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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ENTEND PLUSIEURS DÉLÉGATIONS

Compte rendu de séance

La Conférence du désarmement a tenu cet après-midi – après celle de ce matin – la seconde séance plénière publique de la troisième et dernière partie de sa session de 2020 (qui s’achève le 18 septembre prochain).

La Conférence a entendu dans ce cadre des interventions des pays suivants : Autriche, Royaume-Uni, Mexique, République arabe syrienne, Iran, Bélarus, Etats-Unis, Inde, Arabie saoudite, Chine, Pakistan, Israël.

Avant de clore la séance, le Président de la Conférence, l’Ambassadeur Shameem Ahsan du Bangladesh, a regretté qu’il n’ait pas été possible d’aboutir [cette année au sein de la Conférence] à l’adoption d’un programme de travail en raison de visions divergentes concernant les questions de fond. Aujourd’hui, la règle du consensus semble affaiblir la Conférence et entrave toute tentative de sortir de l’impasse, a-t-il fait observer.

La date et l’heure de la prochaine séance plénière publique seront annoncées ultérieurement.

Aperçu du débat

 

L’Autriche a rappelé que les armes nucléaires n’étaient pas bloquées par les frontières et a souligné qu’aujourd’hui, on observe une augmentation des arsenaux nucléaires. Il faut repenser le travail de la Conférence, notamment dans le contexte de la pandémie actuelle : il faut que cette instance se recentre sur les questions de fond et non pas sur des questions bilatérales qui n’ont rien avoir avec son mandat, a déclaré le pays. La Conférence doit jouer son rôle dans le système multilatéral de désarmement, a ajouté l’Autriche.

Le Royaume-Uni a demandé davantage de transparence concernant le budget de la Conférence et a souligné que cette instance devait se réunir quand elle le souhaite.

Le Mexique a regretté la paralysie de la Conférence, en dépit des efforts consentis par les présidents successifs de cette instance et par les délégations. Le seul moyen de faire face aux menaces globales, comme les pandémies, est le multilatéralisme, a souligné le Mexique. Insistant sur le risque que représentent les armes nucléaires, le Mexique a rappelé que les neuf États dotés de l’arme nucléaire détiennent plus de 13 000 armes nucléaires et a donc rappelé l’importance que revêt le traité sur l’interdiction des armes nucléaires .

La République arabe syrienne a affirmé qu’un État élude les bases juridiques des traités internationaux pour déstabiliser le monde et que ce même pays – qui a lancé des bombes nucléaires sur Hiroshima et Nagasaki – constitue aujourd’hui une menace pour la paix et la sécurité internationales. Israël doit quant à lui rejoindre le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et placer ses sites sous contrôle de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), a par ailleurs déclaré la Syrie.

L’Iran a déclaré que l’environnement sécuritaire mondial devient de plus en plus inquiétant. L’état de droit et la Charte des Nations Unies subissent des attaques des unilatéralistes irresponsables. Les États-Unis violent de manière agressive de multiples accords internationaux ; ils ont intensifié les sanctions unilatérales et génocidaires contre de nombreuses populations dans le monde, a ajouté l’Iran. Les États-Unis ont bloqué le désarmement nucléaire dans le cadre du TNP tout en développant de nouvelles armes nucléaires, a en outre indiqué la délégation iranienne. Les autorités de l’Arabie saoudite doivent cesser le carnage au Yémen et mettre fin au terrorisme dans le monde arabe, notamment en Syrie, a-t-elle également affirmé.

Le Bélarus, qui assumera la prochaine présidence de la Conférence [du 24 août au 18 septembre], a expliqué que les limitations budgétaires obligent le pays à délimiter très minutieusement les priorités de sa présidence. L’attention sera donc centrée sur l’adoption du rapport annuel de la Conférence, a indiqué le pays, précisant que le 28 août prochain, la présidence bélarusienne de la Conférence entendait proposer un projet de rapport qui devrait être discuté en septembre. La présidence bélarussienne souhaiterait également apporter sa réflexion au travail de fond de la Conférence. Le 8 septembre, le Bélarus envisage d’organiser une conférence sur le projet de résolution proposé à l’Assemblée générale visant l’interdiction de l’élaboration de nouveaux types d’armes de destruction massive.

Engageant une série de droits de réponse suite aux échanges de ce matin et de cet après-midi, les États-Unis ont expliqué que la Conférence se tenait en Suisse et non en Chine et qu’ils avaient donc le droit d’appeler le Gouvernement chinois à se comporter de manière responsable et à entamer des discussions tripartites. Les États-Unis ont en outre demandé sur quelle base la Chine pouvait déclarer que le peuple chinois soutenait le Parti communiste chinois. En réponse à l’intervention faite ce matin par le Venezuela, les États-Unis ont en outre rappelé que le blocage de la Conférence était dû à l’absence de consensus concernant les points à l’ordre du jour.

