Des efforts dans ce domaine sont d’autant plus importants maintenant que la pandémie de COVID-19 risque de déstabiliser le monde.

La ministre kenyane a néanmoins relevé des signes positifs comme la prolongation pour cinq ans du traité New START, et encouragé au passage les États-Unis et la Fédération de Russie à améliorer leur dialogue et leur coopération, tout en se disant convaincue que la garantie la plus fiable réside dans les arrangements multilatéraux. Le Kenya se joindra à d’autres membres pour adopter une approche pragmatique s’agissant du programme de travail de la Conférence du désarmement, a-t-elle déclaré, en soulignant qu’en tant que membre non permanent au sein du Conseil de sécurité, son pays n’aura de cesse d’appuyer la Conférence.

M. EIICHIRO WASHIO, Ministre d'Etat aux affaires étrangères du Japon , a réitéré l’importance de la participation de toutes les parties prenantes à la Conférence du désarmement, y compris tous les pays dotés de l’arme nucléaire. L’inclusivité est en effet fondamentale pour que les résultats soient universels à l’avenir. Seul pays à avoir souffert de bombardements atomiques, le Japon est pleinement conscient des conséquences humanitaires catastrophiques de l’usage des armes nucléaires, a encore déclaré M. Washio, qui a fait valoir la « responsabilité solennelle » de son pays de présider aux efforts internationaux tendant à une élimination totale de telles armes.

En dépit des divergences actuelles, le ministre d'État japonais a dit son espoir d’arriver à des mesures concrètes pour atténuer les menaces réelles à la sécurité et les conséquences humanitaires du recours aux armes nucléaires. Il a ainsi réaffirmé la responsabilité des États parties au TNP, en particulier dans la mise en œuvre de l’article VI. Le Japon a notamment parrainé la résolution de l’Assemblée générale sur le désarmement nucléaire et l’Initiative de Stockholm. Le Japon salue la prolongation du traité New START, qui contribuera certainement à la prochaine Conférence d’examen, tout en appelant à la pleine mise en œuvre de toutes les résolutions de l’Assemblée générale en vue d’un démantèlement complet, vérifiable et irréversible des armes de destruction massive et des missiles balistiques de toute portée de la République populaire démocratique de Corée.

MME SOPHIE WILMÈS, Vice-Première Ministre et Ministre des affaires étrangères, des affaires européennes et du commerce extérieur de la Belgique , a profondément regretté qu’il n’ait pas été possible d’adopter le programme de travail de la Conférence de désarmement sous la présidence de son pays et a réitéré sa confiance au Brésil, président en exercice, pour sortir la Conférence de l’impasse, appelant tous les États à poursuivre sans relâche leurs efforts en ce sens. L’absence d’un accord impacte gravement la crédibilité des institutions multilatérales, a-t-elle averti, soulignant que cela expose à des initiatives « déconnectées de la réalité » qui affaiblissent le but poursuivi.

La Ministre belge des affaires étrangères a salué la prolongation, en début d’année, du traité New START, comme un accomplissement remarquable, et comme une importante contribution à la stabilité stratégique, qui a coupé court aux craintes d’une nouvelle course aux armements. La décision démontre que le contrôle de l’armement joue un rôle irremplaçable en tant que mesure de confiance et que des résultats concrets sont possibles, même en temps d’insécurité croissante et de méfiance profonde entre les grandes puissances, a commenté Mme Wilmès. Elle a souhaité que la Conférence du désarmement s’inspire de cet accord entre les États-Unis et la Fédération de Russie.

Mme Wilmès a regretté l’action de certains membres contre la participation d’autres États aux travaux de la Conférence du désarmement en tant qu’observateurs, ce qui constitue à ses yeux une atteinte grave aux principes d’un multilatéralisme effectif et inclusif. Elle a ajouté qu’un monde libre d’armes nucléaires ne sera construit que sur base de l’apport de tous les États et en premier lieu, des États possesseurs d’armes nucléaires ; et invité l'Inde, Israël et le Pakistan à rejoindre le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires sans délai, ni conditions préalables. La Belgique soutien par ailleurs la réduction d’un tiers de l’arsenal stratégique déployé par les États-Unis et la Fédération de Russie, et appelé à rééquilibrer les arsenaux non-stratégiques dans le cadre d’une politique de démantèlement effective.

Saluant en outre les mesures de réduction des stocks et des vecteurs prises par le Royaume-Uni et la France ces dernières décennies, la Belgique encourage la Chine, seul Etat doté de l’arme nucléaire qui développe encore son arsenal nucléaire, à s’inspirer de ces exemples et à revoir sa politique d’accumulation. Un moratoire de la Chine concernant la production de matières fissiles à des fins militaires et une transparence accrue concernant sa doctrine et posture constitueraient également des pas positifs.

