Aller au contenu principal

LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT CONCLUT SON DÉBAT DE HAUT NIVEAU AVEC LES INTERVENTIONS DE LA SLOVÉNIE, DE L'AFRIQUE DU SUD ET DU VENEZUELA

Compte rendu de séance

La Conférence du désarmement a achevé, ce matin, le débat annuel de haut niveau qu'elle avait entamé lundi 24 février dernier.

Sont intervenus, à cette occasion, le Vice-Ministre des affaires multilatérales du Venezuela, le Vice-Ministre des affaires étrangères de la Slovénie et le Ministre adjoint aux relations et à la coopération internationales de l'Afrique du Sud. Une déclaration a également été faite par le Président de la dix-huitième réunion des États parties à la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel, qui a également pris la parole au nom de son pays, le Soudan.

Depuis l'ouverture du débat de haut niveau lundi, la Conférence du désarmement a entendu des dignitaires des pays suivants: Belgique, Lettonie, République de Corée, France, Pologne, Suède, Pays-Bas, Arabie saoudite, Espagne, Kazakhstan, Iraq, Finlande, Égypte, Cuba, Brésil, Irlande, Qatar, Inde, Bélarus, Croatie, Fédération de Russie, Royaume-Uni, Grèce, Japon, Roumanie, Estonie, Iran, Slovénie, Afrique du Sud et Venezuela.

Les délégations de l'Iran, des États-Unis, de la Turquie, de la République populaire démocratique de Corée, de l'Ukraine, de la Chine, du Japon et de la Fédération de Russie ont pris la parole à la fin de la séance de ce matin s'agissant de déclarations faites au cours du débat de haut niveau.


La Conférence du désarmement doit tenir sa prochaine séance plénière demain matin, 27 février, à 10 heures.


Débat de haut niveau

M. MATEJ MARN, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Slovénie, a dit partager la préoccupation du Secrétaire général des Nations Unies s'agissant de la lente érosion des instruments internationaux en matière de désarmement. L'année écoulée a vu, en effet, la fin du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire, l'affaiblissement progressif de l'accord sur le nucléaire iranien et l'incertitude quant au renouvellement du traité New Start. M. Marn a réitéré le soutien de son pays à l'Agence internationale de l'énergie atomique pour son travail très professionnel de contrôle de l'accord sur le nucléaire iranien. La Slovénie est convaincue que la tendance négative en matière de contrôle des armes nucléaires et de désarmement peut être inversée. La prolongation de l'accord START serait un excellent point de départ à cet égard, a observé le Vice-Ministre, qui a appelé les États-Unis et la Fédération de Russie à réduire encore leurs arsenaux.

M. Marn a indiqué que, pour son pays, le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) était au cœur du désarmement nucléaire, de la non-prolifération et de l'utilisation pacifique de l'énergie atomique. Il a ajouté que ces trois piliers du Traité ne pourraient se renforcer mutuellement que si l'intégralité des dispositions du TNP étaient appliquées. M. Marn a insisté à cet égard sur l'article VI du Traité, avec pour but ultime l'élimination totale des armes nucléaires. Il a, d'autre part, demandé à tous les États qui ne l'ont pas encore fait de ratifier le traité d'interdiction complète des essais nucléaires, en particulier les États dont la ratification est nécessaire pour que cet instrument puisse entrer en vigueur.

M. ALVIN BOTES, Ministre adjoint aux relations et à la coopération internationales de l'Afrique du Sud, s'est dit préoccupé par les programmes de modernisation en cours des arsenaux militaires, en particulier la modernisation de vecteurs, qui mettent en évidence la volonté de certains pays de conserver indéfiniment ces outils de destruction, contrairement à leurs obligations juridiques et à leurs engagements politiques. Cette attitude, a souligné le Ministre adjoint, a pour effet de saper le TNP de même que les normes de non-prolifération instituées par cet instrument. À l'approche de la Conférence d'examen du TNP, la communauté internationale doit faire le bilan des progrès dans l'application de toutes les dispositions du Traité et des engagements solennels pris à cet égard. De l'avis de l'Afrique du Sud, un point de départ de la Conférence d'examen doit être la réaffirmation d'un engagement sans équivoque en faveur du désarmement nucléaire. L'Afrique du Sud estime aussi indispensable de ne pas oublier la menace que posent les armes nucléaires alors que toutes les obligations en matière de désarmement nucléaire au titre de l'article VI du TNP ne sont pas remplies.