L’Inde a déclaré que le Pakistan utilisait encore une fois l’enceinte de la Conférence de manière abusive et a indiqué ne pas vouloir répondre à ce pays qui ne le mérite pas.

L’Arabie saoudite a affirmé que l’Iran avait proféré des accusations sans fondement concernant l’Arabie saoudite. L’Iran fait mine de s’inquiéter de la situation au Yémen alors qu’elle fournit des armes aux milices houthistes. Le Représentant de l’Iran a présenté des propos erronés concernant la situation au Yémen, a insisté la délégation saoudienne.

Les États-Unis ont déclaré que les commentaires du représentant du «régime Assad» ne jouissaient d’aucune crédibilité. Ledit «régime» n’a aucune légitimité pour évoquer le respect ou non des traités par les États-Unis. La Syrie a utilisé des armes chimiques contre sa propre population, ont rappelé les États-Unis. S’agissant de l’Iran, il est important de garder à l’esprit qu’il s’agit du principal pays soutenant le terrorisme dans le monde, ont poursuivi les États-Unis, ajoutant que l’Iran a tué des citoyens de nombreux pays. C’est l’Iran qui est aujourd’hui un « paria » : il s’agit d’un régime qui n’a aucune crédibilité, ont insisté les États-Unis, affirmant qu’ils allaient faire en sorte que ce pays n’ait pas les fonds pour mener ses attaques partout dans le monde. Si l’embargo sur les armes en Iran n’est pas respecté, c’est toute la région qui sera déstabilisée, ont assuré les États-Unis.

La Syrie a déclaré que la Conférence n’était peut-être pas le lieu idoine pour discuter de l’utilisation d’armes chimiques.

La Chine a indiqué que huit études menées par divers centres de recherche montraient que la population chinoise soutient le Parti communiste chinois, avec plus de 90% de la population qui est satisfaite du Parti. La Conférence est une instance intergouvernementale et non pas une instance pour critiquer l’un ou l’autre pays, a en outre rappelé la Chine, ajoutant qu’elle n’avait pas l’attention, pour sa part, d’émettre des critiques à l’encontre du Parti républicain des États-Unis. Le travail de la Conférence devrait être fondé sur le respect, la courtoisie et le respect du protocole diplomatique. La Chine est prête à dialoguer avec les États-Unis pour arriver à une compréhension commune afin de rétablir l’équilibre stratégique et la maîtrise des armements, a indiqué la délégation chinoise.

Le Pakistan a déploré que se poursuive la politique de l’Inde qui vise à détourner l’attention de la communauté internationale et faire en sorte que le pays échappe ainsi à ses responsabilités.

Israël a exigé que l’Iran se réfère au nom officiel du pays qui est l’«État d’Israël».

L’Iran a déclaré que le parrain des terroristes sur le plan idéologique comme sur celui du financement est l’Arabie saoudite. L’Arabie saoudite recourt à des absurdités pour détourner l’attention de la Conférence.

Les États-Unis ont réitéré leur demande concernant la façon dont le Parti communiste chinois (PCC) est en mesure d’assurer que le peuple chinois aime le Parti. Il est en outre étonnant que ce soient les recherches d’un centre d’études d’Harvard qui servent de réponse à la Chine.

L’Arabie saoudite a assuré qu’elle n’avait rien à cacher à l’AIEA. C’est plutôt l’Iran qui a quelque chose à cacher à cette Agence.

Affirmant répondre au « régime sioniste », l’Iran a rappelé qu’Israël ne pouvait pas être reconnu comme un État par l’Iran.

Enfin, la Chine a déclaré qu’elle avait déjà apporté une réponse très claire au représentant des États-Unis.

Dans des remarques de conclusion, le Président de la Conférence, l’Ambassadeur SHAMEEM AHSAN du Bangladesh, a regretté qu’il n’ait pas été possible d’aboutir [cette année au sein de la Conférence] à l’adoption d’un programme de travail en raison de visions divergentes concernant les questions de fond. Aujourd’hui, la règle du consensus semble affaiblir la Conférence et entrave toute tentative de sortir de l’impasse, a-t-il fait observer. L’immobilisme au sein de cette instance a amené beaucoup d’intervenants à plaider pour que les négociations se déroulent en dehors de la Conférence, ce qui a d’ailleurs été le cas pour les derniers traités conclus dans le domaine du désarmement, a ajouté M. Ahsan, avant de souligner que ces derniers instruments sont par ailleurs des succès. Si l’impasse au sein de la Conférence marque un recul, il ne faut pas pour autant oublier les succès antérieurs de cette instance, qui plaident en sa faveur, a conclu le Président de la Conférence.

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