Un monde sans armes nucléaires ne verra pas le jour dans un monde où des essais nucléaires sont conduits, a souligné Mme Wilmès. S’il se déclare en faveur du désarmement nucléaire, aucun Etat ne peut refuser d’accéder au Traité d’interdiction complet des essais nucléaires. Cela vaut de surcroît pour les États adhérant à un traité qui déclare interdire l’arme nucléaire. Pour la Belgique, la vérification du désarmement nucléaire nécessite l’établissement de nouvelles techniques et procédures, raison pour laquelle le pays contribue activement au Partenariat international établi par les États-Unis. Cette expertise technique doit rapidement être mise à profit pour ouvrir la voie à des progrès et des engagements politiques significatifs en matière de désarmement, a préconisé la Vice-Première Ministre belge.

MME EKATERINA ZAHARIEVA, Vice-Première Ministre et Ministre des affaires étrangères de Bulgarie, a souligné le caractère chaque fois plus complexe des défis auxquels la communauté internationale est confrontée dans le domaine de la sécurité, qui rendent le multilatéralisme plus nécessaire que jamais pour assurer la paix, la stabilité et la prospérité dans le monde. Elle a souligné à cet égard la « performance remarquable » de la Conférence du désarmement dans la réalisation des objectifs multilatéraux du désarmement et de la non-prolifération, mais insisté qu’il fallait de la volonté politique pour faire avancer ses travaux. Elle a encouragé à œuvrer de concert dans un esprit sincère et de respect mutuel.

La ministre bulgare a salué l’accord entre les États-Unis et la Fédération de Russie tendant à la prolongation du traité New START, qui prouve que des progrès tendant à relever les défis de la stabilité stratégique sont « réalisables ». Elle a plaidé en faveur d'une mise en œuvre suivie du traité ainsi qu’un dialogue constructif et concret et de nouvelles négociations sur le contrôle des armements pour rendre le traité sur le contrôle des armes et le désarmement plus efficace. Pour sa part, la Bulgarie continue à respecter ses engagements et accords sur le désarmement, le contrôle des armements et la non-prolifération, et appuie une approche réaliste pour arriver à un désarmement nucléaire effectif, vérifiable et irréversible.

M. JARMO VIINANEN, Ambassadeur chargé du contrôle des armements auprès du Ministère des affaires étrangères de la Finlande , a estimé que la priorité, pour la Conférence du désarmement, consiste à garantir le succès de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires s'agissant des trois piliers que sont le désarmement, la non-prolifération et l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire. M. Viinanen a recommandé une dose égale d’ambition et de réalisme en matière de désarmement nucléaire, pour aboutir à une série de mesures pratiques et réalisables dans ce domaine. Ainsi, l’initiative pour la Création d’un environnement favorable au désarmement nucléaire (CEND) a facilité le dialogue entre les États dotés et ceux non dotés de l’arme nucléaire. Il a espéré que cet engagement conduira à une meilleure compréhension quant aux impératifs, possibilités et défis du désarmement nucléaire et ouvrira la voie à sa concrétisation.

M. Viinanen a appuyé la prévisibilité et la stabilité dans le contrôle des armes et a félicité les États-Unis et la Fédération de Russie pour la prolongation de cinq ans du traité New START, tout en incitant les puissances nucléaires à réduire davantage leurs arsenaux nucléaires stratégiques et à élargir la portée du contrôle des armes de sorte à couvrir également les armes nucléaires non stratégiques et les nouveaux types de systèmes d’armes. En conclusion, l'ambassadeur a souligné qu’il « n’existe pas de raccourci » pour parvenir à un monde exempt d’armes nucléaires : le désarmement nucléaire est certes compliqué, difficile mais possible, a-t-il encouragé, ajoutant qu’il est temps que les détenteurs de l’arme nucléaire fassent preuve d’un engagement plus fort et prennent des mesures concrètes pour le désarmement nucléaire.

MME EVA MARIA LIIMETS, Ministre des affaires étrangères de l’Estonie , a déclaré que la réémergence des armes chimiques était une tendance inquiétante et a condamné dans ce contexte l'empoisonnement d'un chef de l'opposition russe avec un agent neurotoxique chimique militaire. L'Estonie a soutenu le lancement de négociations au sein de la Conférence du désarmement d'un traité d'interdiction de la production de matières fissiles et a réitéré le souhait de l'Estonie de participer en tant qu'État membre aux travaux de la conférence, sur un pied d'égalité. Dans ce contexte, l'Estonie a regretté le rejet de plusieurs demandes d'États observateurs. La Conférence du désarmement devrait être en mesure de relever de nouveaux défis tels que l'utilisation militaire des nouvelles technologies, les cybermenaces et d'autres problèmes émergents. La Conférence du désarmement doit s'appuyer sur la bonne volonté constatée récemment dans le domaine du désarmement pour se remettre sur les rails.

 

DC21.012F