M. Botes a ajouté que le Traité sur l'interdiction des armes nucléaires n'était qu'une étape vers un monde sans armes nucléaires, venant compléter les autres instruments internationaux que sont le TNP, le traité d'interdiction complète des essais nucléaires et les traités instituant des zones exemptes d'armes nucléaires – comme le Traité de Pelindaba, qui interdit déjà ces armes en Afrique.

M. ALEXANDER YÁNEZ, Vice-Ministre des affaires multilatérales au Ministère du pouvoir populaire pour les relations extérieures du Venezuela, a déclaré qu'en cette année 2020, pendant laquelle se tiendra la Conférence d'examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, la Conférence du désarmement avait l'obligation d'ouvrir la voie vers un monde libre de la menace nucléaire, conformément à l'article VI du Traité. M. Yánez a insisté sur la volonté politique forte qui devra encadrer une telle démarche. Après avoir relevé que seule l'élimination complète des armes nucléaires pourrait protéger l'humanité contre sa destruction, le Vice-Ministre vénézuélien a souligné que la création de zones exemptes d'armes nucléaires, telles que l'Amérique latine et les Caraïbes depuis 2014, était un moyen efficace de renforcer le concept d'interdiction générale des armes nucléaires.

M. Yánez a jugé alarmant le déploiement de bases militaires de certains pays sur le territoire d'États non dotés d'armes nucléaires. Il a soutenu, d'autre part, les propositions de la Fédération de Russie et de la Chine relatives à la prévention d'une course aux armements dans l'espace. M. Yánez a ensuite regretté que l'année 2020 ait commencé par l'agression d'un pays nucléaire contre un pays non doté d'armes nucléaires. « L'assassinat d'un grand chef militaire iranien, le général Soleimani, emblème de la lutte contre le terrorisme, est une violation des principes les plus élémentaires du droit international », a dit M. Yánez. Il a souligné que le Venezuela souffrait lui-même, sous l'impulsion du Gouvernement des États-Unis, de mesures unilatérales criminelles et meurtrières, constituant autant de crimes contre l'humanité. C'est pourquoi le Venezuela a déposé une plainte devant la Cour pénale internationale, a fait savoir le Vice-Ministre vénézuélien.

M. OSMAN ABUFATIMA ADAM MOHAMED (Soudan), Président de la dix-huitième réunion des États parties à la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel, a observé avec satisfaction que le mouvement antimines continuait de progresser vers la réalisation de ses objectifs, 164 États ayant désormais pris l'engagement ferme de mettre un terme aux souffrances occasionnées par les mines antipersonnel. Naturellement, a précisé M. Mohamed, mettre un terme aux souffrances ne nécessite pas seulement de parvenir à la ratification universelle de la Convention : les États doivent aussi déminer toutes les régions minées, détruire leurs stocks et porter secours aux victimes. Vingt ans après l'entrée en vigueur de la Convention, de grands progrès ont été faits à cet égard. M. Mohamed a ainsi fait savoir que les États parties avaient détruit au total quelque 53 millions de mines stockées, tandis que 31 États ont rempli leurs obligations s'agissant du déminage. M. Mohamed a prié tous les membres de la Conférence du désarmement qui ne l'ont pas encore fait à adhérer à la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel.

S'agissant de son pays, M. Mohamed a indiqué que le Soudan participait aux efforts de désarmement dans sa région en coopérant avec le Tchad au déminage des zones frontières. M. Mohamed a rappelé que son pays venait de connaître une transformation politique dans le sillage d'une révolution populaire exigeant la liberté, la paix et la justice. Le gouvernement de transition qui a été mis en place est déterminé à apporter des changements fondamentaux positifs au Soudan. En particulier, le gouvernement a pour priorité de rétablir la paix avec tous les groupes armés.


Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel


DC20.012F